samedi 12 juillet 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 11 juillet 2008

Vendredi 11 Juillet 2008

Brice Hortefeux s'assied sur le rapport de la commission animée par Pierre Mazeaud

Liberté : le mot n'existe pas dans les écrits faisant la révision constitutioneelle en cours ni dans la biobiographie de Nicolas Sarkozy

La République aujourd'hui et Napoléon III

Les armées, l'Amérique et le rang de la France

Une femme-enfant et une présentatrice irremplaçable ; je ne sais pas l'audimat



Ma foi ne se raisonne pas, elle est. Me secourt-elle ? Oui, pour l’essentiel, puisqu’elle me structure, me maintient debout et en confiance, sans la moindre raison, tout est flou, osbolète, menaçant mais devant Dieu, nous sommes tous trois : là. Le temps coule autour de nous et les astreintes que rien ne peut résoudre, sauf… La saint-Benoît, géant par le rayonnement, par un écrit qui demeure, qui était-il quotidiennement et pour ceux qui dans des temps certainement vêcus et qualifiés autrement que nous ne le faisons aujourd’hui, les croyant rétrospectivement indiscernables et très troublés… probablement banal sauf qu’il devait être attentionné et… rigoureux. Une rigueur sans bonté épouvante et n’est qu’orgueil et cécité. Une tolérance ne rassure personne de ceux qu’elle gratifie. [1] Entrant dans la prière, par lecture et parce que je ne peux continuer ce début de journée, sans ce moment tandis que le soleil commence de donner et que la sueur me revient, je sens ma raison vaciller… trop à subir, trop subi… alors que naturellement je ne suis que rebond, créativité, curiosité et accueil (sauf, physiquement, les visiteurs impromptus comme la campagne, au moins ici, en a l’habitude, on va sans rendez-vous, tout est guichet, vie de labeur ou de tâches simplement, les chèvres au piquet, les animaux en clôture, les humains tout autant, l’avoir à leur pieds : la terre et les quatre murs de leur « salle », la cave au même rez-de chaussée, maisons sans fondation mais pays qui ne change fondamentalement pas depuis le plissement hercynien). Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre… moi, je n’ai rien quitté, j’ai cru accumuler sans investir, et tout me quitte aujourd’hui, sauf amour des miens et notre mutuelle affection. Vous siégerez vous-mêmes… et il aura en héritage la vie éternelle. Jésus promet des récompenses fabuleuses mais tout va à la croix, à la Passion, aux trahisons, au tombeau et le relais n’est pris que par la foi. Car c’est le Seigneur qui donne la sagesse… il tient en réserve son secours pour les hommes droits, il est un bouclier pour ceux qui suivent la bonne route, il protège les sentiers de la justice de la justice, il veille sur le chemin de ses amis. Alors tu comprendras la justice, l’équité, la droiture : les seuls sentiers qui mènent au bonheur. Sur cette montagne, au pied du divin maître, je m’assieds, m’allonge et écoûte, épuisé. Une prière – plus même le poème (c’est toute ma vie, que j’offre au roi) – s’exhale de moi, de mon épuisement. Total. Je le prie et l’offre pour ceux qui encore plus à bout n’ont plus même la force, de s’en rendre compte et sur notre planèe malheureuse, peut-être sont-ils la majorité. Dans le soleil, la pluie, on disait : le diable bat sa femme, cela dure peu, puis revient, musique, assez merveilleuse. Qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? les apôtres, insatiables, à leur époque… bien inférieurs, humainement et spirituellement à l’auteur des Proverbes qui, à la suite de Salomon, n’est qu’écoute et souhait du discernement. La réclamation d’Adam et Eve, devant l’arbre de la connaissance, est exaucée : rends ton oreille attentive…si tu demandes le discernement… si tu appelles l’intelligence… si tu la recherches… si tu creuses… alors tu comprendras… tu découvriras. Vocation de mes amis bénédictins, sans doute, vocation de toute vie, s’arrêter ailleurs que devant la vitre fermée. Que les pauvres m’entendent et soient en fête.

