mercredi 29 octobre 2008

Inquiétude & Certitudes - mercredi 29 octobre 2008


Mercredi 29 Octobre 2008

les valeurs restent appréciées par certains (en bourse)

les discours de Nicolas Sarkozy à Québec et à Colombey-les-deux-églises

la révision constitutionnelle de l'été dernier discutée avec un ancien ministre du général de Gaulle



Que peu de gens à être sauvés ? manière de demander d’un anonyme (quelqu’un lui demanda) : serai-je, moi, sauvé ? L’évangile a deux réponses. A la question de principe, celle des apôtres dans un autre moment, à la suite du dialogue avec le « jeune homme riche », Jésus répond de façon restrictive qui a dû fonder scripturairement le jansénisme, mais à la question personnelle qui est toujours libellée en demande de guérison immédiate, il répond en guérissant et en « signant » le miracle : Ta foi t’a sauvé. Déjà ! c’est fait ! La réponse est aujourd’hui le maximum d’ouverture autant qu’une destinée déjà scellée. La reprise aussi de la parabole des embauches pour le travail à la vigne.Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. Le jeu reste cependant ouvert, et l’inversion de l’ordre chronologique n’est pas de principe. C’est un constat. L’ensemble de la dialectique du salut est la rencontre d’un projet, l’attitude divine, et d’un constat, les conséquences et résultats de notre liberté. Beaucoup chercheront à entrer. Marque de notre époque et de notre impasse (collective, mais de beaucoup de nos périodes de vie à chacun, des miennes en particulier…), nous ne cherchons plus. L’ « entrisme » n’est que pour la carrière ou le lucre, le plus ridicule se joue dans la comédie des séductions mutuelles (volonté de puissance ou libido mal utilisée et appliquée). Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit, fidèle en tout ce qu’il fait. Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés. L’insistance de tout l’évangile : je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Et l’Apôtre, raisonnant sur les esclaves (un des maîtres des sciences juridiques soviétiques, proche de la conversion au catholicisme dans nos entretiens au Kazakhstan, avait pour principale approche, la sociologie, c’est-à-dire Paul, le chrétien par excellence, changeant la société de son époque par ses analyses et adjurations à propos de l’esclavage)… vous savez bien que tout homme, esclave ou libre, recevra du Seigneur sa récompense selon ce qu’il aura fait de bien. Il ne fait pas de différence entre les hommes… et il commençait ainsi : Soyez soumis les uns aux autres, dans la simplicité de votre coeur. A vivre et pratiquer quels que soient nos liens mutuels. [1]

matin

Wall Street, hier, en hausse de 11%, Tokyo ouvre en hausse de 7%, et Paris de 6%. Evidence – admirablement expliquée par Jean-Marcel Jeanneney jeudi dernier quand il me reçoit et que je le questionne entre autres sur « la crise », comment il la voit et comment en sortir – que les valeurs manifestement sous-estimées si on les regarde en « économie réelle » et non spéculative, sont rachetées par ceux qui ont encore des liquidités ou par ceux qui vont détourner les liquidités que les divers renflouements vont leur prodiguer… donc pénurie de titres, et pénurie aussi de dollars puisqu’à New York on paye en dollars.

Je lis – à retardement – les discours récents du Président de la République, selon le site de l’Elysée Au sommet Asie-Europe, le salut à la Chine, succès éclatant des Jeux Olympiques et place internationale, etc… pas une allusion aux droits de l’homme ou au moins à une différence d’appréciation et d’échelle de valeurs, différence explicable sinon légitime. Cela an'auraiut rien coûté, surtout maintenant. Tutoiement en public du Premier ministre canadien et appelé par son prénom, Stephen… façon désormais habituelle (et exécrable), mais alors en donner aussi au Québécois, ce qui n’a pas été le cas.

Morceaux choisis.

