samedi 18 octobre 2008

Inquiétude & Certitudes - samedi 18 octobre 2008


Samedi 18 Octobre 2008

Dominique Strauss-Kahn comme prévisible : piégé

Le coup du mépris à Québec

Les bons du Trésor sans rendement

La réglementation hostile au non coté et la préférence pour les grandes entités sont contraires à la sécurité des investisseurs

Ni l'Autorité des marchés financiers ni la Commission bancaire de la Banque de France n'ont empêché les banques de jouer leurs fonds propres

Les fillettes de Reims


Prier… ceux qui se décommandent de mon envoi quotidien, rêver d’une communion sans signes, d’un partage dont je souhaiterai la réciprocité et dont j’aurais la certitude sans qu’humainement rien ne m’en soit jamais dit, tant d’amours sur terre, la terre des vivants sont de cette sorte, inaccomplis, inexprimés. La vie éternelle au contraire aboutit tout, ici-bas nous accumulons ce qui sera obtenu et magnifique : la glorification de tout ce à quoi, à Qui nouis aspirons. Qui nous dépasse et cependant nous correspond. Nous répond, et d’avance répond aussi et surtout de nous. Anges gardiens que ces souhaits tranquilles et indicibles. Et il les envoya deux par deux… ce mot de Valéry, quand tu es seul tu es en mauvaise compagnie. Et pour le lire bien, celui de Jean Laplace, d’expérience. Il faut toujours tout et son contraire, les deux (sans doute la patristique le lui-at-il donné, époque où l’on savait penser, à cœur et mains nus, nourri de lectures et de méditations, donc citant et comprenant, mais tout autant entreprenant ab initio), et son observation que l’Ecriture, précisément et elle d’abord dit tout et son contraire. Solitude du Christ et duo de ses disciples. Le règne de Dieu est tout proche de vous, c’est-à-dire le Christ vient à vous. L’amour lieu, la personne qui change et qui établit tout. Nous en faisons l’expérience humaine, à combien plus forte raison, Dieu… à la lettre, Paul apporte le Royaume. N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales… En venant, rapporte-moi le manteau que j’ai laissé à Troas chez Carpus, apporte-moi aussi mes livres, surtout les parchemins. Paul et ses disciples, Paul et sa solitude, Luc… la première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu, tous m’ont abandonné. Les miens, les impossibilités de vivre une fratrie aimante, les aspérités sont plus fortes que les raisons. L’idée qu’on se fait d’autrui, l’idée qu’on se fait de Dieu. S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. [1]

matin

Je ne pensais pas avoir si vite raison – avec beaucoup d’autres, je crois – quand je pressentis que la vie privée de Dominique Strauss-Kahn dans le milieu new-yorkais serait vulnérable. En quatre-vingt-dix minutes, on est passé de la nouvelle reprise du Wall Street Journal selon laquelle le directeur général du F M I serait soupçonné d’avoir favorisé une employée du Fonds à l’aveu – par D S K – d’un « incident » dans sa vie privée, l’ayant conduit, ce n’est pas clair soit à licencier sa maîtresse d’un moment mais avec de belles indemnités soit au contraire à l’avoir favorisée avant son vidage. Il plaide coupable, collabore à l’instruction de l’affaire – ce qui passe pour plaire à l’opinion américaine – mais un « ancien du Fonds » évoque sa démission et rappelle le précédent récent de Wolfowitz, le président de la Banque mondiale. Un retour en France bousculerait les choses au Parti socialiste mais une éviction d’un tel poste le placera-t-il pour 2012 mieux que s’il y restait jusques-là ? Chacun reconnaît que l’affaire ne tombe pas bien, en pleine crise financière et tandis que s’élaborent des stratégies de réplique ou de réorganisation mondiales.

Nicolas Sarkozy fait le coup du mépris à ses pairs francophones et aux Québécois, cela va le suivre. La rencontre avec Bush junior pouvait aisément s’organiser un peu plus tard. Le débat sur la composition du « sommet » à convoquer avant la fin de l’année préjuge l’ordre du jour. Ambitieux et concret selon le président en exercice du Conseil européen, mais la rumeur confiant au Fonds monétaire international la surveillance de l’ensemble des marchés boursiers témoigne d’une totale inculture, le Fonds est monétaire, il contribue au développement de programmes économiques et ses prêts, quoique de faible montant, équivalent à une garantie technique et à une expertise des pays bénéficiaires, permettant à ceux-ci d’accéder au crédit international. Ce serait lui donner des tâches nouvelles et lui imposer un métier nouveau.