Pierre Mazeaud remet le rapport dont il avait été chargé à Brice Hortefeux le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale (je ne comprends toujours pas que Simone Veil ait pu accompagner un candidat à la présidence de la République qui avait inscrit un tel intitulé dans son programme d’organigramme gouvernemental… pas plus que son silence à propos de Marina Petrella : il est vrai qu’elle déteste François Mitterrand et trouvait Jacques Chirac confus). Ce rapport condamne le concept et la pratique des quotas, il recommande des négociations avec les pays d’émigration : rien de très original. Le ministre – que je ne réalisais pas : « ministre plein » et croyais dépendant de l’Intérieur – réagit en disant que quota ou contingent (un troisième terme, que je ne retiens pas… puis : contingent, me revient, le pire, les contingents en commerce extérieur après la guerre jusqu’au traité de Rome), il emploie indifféremment ces mots, et que les accords il en a conclu déjà cinq « à la demande de Nicolas Sarkozy, ce qui d’ailleurs ne doit pas aller sans chevauchement de compétences avec le ministère de la Coopération, rue Monsieur). Bref, que du rapport, il se f… L’ancien secrétaire d’Etat de Pierre Bérégovoy et de François Miterrand, élu local en Bretagne et d’origine togolaise, l’a rattrapé aussitôt : quel que soit le terme employé, c’est la chose qui est condamnée. – Ce que je condamne en méthode, c’est toute statistique prévisionnelle : la ramasse des sans-papiers, la pêche aux compétences, les non-remplacements pour départs à la retraite, les fois où il est loisible de recourir à telle procédure au Parlement. La nécessité, évaluée avec rigueur, certes, mais selon des critères : le bien commun, devrait gouverner toute politique, et non l’affichage de programmations qui n’ont qu’une seule destinée : une certaine catégorie d’électeurs, lesquels pourtant ne sont plus à craindre, le Front national n’est plus et ne sera plus jamais une puissance électorale et politique, il a spirituellement gagné.

En défendant Marina Petrella, je me suis mouvementé pour l’honneur, d’instinct, la parole donnée par François Mitterrand me suffisait (celle de tout autre, étant président de la République, m’aurait ordonné de la même manière et avec la même intensité). Mais il y a plus : toute une conception de la société, plus encore que de la vie ; j’ai en effet pris fait et cause de la même manière pour Nathalie Ménigon, il y a deux ans. A la racine, deux choses, le pardon, une société ne doit pas être pire que ses individus la composant, l’action quand tout le reste est insignifiant pour que les choses bougent ou changent. Action qui peut être atroce et signifier malheur et injustice, ces assassinats… je le reconnais. A la racine du meurtre, je distingue l’intérêt crapuleux de la passion. Et je ne vois éventuellement de justice que la réaction sur le coup, à la reconstitution du crime, les parents de la victime flinguent (pourraient flinguer impunémenti celui/celle qu’ils considèrent intimement l’auteur du malheur), et le terroriste s’il se fait tuer en cours d’action, reçoit exactement ce qu’il a froidement choisi d’encourir, risque d’ailleurs qui est l’élément le plus absolvant de son action.

Je cherche maintenant à illustrer mon recours pour l’honneur à propos de cette extradition, d’éléments de textes actuels montrant le courant consensuel vers plus de libertés et de garanties pour les libertés. Je croyais trouver au moins les mots, même si c’est démenti par les faits. Et – à mon accablement – je ne les trouve pas… déjà j’avais relevé que dans sa lettre au Premier ministre, demandant formellement la préparation du projet de révision constitutionnelle, Nicolas Sarkozy n’avait jamais employé deux mots : le referendum… et la ou les libertés… cela ne se trouve pas non plus dans le projet, car le « défenseur des droits des citoyens », défend des droits – selon des textes, lesquels, on le voit en ce moment, peuvent être contraire aux libertés ou restreindre tous droits, ainsi celui de grève… Le paradoxe du système de pensée qui nous gouverne et qu’une majorité de Français ne savait pas qu’elle l’élisait, est que ce libéralisme n’a aucune doctrine ni conception de la liberté ! et que le mot ne se trouve nulle part. Alors qu’au fronton de nos édifices, il y le fameux tryptique où la liberté est première. En revanche, parcourant la bibliographie présidentielle [2], je découvre un refus que soit dénigré le service pblic (p. 68, Ensemble) et surtout l’éloge du mécanisme britannique du livre blanc [3] (que j’ai recommandé, depuis trente cinq ans, à tout ce qui avait voix politique d’influence chez nous), que la pratique des lettres de missions aux différents animateurs de commissions ad hoc depuis l’été dernier, a totalement travesti. Comme le fondement dogmatique de notre régime est sa conformité aux engagements présidentiels de campagne, il devient intéressant de se reporter à la lettre de ces engagements. Bien entendu, les deux livres de 2006 font partie du prospectus.