Le 17 Octobre, devant l’Assemblée nationale du Québec, à la va-vite puisque le président américain a donné rendez-vous non négociable. Ce que la France sait au fond d’elle-même, c’est qu’au sein du grand peuple canadien, il y a la nation québécoise avec laquelle elle entretient une relation d’affection comme il en existe entre les membres d’une même famille. Si j’avais à résumer mon sentiment le plus profond qui est celui de beaucoup de Français, je dirais que les Canadiens sont nos amis et les Québécois notre famille. Vous ne nous demandez pas de choisir Québec ou Union européenne et notre relation est cohérente avec l’amitié qui lie la France et le Canada. C’est ce que retiennent les Québécois du fatras de protestations sentimentales. La France ne choisit pas entre Ottawa et Québec. François Fillon avait été autre pour le quatrième centenaire de la ville de Québec. De Gaulle parlait aux Canadiens français, voire aux Français du Canada. En tout cas, il avait choisi entre Québec et Ottawa. Nicolas Sarkozy, au contraire, se dit débiteur du bel accueil de Québec autant au Premier ministre fédéral qu’à Jean Charest.

Le président de la République sans s’attarder, sans cette courtoisie qui caractérisa aussi bien de Gaulle que « son adversaire le plus fidèle » (François Mitterrand – que j’eus l’honneur et le bonheur d’accompagner à son voyage officiel, « vingt ans après » au Canada, puis, revenant une seconde fois à Québec, au sommet francopohone de Septembre 1987) avait – devant ses pairs francophones – déjà présenté la France dont dépend l’avenir de la francophonie ce qui est faire peu de cas de la majorité des locuteurs. Dans son court discours, j’ai cherché quelque chose sur le sujet de la conférence - sincèrement, et je n’y ai rien trouvé, alors que Nicolas Sarkozy n’a aucun don des langues, ni l’intuition de qui, en face de lui (la reine Elisabeth II), pratique le français. Dix heures bâclées, un texte bâclé.

A Colombey, le 10 Octobre, Nicolas Sarkozy avait déjà tiré à la ligne, quoique évoquant la crise et la rupture, il avait tenté l’auto-portrait « gaullien ». Il est vrai que les commentateurs et les médias ne sont pas avares depuis que le général de Gaulle a quitté le pouvoir – sur un non majoritaire des Français – et que la suite s’est donc construite contre lui, ce qui diminue de beaucoup le coût des révérences et des mémorisations ou autres statufications. Que de fois chacun de ses successeurs – jusqu’au couple Chirac-Villepin au moment de l’agression américaine sur l’Irak et des débats préalables pour la montre aux Nations-Unies – a été qualifié de « gaullien ». C’est un sujet – pour lui – puisqu’il n’a pas vêcu la période : quinze ans, a-t-il rappelé en 1970. Il n’a pas beaucoup enquêté non plus. Contre-sens sur le parallèle qu’il a fait entre Adenauer et le Général : Ces deux hommes aux carrières et aux caractères si dissemblables avaient en commun l’amour de leur pays, le sens de la grandeur morale et la conscience d’avoir, dans les circonstances où ils se trouvaient placés, une responsabilité historique. Les deux hommes étaient de même facture, ils avaient de l’âge et surtout ils surent – d’instinct – que ce qu’ils accomplissaient personne ne serait en situation de pouvoir et de prestige pour le faire à leur place. On n’avait plus le faire plus tôt quelque envie qu’on en ait des deux rives du Rhin depuis 1945 : Adenauer ne trouvait pas de partenaire français, Robert Schuman fonda la construction européenne mais ne fit pas la réconciliation franco-allemande, Foster Dulles, antisémite, dissuada le chancelier de s’entendre avec Mendès France. Il fallait de Gaulle, mais après Adenauer, de Gaulle n’avait plus que des adversaires ou des jaloux devant lui : Erhard et Brandt.

