dimanche 3 août 2008

Inquiétude & Certitudes - dimanche 3 août 2008


Dimanche 3 Août 2008

Pékin de toutes les manières

Préparer Ségolène Royal à l'exercice du pouvoir
La lutte contre l'antisémitisme plus aisée que la dénonciation de l'hérédité à l'Elysée
Qui a été, dès sa signature, partisan des accords d'Oslo, parmi ceux qui ont succédé à Itshak Rabin ?
Prier… vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau. [1] Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. Gratuité qui renverse le monde… mais ce don de Dieu, apparemment matériel, est une invite plus profonde à assouvir ce dont nous avons besoin et que nous discernons si mal : prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Ecoutez, et vous vivrez ! Ce mot de mon père, vénérable, quand un soir, à lui et à Maman, je dis mon interrogation sur un état de vie religieux, sa réponse n’est pas làdessus mais sur notre relation : les parents sont des mendiants d’amour. Comment jamais l'oublier. Il était au cœur du sujet de la vie, de toute vie et de la révélation. Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? Nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. Jésus, vivant, incarné, partageant et vovant notre conditions existentielle, confirme : il fut saisi de pitié envers eux. Et c’est la multiplication des pains sans qu’il y ait étonnement devant le miracle, ni doute que le maître puisse l’accomplir. On ne s’étonne que de ses questions pousant cependant à l’expression de nos diagnostic, c’est-à-dire de notre dénuement. Les disciples conseillent, inventorient, font le service, tout paraît aussi naturel que l’invite d’Isaïe. Et ce sont pourtant les prémisses d’un monde nouveau. Autour du Christ à son époque, déjà les foules mythiques de la Résurrection et de l’Apocalypse. Les yeux sur toi, ils espèrent, tu leur donnes la nourriture e temps voulu, tu ouvres ta main, tu rassasies avec bonté tout ce qui vit. L’expérience des animaux familiers, le regard attentif à l’heure habituelle, mais il n’y a pas que la nourriture, il y a l’observation du maître, la notation de l’évangile : les yeux de la servante sur les mains de la maîtresse. Quand l’économie n’enlevait rien à l’affection. Pour moi, les rapports sociaux depuis des années sont les mille et une palinodies des possédants d’amadouer le grand nombre sur le dos de qui a été fait leur abondance, et d’embobiner de propagande sur le bien à venir, faute que rien se constate dans l’immédiat. La société divine est autre, elle n’est pas distance mais proximité, elle n’est pas hiérarchie, elle est vérité. Les hommes inventent règles et distances, supériorité et infaillibilité. Dieu, au contraire… proche de ceux qui l’invoquent. Mais ici-bas, supériorité du mendiant que les gens se sentent, par leur mauvais cœur, contraints d’éviter, éviter un regard, un toucher. Le vainqueur n’est pas celui qui détale parce qu’il refuse et en est gêné « quelque part », mais celui qui a fait les signes et a la posture de la demande. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourit pas, et vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?


Pékin, la pollution au point qu’il faudra stopper plusieurs centrales électriques pendant les Jeux et réduire dix fois la circulation automobile, je ne sais plus si c’est 300.000 ou 30.000 guides volontaires pour « aider » les journalistes et les sportifs, les eaux polluées elles aussi au point que les voiliers ne pourraient concourir, tout cela su d’avance, mais on passa outre… les manifestations anti-françaises et nos excuses présentées par le président du Sénat et un ancien Premier ministre, les Parisiens trop libertaires et la récidive par le conseil municipal accordant la citoyenneté d’honneur au Dalaï-Lama… le président de la République allant à la séance d’ouverture mais la rumeur que les investissements français seront gelés pour les prochains mois en Chine…

Et puis, mélange des deux genres qui finit par tout faire capoter, cf. la révision constitutionnelle à l’arrachée pour le pouvoir grâce à Jack Lang… Jean-Paul Huchon se rend à Pékin, aux frais du contribuable francilien pour soutenir les sportifs du grand-Paris. Traître à Michel Rocard ou au moins sans lui manifester beaucoup de reconnaissance pour le tremplin que constitue d’ordinaire la direction du cabinet à Matignon. Se distinguant maintenant de son parti et prenant sans doute l’avion présidentiel aller et retour.

