mercredi 25 juin 2008

Inquiétude & Certitudes - mercredi 25 juin 2008

Mercredi 25 Juin 2008


Le traitement de l'audio-visuel public, exemplaire de la manière d'exercer le pouvoir depuis un an
Le contenu, écrit par Gribouille
La mithridatisation des usagers, de l'opinion, du Parlement
Les Etats-Unis s'organisant face à une insurrection mondiale contre eux, changement climatique aidant

Prier… [1] scène détaillée et visuelle, la redécouverte d’un des livres de la Loi, lecture sans doute du grand-prêtre pour lui-même, puis du secrétaire du roi, puis pour le roi et enfin publique pour tout le peuple, chacun est nommé et situé, l’historicité de l’événement, de la re-découverte d’un des livres saints, et d’une réforme religieuse profonde, d’une reprise en main générale, n’est pas douteuse. La conversion populaire, à l’initiative du roi, donc des pouvoirs publics de l’époque, est conclue par la notation simple : et tout le peuple entra dans l’Alliance. Notre foi, notre rigueur et nos observances sont une réciprocité vis-à-vis de Dieu. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Jésus, sauf dans les synagogues, enseigne en plein air, et de préférence sur la montagne ou au bord du lac. Le texte du jour donne à distinguer les faux prophètes des légitimes. Là encore, l’environnement social, politique, l’époque en général d’une conversion. Notre culture en Europe occidentale est réticente, aujourd’hui, pour envisager un cheminement de la foi qui engloberait la société entière. Je ne sais non plus que penser, sinon prier. Nos sociétés, malgré des signes de révérence ou de tolérance, sont matérialistes et surtout injustes, fondamentalement illégitimes. Leur conversion, rien qu’à la loi naturelle ou au respect de la création dans son ensemble, est aujourd’hui inimaginable. Chacun s’en accommode, ceux qui en profitent et ceux qui en pâtissent. Et encore, nous ne sommes, au regard d’autres régions du monde, pas logés à la pire enseigne. Hélas !

Le « traitement » de l’audiovisuel public est exemplaire de l’exercice du pouvoir en France depuis que l’élection présidentielle du 6 Mai 2007 a tranché en faveur de Nicolas Sarkozy. « Exercice solitaire du pouvoir », tolérance à tous niveaux des Français : membres du gouvernement à commencer par le Premier ministre, élus de tous niveaux et bien au-delà des contours de la majorité parlementaire, citoyens passifs sauf défense directe et tenace des moyens d’un hôpital local, ce qui porte ses fruits, cf. la décision du tribunal administratif de Rennes rétablissant la situation à Carhaix.

Tout commence par une décision, annoncée en conférence de presse par le président de la République sans qu’on en sache la genèse. Décision qui est de supprimer la publicité dans l’audiovisuel public, en sorte que celui-ci – puisqu’il est de surcroît exclu d’augmenter la redevance – doit dépendre exclusivement de dotations budgétaires, donc des gouvernants, au lieu de tirer une part de ses ressources de la rétribution de son succès. Une commission – censément d’ « ouverture » puisque l’opposition de gauche y est convenablement représentée – travaille à des financements de substitution. Elle ne travaille pas sur l’audiovisuel en général, mais sur la manière de pallier une décision présidentielle. Elle rend sa copie après un incident de parcours important : de nouvelles décisions présidentielles font que la gauche quitte les travaux et qur rien ne sera plus consensuel. La copie rendue est dans l’instant chiffonnée en partie puisque des éléments du travail sont éludés, qu’une décision de taille, jusques là jamais évoquée est annoncée par le président de la République : le président des télévisions publiques ne sera plus nommé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (déjà menacé de suppression selon certaines des moutures de la révision constitutionnelle) mais par le gouvernement, après avis de ce Conseil et sauf veto d’une majorité qualifiée de parlementaires (procédure des grandes nominations si la révision constitutionnelle aboutit). Trompe-l’œil jusqu’au mot-même puisqu’il ne s’agit jamais de décision, mais de proposition, un peu comme ces pays où le chef omnipotent n’est que secrétaire général de quelque chose… et suggère seulement.