Ce fut cela le gaullisme, non pas une religion, non pas une doctrine, mais un état d’esprit, et une façon d’être. Il n’y a pas de catéchisme du gaullisme et nul ne sait ce que le Général de Gaulle dirait ou ferait aujourd’hui. Mais il y a une exemplarité du gaullisme. Il y a une leçon du gaullisme qui s’adresse encore à nous. Cette leçon est une leçon intellectuelle, celle de la raison plus forte que le sentiment, celle du pragmatisme plus fort que l’idéologie. Cette leçon est une leçon morale, celle de la responsabilité, celle du désintéressement, celle du courage. Cette leçon est une leçon politique, celle du sens de l’Etat, celle de la volonté politique opposée au renoncement, celle de l’action qui change le cours de l’histoire. Cette leçon est une leçon de caractère, celle du sang froid face à la crise, celle de la lucidité dans la débâcle, celle de l’espérance quand tout semble perdu. Le gaullisme, c’est l’esprit de rupture. Non, la rupture n’est qu’occasionnelle, elle n’est pas systématique, la rébellion n’est pas de gaîté de cœur. Le fond du général de Gaulle, c’est l’indépendance mentale – apparemment, Nicolas Sarkozy en est dotée – mais par culture et par désintéressement personnelle, même et surtout vis-à-vis de l’exercice du pouvoir : ce qui fait défaut au président actuel. Le sang froid et la capacité de recul ne sont pas donnés à tout le monde. Il y a un catéchisme du gaullisme, c’est-à-dire qu’il y a des manières de faire et d’être – notamment la rareté de la parole publique mais sa très forte élaboration, le mutisme des co-équipiers, la connaissance humaine des adversaires et des partenaires – et il y a des positions durement acquises, conquises à défendre : notre sortie de l’O.T.A.N. par exemple, notre relation avec le Québec et les Français du Canada, par exemple, et il y a des réflexes : la consultation référendaire..

Malgré ce singulier contexte – auquel ajouter le « livre blanc de la défense » et notre réintégration de l’O.T.A.N., un ancien ministre du général de Gaulle et aussi de Georges Pompidou, classable « gaulliste de gauche », ne désapprouve pas la révision constitutionnelle du 26 Juillet dernier : cette réforme a assurément apporté des novations positives, en favorisant le développement du referendum par extension à l’initiative populaire, en précisant les rapports entre les Parlements français et européen, en ajoutant un article au titre XIV qui peut donner un nouvel élan aux possibilités de coopération et de solidarité avec les communautés francophones. Mais ce qui nous a paru le plus précieux, c’est que la réforme ait maintenu, malgré nombre de sollicitations, l’esseniel du dispositif gaullien, c’est-à-dire l’existence d’un Premier ministre responsable devant le Parlement. Ce qui ne fait évidemment pas obstacle à l’accroissement de la présence présidentielle, pour des raisons à la fois personnelles et conjoncturelles, à un moment où le pouvoir doit faire face aux empiètements de Bruxelles, aux revendications des régions, à la pression conservatrice des lobbies, à une situation internationale difficile, à la crise financière mondiale.
Quant aux pouvoirs de contrôle du Parlement – déjà largement acquis mais mal exploités – ils ont été utilement renforcés, notamment dans les domaines de la politique extérieure et de défense, tandis que la saisine du Conseil constitutionnel se trouvait facilitée. Quel démocrate s’en plaindrait ? D’autant que le gouvernement a eu la sagesse de rejeter deux revendications, parfaitement démagogiques, des socialistes : le mandat unique, qui aurait coupé l’activité législative du contact populaire ; l’instillation d’une dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale, qui aurait conduit à instaurer deux catégories de députés, élus les uns par le peuple, les autres par les états-majors des partis.
Tous les problèmes sont-ils pour autant résolus ? Certainement pas, en particulier celui du mode d’élection des sénateurs et du rôle du Sénat, pour lequel certains bons esprits commencent à se demander si la solution préconisée par de Gaulle en 1969 n’était pas la bonne… Et surtout, on peut s’interroger sur les effets qu’auront la mise en œuvre simultanée de l’encadrement du mythique article 49-3 de la Constitution et de l’ouverture d’un ordre du jour de l’Assemblée : ne va-t-on pas vers une paralysie, même partielle, de l’Exécutif ?
Mais, pour le moment, le mythe d’une VIème République s’enfonce à nouveau dans le néant. N’est-ce pas l’essentiel ?

La réforme constitutionnelle – à mon sens – n’a aucune portée pratique, mais elle a donné lieu à un vote de confiance du Parlement (réuni en Congrès) envers le président de la République – scenario du casino de Vichy le 10 Juillet 1940. Vote de justesse – la voix qui a manqué n’est pas celle de Jack Lang, acquise depuis qu’il avait accepté de participer au comité Balladur, mais de Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, et en tant que tel président du Congrès : la tradition veut l’abstention du président. Confiance à un président, nouvellement élu, et dont la pratique contredit dans la lettre et dans l’esprit la Constitution originaire.

