jeudi 17 juillet 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 17 juillet 2008


Jeudi 17 Juillet 2008




Me recueillir, il en faut peu pour s’égarer. On ne se centre pas sur soi. Je constate que sans lunettes, je devinais à peu près les références de « mes » textes du jour… mais « voir » (la loupe) me confirme ce qui me paraissait douteux. Je crois que le sourd ou le semi-aveugle sont là dans leur existence physique. Ils ne sont pas sûrs de leur déduction, ils sont en constante interrogation et la contre-épreuve est impossible. Ce que l’on perd fait souffrir, mais ce qui est – de notre cœur ou de notre âme, de notre corps – perdu nous ôte à nous-mêmes. Le chemin du juste va tout droit, et, toi qui es droit, Seigneur, tu aplanis le sentier du juste. La grâce d’être et d’aller droit. [1]La sagesse et la rectitude, selon nos Ecritures, ne sont pas un état de vie mais un mouvement, une trajectoire, une marche vers un but, vers Quelqu’un. Mon esprit te cherche dès le matin, mon âme saspire vers toi pendant la nuit, nous rappeler ton nom, voilà tout notre désir. Je lis le texte comme si je prenais du recul, me laissant prendre et emmener vers la source, trésor proposé. La Bible est – aussi ? ou d’abord – un formidable savoir psychologique, les comportements certes mais surtout les méandres, ressorts et épouvantes de l’âme humaine. Trésor du texte pris-reçu à notre éveil, chaque moment est un réveil, un rappel d’itinéraire. Je songe à ce jeune frère moine, à ce qu’il vit et que je ne sais pas, au secours qu’il n’a plus que dans l’Ecriture peut-être, car Dieu ne nous visite pas sensiblement tout le temps, il y a le temps de son absence, de notre solitude. Titre de Giono dans les années trente : La pitié est une solitude. Images que prend le prophète et que reprend Jésus, l’Apôtre aussi, celles de la femme enceinte. Nous avons eu la grâce d’une naissance sans souffrance, selon ce que j’accompagnais, seulement l’angoisse de quelques minutes quand la césarienne fut décidée et que la course plus rapide et décidée qu’une course dite folle, nous entraîna, ma femme, notre fille sur le seuil et le point de tout, et moi derrière les infirmières et sage-femmes, perdant le contact. Tout allait si vite que je n’eus le temps d’aucune sensation. La femme qui enfante dans la Bible, présentée par Isaïe, sur le point d’enfanter, (qui) crie ets e tord dans les douleurs. Les événements physiologiques féminins ont des noms, souvent au pluriel, et tous génériques, à la fois crûs et mystérieux. Ta rosée, Seigneur, est une rosée de lumière. Textes qui bousculent en nous emmenant d’une ambiance à l’autre, discontinuité qui est nôtre, particulièrement la mienne en ce matin singulier. L’extérieur faisant défaut, l’intime tangue et balance. Toi, Seigneur, tu es là pour toujours, d’âge en âge, on fera mémoire de toi. Et nous tous, nous te prions et parlons de Toi, si maladroitement : le Seigneur s’est penché…pour entendre la plainte des captifs, et libérer ceux qui devaient mourir. Plus clair, Ton appel que nos cris et balbutiements : venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et, moi, je vous procurerai le repos. Ainsi soit-il. Je ne suis rien, je ne suis que confiance. Ni force ni vue pour demander quoi que ce soit. Du fond de mon délire, Seigneur, Ton visage et ceux que Tu me donnes. D’aimer, ce qui est mon rocher.


Nicolas et Carla, tous les rôles, l’Elysée, mais les tréteaux, le journalisme, diriger directement les ministres, zéler personnellement les parlementaires et à l’affiche pour la semaine, belle couverture bleue et blanche : l’artiste, la femme, l’amoureuse. Plusieurs rôles chacun, mais des rôles distincts. Schizophrénie ? Et de qui ? de ces deux acteurs ? dont on ne peut savoir s’ils vivront ensemble encore dans dix ou vingt ans. Tout indique que non, et je crois pourtant que oui, ils y gagnent tellement chacun, et surtout à titre personnel, même si le commun des Français – dont je n’arrive à penser que cela les intéresse vraiment que ce « premier couple de France » - pense le contraire et qu’ils sont chacun l’instrument de l’autre. Nicolas Sarkozy se représentera-t-il en 2012. Il fait déjà se répandre l’interrogation, et pour moi, aucun doute, il est enclin à ne pas se représenter, autant pour manquer que parce qu’il a déjà envie d’autre chose, mais il est incapable de le définir. Il a dépassé ses mentors et ses fabricants, ceux qui dès les années 1980, les années de Neuilly l’ont formé et parier sur lui.

