lundi 21 avril 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 21 avril 2008


Lundi 21 Avril 2008

Les voix perdues, rien qu'aujourd'hui ?

La relation avec la Chine, Nicolas Sarkozy en gestion des rapports et non des doctrines

Notre société et ses "nouveaux-riches"

Les signes précurseurs de l'avenir : la représentativité syndicale, la grève des sans-papiers



Prier…
[1] Paul fixa les yeux sur lui ; voyant qu’il avait la foi pour être sauvé, il lui dit d’une voix forte… La manière de guérir de Paul est celle du Christ, le miracle ne s’opère que selon la foi du demandeur, mais il faut l’intercesseur qui cristallise du dehors cette poussée intérieure. Sans doute, sont-ce là tout le mystère et toute la mission de l’Eglise. Première prédication des apôtres aux païens qui se méprennent : dans les générations passées, il a laissé toutes les nations suivre leurs chemins. Le discours tel qu’il nous est rapporté est un peu celui des Lumières, et attend manifestement une suite. Pourquoi les païens diraient-ils : ‘Où donc est leur Dieu ?’ Réponse du Christ : qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. L’amour est manifeste, se manifeste, le divin et l’humain. Comme les gens de Lystres, les disciples se méprennent. Insistance dans tout l’évangile, Jésus parle au nom de son Père, ne dit que ce que Celui-ci lui a commandé de dire, n’enseigne que ce qu’Il a vu auprès de ce dernier. La parole que vous entendez n’est pas de moi. L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. L’ensemble de ce qui est compris, médité, enchâssé dans nos vies et dans la transmission ecclésiale, trouve là son itinéraire. Du Père, la révélation, par le Fils, selon l’Esprit Saint qui nous le donne à mémoriser, graver en nous et nous l’explique, nous le rappelle.

Si chaque acte ou discours amène ou coûte des voix, la journée n’est pas indifférente pour le président de la République. Les écologistes le jugent « mou et timoré » ; l’ourse Canelle, faute qu’un arrêté préfectoral ait été pris dissuadant de chasser dans sa zone, est morte en assaillante et non en victime. Les électeurs du Front national qui ont fait, au premier tour, l’avance décisive de l’ancien ministre de l’Intérieur auront entendu avec bonheur le préfet de Haute-Garonne assurer que l’Islam est une religion de la France : il eut mieux valu dire la réalité, qui est que l’Islam est la religion de beaucoup de Français. L’Etat et le pays n’ont pas de religion officielle. Enfin, le projet de pénaliser les entreprises n’employant pas un quota de « seniors » (55 ans à 65 ans) part certainement d’un « bon sentiment » mais montre une ignorance absolue de l’économie de l’entreprise, et une méconnaissance peu politique des opinions du patronat quant à toute incitation à des embauches en « discrimination positive ». Un gouvernement réputé de droite, et Nicolas Sarkozy a revendiqué cette restauration d’une vraie fierté d’être de droite en France, qui perdrait le contact mental avec le patronat, ne peut tourner qu’au populisme puis, faute de soutien suffisant, à l’autoritarisme. Le pouvoir actuel est entré dans ce schéma, ce qui ne peut que l’affaiblir psychologiquement – nous y sommes – et politiquement – la majorité parlementaire ne s’y reconnaît plus.

Le plus significatif est le manque de nerf et de culture pour nous conduire dans les relations internationales : le colloque d’entreprises françaises intéressées par la Chine, qui a eu lieu la semaine dernière au Sénat, permet deux démarche à Pékin, pas moins que le président du Sénat et un ancien Premier ministre. A quoi s’ajoutent des excuses et des demandes de séjourner de nouveau en France adressées à l’handisportive chinoise. Toutes les nunances qu’il faut pour être dominé. Tardif rappel de notre antériorité historique dans la reconnaissance du régime communiste comme représentant authentique de la Chine, antériorité relative puisque pour sauver sa présence à Hong-Kong, la Grande Bretagne avait noué avec Mao dès 1950. Rappel que doit porter en conclusion de cycle le conseiller diplomatique du président de la République. Même ordre protocolaire qu’au Gabon où le secrétaire général de l’Elysée avait eu le pas sur un membre du gouvernement.

Edouard Balladur, inspirateur du quinquennat, version initiale par Georges Pompidou en 1973, référence que ne pouvait récuser Jacques Chirac en 2000, inspirateur – peut-être – du tournant atlantiste de ces mois-ci, que théorise son essai sur l’union des Etats-Unis et de l’Europe, mais inspirateur – souhaitable – d’une reprise de conscience du président de la République dans ce défi chinois : l’ancien Premier ministre est partisan du boycott si « rien ne change ». Curieusement, Nicolas Sarkozy qui avait su analyser pour parvenir au plus haut de nos emplois politiques, l’opinion nationale, ne la sent plus depuis qu’il est au pouvoir.

Les manifestations pour les J.O. de Pékin et contre la « désinformation », partout en Europe et notamment à Paris, sont inquiétantes. La diaspora chinoise est loyaliste, quelle que soit son opinion sur le régime. Elle est suffisamment nombreuse pour manifester à l’étranger. Les deux ensembles : le pays le plus peuplé du monde et des expatriés fidèles, forment une défense qu’aucun Etat, notamment ‘occidental’ ne peut aligner en Chine ou dans des pays tiers. La réciproque des manifestations pro-chinoises en Europe est impensable en Chine. Manifestations qui peuvent dégénérer gravement e Europe, alors qu’en Chine elles sont contrôlées, pour le moment à l’zavantage des biens et des personnes de France, mais demain, si le mot d’ordre est l’assaut ou le pillage. Les ‘cent-jours de Pékin’ à nouveau ?

Les carrières (et les fortunes fulgurantes) chez nous. La filière cabinets ministériels illustrés par Jean-Marie Messier et Gérard Mestrallet. Mais aussi les ascensions à la Calouste Gulbenkian : hier, Claude Bébéar, humblement commençant aux Mutuelles de Normandie, aujourd’hui, Michel Moulin, capable par Paru-Vendu de racheter le Paris-Saint-Germain, lui qu’une mauvaise blessure empêcha à dix-huit ans de devenir foot-balleur professionnel.

Ces différents points esquissent – comme d’autres analogues chaque jour – les contours de notre société de plus en plus fragilisée. En revanche, les discussions apparemment abouties sur la représentativité syndicale ou sur le sort de certains des sites allemands d’E.A.D.S. tandis que ceux de France semblent discriminées, me paraissent d’avenir. De la même manière, la gestion des sites de Mittal en Lorraine est désordonnée, les créations éventuelles d’emplois, qui – sans que cela soit encore dit – seront certainement « aidés » par les pouvoirs publics, ne sont pas « nobles » même s’ils peuvent flatter les écologistes ; surtout ils sont quatre fois moins nombreux que les licenciements. Favorablement significatif, le parti que prennent bien des patrons en Ile-de-France en faveur des sans-papiers qui travaillent pour eux et qui paient des impôts : leur place dans l’économie est reconnue, mais pas encore dans la société. Il s’agirait que quelques cent mille immigrés, alors que le quota annuel que s’est fixé le gouvernement pour les « reconduites à la fronitère » est de l’ordre de vingt-cinq mille. Le quinquennat serait donc sans performance statistique… simplement parce que sa politique a été mal conçue.

[1] - Actes XIV 5 à 18 ; psaume CXV ; évangile selon saint Jean XIV 21 à 26

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