mercredi 15 octobre 2008

Inquiétude & Certitudes - mercredi 15 octobre 2008


Mercredi 15 Octobre 2008

Prier…[1] malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt. Dire donnant par avance raison à Paul et à Pierre, chacun dans leurs décisions et manières, d’alléger pour les convertis les prescriptions venant des Juifs. Comme si souvent, les évangiles invitent l’Eglise sacerdotale et hiérarchique à se conformer, d’abord elle-même, à ce qu’elle prêche. Mais nous, quotidiennement, sans les vêtements de rôle que nous soyons ou pas religieux, prêtres ou « investis » de quoi que ce soit, nous par rapport à nous, comment prendre ce texte ? sommes-nous comme ces tombeaux qu’on ne voit pas et sur lesquels on marche sans le savoir ? Le début de réponse est dans l’examen de nos penchants. L’examen de conscience que mon enfance avait appris à « faire » quotidiennement ou avant d’aller me confesser (tombée en désuétude du sacrement dit aujourd’hui de réconciliation, le sens du péché, l’examen de conscience hier remplacé aujourd’hui par une spiritualité, ou plutôt une psychologie de la rencontre et donc de la délivrance, d’un mieux-être plutôt que la rigueur de naguère. Du coup….). Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit. … Voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté ; bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. L’examen de conscience est ici tout fait, examen de ce que je n’ai pas, tout simplement parce que je vis en pharisien, nanti et replié, content… Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. Amen

fin d’après-midi

Comme prévisible – car la crise n’est pas que financière et la cote boursière ne concerne pas que les valeurs bancaires – les bourses sont de nouveau à la baisse. En moyenne, de 6% en Europe. Comme on est encore très loin de politiques européennes d’ensemble, et de politiques budgétaires dans les pays industrialisées qui soient de nature à relancer les économies, le climat va vite revenir à la défiance. Tout repose depuis dimanche sur le crédit des Etats nationaux. Celui-ci est fonction de la relation des gouvernants avec leur opinion nationale respective : en France, la cote de confiance dans le pouvoir en place selon les sondages et malgré une occupation constante de la scène par le président de la République, est de l’ordre de 40%. C’est peu. Le crédit repose aussi sur un élément moins subjectif, la confiance des entrepreneurs et des financiers dans la qualité intellectuelle et l’expertise des gouvernants : en France, il ne peut s’agir que du gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes et de l’organigramme de Bercy, à commencer par le directeur du Trésor et de la Politique économique, Xavier Musca. Ce n’est pas rien mais c’est peu. Placé en meilleure ligne, le Premier ministre serait opérationnel et crédible dans la synthèse gouvenementale ; le moins qu’on puisse remarquer est que cette place continue de lui être refusée. Les réunions se tiennent toutes à l’Elysée. C’est se priver de plusieurs niveaux d’information et de décision. C’est maladroit pour ce qu’il y a lieu de traiter, en contenu et en dirigeants concernés : dans le milieu financier et des entreprises, le secret et la confidentialité sont la vraie nature. On peut conférer en dialogue discret, on ne partagera rien avec les concurrents ou les homologues. La méthode du président de la République n’est pas la bonne.

Le Conseil européen de cet après-midi est censé faire avaliser par douze Etats qui ne participent pas à la zone euro, les décisions et méthodes de décisions des quinze qui y participent. C’est un test de fonctionnement de l’Union, imprévu par les traités. Il ne s’agit pas de politiques renforcées mais de concertations préalables valant décision pour un ensemble plus vaste. Récalcitrants par avance les nouveaux venus de l’Europe centrale de l’Est. La Tchéquie est décisive dans l’affaire, elle préside l’Union dans trois mois et va devoir animer la suite des réponses à la crise, les élections au Parlement européen et la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Autre évidence, le traité de Lisbonne qui compte – même amendée – le détail des politiques libérales suivies et à suivre par l’Union, est aujourd’hui obsolète. Les institutions, si l’on doit appuyer et orienter politiquement la Banque centrale européenne, et créer un nouveau rôle : celui d’un « superviseur financier européen », sonté également à regarder de nouveau. Se cramponner au traité, alors qu’on est parvenu si facilement à oublier les dix-huit ratifications du texte précédent – la Constitutition – sera une erreur. Elle va probablement être commise.
Demain au lieu d’adopter le pacte européen sur l’immigration, triomphe des philosophies françaises régnantes depuis la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy vampirisant et syphonnant les voix qui se portaient auparavant sur Jean-Marie Le Pen – les Vingt-Sept seraient bien avisés de se concerter pour admettre au plus tôt, et sans vaines négociations, la Suisse et l’Islande : elles sont en difficultés comme nous, elles ont un niveau de maturité économique supérieure à notre moyenne dans l’Union, elles payent plus que d’autres la « financiarisation de l’économie », elles ont donc une expertise pour élaborer ce monde nouveau que le président français vient de souhaiter devant ses pairs.

Exécutait-on les hymnes nationaux avant les compétitions sportives – dites amicales – il y a cinquante ou vingt ans ? est-il politique de refuser pratiquement pour un avenir indéterminé les compétitions avec nos amis et voisins maghrébins ? est-il praticable de prévoir, en termes de maintien de l’ordre, des interruptions de matches à tout moment ? est-il de la compétence du président de la République d’en décider ? est-ce respecter l’organigramme gouvernemental que de faire annoncer ces mesures par autre que le secrétaire d’Etat aux sports, entraîneur national de surcroît ?
minuit

Retour au grotesque. Tandis que les « grands » des Vingt-Sept ont eu la veille des entretiens avec le président des Etats-Unis : France, Allemagne et Grande-Bretagne, au lieu de préparer la réunion de cet après-midi et de ce soir, le « sommet » bute sur des hors-sujets, le climat et la capacité des entreprises à assumer financièrement les engagements antérieurs pris par elles ou par les Etats-Unis. L’évidence qu’on ne peut à la fois traiter les ordres du jour anciens et les urgences de ces derniers jours et de la journée, ne frappe pas. La Commission s’illustrait ce matin ou hier pour que soit haussé le plafond de garantie des épargnes individuelles et Barroso maintenant veille à ce que les engagements sur le climat ne soient pas reniés.

Après soixante ans de combats divers contre l’intégration européenne, réapparition de la Grande-Bretagne en tête des imaginations, des propositions et des prises de conscience : celle qu’incarna quelques heures à Zurich, en 1948, Winston Churchill, qui – il est vrai – n’était plus au pouvoir, et tint son pays à l’écart des débuts de l’entreprise, résolument. Depuis huit jours, les schémas directeurs sont portés par Gordon Brown. Les démentis d’il y a quinze jours relatifis à un plan de sauvetage à hauteur de trois cents milliards sont maintenant comiques rétrospectivement, puisque l’on adopte un « plan » prévoyant deux mille miliards…

Les pays émergents assurent qu’il serait scandaleux et injustes qu’ils payent les fautes des pays riches. – Au Canada, les conservateurs remportent des élections qu’ils étaient assurés de gagner il y a quinze jours et de perdre il y en a trois. – Troisième et dernier débat entre Barack Obama et John McCain. Tous les pronostics vont désormais vers le candidat démocrate. J’accepte l’augure mais reporte mes prédictions sur la catastrophe que représentera pour l’Amérique et surtout pour le monde entier son élection, guerres « justes » et interventions vont se multiplier, dérèglement complet des mécaniques économiques à vouloir singer le New Deal.

[1] - Paul aux Galates V 18 à 25 ; psaume II ; évangile selon saint Luc XI 42 à 46

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