Expérience d’une petite société de gestion de fonds et de poertefeuilles. La semaine a enregistré une baisse de 20% de la bourse parisienne, l’officine a perdu les trois quarts du montant des actifs qu’elle gérait avant la crise de ces dernières semaines, la réglementation impose d’investir à 95% dans des valeurs cotées. Pour éviter de tout perdre, soit on ne sort plus, soit, si l’on est statutairement contraint à des arbitrages comme le sont les banques, on se met en position liquide en prenant des bons du Trésor et des SICAV monétaires. Le système bancaire dans son entier a pris des fonds américains, tous ruinés par la crise des subprimes. Le rendement des SICAV monétaires à trois mois est actuellement zéro, mais tout le monde en demande : l’on préfère ne rien gagner et rester liquide, plutôt que de tout perdre.

Ainsi, une part de la catastrophe tient à nos réglementations et aussi aux stratégies des autorités bancaires et financières – au moins en France. On empêche les entreprises non cotées d’être financées autant qu’elles pourraient l’être, surtout quand la bourse est défaillante et que les investisseurs cherchent ailleurs. On fait tout pour que les petites entités gestionnaires de fonds ou de portefeuilles – ainsi que les banques privées familiales (à ma connaissance, il n’en reste plus que deux en France : Lubac et Rothschild, les autres gardent leur nom mais ont été absorbées, Trarnaud, Neuflize, Monod, Scalberg ou sont passées en Suisse, Mirabaud, Sarrazin) – ne puissent subsister. Alors qu’au contraire leur prolifération serait une sécurité pour les investisseurs puisque chacune ne peut risquer – du fait de son exiguité – qu’infiniment moins que les banques, cf. la Société générale et les Caisses d’épargne, que les contrôles internes sont constants puisque le personnel est en tout petit nombre et les externes aisés et crédibles, que la relation avec les clients et les mandants est personnelle et étroite, que si le non coté pouvait davantage être pratiqué, l’évaluation et la veille de ces valeurs serait directe et même transmissible en détail aux clients. Ni l’Autorité des marchés financiers ni la Commission bancaire de la Banque de France n’ont joué un rôle préventif dans les errements et scandales bancaires, alors qu’il est notoire que la mise en jeu des fonds propres des grandes banques est l’habitude. Sinon, en quoi auraient-elles besoin d’être recapitalisées ? Mais les éléments d’une catastrophe plus grande se discernent, l’engouement pour les bons du Trésor ou l’obligation pratique d’en prendre réduisent leur rendement ou le leur enlèvent complètement.

Une véritable sécurisation et une réforme du système financier consisteraient à ce que les banques vivent – comme antan –de la rémunération de leur crédit aux entreprises et non du placement aventuré et spéculatif de leurs fonds propres, et des abus de tarification de gestion des comptes de particulier. Elles feraient permettre un engagement des établissements financiers et des gestionnaires de fonds plus librement sur des entreprises non cotées. Elles conduiraient à encourager les petites entités et un véritable pluralisme plutôt que l’oligopole davantage construit par les autorités que choisi librement par les acteurs.

L’évidence est que la « refondation » doit être détaillée et qu’elle suppose donc des travaux d’experts, qu’elle sera donc longue et pluridisciplinaire et qu’elle va excéder pour sa conception et sa mise en œuvre aussi bien le mandat finissant de l’actuel président des Etats-Unis que celui de la plupart des dirigeants européens dont le président français. D’autant que les nouvelles institutions et réglementations ne seront praticables que si l’expérience des acteurs est étudiée à fond dans ses déviances comme dans ses « bonnes pratiques ». Complexe et long, l’exercice – de surcroit – va se dérouler en ambiance de récession économique, donc de crise sociale profonde, et peut-être de contestation amenant des bouleversements politiques dans les pays dits riches. Les populations de ceux-ci se sentent en voie de prolétarisation, et leurs dirigeants n’imaginent toujours pas que le monde à venir puisse être dirigés par de nouvelles puissances économiques et financières. Si, d’ci peu, les « pays émergents » devaient nous traiter comme nous les avons traités au temps de la colonisation, nous ne serons guère consultés.

Les fillettes fugueuses pour ne pas retourner vivre chez leur mère en Italie, la suivent finalement après une journée de « rétablissement du contact » avec celle-ci sous contrôle de médecins et de psychiâtres, organisée par la procureure de la République à Reims. Je suis sceptique. Le père, l’oncle et des amis sont passibles de trois ans de prison.


[1] - Paul à Timothée IV 9 à 17 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Luc X 1 à 9


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