Nouveaux arguments et concessions pour la révision constitutionnelle, à l’affiche de la semaine prochaine. Abaissement du nombre de parlementaires pour former un groupe dans l’une ou l’autre assemblée – ce qui est du domaine du règlement de chacune -, réforme du scrutin régional abandonnée, ce qui n’était qu’un projet, et droit de réplique aux opposants quand le président de la République s’exprime. Nicolas Sarkozy réinvente les minima, pour un peu il octroirait la démocratie. La démocratie existe ou s’arrache.

La question posée aux congressistes de Versailles est simple. Ratifiez-vous la manière dont l’élu du 6-Mai conçoit et pratique la fonction présidentielle ? Le commentaire courant est de faire croire au public – car faute de referendum, il n’y a pas dans l’affaire le peuple ni les citoyens – que l’enjeu est « la revalorisation du Parlement » ; celui-ci montre son poids s’il n’obtempère pas. Selon, l’enjeu est la prise de parole présidentielle – en personne – devant les assemblées. Présentée comme anodine – à l’instar du quinquennat en 1973 et en 2000 – cette mesure, si elle est adoptée fondera avant peu l’option pour le régime présidentiel, qui ne changera rien quant à la mise en désuétude du droit présidentiel de dissolution, rin à la domesticité du Parlement qui tient au mode de scrutin et à la discipline de vote mais fera s’évanouir tout contrôle, puisque le Premier ministre et la responsabilité gouvernementale disparaîtront. Chacun des parlementaires sait parfaitement cela. Chacun est assez professionnel et assez dans le circuit des rumeurs, mais aussi des informations, pour savoir comment fonctionne mentalement le président régnant et pour éprouver dans sa circonscription les dégâts concrets de « réformes » qui ne réduisent aucun des maux – notamment comptables – que le pouvoir actuel prétend guérir. En bonne logique, le gouvernement, pour le compte du président de la République, devrait avoir très peu de voix. Le suspense n’est pas du tout pour Nicolas Sarkozy. Il l’est pour l’opposition, la majorité qualifiée lui donne à quelques voix près le pouvoir de mettre en échec – très significativement, en pleine présidence française de l’Union – l’exécutif actuel. Si elle ne parvient pas à convaincre quelques-un des gaullistes restant après quarante ans dans les hémicycles, c’est qu’elle-même est vraiment au bout de quelque chose. Si la révision est adoptée – après le profil bas et les atermoiements entre la résignation ou le sursaut, assez semblables aux jeux de scène de Nicolas Sarkozy devant Ségolène Royal le 2 Mai 2007, en « face à face » - quels refrains de triomphe n’entendrons-nous pas, et quelles immenses déductions et conséquences ne seront pas alors tirées. Quelques voix referont le poids du Parlement ou vaudront plébiscite…

Des photographies du général de Gaulle de Londres à l’Irlande, une collection – dont je ne peux dire actuellement qui l’a réunie avec autant d’affection, de piété que de capacité professionnelle, presqu’au jour le jour – et il m’est donné du temps à passer avec ces images. J’en retiens des certitudes, que je n’avais pas toutes, il y a seulement quelques heures.

Il me raconte son printemps de parlementaire en 1968, il vote la censure. Il me raconte François Mitterrand. Il ne théorise pas, il dit ce qu’il lui est arrivé, ce qu’il a directement vu et entendu. Bonheur de ses formules.

Texte à jour dans la soirée du vendredi 18


[1] - Isaïe XXVI 7 à 19 ; psaume CII ; évangile selon saint Matthieu XII 28 à 30

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