lundi 21 avril 2008

Inquiétude & Certitudes - dimanche 20 avril 2008

Dimanche 20 Avril 2008

Prier… [1] les textes répétitifs à reprendre pourtant d’un jour à l’autre comme la vie quotidienne. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Les questions de Thomas et de Philippe, le comment et le voir, les questions simples d’une vie spirituelle commençante. Le Christ opère une unification souveraine en Lui-même comme en ses disciples, son départ et son retour sont de nature puisqu’il est en Dieu, dans le Père, et que le Père en Lui, et de sollicitude pour ses disciples. Mais pourquoi ne pas les emmener tout de suite, et qu’y a-t-il donc à préparer, qui doive être de son fait, et non du nôtre ? Et quelle puissance, nous laisse-t-Il, littéralement du fait de son départ. Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. Jésus nous enseigne un autre monde à partir de celui-ci. Des relations décisives et constructives, essentielles entre Lui, son Père, nous. Le texte n’est pâs facile si l’on dépasse les deux dialogues : savoir le chemin… montre-nous le Père… mais tout se résoud dans la simple et unique affirmation. Moi, je suis le chemin… celui qui m’a vu a vu le Père. Hier, saint Augustin présenté et commenté par Denis M. donnait son intuition que le chemin est précisément notre chair, l’incarnation du Christ, le chemin n’est pas à chercher, il nous est donné, il commence par chez nous, nous sommes rejoints : l’incarnation du Fils de Dieu. Approchez-vous du Seigneur Jésus, il est la pierre vivante… celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte…. Il vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Pierre, si souvent présenté comme primaire dans ses attitudes vis-à-vis du Christ, puis comme inférieur de texte par rapport à Paul et à Jean, résonne ici comme eux, en moins profus et presque plus tranquille, plus posé : la construction du Temple spirituel, la dialectique ténèbres/lumière. Les références de lieux et de noms dans les évangiles, la cohérence des écrits apostoliques sonnent si juste : il est plus compliqué de prétendre montrer que l’ensemble a été fabriqué (à quelles fins d’ailleurs ?) que de croire à ce que nous recevons, plus frucutueux de travailler à partir de ce qui nous est donné que de s’acharner à démonter ce qui est présenté. Alors, le sens de nos vies et de l’histoire, l’espérance de rédemption et d’aboutissement de toute la création. Ert la tranquille organisation de l’Eglise commençante, leçon pour aujourd’hui où l’Eglise, les communions inter-religieuses et l’organisation économique, politique et démocratique, participative de notre monde, de notre planète, de notre race humaine sont à faire en globalité. La parole du Seigneur gagnait du terrain.

Mai 1968 est souvent analysé en termes d’une révolte de l’ensemble des pays dits « occidentaux » contre la guerre américaine du Vietnam. En termes de maintien de l’ordre, Maurice Grimaud, préfet de police à l’époque et sans l’organisation et le sang-froid duquel de vraies violences auraient pu arriver, considère que les manifestations d’hostilité ayx Etats-Unis ont été une sorte de répétition générale. Mais aujourd’hui, la guerre d’Irak ne mobilise personne et le gouvernement, en France, a pu s’appuyer au palais-Bourbon sur la description des détresses afghanes, du fait du « terrorisme » pour éluder le fond du débat qui est notre adhésion ou pas à la politique américaine et à ses dispositifs. Bien davantage qu’au Vietnam où l’Amérique n’affrontait que les Vietnamiens sans que les Soviétiques ni les Chinois de Mao n’interviennent, les Etats-Unis, en Irak, sont prisonniers de leur engagement. Chaque jour qui passe apporte deux confirmations : les données – présentées comme décisives – pour l’intervention en Irak puis pour la gestion de l’occupation ont été truquées ; cette occupation aggrave les choses pour les Irakiens et pour l’Amérique au présent et à l’avenir. L’ensemble de la région, structurellement précarisé par l’impasse israelo-palestinienne qui restait cependant circonscrite du fait de la modération des Etats arabes, est devenu très dangereux et imprévisible. L’Iran n’y est pas pour gand-chose, ni Al-Qaïda.

