jeudi 25 septembre 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 25 septembre 2008



Jeudi 25 Septembre 2008

Les Etats-Unis, laissés seuls et au bord de la catastrophe
Sarkozy figé "dans l'axe des réformes économiques" : de son seul crû
Les acteurs n'ont fait que ce que le système permet
Le système est la conséquence de la chute du mur de Berlin
Laurence Parisot confirme que le patronat a lâché Nicolas Sarkozy
Courriel à un député "villepiniste"

Prier [1] il ne savait que penser, parce que certains disaient… d’autres disaient… d’autres encore… Quant à Hérode, il disait… et il cherchait à le voir. Par ce chemin, personne ne vient à la foi parce qu’elle est prise comme un objet intellectuel dépendant de l’opinion que l’on s’en fait soi-même ou selon autrui et des critères à définir. La rencontre d’Hérode avec le Christ ne se fait que pendant la Pasion, celui qui se posait des questions fait partie de ceux qui mettent Jésus à mort. Il est complètement passé à côté du sujet qu’il s’était donné lui-même. Y a-t-il une seule chose dont on dise : ‘Voilà du nouveau !’ Le désabusement n’est pas davantage un discernement. Quelle est ma propre attitude : de vie. En vérité. Rassasie-nous de ton amour au matin… Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.

Matin

Hier soir, les difficultés pour McCain, qui aurait à répondre d’un scandale, ancien ou récent ? pot de vin ? je persiste à croire, en tout cas maintenant à espérer son succès, car il a la bouteille et la culture pour réagir, tandis que Barack Obama est en politique étrangère exactement sur la ligne de Bush ripant de l’Irak à l’Afghanistan, et surtout qu’il aura sans cesse à prouver à l’opinion américaine qu’il est bon Américain, pur jus contrairement à l’apparence de sa généalogie, il en rajoutera donc… et ce matin, convocation à la Maison-Blanche des deux compétiteurs pour conférer avec l’occupant actuel : les Etats-Unis serait au bord de la catastrophe, c’est-à-dire que les 700 milliards de dollars ne sont sans doute pas aisément mobilisables et que l’on se rend surtout compte qu’ils ne suffiront : éteindre l’incendie en même temps qu’en analyser les causes pour établir tout autre chose, quand ce n’est pas une parabole, c’est être confronté à l’impossible. Nous n’allons pas – monde entier – éviter la catastrophe, mais – fable des deux ânes, l’un chargé de sel et l’autre d’éponges – les plus pauvres et démunis de la planète (la majorité de la population humaine mondiale) vont enfin toucher la rente de leur malheur. Ils vont souffrir relativement moins que les riches et nantis que nous sommes. Cela va être dur pour nous, et rien ne nous y prépare, rien non plus n’est actuellement en place pour nous faire traverser cet océan et inventer la suite : pas de structures démocratiques et décisionnelles pour l’Union européenne, pouvoir solitaire et non consensuel en France.

Programme de Toulon ce soir, Nicolas Sarkozy ne devrait pas tant parler de la crise financière que de la politique économique française « à la veille de la présentation du budget ». Or, l’un et l’autre sont liés, d’une part, et d’autre part Bercy ou plutôt les politiques à la disposition desquels la machine est placée, ne veulent pas admettre les erreurs de projection, ni la récession dans laquelle nous nous trouvons depuis probablement une bonne année. Il est d’ailleurs étonnant rétrospectivement que la réponse à la crise des subprimes ne commence – aux Etats-Unis – à se trouver que maintenant, soit avec quinze mois de décalage, que nous considérions en France que les recapitalisations de la Société générale (Kerviel aura été providentiel) et du Crédit agricole suffisent, et que nous ne sommes pas en « relation systémique » avec l’Amérique, alors que toutes les bourses européennes n’ont d’indicateurs que les indices d’outre-Atlantique.
L’opinion (chronique des internautes sur France-Infos.) n’est pas du tout dupe, ce ne sont pas quelques dirigeants et têtes de turc qui sont responsables de la catastrophe qui a commencé, mais le système précisément : les acteurs n’ont fait que ce que ce système permet. Or, c’est ce même système qui a induit depuis une quinzaine d’années et la chute des économies marxistes, le mondialisme. La vraie conséquence du soudain enjambement du mur de Berlin n’est pas l’implosion politique de l’empire soviétique : nos erreurs l’aident à se reconstruire et les Russes ont su se donner le bon chef (Wladimir Poutine, héritier avec prix d’excellence de toute la méthode et l’efficacité du régime nominalement déchu), elle est – à retardement – cette catastrophe économique et financière.