Les textes ajoutés ou venant en substitution donne une Constitution mal écrite et sentant la retouche, la différence entre la sûreté de plume de Michel Debré et de ses co-équipiers, relus par le général de Gaulle, et des éponymes dont le principal s’est écrié le 10 Octobre à Colombey-même devant des témoins allemands : est criante. J’ai pendant un an écrit, couriellé et étudié des centaines de pages sur ce sujet dont le pays pouvait se passer. Pratiquée dans son esprit originel et selon ce qu’en vêcurent le pays et l’hmme du 18-Juin pendant onze ans (referendum sur les grands sujets – refusés obstinément par Nicolas Sarkozy pour le traité de Lisbonne et pour la révision constitutionnelle précisément, dissolution – et engagement du président de la République de se retirer ou de se soumettre à réélection si les résultats de l’une ou l’autre manière de consulter le peuple font trancher celui-ci par la négative), notre Constitution est démocratique et efficace ; elle n’avait pas besoin d’ajouts, sinon dans cet esprit-là. L’initiative populaire qui vient d’y être inscrite pour le referendum est un trompe-l’eil puisque le Parlement, c’est-à-dire la majorité aux ordres du président de la République à l’Assemblée nationale, peut le faire éviter s’il traite le sujet dans l’année. La saisine du Conseil constitutionnel par les parties à un procès pour inconstiutionnalité du texte qui leur est opposé est très difficile et surtout longue à opérer puisqu’elle n’est possible qu’en cassation. Deux trompe-l’œil pour les avancées prétendûment majeures.

Les octrois au Parlement sont vicieux dans la manière, les pouvoirs sont égaux en légitimité et en droit, ce n’est pas au président de la République d’octroyer la démocratie à son bon peuple… tout est dans la façon de se comporter des différents acteurs, une régulation quantitative est dangereuse tant pour le nombre des mandants du président de la République dont une troisième élection peut – selon des circonstances imprévisibles mais très graves pour le pays – être notre seule voie de salut et d’unité nationale, que pour la mise en œuvre de l’article 49-3 et autres procédures de vote bloquée ou selon un simple défaut de majorité pour la censure. Comme cela s’est fait depuis le début du nouveau quinquennat à propos des grandes nominations – désormais à soumetttre à une commisssion parlementaire, qu’est-ce qui empêchait le gouvernement de se conduire de la bonne manière ou de consulter sans raideur ? Je gage d’ailleurs que la cascade de nominations que va produire le renflouement de nos banques et de nos industries, ne sera pas vraiment contrôlée, malgré les textes, par le Parlement, ou plutôt la majorité, aux ordres quel que soit le for intérieur de beaucoup de ses membres, se pliera aux nominations de l’exécutif.

Le contrôle du gouvernement et des administrations qui sont à ses ordres, et la qualité des textes législatifs – à commencer par le budget qui ne peut plus être un texte « glissant » suivant les conjonctures, les circonstances, les erreurs de prévision, les annonces présidentielles en cours d’exécution – dépendent d’un vote de conscience des élus, notamment des députés. Le mode de scrutin actuel, nécessaire pendant quelques décennies pour changer les habitudes et consolider la Cinquième République jusques dans l’esprit et les prévisions de carrière du personnel politique, peut – compte tenu des différents moyens dont disposent l’exécutif dans la vie parlementaire, et surtout par la prérogative présidentielle d’en appeler au peuple sur des sujets précis – désormais changer. La proportionnelle, sans doute de modulations diverses selon la taille démographique des circonscriptions, permettrait une représentation plus approchée des Français dans les hémicycles, le Palais-Bourbon surtout. La dépendance des élus au moment de leur investiture est la même quelle que soit le mode de scrutin, les exemples sont innombrables de l’hérédité des élus dans notre République, des circonscriptions « sûres » que l’on achète ou dont l’on dispose dans les état-majors de partis. Cette dépendance d’ailleurs quel que soit le mode de scrutin ne peut être compensée – cercle vertueux – que par la liberté de vote. La discipline ne devrait exister que pour ou contre le gouvernement, c’est-à-dire en cas de vote de confiance. On pourrait d’ailleurs constitutionnaliser quelques sujets – l’éthique par exemple – qui ne pourraient donner lieu à pression gouvernementale par question de confiance ou 49-3. Le système binaire actuel est suffisamment protégé par le second tour de l’élection présidentielle, ce serait grandir le Premier ministre et le distinguer du président de la République que de lui donner la charge de former et de maintenir une majorité parlementaire propre en fédérant, pour en être soutenu, une partie des diversités parlementaires que la proportionnelle rendra nombreuse. Et j’avais beaucoup aimé les propositions d’Egar Faure sur les « majorités d’idées » qui peuvent ne pas toutes ni systématiquement se recouvrir les unes les autres. Tout n’est pas droite ou gauche, et le droite/gauche a abouti à un lissage des programmes : l’UMP reprend les solutions socialistes en écoutant Nicolas Sarkozy depuis son discours de Toulon, et les socialistes, notamment avec Lionel Jospin, ont craint le soutien forcément exigeant du mouvement social (cf. leur absence en Novembre-Décembre 1995) et n’ont pas tranché pendant leur quinquennat de gouvernement jusqu’en 2002.