La Chine semble anticiper le boycott des Jeux : je ne m’explique pas autrement les manifestations à la suite des « passages » de la flamme, notamment à Paris. Y répondre par des supplications ou explications en termes diplomatiques serait perdre cette face que nous voulons ne pas faire perdre aux Chinois. Le dilemme est maintenant clair : ou bien nous nous taisons sur le Tibet et sur les formes du gouvernement chinois – ce qui est de tradition dans les relations internationales – et nous continuons de n’avoir d’observations et de négociations avec Pékin que sur son honnêteté commerciale, voire monétaire si nous sommes Américains, et la question de participer aux Jeux n’est affaire que de politique intérieure dans chacun des pays ‘occidentaux’. Ou bien nous jugeons et les gouvernements ‘occidentaux’ portent haut la réprobation de leurs opinions publiques, et nous n’y allons pas si aucun geste de Pékin ne se produit dans les semaines à venir. Tel que vont les choses, y aller c’est courir à l’imprévisible, et bien entendu transformer les jeux de l’amitié en simulacre encadré par les ‘forces de l’ordre’ et filmés selon la censure.

Dans le système du pouvoir actuel, la moindre démission ministérielle ébranle tout (on pourrait ajouter que le moindre état d’âme de Carla Bruni vis-à-vis de son époux aurait les mêmes conséquences dévastatrices) et les destinées qui commencent ont comme milieu celui du Parlement. La brièveté du mandat présidentiel est telle, le rythme du discours de Nicolas Sarkozy est tel que les élus ne peuvent plus penser qu’à l’au-delà de ce mandat et de ce discours, d’autant que ni l’un ni l’autre n’est le leur ni ne tient compte de leurs observations. Jean-François Copé a pris les choses à la manière dont Nicolas Sarkozy avait défié Jacques Chirac : un jugement en méthode, mais pas encore en fond. Claude Goasguen prend un autre biais. Les deux convergent – s’ils s’apprécient mutuellement, ce qui n’est pas dit – pour dénoncer une pratique faisant si peu cas du Parlement. Je souhaite que cela se traduise par des contre-propositions au projet de révision constitutionnelle, par la rature systématique de tout ce qui, au-delà des mots, consacrerait la manière d’être président de la République depuis onze mois. Idéalement, les éléments de révision introduisant le peuple dans le système par la possibilité de son initiative pour le referendum et par l’exception d’inconstitutionnalité, seraient votés dès avant l’été. En revanche, tout ce qui concerne la relation du gouvernement avec le Parlement, et aussi la protection des libertés publiques, y compris la place des médias dans notre société publique, est à travailler tranquillement par les praticiens et les usagers, c’est-à-dire par les élus eux-mêmes en compagnie de quelques commissaires du gouvernement. C’est l’intérêt de la République, des parlementaires et plus encore de l’actuel Premier ministre.

Si cet événement – prise en main de l’allure de nos institutions par les parlementaires – ne se produit pas, nous allons nous trouver dans une situation rappelant – hors de tout contexte – l’impasse dans laquelle se trouve le pouvoir au Zimbabwe. Sans doute pas encore désavoué dans les urnes, puisqu’il ne convoquera les électeurs que pour sa réélection, Nicolas Sarkozy peut-il continuer malgré la lassitude déjà acquise de l’opinion publique ? La France perd, une nouvelle fois, du temps et de l’énergie, car la question des réformes – mais lesquelles et comment – n’est pas traitée. Des économies – très faibles par rapport aux masses de notre budget et de notre endettement – entraînent des options de fond, qui deviennent idéologiques, et qui ne nous ressemblent pas. Ne nous correspondent pas et ne nous construisent pas.


[1] - Actes VI 1 à 7 ; psaume XXXIII ; 1ère lettre de Pierre II 4 à 9 ; évangile selon saint Jean XIV 1 à 12

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