vendredi 18 juillet 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 18 juillet 2008

Vendredi 18 Juillet 2008

Nathalie Ménigon, libre depuis hier

Crimes et suicides

Inconséquence du mensonge quand il s'agit du nucléaire

Les scandales dans le sport

L'Afrique du sud sur le modèle bientôt du Zimbabwe ?

Les participants aux J.M.J. de Sydney, se savent-ils en Australie ?

Prier avec retard dans cette journée de transhumance… [1] l’un des trois magnolias, enfin, fleurit. Je suis parti d’Ile-de-France au chant des oiseaux, ici seul un coucou habite le silence, l’horloge sonne deux fois les quatre coups, c’est la fin d’un des moments les moins courts dont disposent entre les offices les Bénédictins en France. Si vous aviez compris ce que veut dire cette parole : ‘C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices’, vous n’auriez pas condamné ceux qui n’ont commis aucune faute. Car le Fils de l’homme est maître du sabbat, et donc de toute lettre, de toute régle, de tout rite, de toute loi, de toute institution, de tout usage. Et nous avons-nous pitié de Dieu quand nous dévalons la pente de nos imprudences et péchés divers ? Si petits, mais pourtant décisifs car ils nous abîment, car surtout ils méconnaissent Dieu, nous en distraient, révèlent nos priorités, les « échelles de valeur », appliquées selon nous. Souveraineté de David, le fondateur quoique si pécheur. Souveraineté spontanée des disciples puisqu’ils sont en route avec leur maître, le Christ. Les pains de l’offrande dévorés, les épis glanés, le corps du Christ en nourriture. Oui, tu me guériras, tu me feras vivre : mon amertume amère me conduit à la paix. Celui qui prie et implore : à regarder là-haut, mes yeux faiblissent. Combien sommes-nous depuis des millénaires et pour ceux de l’avenir, nous tous naissant et mourant, entre deux relevailles, si stériles, si précaires, si vulnérables, promesses non tenues, espérances trahies, dons repris et si heureux et comblés que nous soyons, comment le demeurer quand nous regardons, entendons, rencontrons ? Plus un visage d’homme parmi les habitants du monde ! Et la vie d’Ezékias fut prolongée, la nôtre illuminée : j’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes. Ainsi soit-il pour tous ceux que j’aime ou qui m’aime, pour tous ceux dont je ne soupçonne rien, pas même leur existence maintenant ou demain ou il y a longtemps. Ainsi soit-il ! mais sur la route, Notre Père et Je vous salue, Marie… bénie pour elle-même puisque remplie de grâce, bénie ensuite pour son Fils, et appelée pour le reste à la rescousse. Rencontre dont je ne sais pas la langue ni le lieu : contact. Les J.M.J, ghetto pratique et mental ? ou rayonnement ? et rayonnement pour les convaincus ? ou pour les tiers ? en parallèle la réunion anglicane et son ordre du jour pire encore que ceux de l’Eglise romaine. Ces chrétiens qui se consacrent au non sens ou aux queues de cerise, tandis que tout crie, urge et fait scandale. Devenir nous-mêmes scandaleux… je prie pour cette sainte Eglise que j’aime et qui m’entoure, à laquelle, avant tant d’autres – échangez un signe de paix – j’essaie d’apporter quelque chsoe, sans trop peser. Mais c’est Dieu qui fait.

Depuis hier, Nathalie Ménigon est libre, liberté conditionnelle, mais libre. Le régime de semi-liberté n’était pas a priori une étape. Dans quel état de santé se trouve-t-elle. J’avais écrit pour elle – connaître le point de droit et faire intervenir pour sa libération – plusieurs illustrations : Pierre Arpaillange, Robert Badinter, Roland Dumas, Georges Kiejman, Michel Zaoui (ce dernier avocat de parties civiles contre Maurice Papon). Les réponses étaient toutes favorables, et se fondaient sur la « loi Kouchner », l‘humanitaire dans le pénitentier. Comme à propos de Marina Petrella, je raisonnais sur notre société qui ne peut être pire que ceux qu’elle condamne. Le maintien, la durée et les conditions de cette incarcération me paraissaint excéder la justice humaine. J’avais rencontré Georges Besse quelques mois avant son assassinat, à l’occasion d’un voyage qu’il effectua en Grèce, alors que j’y étais en poste diplomatique ; sa famille n’exigeait pas le maintien en détention. Tout cela m’a ému beaucoup. Action directe, je ne l’ai pas vêcu par esthétique de la révolte, de l’engagement ou du nihilisme, ni par nostalgie de certaines conditions intellectuelles et politiques qui dans les années 1970 avaient pu mobiliser certains esprits – heureusement rares – chez nous et en Allemagne. Je le vis – chaque fois – parce qu’il me semble que la société ne doit pas être plus cruelle ou aussi cruelle que ceux qu’elle a condamnés précisément pour leur cruauté. Elle doit même être capable de magnanimité et d’un certain pardon, qui peuvent faire la grandeur d’une génération et d’une collectivité. Se montrer meilleur que… C’est comme cela que nous avons compris qu’il nous fallait abolir la peine de mort.