Donc, un discours réaffirmant que le président de la République et le gouvernement maintiennent l’axe des réformes économiques n’a pas de sens : c’est celui qui nous est – déjà et trop = politique de communication ? - promis pour la fn de cette après-midi.. Le Secours populaire donne les résultats d’une enquête, fiable, parce qu’elle est qualitative et fondée sur des études de cas. Et Renault annonce deux mille suppressions de poste en sus des quatre mille annoncés en début de mois.

Laurence Parisot confirme que le patronat a lâché Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas le discours appelant à des sanctions qu’il faut tenir – inapplicable et hors sujet – mais la réforme du système financier international. Ces jours-ci, c’était la remarque que les nouvelles taxes et les nouveaux impôts, presque chaque jour secrétés ou inventés, étaient devenus insupportable

Un Hervé Mariton, député de la Drôme, présenté comme peu sarkozyste et plutôt villepiniste, sur France-Infos. : l’intuition de l’incompétence du président de la République sur le sujet économique, une référence libérale contredite par le souhait, inévitablement exprimé, d’une certaine réglementation des us et coûtumes de la finance. Mais du moins le courage de la démarque, peut-être celui d’une contribution à terme à la recomposition de quelque chose… si le Parti socialiste, par une dérive de ses manières de décider programmes et investitures, n’y arrive pas, le parti présidentiel peut-il opérer la mûe ? ou bien la seule médication, radicale au sens du discours de Léon Gambetta à Belleville ? est le vote pour François Bayrou ouvert par le referendum sur le mode de scrutin. – Je le lui courielle :
La discipline majoritaire valant plus dans le fonctionnement de l'Assemblée nationale que la Constitution et les règlements intérieurs, l'existence avérée de "courants" et de sensibilités dans l'U.M.P. peut être décisive pour le contrôle et pour la démocratie. Merci de l'afficher.
Dominique de Villepin que j'ai un peu pratiqué - au Quai d'Orsay puis en fin de son "règne" à Matignon - et Nicolas Sarkozy (son texte en Août 2007 à l'université d'été du MEDEF, ses textes à New-York en début de semaine) n'ont pas la moindre pratique de l'entreprise, ni la moindre culture économique. Un des succès personnels de François Bayrou dans la campagne de l'an dernier, puis la raison d'une des attractions qu'il a exercées sur les électeurs tiennent à ce groupe de hauts fonctionnaires et de grands banquiers (tous formés au service public et au bien commun) qui ont commencé de lui inspirer une politique économique. Vous savez que depuis Mai 2007 nous n'avons qu'une politique budgétaire et plus du tout de politique d'aménagement du territoire. La remarque d'Edouard Balladur, que vous évoquez, est de surcroît très juste : l'absence de système monétaire international vraiment veillable par un pouvoir politique plurinational (c'est moi qui prolonge en disant la nécessité de cette orientation et de cette veille). Une des spécialités françaises avec de Gaulle - et aussi Pierre Mendès France - était de regarder de près ces dysfonctionnements du système monétaire international. Il semble que seul Lula ait une vue d'ensemble, aujourd'hui... il est vrai que le Brésil le met en situation de tout.
Avec Nicolas Sarkozy, la droite ne restera au pouvoir que si la gauche persiste dans son mode actuel, mais la France y perd déjà beaucoup. Le patronat (Laurence Parisot, maintenant presque chaque jour) l'a lâché tout simplement parce que "l'exercice solitaire du pouvoir" - doublé d'inculture - mène à la démagogie et à la totale imprévisibilité : démagogie des châtiments réclamés depuis lundi aux Etats-Unis, imprévisibilité de ces "réformes" dont aucune n'est mise en perspective d'ensemble. Sans compter le redoublement de fiscalité.
J'ai considéré depuis le début que nous allons à l'aventure à tous points de vue en l'ayant élu. Je le crois psychopathe. Toutes interrogations que regardant la politique - tout en ayant voulu en être acteur, mais en vain dans le système actuel des partis - depuis quarante ans, je ne m'étais jamais faites avec aucun de ses prédécesseurs.


