mardi 9 septembre 2008

Inquiétude & Certitudes - mardi 9 septembre 2008



Mardi 9 Septembre 2008

Deux révélateurs : François Bayrou et EDVIGE

Pour Nicolas Sarkozy, les suffrages ne sont pas volatiles

EDVIGE, pas de collégialité au gouvernement

Mscou a obtenu la reconnaissance des séparatismes en Géorgie et la conditionnalité de son évacuation du terroire résiduel de l'ancienne République fédérée soviétique, patrie de Staline


Prier…[1] des phrases de Paul qui prises isolément ne correspondent pas à notre aujourd’hui, et choquent : ne savez-vous pas que le peuple saint jugera le monde ? … les dépravés et les pédérastes… ne recevront pas le royaume de Dieu. N’ignorons pas les préceptes ni les formules, rangeons-les dans ce qui trouvera sa force autrement que dans notre lecture immédiate et je lis alors : c’est déjà un échec pour vous d’avoir des litiges entre vous. Le devoir des relations fraternelles et en quoi celles-ci changent tout, y compris les mœurs et autres : voilà ce qu’étaient certains d’entre vous… vous êtes devenus justes. Peu importe le point de départ et les tribulations de route, l’aboutissement seul compte et décide. Je le vois bien pour ma vie accomplissant à peu près tout ce que j’ai ambitionné mais d’une façon si intense qu’elle ne peut être qu’intime, à ne pouvoir en partager la sensation qu’avec femme et enfant, et encore. Joie venant de Dieu et se vivant en Dieu mais que les heures et joies humaines font déborder et jubiler. Jésus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu. Redondance ? intention et mouvement de la prière, choix du moment, choix du lieu, choix de la solitude. Le texte l’indique, mais pas la concentration ou l’effort, une rencontre n’est pas une épreuve de force, d’ailleurs l’homme y gagne contre Dieu, selon le combat de Jacob… elle est une rencontre, un ressourcement, une évidence et le Christ pose, après cette nuit « blanche », un acte important, quasiment la fondation de son Eglise, l’appel des Douze, leur désignation : apôtres vient de lui. Foule, enseignement, guérisons. La prière introduit tout, fait tout, c’est cela un chant nouveau… En Israël, joie pour son créateur.

Deux révélateurs. D’importance.

François Bayrou. Révélateur de pratiquement l’ensemble de nos problèmes de politique intérieure.

Je ne veux pas dire là les affaires qu’il caractérise et qui lui donnent, parce qu’il a une totale liberté d’esprit et d’expression, sans lastreinte d’une moindre précaution électortale ou de la moindre contrainte d’appareil de parti, un rôle d’imprécateur bienfaisant et qui va être de plus en plus écouté. Rôle qu’il va avoir tendance à institutionnaliser – de fait – parce qu’il exprimera une vigilance et des indignations partagées par beaucoup : dans les médias, Marianne et Le Canard seuls, semblent assurer cette veille en permance (les autres médias écrits sous forme seulement de scoop, donc aléatoirement), Jean-François Kahn par le commentaire et la mise en cohérence (à défaut d’une mise en page plus esthétique) et l’irremplaçable et décisif palmipède pour les faits (lui et Jacques Fauvet décidèrent de l’élection présidentielle et de la chute de Valéry Giscard d’Estaing, alors que rétrospectivement, et surtout avec Raymond Barre en Premier ministre, V.G.E. a été un bon président de la République). Révélateur du malaise – mal-être – français dans le système actuel. Sa percée inattendue dans les intentions de vote en Février 2007 tenait à ce que le choix Royal/Sarkozy ne plaisait pas à tous, elle s’est accentuée quand il a été perçu par un nombre croissant d’électeurs – dont moi – que l’élection d’un homme sans parti signifierait des renouvellements profonds dans le recrutement des élites politiques (l’équipe de hauts-fonctionnaires, notamment à Bercy qui le servit quelques semaines et que la caution de Peyrelevade convainquait), mais que ce renouvellement – un renouveau – impliquerait un changement du mode de scrutin. La Cinquième République, telle qu’héritée du général de Gaulle, et les mœurs parlementaires sont aujourd’hui tels que le péril n’est plus l’instabilité gouvernementale mais la rigidité des votes à l’Assemblée nationale rendant tous les débats d’une législature formels et sans sanction, donc exonérant le gouvernement de tout contrôle parlementaire sauf maladresse en séance plénière. Un Parlement qui contrôle et des gens vraiment d’un modèle nouveau – car au P S et à l’U M P l’affaire n’est pas question d’âge ou de président de la République ou du parti, puisque chaque génération d’ambitieux et d’aparatchik se reproduit à l’identique ert en bien pire dans la suivante. Quelle sensation de renaissance. Donc, une véritable alternative non pas du genre de celle vêcue depuis 1981 et qui n’est devenue qu’une alternance au pouvoir, ne modifiant presque plus d’une législature à l’autre la manière et les contenus des décisions gouvernementales, mais réellement une possibilité que les élus représentent durablement et personnellement les souhaits et les évolutions de l’opinion française.