J’ai connu – belle-soeur d’un très proche ami d’enfance – un crime épouvantable. Pour se venger de son mari, crise de couple que je ne sais pas, elle a enfermé dans une valise leurs deux petites filles et descendu tout cela à la cave, elle vit à perpétuité, enfermée dans la prison de Rennes. Voici qu’un père pend ses deux fillettes : vivre le geste, les instants ! La bêtise de tous ces organisateurs de cellules de crise ou de soutien psychologique : le drame d’Allinges, on a oublié que le professeur accompagnant les enfants pouvait être dramatiquement atteint ; il se suicide et personne n’a vu venir. Et il est admis dans les réformateurs de notre système éducatif que les enseignants ne sont pas à ce qu’ils doivent faire, toute mon expérience de jeune père d’une petite enfant, ou d’enseignant universitaire, tous mes souvenirs d’enfance, tout ce que j’ai appris – sous toutes les latitudes – affirment la communion entre le pédagogue et ses alumnates. Sur les sujets vrais qui ne se dogmatisent pas, et sur les chemins – si tortueux dans nos âmes – du crime, nous savons peu et faisons encore moins.Celui qui tue, pour mésentente conjugale ses fils, la compagne de l’un, deux autres encore, puis se tue : que ressent la survivante par qui ou pour qui tout cela été perpétré, prémédité selon les cassettes enregistrées ? psychologie d’une femme qui inspirait un tel amour pour que ce soit devenu une telle haine ? Et ce mocycliste, « contrôlé » à 238 kilomètres à l’heure en Haute Normandie, non loin de la mer.

Tricastin. Douze heures et plus l’autre lundi-mardi pour prévenir la population. On est maintenant dans la série d’incidents en cascade, c’est le cas de l’écrire, et surtout des découvertes rétrospectives, et l’on se dirige vers un constat de mensonges par omission pendant des années. Anne Lauvergeon, à l’heure dans tous les voyages présidentiels censés finaliser ses contrats, met onze jours à venir sur les lieux probablement parler la langue de bois. Le tout-nucléaire qui atténue – bien plus que dans la moyenne européenne – notre dépendance énergétique n’est vivable que si les investissements sécuritaires sont constants et les procédures vérifiées non moins constamment. La suffisance de l’expertise met au contraire en défiance les Français. Ambassadeur au Kazakhstan, j’étais arrivé à suivre dans un des sites nucléaires de la mer Caspienne une visite technique, prévue par des accords de coopération que l’implosion soviétique n’avait pas périmés : nos compatriotes visiteurs étaient censés avoir l’habitude des lieux, il creva vite les yeux que malgré des déplacements fréquents auparavant, ils mettaient pour la première fois le pied dans les lieux et n’en connaissaient pas les habitudes ni les usages. Et après Tricastin, Romans…

Le dopage des coureurs cyclistes me scandalise moins que la laideur – de corps – des nageurs et surtout des nageuses, que le rictus de haine qu’arborent les champions de tennis pour être davantage efficaces à la balle de match, et surtout que les 28 millions estimés pour le retour depuis Chelsea, d’un Drogba si enivrant à Marseille que les « fans » ouvrent un site, se cotisent et rapportent déjà 1% de la somme requise. Je veux dire là que le sport semble entièrement argent, spectacle et combinaison. La rumeur n’a-t-elle pas couru, il y a deux ans, affectant nos plus grands noms dans le tennis, que des matches étaient de résultats convenus – achetés – d’avance. Schumacher l’aîné, imbattable tant que le règlement resta ce qu’il était, et la loi changée, l’invincible disparut. Le commentaire m’a échappé, s’il y en a eu un. Ert naturellement, la manière dont s’entraînent depuis une décennie peut-être les futurs médaillés chinois, n’est pas contesté et les résultats ne le seront pas.

Paris-Match donne pour la énième fois sa couverture au couple de l’Elysée.

Les Journées mondiales de la jeunesse, à Sydney. Il semble que ceux qui font foule, sont – à dessein ? mais pas de leur fait – coupés des Australiens. C’est dommage. Et s’il y a dialogue, c’est sur les mœurs – en théorie : avortement, homosexualité – car en pratique, y compris pendant la manifestation, la moyenne d’âge des participants à l’exercice, permet de supposer qu’il y a de la liberté, et même de la libération à ce rendez-vous.

Nelson Mandela a quatre-vingt dix ans. Le rêve de Jean Lacouture, faire sa biographie mais il s’en sent incapable… le voyage ou l’anglais ? La manière dont se prépare la succession de Thabo Mbeki, la corruption en Afrique du sud, il me semble parfois que l’ex-Rhodésie est seulement une parabole. Quand l’économie sud-africaine sera en coupe réglée, que les pogroms de ce printemps auront engendré des régimes politiques simplistes, un espoir – intense et qui paraissait si fondé – s’évanouira en Afrique. Combien ont espéré une Algérie exemplaire – une façon de gaullisme maghébin propageant des valeurs et des expériences de libération dans tout le Tiers-Monde, et ce fut l’explosion intégriste, qu’on croyait en 1991 encore confinée au seul Iran.

Les Etats-Unis vont de priorité en priorité, sans plus avoir les moyens humains ni politiques de les cumuler, malgré les 160 milliards de dollards votés par un Congrès à majorité démocrate… pour la guerre en Irak et en Afghanistan. Aucune date pour le désengagement en Irak, et la nécessité de renforts en Afghanistan. Deux Français dans l’humanitaire enlevés justement sur ces entrefaites : la suite est prévisible, nous allons nous engager encore plus à Kaboul. Comment seront accueillies les nouvelles macabres ? par les lecteurs de magazines « people » ? Silence des candidats à l’élection présidentielle.

Dans les sondages de l’A.F.P. – réactions aux dépêches – le parrainage de Le Pen pour un enfant de Dieudonné a deux fois plus de réponses que la décoration d’Ingrid Betancourt par Nicolas Sarkozy.



[1] - Isaïe XXXVIII 1 à 8 ; cantique d’Isaïe XXXVIII 10 à 17 passim ; évangile selon saint Matthieu XII 1 à 8

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