Après-midi

Mauvaise communication du pouvoir, on publie trop que le discours présidentiel sera le maintien du cap pour le réformes économiques et le bouclier fiscal.

Hewlett Packard acquiert E.D.S. pour le vider de ses postes de travail : 9.000 emplois. 25.000 par ailleurs dans le monde. Le bâtiment va entrer en récession dans tous les pays industrialisés (crise des subprime et donc comportement nouveau des banques pour tout projet immobilier des personnes physiques), l’automobile est en récession, cf. Renault et deux annonces de suppressions d’emplois en trois semaines, l’informatique va l’être et n’est en sursis que par les consoles, jeux et le multi-media. De même que la presse écrite est sans doute sauvée – en tirage absolu – que par le « people ». Le spectacle ne rend pas le citoyen actif. – Mobilisation en France, encore faible, pour le service public, cas d’école La Poste. En Allemagne, aujourd’hui, 150.000 manifestants à Berlin : l’hôpital public. – Et dans le monde entier, chacun pour soi : les Etats-Unis et le plan Bush (en panne), la France sans l’Union européenne (Claude Allègre en Avril se donnait – Le Point du 17 – comme critère de satisfaction pour Nicolas Sarkozy sa relance de l’Europe…), la Chine son lait frelaté et son troisième vol habité.

Je courielle au Premier ministre ma sensation du moment : la crise et la probable inadéquation du discours de Toulon. Propos que j’introduis par l’Ecclésiaste, lue ce matin (I 2 à 11). Tout discours est fatigant, on ne peut jamais tout dire. L’œil n’a jamais fini de voir, ni l’oreille d’entendre. Ce qui a existé, c’est cela qui existera ; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Ya-t-il une seule chose dont on dise : ‘Voilà enfin du nouveau’

Soir

Sarkozy sur la chaîne de télévision public-Sénat : il veut « refonder le capitalisme ». Jean-Pierre Raffarin : échec présenté comme « cuisant ». Vengeance contre Jacques Chirac ? commentaire, « son avenir national compromis » : mais ? pouvait-il en avoir un autre que cette présidence-là ?

Mauritanie… d’amis mauritaniens, auditeurs réguliers de Radio France International. L’Union africaine a arrêté sa position : ultimatum aux putschistes de revenir à la légalité dans les dix jours. Notre représentant permanent aux Nations unies aurait réiété la position de la France : pas question de reconnaître le fait accompli. Soit, mais par quoi cela se traduit-il ? les ambassadeurs restent accrédités et n’ont pas même été rappelés en consultation. Dans l’immédiat, je reçois d’un avocat, au fait des droits de l’homme pour les avoir défendus sous la précédente dictature, ce courriel : vous pouvez consulter le site
www.taqadoumy.com pour vous rendre compte de l'ampleur des violations des libertés individuelles et collectives, un Sénat qui se transforme en commissariat de police des temps de dictature.


Quand les Allemands ont de l’humour… leur secret depuis 1945, se dire à eux-mêmes la vérité et leur force, à terme, réclamer aux autres qu’ils acceptent qu’on la leur dise, s’ils ne savent décidément pas se la dire eux-mêmes. L’A.F.P. rend compte de leur ministre des Finances qui recevait Christine Lagarde à Berlin : Peer Steinbrück a appelé jeudi à "re-civiliser" les marchés financiers, par une véritable régulation internationale. Loin d'être optimiste sur l'évolution de la crise, il a lancé: "si d'aucuns prétendent voir de la lumière au bout du tunnel, ils devraient envisager la possibilité que cette lumière soit simplement celle des phares du train qui arrive en sens inverse".



[1] - Ecclésiastique I 2 à 11 ; psaume XC ;évangile selon saint Luc IX 7 à 9

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