Voilà pour la procédure, elle est discrétionnaire de bout en bout : pas d’exposé des motifs, donc soupçon d’influences intéressées sur le président de la République à toutes les étapes de la réforme, aussi bien pour la suppression de la publicité qui sera donc plus abondante pour le secteur privé que pour moduler ou ne pas envisager certains des financements de substitution – dédain des travaux de commission pourtant nommée discrétionnairement, qu’ils soient en cours ou qu’ils aient abouti à un rapport – nouvelles annonces sans concertation avec la commission. Et bien entendu, le Premier ministre et le ministre concerné, sont dans l’ombre, consultés ? pas consultés ? A la manière des réformes de l’Université, des régimes spéciaux de retraite ou des réductions d’emploi à l’Education nationale ou de la rédaction du droit des enfants du cyle primaire à l’accueil, on reçoit des délégations pour seulement leur dire que rien ne sera changé aux décisions qu’ils contestent. Le tout couronné par le leit-motiv qui date du R.P.R. et d’un Jacques Chirac jouant l’énergie, relativement à un Valéry Giscard d’Estaing en manquant : « je prends mes responsabilités ». Ce qui devrait ouvrir des voies de contestation jusqu’à la mise en cause possible de la suite du mandat présidentiel, mais qui dans la philosophie régnante veut seulement signifier : « je décide seul » et il n’y aura pas dans l’avenir plus que dans le moment à chercher qui décide, décidera ou a décidé. – Naturellement, la pétition, au fronton de la révision constitutionnelle, de renforcer le Parlement – bel octroi par le pouvoir de ce qui ne devrait pas dépendre de lui, mais de l’observance des textes et de l’esprit originels de notre Constitution – est évidemment un leurre. Aucun débat parlementaire sur l’audiovisuel public. Les « événements de Mai » en 1968 s’ouvrirent par un débat très difficile pour Georges Pompidou, Premier ministre, sur … l’introduction de la publicité dans l’audiovisuel, qui n’était alors que public. Roland Dumas y excella.

Despotisme éclairé ? pas même puisque le dispositif de substitution pour le financement de l’audiovisuel public est contesté par les futurs contribuables : serveurs d’internet et autrres opérateurs de télécommunications, se convertissant, sans améliorer l’exercice de leur métier d’origine, en agent de spectacle sur tout récepteur, de la taille d’un timbre poste ou pouvant concurrencer une scène de théâtre dans le salon de tout un chacun… et qu’à supposer qu’ils l’acceptent, les projets et le droit communautaire pourraient ruiner l’idée avant même qu’elle soit mise en œuvre. Donc, Gribouille au pouvoir. Car naturellement Bruxelles n’a pas été consulté. Ce qui est l’une des caractéristiques de la démarche française depuis un an, cf. l’Union pour la Méditerranée. Ratifier le projet présidentiel de révision constitutionnelle reviendra au contraire à avaliser la manière dont s’exerce le pouvoir depuis un an.

Le gouvernement – à l’instar du président de la République – pratique le tâton pour mithridatiser l’opinion publique : de mois en mois, à propos des rumeurs propagées puis retirées, concernant des dé-remboursements de prestations médicales – de même, la réforme du SMIC nous faisant revenir quarante ans en arrière – de même, par palliers prudents mais de plus en plus arrêtés, la sortie de la durée du travail du champ de compétence du législateur, ce qui nous fait revenir aux environs de Louis Philippe. Même méthode pour l’audiovisuel puisqu’il est incidemment décidé de regrouper en une seule entité juridique ce qui est actuellement « dispersé » en une quarantaine de sociétés et d’établissements ; ainsi, une privatisation – car à terme, c’est de cela qu’il s’agit – sera plus aisée. Sous le règne actuel, où les quelques grands groupes plus de services que d’industries ont leur dynaste au mieux avec Nicolas Sarkozy, l’audiovisuel privé est en effet bien plus favorable au pouvoir que le public…

Manifestations et grèves – sauf le schéma de grève générale souhaité par Arlette Laguiller, ou des « blocages » quasi-insurrectionnels suggérés par Olivier Besancenot – sont impuissantes : le président de la République est supposé « aimer » les syndicats, insinue-t-il que les méthodes dont Denis Gautier-Sauvagnac fut l’exécutant pendant toute la décennie de « refondation du dialogue social » sont plus efficaces que des négociations en plein air ? Les débats parlementaires, sauf surprises nocturnes que la semaine d’après rectifie, sont vains, eux aussi, tant que la majorité parlementaire ne se révolte pas. Elle a subi, à l’unisson, ce qui est dangereux pour la plupart de ses élus, le démantèlement des investissements nationaux les mieux répartis sur le territoire : tribunaux, hôpitaux, casernes et garnisons. Le seul rendez-vous où le pouvoir peut se trouver – sinon en jeu – du moins en échec, va être le Congrès de Versailles. Curieusement, le débat n’est plus entre majorité et opposition, mais entre institutions, puisque l’U.M.P., votant à l’Assemblée nationale, se renie au Sénat.