La préogative nouvelle du Parlement de ratifier la présence de troupes à l’étranger n’est pas opérante. Six semaines à attendre pour débattre de l’Afghanistan et du commandement OTAN après le drame de nos soldats abattus – faute de renseignement, faute de reconnaissance aérienne, faute de la qualification voulue. Et le dépôt d’une motion de censure pour en obtenir le débat en Février dernier, alors que la réforme constitutionnelle l’accordant était en gestation.

Au total, cette réforme constitutionnelle aboutissant à ce que bien des commentateurs appellent « la nouvelle Constitution », ce fut notamment mis dit pour le débat à propos de notre engagement en Afghanistan, a été un caprice de l’élu de 2007. Il reste à connaître la genèse de sa « pensée » et du discours d’Epinal, première traduction autorisée du programme de l’UMP : le rapport à Jacques Chirac qui ne sut pas en imposer intellectuellement et politiquement au jeune ambitieux a été décisif. C’est la haine contre ce vétéran – devenu immobile dès qu’il parvint enfin et si laborieusement à l’Elysée – qui cimenta l’accord de gouvernement de François Fillon et de Nicolas Sarkozy. La phrase ressassée sur l’énergie gaspillée à durer et non à faire, s’adresse à Jacques Chirac. Il n’a pas tenu à Nicolas Sarkozy que son véritable projet : un régime présidentiel figeant tout pour cinq ans avec une note supplémentaire, le droit de dissolution demeurant pour maintenir dans l’obéissance la majorité parlementaire, n’aboutisse pas. La défense s’est organisée partout pour que la fonction du Premier ministre ne soit pas abolie, ou réduite à peu, comme la pratique depuis dix-huit mois l’a réduite en fait. La nécessité des trois-cinquièmes au Congrès a fait négocier et discuter, salutairement. Autant le traité de Lisbonne avait toutes chances d’être refusé par referendum, autant la réforme Sarkozy, soumise à la votation populaire dès l’automne et avant les manifestations au sujet de l’Université et de la suppression des régimes spéciaux de retraite, avait d’avance la majorité des suffrages. La popularité de l’élu de 2007 n’a fléchi (et ne s‘est plus jamais redressée substantiellement) en Janvier-Février seulement et probablement par excès d’étalage de sa vie conjugale.

La vraie réforme – la plus dangereuse pour les mœurs politiques françaises – est à venir : la loi organique faisant application de la rédaction alambiquée sur la suppléance des parlementaires devenant ministres. La Constitution de 1958 avait quelques axes d’expérience : ils se résument à la spécificité des fonctions et à la séparation des rôles. La loi au Parlement et clairement définie matériellement. Les ministres quittant le gouvernement ne remontent pas vers les bancs d’où ils avaient été appelés, ils retournent vers les électeurs.

Une explication de Nicolas Sarkozy : s’imposer dès le départ pour pallier le handicap de la jeunesse relative. Donc jouer raide et cambré dès le premier jour, la posture de défi à Jacques Chirac ayant été un bon entraînement.

Une propostion de loi sur le travail dominical, comme exigé par Sarkozy à Rethel, une toute prête depuis Avril et qui, selon son commentaire d’auteur, paraît lénifiante.

[1] - Paul aux Ephésiens VI 1 à 9 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Luc XIII 22 à 30

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