Réception à la préfecture de mon terroir d’adoption : la fête nationale anticipée. Le bâtiment, magnifique, édifié par Napoléon III quasiment à usage propre car il venait visiter, non loin, sa cousine Baciocci, digne d’une préfecture d’une ville dix fois plus importante. Le buste de l’empereur, celui de l’impératrice, sont sur les cheminées, en vue. Portrait plus grand que nature, l’officiel du Second Empire, dans le vestibule : belle peinture, connue, Napoléon III semble venir vers celui qui le regarde, et ne pose pas. Je l’ai en gravure d’époque, coloriée. La République – dont nous venons, la Troisième, celle du compromis institutionnel de l’Assemblée monarchiste – s’était fondée sur la haine de l’Empire et surtout de celui qui l’avait rétabli, incarné et, sauf la guerre de 1870, le pérennisait, sans doute parce qu'il était en voie de le pérenniser... Visibilité de l’uniforme, car je ne connais personne et avais commencé d’abord par des dames d’âge déjà certain, de belle allure mais que faisaient distinguer leur légion d’honneur – j’y aborde successivement un colonel d’infanterie, puis un amiral à deux étoiles. Sans se donner le mot, ils sont chacun très évocateurs de l’état d’esprit de nos armées. La mise à jour a bien fonctionné et l’atlantisme du gouvernement, la banalisation de notre réintégration de l’OTAN, sont efficaces. Le raisonnement est tordu consistant à soutenir que si nous ne sommes pas avec les Américains en Afghanistan (et ils y sont pour des valeurs qu’ils ont, au moins, le courage de cultiver et d’affirmer…) et ailleurs, nous ne sommes plus une grande nation. Le premier, encadrant une de nos écoles militaires, après qu’il ait approuvé la suppression du service militaire, nous rendant plus apte aux opérations « extérieures », ajoute même qu’en pantouflant bientôt, il contribue à la bonne relation armée-nation. Le second, ayant commandé des troupes « spéciales » vante la combativité et surtout le patriotisme des Américains, je n’en disconviens pas, sauf que – le plus souvent, de la Révolution à la France libre – le nôtre ne nous faisait pas manquer, pour autant de discernement, il est vrai que les guerres coloniales et Vichy montre que notre vertu d’intelligence n’était celle, au départ, que d’une minorité. Je pense alors au maréchal de Lattre de Tassigny, subjugué par la camaraderie d’armes dans la campagne de l’Est français, à l’hiver de 1944 [4], mais pour autant et malgré sa popularité aux Etats-Unis, il ne put la faire valoir pour l’Indochine, autrrement qu’en financement de livraisons d’armes. J’évoque cet exemple, qui n’a pu être que parce que de Gaulle avait maintenu, fût-ce contre le commandement suprême (Eisenhower), la nécessité nationale française de ne pas évacuer Strasbourg, fût-ce un jour. L’amiral n’a pas, du moins ne me l’a-t-il pas fait sentir, la comparaison avec qui, aujourd’hui, nous entraîne… mais je suis frappé de cette fascination pour la « force » américaine – militaire sans doute, mais sans plus (cf. le discours du général de Gaulle à Phnom Penh – ne pouvant pas tout…). Une fascination qui ne s’avoue pas telle et se voile de prétextes moraux ou politiques. Elle n’est pas nouvelle chez beaucoup de nos officiers. Un voyage aux armées en 1967 – de ma promotion E.N.A. – suivait de peu la « guerre des Six-Jours », l’admiration de nos hôtes et commentateurs de toutes armes était sans bornes. Une telle évaluation d’un pays étranger, sous le seul angle de sa force, désarme toute pensée et donc toute indépendance mentale, racine d’une indépendance politique et stratégique. Vichy en a donné un tragique exemple [5].

