jeudi 22 mai 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 22 mai 2008

Jeudi 22 Mai 2008


Les marins-pêcheurs : la tache d'huile
Les manifestants n'atteignent pas les gouvernants (encore)
Le président de la République, principal facteur d'incertitude
Concertation et non-concertation : les crises en Extrême-Orient, en Afrique du sud
L'éclair de la raison : Liban, Hamas - Arabes et Européens, "même combat"

Prier… [1] pleurez, lamentez-vous car des malheurs vous attendent… il vaut mieux entrer estropié… borgne… dans le royaume des cieux, dans la vie éternelle… De son vivant, il s’est béni lui-même.. les textes d’aujourd’hui sont sévères comme une icône byzantine. A nos attentes et à nos difficultés, l’apôtre comme le Christ répond par l’énoncé d’un jugement. Nos comportements passés au crible, notre raison estimée précaire et vacillante. D’autres repères existent. Troupeau parqué pour les enfers et que la mort mène paître. Ce qui est payé là, ce qui est sanctionné, c’est le scandale causé à un seul de ces petits qui croient en moi … vous avez fait bombance pendant qu’on massacrait des gens. Langage de Savonarole lui-même brûlé. Le Christ en croix, et nous, pétris d’admiration pour certains, et moi remué d’amertume ou d’envie pour certains : ne crains pas l’homme qui s’enrichit, qui accroît le luxe de sa maison : aux enfers, il n’emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui. Dans le silence, s’envelopper, m’envelopper de prière et au travail, aller et retourner avec simplicité et confiance. Ces textes rudes sont intimes.

Les marins-pêcheurs partagés après la journée de leurs représentants chez Michel Barnier : je ne comprends pas pourquoi les promesses de Janvier, tous les montants de maintenant et plus ou moins « autorisés » par Bruxelles étaient déjà articulés, n’ont pas été mis en place ; pas davantage que cette réunion n’ait pas été tenue dès la semaine dernière. Enfin, comment ne pas trouver ces professionnels avisés quand ils préfèrent une autre structure du prix du carburant plutôt que de l’assistanat, et quand ils posent la question des quotas et réglementations de pêche, donc de la compatibilité de leur travail avec la protection des espèces et de l’environnement. – Je ne comprends pas non plus comment une saine gouvernance mondiale économique ne pousserait pas par consensus les pétroliers à engranger moins de bénéfices – ils consacrent ceux-ci à leur actionnariat, à la prévision d’autres sources d’énergie pour eux-mêmes subsister dans l’après-pétrole et le contrôler comme ils le font avec le pétrole – et les Etats à moins prendre d’argent de poche surle prix à la pompe. – ce qu’en revanche tout le monde comprend, c’est que ce qui sera donné aux marins-pêcheurs devra l’être aux transporteurs routiers et aux chauffeurs de taxi. Ces trois professions sont forcément entendues parce qu’elles peuvent bloquer la voirie, voire les réseaux de distribution en carburant.

En revanche, les manifestants d’aujourd’hui comme ceux d’hier ne seront pas entendus. Il est répété que « le gouvernement ne reviendra pas sur sa décision », il s’agit de la réforme des retraites. Titre du Télégramme hier, Sarkozy fait le deuil de sa popularité. Sans doute, l’Etat-repoussoir quand il ne satisfait pas, mais il y a une part de score personnel et prendre cela comme un adoubement futur de l’Histoire : les réformes sont le courage personnel de l’homme d’Etat et son talent, le peuple, les gens ne lui en sauront gré que lui parti… voire.

La question des institutions – en ce moment opaque, discussions en commissions, pourparlers depuis huit jours… Les anniversaires de Mai sont les leurs. En 1958, les établir ; en 1968, montrer qu'elles sont salutaires, elles ont alors en question, c'est même la principale question à mon sens personnel, mais aussi selon les analystes professionnels. - Aujourd'hui, Le Monde titre : « Constitution, la réforme qui embarrasse tout le monde ». Tout simplement parce qu’elle n’est pas ressentie comme nécessaire, et que n’étant pas consensuelle, elle appelle partout des sacrifices ou des compromis dont personne ne veut faire les frais.