Je ne comprends pas pourquoi à gauche – c’est-à-dire dans l’opposition – on ne va pas à la simplicité et à ce qui parlera aux Français et aux électeurs. Ne pas discuter la candidature à la présidence de la République, la laisser à Ségolène Royal. Ne pas se concentrer pendant des mois sur la course à la candidature, puis celle-ci acquise sur la manière de l’encadrer, de la faire valoir et en fait de lui nuire, au contraire se préparer et préparer Ségolène Royal à exercer le pouvoir. Pas tant la formation qui serait anticipée du gouvernement, mais l’articulation entre le Parti socialiste, l’Elysée et Matignon dans la future configuration, celle de la victoire. Organiser enfin les flancs ou les désistements, la relation avec tous les centres, et spécialement avec François Bayrou, et tout autant la relation avec Olivier Besancenot. Se répartir ces tâches, à la rue de Solférino de discuter avec la place du Colonel Fabien, l’intérêt de la gauche est qu’il existe un fort parti communiste, un 10% pris sur l’effondrement à venir du Front national, sur les souverainistes, et la considération que le nerf idéologique vient de Lutte ouvrier, de la Ligue communiste révolutionnaire, du Nouveau parti anticapitaliste. Tandis que Ségolène Royal travaillera avec les personnes. Tout cela me semble de bon sens. La lutte pour la candidature, les appétits de Manuel Valls et de Benoît Hamon, intéressent peu.

Siné et Charlie-Hebdo., tout s‘entremêle. A l’évidence, lutre contre l’antisémistisme est aussi facile et bienséant qu’il était dans les années 1930, au contraire, courant et ambiant d’être antisémite. La pollution du sujet par la politique israëlienne envers les Palestiniens, n’est pas nouvelle. Dénoncer chez nous le racisme anti-arabe est déjà plus complexe, tantôt c’est adéquat et courageux, tantôt c’est prendre la priorité à qui doit la conserver de droit, l’antisémitisme. En l’occurrence, cela permet d’éluder ce par quoi tout arrivait, l’hérédité en République, la présidence d’un groupe politique donnée au fils du président de la République pour augmenter d’importance son simple siège de conseiller général. Et accessoirement la carrière ruinée d’un personnage il est vrai assez imbu de lui-même, notre actuel consul général à Los Angeles – je crois – uniquement parce qu’il avait été placé à l’Elysée par l’épouse précédente de Nicolas Sarkozy. Donc les affaires de Jean Sarkozy et de David Martinon, et pas vraiment celle de Siné et du symathique hebdomadaire satirique.

La querelle de succession à Ehoud Olmert. Les biographies des récents Premiers ministres israëliens, y compris le sortant, et tous ses éventuels suivants, ont en point commun qu’ils ont tous désapprouvé les accords d’Oslo. Ce n’est qu’au pouvoir et après avoir expérimenté la force le plus radicalement possible pendant le plus clair de leur mandat, que les chefs de gouvernement en Israël, se rallient à ce qu’on ose encore appeler « le » processus de paix. Alors qu’on repart chaque fois à zéro. Et qu’entretemps seize ans ont passé et que selon ce qui avait été convenu, l’Etat palestinien devrait avoir dix ou douze ans d’âge. Nous revenons à Benjamin Nettanyaou. Je dis : nous, parce que presque toutes les questions atlantiques sont dominées par le part-pris à Washington en faveur d’Israël, nous, parce que les politiques européennes de voisinage (le partenariat euro-méidterranéen, le processus dit de Barcelone, l’Union pour la Méditerranée) sont tributaires de l’ambiance israëlo-arabe. Et par contagion, en bonne partie, la question nucléaire iranienne et le prix du pétrole. On peut être, sinon une puissance mondiale, du moins un élément décisif des relations internatuionales en n’ayant pas dix millions d’habitants et en n’ayant comme territoire que l’équivalent de deux ou trois départements français. Proportions qui font mesurer l’inanité européenne : près de quatre cent millions de personnes, une production et un revenu par tête au second rang mondial, une diversité asez convenablement gérée et respectée en sorte d’être potentiellement le modèle des nécessaires tolérances et promotions culturelles dans le monde. L’Union africaine et la Communauté des Etats indépendants (capitale de fait : Moscou) s’inspirent de nous. Et nous persistons à ne rien peser. Les accords au sein de l’Organisation mondiale du commerce devaient être notre affaire, ce fut notre champ de bataille intestine. La candidature turque peut nous donner un poids immédiat, et non plus putatif, au Proche-Orient pour la sécurité et la place de chacun. Nous la refusons, au mieux, nous nous divisons à son sujet.

[1] - Isaïe LV 1 à 3 ; psaume CXLV ; Paul aux Romains VIII 35 à 39 ; évangile selon saint Matthieu XIV 13 à 21

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