Je croyais – avec « Surcouf » [6] et sans doute le général Cuche – l’armée encore sensible aux perspectives que nous avait rouvertes le général de Gaulle à partir de 1966. Je m’aperçois que le dernier refuge est dans l’intelligence et le réflexe d’étudiants de vingt-cinq ans, et chez – très heureusement – beaucoup de parlementaires, pourtant élus sur le ticket Sarkozy.

Nous terminons la soirée en reprenant notre fille chez un de nos familiers, au village. Sarkozy, on ne peut pas dire, il y va, il est courageux, et d’évoquer l’apostrophe de Daniel Cohn-Bendit au Parlement européen. En fond, sonore et visuel, minaude une femme-enfant (que ma femme et moi trouvons calculée et retouchée, depuis le début de son exercice professionnel) : elle dialogue « sur » TF1, avec Claire Chazal « irremplaçable » selon les magazines du genre… 55% des Français sont convaincus que Nicolas Sarkozy utilise sa femme pour sa propre image. Le sondage ne spécifie pas : qu’elle qu’elle soit. Nos rois, au contraire, n'en avaient pas souci, avec des maîtresses dont d'ailleurs certaines firent le plus grand bien à la France : Diane de Poitiers, Madame de Pompadour.

[1] - Proverbes II 1 à 9 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Matthieu XIX 27 à 29
[2] - Témoignage - XO éditions . Juillet 2006 . 281 pages
Ensemble – XO éditions . Mars 2007 . 159 pages
publiés antérieurement :
La République, les religions, l’espérance - entretiens avec Thibaud Collin, Philippe Verdin - Le Cerf 2004
Libre – XO éditions/Robert Laffont . Janvier 2003 & éd. Pocket Août 2006 . 415 pages)
Au bout de la passion, l’équilibre – entretiens avec Maurice Denisot – Albin Michel 1995
Georges Mandel, le moine de la politique – Grasset 1994
Je n’ai pas encore pu me procurer les deux derniers titres – actuellement épuisés.

[3] - Témoignage, p. 173
« Lorsque le gouvernement britannique envisage une réforme importante, il commence par rédiger un livre vert exposant le problème et les différentes soclution. Il constitue ensuite une cellule chargée de recevoir, sous forme écrite ou orale, et d’exploiter l’avis de tous ceux qui souhaitent exprimer un point de vue sur le sujet. Puis il rédige un livre blanc dans lequel il expsoe la solution qu’il entend retenir et une nouvelle concertation a lieu. Au bout du compte, la société civile a été associée à l’élaboration des réformes et les lois sont mieux préarées et beaucoup plus pertinentes. »

[4] - Histoire de la Première Armée française . Rhin et Danube (Plon. Décembre 1949 . 656 pages)
« Ainsi achève de se régler une crise dramatique. Elle prend fin par un resserrement de nos liens d’amitié et de confiance avec nos alliés américains, liens que l’action va porter à un degré jamais atteint d’intimité. Jamais, en effet, la solidité de la coalition, et son efficacité, ne seront plus remarquables qu’en ce mois de janvier 1945. Car si les Américains ont pu, au cours de ces journées anxieuses, constater notre résolution, ils ont pu aissi apprécier notre loyauté. Et nous, nous allons pouvoir admirer leur magnifique fair play. »

[5] - Général G. Schmitt, Les accords secrets franco-britanniques de Novembre-Décembre 1940 . Histoire ou mystification (PUF . coll. Esprit de la Résistance . 1957 . 216 pages) p. 201 – le Maréchal à Mgr. Birreaux, supérieur des Pères blancs ‘Les Allemands sont cruels, lâches, sadiques. Il n’y a rien à faire avec eux… mais je ne vois nulle force au monde pouvant jamais leur tenir tête.’ Et, juste après, l’amiral Darlan revenant de son entretien avec Hitler à Berchtesgaden, le 11 Mai 1941 : ‘Hitler a fait étalage de moyens militaires avec lesquels nulle force au monde n’est capable de se mesurer’

[6] - Le Figaro daté du 18 juin 2008 – que j’ai hâte de me procurer à mon prochain séjour à Paris

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