Naturellement, cela supposait et suppose toujours un électorat. Les études – qui ne sont certainement pas toutes publiées et qui n’ont pas été systématisées en un ou plusieurs ouvrages centrés sur cette question d’un renouveau français par le changement du mode de scrutin et de recrutement des élites politiques – sont pour le moment encore assez floues. L’électorat de François Bayrou en 2007 semble un peu plus « à droite » qu’ « à gauche », mais si l’électorat de Nicolas Sarkozy est fortement caractérisé à droite, celui de Ségolène Royal est plus diversifié, et pour les deux candidats, il y a eu des effets de repoussoir, inhabituels. Je crois que François Bayrou n’a pas plus de problème d’électorat que le Parti socialiste en ce sens que la question pour lui comme pour le P S est à la fois de correspondre à un électorat potentiel (bien plus nombreux pour le P S que pou lui) mais surtout d’élargir considérablement cet électorat. Donc, être à la fois ductile et accueillant à l’hétéroclite, et en même rester fondamentalement soi-même pour garder son électorat originel. Pour le P S, l’enjeu est simple. S’il continue à chercher à correspondre à l’air du temps, il perdra les électeurs de conviction qui iront à Olivier Besancenot ou reviendront au Parti communiste – ce qu’il ne faut pas exclure. Il doit se défaire de cet article de foi que s’il a un programme de gauche il perd des voix. Son problème est tout simplement d’avoir un candidat ayant le charisme de convertir les électeurs, originellement ou actuellement peu enclins à voter à gauche, de le faire. De façon méritoire, ce parti postule – chez l’électeur – la conviction et l’ouverture à des propositions de programme. Sans le publier, il pense que l’opposition frontale et systématique à Nicolas Sarkozy n’a pas eu d’efficacité pendant la campagne de 2007 et n’en aura pas davantage aujourd’hui ou demain. François Bayrou est d’avis contraire, en bonne partie parce que l’Elysée l’y a poussé en l’empêchant de devenir le maire de Pau. Son diagnostic – électoral – est qu’il y a une majorité de Français, en tout cas bien plus que son propre électorat d’Avril 2007 (20% des votants) qui veulent le départ du président régnant au plus vite. Son raisonnement pèche en ce que la cote de popularité de Nicolas Sarkozy : 44% au mieux d’opinions favorables, correspond à des votes fermes, et sont donc en nombre suffisant pour au premier tour donner une telle avance au candidat sortant qu’il ne peut être battu au second tour, car l’opposition sera diverse et certains de ses éléments inconciliables (l’extrême gauche vis-à-vis du centre…). Certte coincidence entre une cote en sondage et des bulletins dans l’urne est nouvelle. Je l’explique par le fait que Nicolas Sarkozy – davanage que tous ses prédécesseurs – exprime exactement son électorat et donc le fidélise absolument. C’est pourquoi d’ailleurs, il opère des reculs sans la moindre gêne : le financement du revenu de solidarité active, le fichier EDVIGE. Tandis que ses prédécesseurs devaient tabler sur une perte relative d’intentions de vote du sondage à l’urne. En revanche, aussi bien les socialistes que François Bayrou savent que leur électorat est plus volatile. Pour le Parti socialiste beaucoup va dépendre – non du programme, satisfaction donnée aux militants et aux travaux de section – mais du candidat/de la candidate.

François Bayrou a compris que l’électorat de Nicolas Sarkozy ne bronchera qu’à la marge, tandis que sa propre démarche écartera de lui les quelques personnalités centristres – comme Jean Arthuis – qui savent ne pouvoir rester élus qu’avec l’appui de l’U M P et que leur opposition éventuelle à Nicolas Sarkozy ne leur apportera pas une voix de gauche, compensant leurs pertes dans leur électorat d’origine. Mais à l’échelle nationale, il en va tout autrement. Olivier Besancenot – sacré par Le Figaro pour qui l’extrême-gauche est la meilleure formule pour que la droite au pouvoir, surtout la plus dure, n’ait pas à s’inquiéter de son avenir électoral – fait son miel de la posture d’opposant radical qu’il a acquise. François Bayrou tente de l’acquérir à son tour, l’Elysée l’y aide en le ciblant. Diagnostics convergents de Jean-Pierre Raffarin et Pierre Mauroy : le Parti socialiste directement mis en cause par sa démarche, soit qu’il lui faille payer l’alliance avec le Modem en termes de programme et d’orientation idéologique, soit qu’il perde des électeurs par attraction personnelle du tiers-candidat. Révélateur des non-dits dans les souhaits des Français, François Bayrou l’est donc aussi de l’avenir du Parti socialiste, et de toute la gauche.

