samedi 14 juin 2008

Inquiétude & Certitudes - samedi 14 juin 2008

Samedi 14 Juin 2008

Le vote irlandais doit être respecté, car sa forme démocratique est un défi qu'aucun autre Etat ne relève et qu'on est dans le cas prévu par le "compromis de Luxembourg" en 1966
L'invitation de la Syrie au sommet méditerranéen
Marina Petrella : les engagements publics et écrits du pouvoir politique français
Pierre Messmer (le Tchad inviable) et Raymond Barre (la nécessité du pluralisme à droite) avaient raison


Prier… un malade donne plus à qui le visite, qu’il ne reçoit de celui-ci. Le bonheur par la vertu d’abandon : ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. C’est exactement ce que vit et nous fait vivre, notre frère spirituel, tout emmailloté de tuyaux et de cadrans, à la suite d’une lourde intervention chirurgical : je suis heureux, je suis dans le Père, donné, je souffre mais cela sert à quelque chose. Ce qui n’empêche pas la spontanéité, Elisée a d’abord des préalables à l’invite de Dieu. Attitude physique de l’appelé dans les Ecritures : puis il se leva, partit à la suite d’Elie et se mit à son service. Les Apôtres – tous – se lèvent et suivent. Un changement radical d’occupations. Nos vocations et conversions – sauf religieuses ou sacerdotales – ne sont vêcues comme un changement et une rupture qu’intérieurement, mais ce peut être aussi net. L’échange de nos consentements devant l’Eglise, il y a presque quatre ans. Netteté qui dispense de serments : les vœux religieux me sont apparus quand j’écoutais le Suscipe des postulants bénédictins à Sainte-Anne de Kergonan comme une demande et une supplication, tandis que les signatures sont du temporel, de l’état-civil, pour le mariage aussi. Quand vous dites ‘oui’, que ce soit un ‘oui’, quand vous dites ‘non’, que ce soit un ‘non’. Tout ce qui est en plus vient du Mauvais. [1] Le texte du Padre Pio, exactement le verbatim de celui que je visitai hier soir... il n'y a qu'une seule expérience de Dieu et de la souffrance. je ne les crois pas liées, contrairement à tant de spiritualités d'un passé récent, en ce sens que nous n'achèterons jamais Dieu en cherchant à souffrir, en demandant à souffrir. Les circonstances nous l'offrent assez. Chercher Dieu directement - les vocations religieuses, le secret de certaines vies et personnalités, aimer Dieu directement sans souci de récompense, de paradis, de logique ou d'espérance désespérée car ce paradoxe est le plus fréquent, aimer simplement et vouloir aimer vraiment. La grâce, alors, en ce monde - souvent - et en l'autre - sûrement - qui n'en diffrère que parce que notre sensibilité aura changé et sera totale.

Pour contourner le vote irlandais, affirmer ainsi la supériorité sur la ratification référendaire d’une ratification parlementaire sur commande gouvernementale et selon la discipline sinon le chantage des appareils de parti à la réélection de chacun des députés qui s’interrogerait selon ce qu’il sait et entend de ses électeurs, il va se dépenser beaucoup plus d’énergie et d’imagination que pour une réflexion : où allons-nous si les Européens ne suivent pas leurs gouvernants et n’aiment pas la manière dont fonctionne ou est dénaturée l’entreprise ? Dénaturée aussi cette obligation – non inscrite – mais qui a fait fonctionner les choses depuis soixante ans, de tenir compte de l’opinion de chacun grand ou petit, surtout quand l’objection est vitale : essence du compromis de Luxembourg. L’Irlande n’est nullement à exclure – ce qui est en voie de se faire pratiquement, au mépris de toute lettre (en l’espèce introuvable) des traités – elle a tout simplement le droit d’empêcher, mais oui : à elle seule, la mise en vigueur du traité de Lisbonne, et elle oblige ses partenaires à trouver autre chose qui cette fois fasse consensus. Et qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, faire adopter en referendum européen.

Aujourd’hui, on entend seulement le président français souhaiter qu’un incident ne devienne pas une crise et le président de la Commission européenne assurer que le traité n’est pas mort. Comme souvent, c’est Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et président de l’euro-groupe (des ministres des Finances) qui a la juste et concrète appréciation : le traité de Lisbonne n’entrera certainement pas en vigueur le 1er Janvier 2009.

Je crois – pour ma part – que tout va dépendre de la Grande-Bretagne dont le Premier ministre, sans le vote irlandais, était déjà en difficulté sur beaucoup de sujets, dont celui de la ratification du traité dit simplifié. S’il est acculé au referendum, il le sera autant pour anticiper des élections qu’il a pouvoir de reculer encore deux ans. Et les deux consultations risquent d’être négatives pour lui et son équipe, pour le traité aussi.

Depuis vingt-quatre heures que l’invitation lancée au président syrien, fils de son père, Bachar El Assad pour participer au sommet censé créer une Union pour la Méditerranée, la veille de la célébration du 14-Juillet, l’opportunité de cette invitation est discutée. Jack Lang et Michel Rocard, une fois de plus, apportent un concours entier ou partiel à Nicolas Sarkozy, dont la logique est défendue de façon convaincainte – selon moi – par Bernard Kouchner. Elle l’est aussi par quelques personnalités libanaises importantes, dont l’actuel chef de la dynastie Frangié. Personne au Liban ne peut dire qu’il connaît les intentions de la Syrie vis-à-vis de l’avenir du Liban et du fonctionnement de la Cour pénale chargée de punir les assassins de Rafik Hariri, pourquoi pas Nicolas Sarkozy ? Soit, mais le président régnant est-il – en tête-à-tête avec un de ses homologues – une bonne lame. Rien ne le nie depuis un an, mais rien ne le montre non plus. Sans doute, a-t-il convaincu Angela Merkel pour l’Union de la Méditerranée – mais en façade seulement – le projet énoncé à Tanger et mis en forme, non à l’Elysée mais en commission ad hoc de l’Assemblée nationale, a été substantiellement amendé à Bruxelles pour s’articuler avec le processus de Barcelone, en œuvre depuis douze ans.