Un pouvoir dont depuis huit mois, plus de 60% des Français jugent la politique économique « mauvaise », un président de la République qui ne satisfait qu’un tiers des Français, selon les sondages depuis le début de l’année : 37% en ce moment. Le même indice de satisfaction ne plaça le général de Gaulle en dessous de 50% qu’en Mars-Avril 1963, puis en Août-Septembre de la même année, mais largement au-dessus de 40%.

« La magie du verbe », une ardeur réformatrice, une volonté déjà « légendaire » amènent des commentateurs amnésiques à comparer Nicolas Sarkozy, sinon à l’homme du 18-Juin, du moins au Premier Consul de la Cinquème République… popularité en moins. Autre discriminant, le tact… la présidence française de l’Union européenne, pour un semestre, s’inaugure, aux frais du contribuable, par un cadeau aux députés : pas ceux de l’Union, c’es-à-dire aux membres du Parlement européen, ce qui eût pu se comprendre, mais aux Français seulement, chacun recevant une cravate, femme ou homme, bel exemple de la parité ! on ne pouvait avoir plus de goût, ni "faire" davantage parvenu…
Les amitiés du président de la République aident aussi à le caractériser. Ainsi, les Etats-Unis – d’année en année – confirment leur vision manichéenne du monde et leur stratégie globale qui est tout simplement de se préparer à affronter ce qu’ils redoutent si manifestement : le reste du monde finissant un jour (2030 ?) par les contester, d’un seul bloc. Le changement climatique aura probablement un impact étendu sur la sécurité nationale des Etats-Unis d'ici 2030 en aggravant la pauvreté dans le monde et en déstabilisant nombre de pays déjà fragiles, selon un rapport des services du renseignement dévoilé mercredi. La doctrine et les programmes maritimes de la Grande-Bretagne jusqu’à la montée en puissance des Etats-Unis après la Grande Guerre était de disposer d’une flotte de guerre supérieure ou au moins égale à la réunion des deuxième et troisième flottes mondiales. L’Amérique – depuis le 11-Septembre qui confirmait à point nommé la clause terroriste ajoutée à l’article 5 du Pacte atlantique en 1998 – use de celle-ci comme paravent : Le rapport du renseignement américain ne mentionne jamais le risque terroriste accru comme conséquence possible des bouleversements provoqués par le changement climatique. [2] Terrorisme qui convainc bien des gouvernements européens de ne pas se formaliser d’une violation directe de leur souveraineté par la pérennisation dans le Vieux Monde de centres de rétention américains, dont rien ne dit qu’ils ne sont pas des répliques de Guantanamo [3].

[1] - 2ème Rois XXII 8 à 13 & XXIII 1 à 3 passim ; psaume CXIX ; évangile selon saint Matthieu VII 15 à 20

[2] - Thomas Fingar, directeur adjoint du service d'analyse du renseignement national à la Chambre des représentants des Etats-Unis, selon WASHINGTON (AFP) - 25/06/08 21:01

[3] - From: Council of Europe / Conseil de l'Europe
Point de vue - Point de droit : La CIA au-dessus des lois? Détentions secrètes et transferts illégaux de détenus en Europe (24/06/2008)
L’Europe serait-elle devenue un «terrain de chasse» pour des services de sécurité étrangers ? Peut-on accepter, au nom de la sécurité commune et de la lutte contre le terrorisme, que des citoyens soient kidnappés, transférés et détenus arbitrairement dans des prisons secrètes, torturés, sur simple suspicion de terrorisme et au mépris des lois internationales? L’analyse du programme HVD (High Value Detainees/Détenus de grande importance) mis en place par l’administration des USA après les attaques du 11 septembre révèle ici, au travers de deux enquêtes de l’Assemblée parlementaire, la «toile d’araignée» mondiale tissée par la CIA. Ce programme, dit de «restitutions extraordinaires», a donné lieu à des nombreuses et graves violations des droits de l’homme. Il n’a pu fonctionner que grâce à la coopération de certains Etats membres du Conseil de l’Europe, pourtant liés par les conventions européennes en matière de droits de l’homme. Par ailleurs, la Commission européenne pour la démocratie par le droit apporte son expertise juridique sur les principes généraux du droit international et la responsabilité des Etats membres du Conseil de l’Europe qui auraient manqué, intentionnellement ou par négligence, à leurs obligations. Ce livre, émaillé de témoignages édifiants, réaffirme la position du Conseil de l’Europe selon laquelle la lutte contre le terrorisme ne peut être efficace à long terme que par l’usage de moyens qui respectent les droits de l’homme et la prééminence du droit.

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