Personnellement, je souhaite à la fois
1° que soit abrégée l’expérience de Nicolas Sarkozy au pouvoir : je la juge désastreuse pour la remise en ordre de nos finances publiques, désastreuse pour la non-participation de chaque ensemble de Français concernés par des « réformes » dont la mise en perspective d’ensemble et la cohérence continuent de manquer, désastreuse pour le fonctionnement des institutions, désastreuse pour l’apport de la France aux imaginations et aux renouvellements si nécessaires à l’entreprise européenne que ne désembourbe en rien le timide et compliqué traité de Lisonnne, désastreuse pour l’image de notre pays dans le monde et l’image du pouvoir et de sa morale parmi nous…
2° qu’aboutisse consensuellement la réforme du mode de scrutin et de désignation, des députés en sorte que les procédures contraignantes de confiance parlementaire se justifient par la liberté de vote et la diversité des partis à l’Assemblée nationale, des sénateurs pour que vraiment les intérêts soient représentés légalement et non dans les couloirs.
3° que la gauche, tous partis, mouvements, extrêmes ou modérés réunis, invente et propose une réelle alternative aux idéologies dominantes, simplistes et controuvées. Le Japon et les Etats-Unis, la Grande-Bretagne dans une moindre mesure défendent leur substance nationale contre les tiers, et pratiquent la nationalisation et l’étatisation en cas de catastrophe tandis que nous créons les catastrophes en privatisant et en tolérant les délocalisations ou les rachats par l’étranger.

Le fichier EDVIGE… le débat s’inscrit dans l’une des tendances fortes du quinquennat en cours et selon les craintes que pouvait inspirer l’élection de Nicolas Sarkozy. Le fichage des écoliers en début d’année scolaire derrière avec mémorisation possible des incidents en maternelle pour les plaider aux assises cinquante ans après. Maintenant, les « personnalités » aussi bien que les délinquants… pour savoir… ou pour être sûr… qui doit savoir et doit être sûr ? et savoir quoi ? orientations sexuelles, opinions politiques et religieuses… déjà, les fichiers fiscaux et sociaux sont croisés.

Les libertés publiques. Les cas d’atteinte flagrante – connus – sont encore peu nombreux. La question de la protection des sources, ce journaliste inquiété depuis Avril 2007 et le projet de loi en gestation (modernisation, amélioration, voire..), l’affaire du SMS Nicolas-Cecilia ex-Sarkozy. Les fichiers sont d’une autre portée tout simplement parce qu’ils sont transmissibles, consultables et que les progrès de l’informatique sont tels que la défense du fichier actuel sous couvert de ce qui se mit en place en 1991, Edith Cresson étant Premier ministrre (les charters vers l’Afrique de l’Ouest sontr aussi de son époque), ne tient pas : les capacités informatiques nouvelles en ont changé sans doute toute la capacité. Plusieurs débats en un.

Manifestement, aucune concertation gouvernementale pour prendre le décret en cause. Il n’y a pas eu débat en Conseil des ministres, les choses se découvrent par les protestations de magistrats allant en Conseil d’Etat. Il n’y a aucune collégialité. Le Premier ministre est muet. Michèle Alliot-Marie se défend contre son collègue (et surtout son prédécesseur) à la Défense en disant que ce dernier aurait pu lui téléphoner … un tel débat par téléphone entre ministres !

L’intervention de Nicolas Sarkozy surprend. Sensibilité à l’opinion publique qu’il sent ou apprend de mieux. Les présentations habituelles de la communication publique aujourd’hui, à mon avis dégradante, comme si tout se réglait selon des apparences de comportement : « carte de l’apaisement », « calmer le jeu », ces façons furent celles du lendemain de Carcassonne en contre feu des propos présidentiels sur l’amateurisme de l’armée. Mais le décret et les dispositions qui ne datent pas de lui ne le gênaient pas avant que la question soit sur la place publique. Il a été ministre de l’Intérieur et deux fois. C’est à son profit qu’a été réorganisé l’ensemble des services de renseignements politiques et militaires, désormais gérés ou orientés directement à l’Elysée. La succession de Jacques Chirac s’est jouée entre deux maniaques du fichage des personnalités et du renseignements tous azimuts ; la solution à la guerre en Afghanistan est affaire de renseignement selon Nicolas Sarkozy, déquiller celui-ci pour Dominique de Villepin en 2006 était affaire de fichiers. Nicolas Sarkozy tient ses adversaires de droite soit par les « affaires » : les emplois fictifs, le compte japonais et autres pour l’ancien président de la République – Clearstream bien sûr et d’abord pour Dominique de Villepin, soit par leurs espérances de place : Brice Hortefeux voulant celle de Patrick Devedjian, celui-ci un portefeuille, Jean-Pierre Raffarin la présidence du Sénat, et ainsi de suite dans un « petit monde » où chacun est censé très bien connaître tous les autres. L’avantage du débat est qu’il permet au président régnant de paraître plus modéré qu’une ministre, qui fut un temps sa rivale pour la direction du parti chiraquien et l’investiture, et surtout plus modéré que ce parti. L’U M P réclame le maintien du fichier tel quel. La ministre de l’Intérieur fait des concessions de langage, n’engageant pas même à la révision du texte dénoncé.