Le président de la République est le principal facteur d'instabilité et d'incertitudes, en quoi paradoxalement Nicolas Sarkozy rejoint le général de Gaulle. Celui-ci pour l'Algérie, pour la reprise "tous azimuts" de notre indépendance et à partir de 1966 (l'amendement Vallon pouvant modifier profondément l'actionnariat dans une entreprise et donc peser sur l'exercice du pouvoir de gestion et les stratégies) sur le plan social, vis-à-vis d'une certaine classe, et enfin sur le plan politique, par sa proposition référendaire du 24 Mai 1968 au 27 Avril 1969, est constamment déstabilisateur. Nicolas Sarkozy est un embarras pour sa majorité et devient un repoussoir pour les France, par l'amoncellement de discours hebdomadaires sur les sujets de fond et par des réformes - qui, à propos des institutions - paraissent des caprices, quand - à propos des O.G.M. - elles ne sont pas en contradiction avec des engagements antérieurs (Grenelle de l'environnement ou accords avec Nicolas Hulot).

Les relations internationales et la vie des autres.

La situation de chacun des pays ne donnent pas lieu à concertation : l’affaire birmane ne date pas de la catastrophe, ni même de la répression à l’automne des manifestations de bonzes, elle est d’ailleurs à petite échelle et en plus brutal, ce que nous pouvons reprocher à la Chine. A ceci près que celle-ci se laisse, sinon pénétrer par l’étranger, du moins parcourir par beaucoup d’individualités, à la seule condition d’une sinisation minimum et tester par beaucoup d’entreprises étrangères – habilement, et parce qu’elle est sûre d’elle, en chacun de ses nationaux et dans la collégialité de ses dirigeants. La soudaine dégradation du climat général en Afrique du sud – sur fond de crise du pouvoir au Zimbabwe – remonte au moins à l’automne quand Thabo Mbeki a perdu le contrôle du parti. Malheureusement au profit de quelqu’un, semble-t-il, de très critiquable et corrompu.

Il n’y a guère que le Proche-Orient, légitime obsession des Européens et enjeu de puissance pour les Etats-Unis autant que de politique intérieure, qui fasse l’objet d’un traitement assidu et parfois consensuel. Les Arabes, à Doha, obtiennent, peut-être, une élection présidentielle conclusive, mais l’opposition chiite semble trop satisfaite : le Liban existe pourtant, sans Etat, sans nationalité, sans religion qui soient ceux de tous les Libanais. Quel est le secret d’une telle survivance, d’une telle force dans les âmes ? Et les Européens semblent avoir pris langue avec le Hamas : plus de deux ans perdus cependant et une quasi-sécession de Gaza vis-à-vis de l’ « Autorité » palestinienne. Bernard Kouchner, qui a fait généralement bonne impression dans sa soirée télévisée de la semaine dernière, parle enfin avec netteté, mais sur place. Traduit-il Sarkozy ? le cadre-t-il ? E regard, Ehoud Olmert qui sait ses jours au pouvoir comptés, comme ceux de Bush junior semble multiplier les ballons d’essai, il est même question des hauteurs du Golan.

Impression d’une sorte de bouillonnement confus sur presque toutes les questions de politique intérieure en France, et sur tant de points du monde – quelque chose est en gestation, que manifeste assez bien les oppositions de points de vue sur les causes du doublement du prix du pétrole en moins de deux ans. L’économie mondiale – ou plutôt chacune des économies domestiques – avaient assez bien supporté le passage du baril à 100 dollars, mais 120 . 130 et peut-être 150 n’est pas supporter. En Europe, chez nous, c’est la très forte revendication, en attendant sans doute plus. Et c’est physique… donc imprévisible dangereux pour le précaire équilibre gouvernants/gouvernés. Une économie folle dont les mécanismes de décision n’apparaissent plus, reporte le mécontentement de tous vers leurs gouvernants respectifs : dans bien des pays, les gouvernements ne sont que tolérés, par passivité. Soudain, ils peuvent ne plus l’être si le motif de leur en vouloir – surtout s’ils sont passifs puis maladroits – peut rencontrer vune unanimité, les prix du carburant sont de cette nature. La réponse de principe de François Fillon, il y a bientôt trois semaines – retour de Washington, bredouille en stature internationale et en explication de l’économie mondiale et de l’attitude monétaire américaine – n’est pas de nature à satisfaire : diminuer la fiscalité sur l’essence ? vous me voyez subventionner la consommation (sous-entendu : la surconsommation) d’énergie ? et l’environnement ? et …

[1] - lettre de saint Jacques V 1 à 6 ; psaume XLIX ; évangile selon saint Marc IX 41 à 50

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