vendredi 18 avril 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 17 avril 2008

Jeudi 17 Avril 2008


Les cautions
Concessions et réalité
Electorat résiduel et vote des pauvres
Aimé Césaire, le communiste d'une époque sans snobisme

Prier… tous ceux que la Providence, la vie me confient, ceux et celles à qui je suis confié, l’Eglise entière… en cercle autour du monde, vivants et morts à celui-ci pour regader, contempler et prier, avant la journée de travail, de rencontre, d’épreuves. Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS. Dieu, total et incommensurable, indicible et invisible, s’est mis un temps terrestre et historique, à notre portée. Et dans nos vies, il l’est souvent. Humilité : signe de reconnaissance pour le vrai, dans nos rencontres mentales ou physiques. Les idées humbles et celles qui sont orgueilleuses, ceux qui nous arrivent et nous respectent, nous invitent au respect, ceux et celles qui inspirent et font le désordre. Celui auquel vous pensez ce n’est pas moi. Jésus ne bouleverse l’existant que par rapport à lui, c’est lui qui change les relations et les hiérarchies, mais entre nous, le serviteur n’est pas plus grand que le maître, le messager n’est pas plus grand que celui qui l’envoie. J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur ; il accomplira toutes mes volontés. Le type de prêche de Paul est analogue à celui de Jésus marchant vrs Emmaüs, anonyme, aux côtés de ses deux disciples : épouser mentalement l’interlocuteur, aller à lui par ce qu’il est, sait et pratique. Dieu nous rejoint où nous sommes, ce n’est pas nous qui avançons, c’est Lui. Dans notre vie, dans ma vie, dans la vie de ceux qui me sont confiés et à qui je suis convié, tous les « matériaux » sont réunis pour vibrer à Son approche. C’est un amour bâti pour toujours. Les Ecritures qui s’annoncent et s’accomplissent l’une l’autre, sertissant les événements et les paroles, ma vie et nos vies enchâssées dans la foi et les épreuves. Ma main sera pour toujours avec lui. Il me dira : Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon bouclier. Dieu se parle à Lui-même par son Fils, par son élu, par chacun de nous : notre prière et notre cri, quels qu’ils soient. Amen ! [1]

Les cautions en politique. Ceux qui les cultivent ou les achètent y croient, ceux qui les donnent sont généralement trop assurés d’eux-mêmes pour concevoir qu’ils risquent pour l’avenir l’autorité morale qu’ils avaient acquise ou dont ils bénéficiaient. Nicolas Sarkozy, qui n’a pas de modèle ou de père en politique, qui n’a pas admiré ses prédécesseurs – qui ne sont ni John F. Kennedy, ni le Premier consul – cherchent constamment des cautions, il continue d’en trouver. Je le regrette profondément pour Simone Veil, que j’ai connue – à notre première rencontre, nous avions à paler de l’Abbé Pierre mais Jacques Chirac et Alain Juppé s’invitèrent – éprise absolument de clarté, de rigueur et haïssant la confusion. Elle trouvait la plupart des situations françaises d’alors, confuses. Ce qui continue de me faire admirer le maréchal Pétain, c’est que celui-ci eut parfaitement conscience de jouer bien plus que ce que l’on appellerait aujourd’hui une image, mais bien son honneur de son vivant et sa figure pour l’Histoire. Et il ne se trompa pas là-dessus. Claude Evin – président socialiste de la Fédération hospitalière de France – vient ainsi cautionner bien plus que le rapport Larcher, le discours-même du président de la République : aucune fermeture, mais une réforme, une modernisation. Métro et La Croix font pourtant leur une sur « 230 établissements sur la sellette ». On joue sur les mots, on ne ferme pas, on transforme en maison de retraite : sur place, il n’y aura plus d’hôpital.

Ceux qui cèdent ou concèdent. Benoît XVI et le modèle américain pour la relation société-religion : le jour de son arrivée, la Cour suprême rend un arrêt permettant de reprendre les exécutions capitales, Décalogue : Tu ne tueras point… Les Français, encouragés ou labellisés par le secrétaire d’Etat aux Sports, n’auront pas même le droit d’arborer le badge suggéré : « pour un monde meilleur » pourtant inspiré de la Charte olympique. Les escrimeurs, déjà sur place, s’extasient sur l’accueil et l’anglais parfait dans lequel les hôtes s’adressent à eux. En 1980, l’appel au boycott – du fait de l’invasion de l’Afghanistan – avait été lancé par les Etats-Unis, entendus aussitôt par la Grande-Bretagne puis l’Allemagne (alors de l’Ouest), mais contesté par la France, le Luxembourg et l’Irlande.

Le déluge de projets présidentiels ne ralentit pas, l’annonce personnelle par Nicolas Sarkozy non plus, quelle que soit la compétence ministérielle. La dispersion de la communication, non plus : Henri Guaino dans 20 minutes « sort de son silence ».

David Martinon, « dédommagé » par le consulat général de France à Los Angeles. Lointain mais prestigieux prédécesseur : Romain Gary. Le Quai d’Orsay lui fera-t-il une carrière « normale » ou l’expulsera-t-il à la première occasion ?

Hier soir, salle des mariages de la mairie du XVIème arrondissement de Paris. Chorus au buffet sur la vulgarité de Claude Goasguen qui a pu succéder à Pierre–Christian Taittinger, et désaveu ambiant de Nicolas Sarkozy. Quel est l’électorat résiduel de l’élu du 6 Mai 2007 ? Une droite populiste ? les nantis de la « jet-set » ? les contestataires en bloc, passés du Part communiste au Front national, ralliés de là par le ministre de l’Intérieur aux fortes formules ? ce matin, à la préfecture de l’Essonne, le guichet d’accueil des étrangers, en fait la régularisation des sans-papiers : l’ambiance est inquiète du côté des demandeurs, mais il faut reconnaître qu’il n’y a ni bourreaux ni terroristes derrière les vitres de l’administration. Après l’élection de Nicolas Sarkozy, celle de Silvio Berlusconi, perplexité prolixe des politologues, pourquoi les pauvres votent-ils à droite ?

La mort d’Aimé Césaire : aucun des commentateurs ne rappelle que, député à l’Assemblée nationale, il était inscrit au groupe communiste de 1946 à 1958, puis fut apparenté au groupe socialiste de 1958 à 1993, moyennant une année au parti fédéramiste africain (les élus de notre outre-mer à la fin de la Quatrième). La tragédie du roi Christophe, joué à la Comédie Française, m’avait emballé. Un entretien cet après-midi – datant de 1997 – sur la poésie comme école et découverte de soi. Chacun de ses mots, chaque phrase d’une œuvre ont une résonnance immédiate avec l‘autre. Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy viennent de se ressembler, parler de lui pour se poser eux-mêmes en visiteur qui a compris et qui savait. Le Martiniquais, tel quel, a été le contraire de la pose ou de la pédanterie.

[1] - Actes XIII 13 à 25 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Jean III 16 à 20

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