Ce qui m’étonne, c’est que le Conseil d’Etat et la Commission Informatique et Libertés ( C N I L ) n’aient pas bronché jusqu’à présent. Que la garde des Sceaux, concernée par le mouvement des magistrats et par le fichage des délinqants avérés ou potentiels, garde le sience et sa chancellerie aussi. Sans être spécialiste de ces questions, EDVIGE me paraît pécher à trois points de vue.
1° la collecte des informations politiques est aléatoire. La manière dont fonctionnaient les Renseignements généraux, montre les aléas et la part de rumeur ou d’interrogation directe qui les fondaient, cela pour la « politique ». Pour la « dangerosité » potentielle, sur quoi se fonder. Des erreurs de gouvernement ne sont-elles pas pour la société et la collectivité nationale plus graves que des agissements individuels ? Quels critères pour la recevabilité des données, étant admis que les rubriques elles-mêmes ne soient pas attentatoires à la dignité humaine et à la vie privée.
2° le mélange des genres, en bonne partie, parce qu’on fusionne les différents services de renseignements jusques là sous des autorités différentes, de même que l’on a mis sous la même obédience gendarmerie et police nationale, est choquant. Un ancien Premier ministre a sa fiche au même titre que le « voleur de mobylette », cité souvent en exemple par Bernard Tapie. On ne peut pas mélanger et surtout pérenniser des informations sur des personnes « n’ayant rien fait » qu’une carrière les mettant en vue, sur des délinquants condamnés et sur des adolescents potentiellement dangereux (présomption d’innocence…). L’amalgame est en soi une provocation.
3° la suppression de tels fichiers a l’inconvénient grave qu’en réalité ils subsistent mais dans des pratiques secrètes et donc sans contrôle juridictionnel, et sans possibilité d’accès des personnes fichées aux données les concernant ou censées les décrire.

La tendance à la fois inquiétante et réconfortante. Inquiétante parce qu’aucune des enceintes chargées légalement d’examiner ou de contrôler l’organisation de ce fichage ne l’a discutée ou empêchée, que sa légalité n’est donc pas en cause et qu’en conséquence la voie est ouverte. Réconfortante parce que si l’opposition est impuissante au Parlement jusqu’à la prochaine législature, nonobstant la dernière révision constitutionnelle, ce qui crevait les yeux dès ses préparations et esquisses, et – jusqu’à présent – dans la rue, elle est capable d’intimider le pouvoir en le plaçant en face de l’opinion et même de son électorat, voire d’en diviser les titulaires. Une opposition entre le ministre de la Défense et la ministre de l’Intérieur.

Géorgie… décidément rien n’est mis en perspective, les récits sur la journée d’hier font du président français, un véritable héros de courage : quelle crédibilité quand il a « failli » claque la porte, à deux reprises, et un négociateur extraordinaire. Or, la Russie a obtenu :
1° un délai d’un mois supplémentaire ;
2° un lien qui va s’avérer dans un mois entre l’évacuation de la Géorgie et les négocioations « sur la sécurité dans la région » ;
3° la reconnaissance du fait accompli en Abkhazie et en Ossétie du sud, puisque les accords entendent la Géorgie sans « les provinces séparatistes ».

L’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne pouvait être une réplique – et un signe de solidarité – dans le contexte de la guerre de Géorgie. La chronologie, la veille et le lendemain, le permettait. Dick Cheney ne se gêne pas pour de tels enchaînements de Bakou à Kiev. Nous, si. Et l’accord n’interviendra que dans un an, c’est-à-dire après les prochaines élections présidentielles, et la probable victoire des pro-russes qui prendront sur ce sujet comme sur d’autres, leurs instructions à Moscou..


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens VI 1 à 11 ; psaume CXLIX ; évangile selon saint Luc VI 12 à 19

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