lundi 7 avril 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 7 avril 2008

Lundi 7 Avril 2008

Prier [1]… le procès d’Etienne nous donne la version comprise par ses contemporains quand ceux-ci refusent de se convertir. Les deux attitudes, l’accueil et le blocage, l’accueil est tout d’une pièce, le blocage est un travesti de ce qui est dit et prêché par les Apôtres. C’est le pied de la lettre autant de ce à quoi sont habitués ces gens, que de ce qu’ils croient entendre et comprendre. L’auteur des Actes, comme pour la foule devant le prétoire de Pilate, ne caractérise aucun sauf Saul qui deviendra Paul et est le modèle du grand converti. Pour la plus grande fécondité. Pourtant ses détracteurs sont plus qu’impressionnés par Etienne. Tous ceux qui siégeaient au grand conseil avaient les yeux fixés sur Etienne, et son visage leur apparut comme celui d’un ange. Ceux qui écoutent le Christ, en foule, le suivent et le traquent pour les miracles qu’il opère. Jésus leur répond de deux manières, la plus incompréhensible en évoquant la nourriture qui se garde pour la vie éternelle et la plus claire : que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. Un musulman ne s’exprimerait pas autrement à propos de son Prophète. Mais au-delà de cette posture, d’ailleur constante, de Jésus relativement à son propre ministère et à sa mission telle qu’elle peut apparaître à ses contemporains, indépendamment de ce qu’il prêche et surtout du sort qu’il va subir et qu’il annonce par avance, il y a tout simplement l’affirmation que l’œuvre de toute vie humaine c’est la foi. La foi qui nous meut. La foi en quelqu'un, non par rapport à lui, mais à celui qui l'envoie. Recherche de quoi ? ou de qui ?

Faisons (soyons) simples. Soyons francs.

La « torche de la honte » puisque la dénomination s’en répand. Certitude. Il y aura des « incidents » tout le long du parcours de la flamme olympique, il est vrai que les cinq anneaux se prêtent à la surimpression des menottes. Il y en aura aussi pendant les jeux. Seule question, les gouvernements précèderont-ils et conduiront-ils l’opinion ? ou se laisseront-ils imposer leur attitude au dernier moment. Question de la dignité de la fonction gouvernementale : est-on, au pouvoir, capable d’orienter les esprits. Réponse chinoise : oui, en en prenant les moyens. Réponse de la démocratie, oui, quand il s’agit de convertir au bon droit une opinion qui ne le comprenait pas (le travail du général de Gaulle sur l’opinion française pour lui faire accepter la décolonisation puis la fin du protectorat américain). Non, s’il s’agit de la pervertir (travail des gouvernants culpabilisant des citoyens censés ne pas travailler assez, ne pas assez renoncer aux avantages dits acquis ou aux retraites à points). Intrerprétation de la crise tibétaine en elle-même, elle est d’abord intérieure : la succession du Dalai-Lama régnant, la position à avoir quant à l’indépendance. Formose s’est résignée à ne plus se la poser, le Dalaï-Lama semble ne plus la revendiquer, mais la jeune génération veut cette indépendance, et quel peuple – au monde – est plus digne d’indépendance. Un Vatican sur le toit du monde… et des pratiquants totalement pratiquants, ce qui dans aucune autre religion ne se rencontre plus actuellement. – Jeux olympiques : solution d’avenir et de bon sens. Les rendre et les fixer à la patrie qui les a inventés. Qu’ils se déroulent désormais, sauf quelques épreuves comme les sports de neige et de glace, à Olympie, ou pour le moins en Grèce, car le site d’Olympie doit évidemment être respecté. La France, l’Union européenne s’honoreraient en faisant cette proposition à l’épreuve chinoise.

La croissance, seule solution à tous les problèmes budgétaires et sociaux en France. Le truisme de François Fillon, Premier ministre de maintenant, a valeur d’éternité. Encore faut-il en prendre les moyens. L’exercice de « modernisation des politiques publiques », discouru par le président de la République n’est pas un de ces moyens. Le post-scriptum du ministre en charge des compts publics est un vœu, pas un moyen. Ces contractions de la dépense doivent se faire en préparation du budget et en débat au Parlement. Ce n’est pas la dépense publique, qu’il faut réduire, mais la recette. Sept et cinq = douze milliards d’économies à trouver en trois ans, ce n’est pas même le total des deéfiscalisations accordées en Août dernier. La recette est fonction de l’activité économique, à moins de prélever sur le capital, ce qui ne peut se faire que pour une meilleure répartition du pouvoir d’achat. Cela supposerait un climat de consensus et aussi de confiance mutuelle entre classes sociales, que nous n’avons pas. La droite s’est ingéniée à monter les Français les uns contre les autres, tout en répudiant toute analyse du mouvement social qui se ferait en terme de luttes des classes. Le remède est donc une politique de consommation et de natalité : augmentation de la portance du marché intérieur et diminution à terme du poids des retraites sur la production nationale. Mais comme nous avons perdu une bonne part de notre outil de production, l’investissement et la recherche pour satisfaire notre consommation ou pour pallier les importations dans certaines gammes de produits de grande consommation, ne peuvent venir que des pouvoirs publics ou de leur encouragement. Et comme le marché intérieur est en réalité le grand marché unique européen, il n’y a pas de relance économique en France comme ailleurs en Europe sans relance du projet européen, en institutions et en politiques communes, notamment pour l’investissement et la recherche. Eux-mêmes très bénéficiaires d’une politique de défense conséquente : les Etats-Unis fonctionnent comme cela depuis Pearl Harbor. Unification fiscale européenne, unification des prestations sociales au niveau européen. Pour le moment, chaque gouvernement doit affronter son opinion publique pour exactement les mêmes thèmes et généralement faire accepter les mêmes mesures sacrificielles et non pas expansionnistes. Comment ne pas conduire une politique économique unique en Europe ?