Justement, dans une affaire qui dépasse de beaucoup la « politique », et même les relations internationales, Nicolas Sarkozy débat-il au fond avec son partenaire, quand il y a rencontre « au sommet », autrement qu’en délégations de part et d’autre d’une immense table rectangulaire ? J’aime cette photo. du général de Gaulle entouré de la troïka soviétique de l’époque – Juin 1966 – à Moscou, les rois rivalisent d’arguments e de séduction pour l’attirer, et lui un bras familièrement passé au-dessus du dossier du canapé écoute avec la distraction et la décontraction feintes, de qui est intensément dans le moment à vivre, et où gagner. Même chose, mais je n’ai pas la photo. en bon format : dans le salon, un peu étroit de la Boisserie, les fauteuils de famille un peu communs de style mais sans doute confortables, Adenauer et lui, il en sort la réconciliation et la communauté d’action entre la France et une Allemagne ; celle-ci en deviendra irréversiblement autre et débitrice à la France d’avoir retrouvé son identité morale.

D’une affaire initiée sous Romano Prodi… Nicolas Sarkozy a-t-il délibéré avec le « cavaliere » ? à qui l’extradition conviendrait si bien, alors même qu’elle n’aura pas été son fait.

Les avocats conseils de Marina Petrella, à qui j’adresse les argumentaires d’opposants, qui me sont proches, et demande s’il y a soupçon de crime de sang, me répondent ainsi :

Marina n'est pas accusée de crime de sang, mais de complicité en tant qu'ayant appartenu aux BR. Il y aurait beaucoup à répondre à ceux qui avancent des arguments aussi haineux et FALLACIEUX.1/ Pas d'impunité : elle a accompli en Italie 8 ans de prison; elle y a fait cinq ans de contrôle judiciaire avant d'être condamné, elle a donc été considérée comme dépourvue de toute dangerosité depuis plus de vingt ans !!!2/ On lui a donné une deuxième chance en France, elle l'a saisie sans jamais trahir, a reconstruit sa vie, s'est réinsérée, et il serait moral de changer d'avis 20 ans plus tard ? Au nom de quelle justice de trahison et de vengeance ?3/ Un être humain a-t-il droit à évoluer, à changer ?4/ Marina est un être humain remarquable, aux qualités exceptionnelles, n'en déplaise à toutes ces bonnes et sottes consciences. Dieu reconnaîtra les siens.5/ Et les fascistes de l'attentat de Piazza Fontana, on les poursuit aujourd'hui ? On les traque ?
Bref, cela met vraiment en colère...

A cette réponse, qui me paraît forte, ils ajoutent le texte de leur mémoire au fond, plaidé devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles, le 30 Novembre dernier. J’en tire les éléments de l’engagement d’honneur français.
Le 21 avril 1985, à l’occasion du 65ème congrès de la Ligue des Droits de l’Homme, François Mitterrand, président de la République, a déclaré : " Prenons le cas des Italiens, sur quelque trois cents qui ont participé à l’action terroriste en Italie depuis de longues années, avant 1981, plus d'une centaine sont venus en France, ont rompu avec la machine infernale dans laquelle ils s’étaient engagés, le proclament, ont abordé une deuxième phase de leur propre vie, se sont insérés dans la société française, souvent s’y sont mariés, ont fondé une famille, trouvé un métier… J’ai dit au Gouvernement italien que ces trois cents italiens… étaient à l’abri de toute sanction par voie d’extradition… ".
Le 4 mars 1998, Lionel Jospin, alors Premier Ministre, adressait aux défenseurs des exilés italiens un courrier en ces termes : " Vous avez appelé mon attention par une lettre du 5 février dernier sur la situation des ressortissants italiens installés en France à la suite d’actes de nature violente d’inspiration politique réprimés dans leur pays… Je vous indique que mon gouvernement n'a pas l'intention de modifier l'attitude qui était celle de la France jusqu'à présent. C’est pourquoi il n'a fait et ne fera droit à aucune demande d'extradition d’un des ressortissants italiens qui sont venus chez nous dans les conditions que j'ai précédemment indiquées. Par ailleurs, des dispositions vont être recherchées afin que les signalements introduits par le système d'information de Schengen et automatiquement diffusés n'emportent plus de conséquences à l'égard de ces personnes… "
Actualité des jugements et des comportements de personnalités françaises, disparues il y a peu. Le Tchad, dont Pierre Messmer a toujours soutenu qu’il n’est pas viable. Idriss Deby a été sauvé de justesse par la conjonction de l’intervention française et des livraisons libyennes, en Février dernier. Christine Boutin soutient que l’U.M.P. ne gagnera pas seule et qu’elle est en train de se refermer ; elle regrette qu’à sa fondation en 2002 n’ait pas été retenue la notion de « sensibilités » pour former, co,ntractuellement et en coalition avouée, le nouveau mouvement : démarche qui fut toujours celle de Raymond Barre, assure-t-elle, devant à celui-ci sa première élection il y a vingt ans.

[1] - 1er Rois XIX 16 à 21 passim ; psaume XVI ; évangile selon saint Matthieu V 33 à 37

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