Alliance atlantique, défense européenne [2]. La question n’est que le nucléaire. Pour dépasser les statuts de neutralité des uns, de renonciation à l’arme nucléaire des autres (l’Allemagne), l’européanisation de la décision est la seule voie, et de l’indépendance, et de l’efficacité à condition qu’il y ait les institutions adéquates. Délibérer est le fait de plusieurs, décider d’un seul. Surtout pour la mise à feu nucléaire et la crédibilité d’une structrure de commandement. Donc un président de l’Union européenne élu au suffrage universel direct et recevant les deux prérogatives reines : la saisine du suffrage populaire par le referendum, le feu atomique. Le pays – il n’y a guère que la France qui soit en posture historique morale de le faire – qui proposera cet ensemble, même s’il s’agit simplement de prendre date, aura gagner la bataille du prestige et fait gagner à l’Europe celle de son existence. Tout le reste est baratin. J’ai fait cette proposition de l’élection au suffrage direct du président de l’Union à Ségolène Royal, à François Bayrou, à Nicolas Sarkozy pendant leurs campagnes respectives pour l’Elysée. Je l’ai refaite à Nicolas Sarkozy la veille de sa prise de fonctions. Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères sut en un samedi-dimanche faire sienne la suggestion de Jean Monnet, la dire un mardi en ayant sondé Konrad Adenauer (qui avait d’ailleurs esquissé cette proposition, un mois auparavant, dans un entretien accordé au Monde), et pouvoir recevoir Dean Acheson le mercredi, solution trouvée à tous les dilemmes diplomatique de l’époque et à l’intraitable question du réarmement allemand à l’heure de l’engagement américain en Corée…

Révision de la Constitution, commande présidentielle, propositions Balladur, lettre de mission du président de la République au Premier ministre… solution, appliquer la Constitution telle qu’elle est dans sa lettre et dans son esprit. Le président anime le gouvernement, arbitre entre lui et le Parlement, entre le pouvoir et l’opinion, il n’est pas le Premier ministre, et son secrétaire général encore moins. Les comptes publics, le sauvetage de Gandrange, l’indemnisation des pêcheurs bretons pour hausse du gazole, l’illettrisme à la sortie des cours préparatoires, les 101 moyens d’éradiquer l’antisémitisme en France etc… sont de la compétence de divers ministres, peuvent utilement être dialogués entre président de la République et Premier ministre, débattus en conseil, mais s’afficher en constance expose inutilement la fonction à devenir une parole risquée et fort peu respectée. – Quant au respect de l’opposition, quant aux égards du gouvernement pour le Parlement, aucun texte ne les imposera jamais. – Usage du referendum, démission du président de la République en cas de réponse négative au referendum ou à la dissolution. Dans leurs livres respectifs pré-électoraux, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont stigmatisé la pratique contraire de Jacques Chirac. Mais leur lecture de la démocratie française, aujourd’hui, est de tout figer pour cinq ans selon une élection présidentielle valant referendum pour les thèmes de campagne du candidat vainqueur. Défi aux circonstances qui dominent toujours toute action humaine parce qu’elles changent. Défi à l’opinion publique qui peut retirer sa confiance en bien moins de cinq ans.

Tous les observatoires, agences et autres établissements de contrôle et de surveillance dont la liste en France fait un bottin devraient être – pour l’essentiel – autant de missions du ressort du Parlement, des élus de la nation, quitte à obliger ceux-ci à n’être que parlementaires et à les doter en échange d’encore plus de moyens de travail et aussi de soutenir leur rang dans la société.

[1] - Actes VI 8 à 15 ; psaume CXIX ; évangile selon saint Jean VI 22 à 29

[2] - deux lectures : le rapport présenté par Paul Quilès au nom de la commission de Défense de l’Assemblée nationale – n° 1495, enregistré le 24 Mars 1999 . 171 pagesl’OTAN, quel avenir ? & Lucien Poirier avec François Géré : La réserve et l’attente, l’avenir des armes nucléaires françaises . éd. Economica . Avril 2001 . 329 pages

Aucun commentaire: