vendredi 31 octobre 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 31 octobre 2008


Vendredi 31 Octobre 2008



Ce n’est pas brillant, et la fin de journée, la nuit aussi ont été froides.
Donc, prier… toujours la discussion, devenue aussi rituelle que les fonds d’arguments critiques contre les miracles opérés par Jésus : celui-ci peut-il guérir un jour de sabbat. Jésus commence par une interpellation dans ce registre, puis devant le silence de détracteurs : on l’observait… il continue selon le bon sens, et surtout selon leur propre comportement. C’est sans aboutissement. Tension palpable alors que le Seigneur est tendresse et pitié. Ce qui devient une clé de tout discernement, de toute connaissance : que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important. L’échelle de valeurs qui m’a manqué pendant des décennies, l’échelle de valeurs qui nous manque, qui manquent à nos sociétés. Echelle de valeurs inspirée par notre nature humaine à l’image et à la ressemblance de Dieu, toutes les théories du droit nature : termes et concepts très oubliés aujourd’hui en ce temps d’efficacité et de soi-disant volontarisme. Echelle de valeurs qui sont le fait de notre liberté, une décision pour le bien, et nous revenons au dilemme du paradis et de la Genèse. Et ils furent incapables de trouver une réponse. C’est le « serpent » qui la donne à Eve, tandis que Dieu est absent, le rendez-vous n’est que le soir. Il a donné des vivres à ses fidèles, gardant toujours mémoire de son alliance.
[1]

Le violeur en série présumé, remis derrière les barreaux ce soir. Commentaire : Nicolas Sarkozy doit être satisfait. Ainsi, fonctionnent nos institutions, tandis que la garde des Sceaux était introuvable au moment où le président de la République – depuis Pékin – donnait des instructions au parquet. La chambre criminelle d’instruction de la Cour d’appel de Paris a obtempéré et rectifié l’erreur matérielle, renversant une jurisprudence établie. Un prétexte avait été (miraculeusement ?) avait été trouvé pourtant hier qui permettait de rester dans la jurisprudence : une des victimes dont le malheur ne remontait qu’au printemps, se souvenait soudain de la plainte qu’elle avait déposée et l’on arrêtait chez lui le coupable présumé. Garde à vue et procédure pouvant mener à l’incarcération, ce n’est pas la voie choisie par le parquet. Mais l’avocat du violeur, dont les ascendances « étrangères » ont été répétées (mexicaines), se pourvoit en cassation.

L’atteinte à l’image du chef de l’Etat. Nicolas Sarkozy fait appel de l’autorisation donnée à la vente de « poupées vaudous » à son effigie avec explication de textes et accessoires (des aiguilles) : rappel de l’affaire Mercury sous Georges Pompidou (le hors-bord « familier de la victoire ») et du jeu de cartes sous Valéry Giscard d’Estaing, et naturellement de Gaulle qui aurait invoqué plus de cinq cent fois son droit à l’image contre celle véhiculée par l’O.A.S. et les tenants de l’Algérie française. Décidant en référé, le tribunal de grande instance de Paris a estimé que la poupée-livre est bien " une oeuvre de l'esprit, composée de deux supports indissociables, qui véhicule des informations et relève de la liberté d'expression, son contenu informatif se plaçant délibérément dans le cadre de la satire et de l'humour ", c’est la première fois qu’un président de la République perd dans ce genre de procès. Ségolène Royal a d’ailleurs un honneur semblable d’un autre caricaturiste. Reste le procès d’Hervé Eon, porteur d’une pancarte au passage du président : casse-toi, pov’con.

Plus sérieusement, les réformes continuent.

Un Conseil national de défense et de sécurité a été annoncé mercredi, un autre compétent pour le renseignement va être également mis en place. Sécurité intérieure et sécurité extérieure sont désormais amalgamés, de même que le renseignement à consonnance militaire et sécuritaire fusionne avec le renseignement de politique intérieure. L’ensemble est présidé par le président de la République et la direction des renseignements se fait à l’Elysée. Ces concentrations procèdent de la Constitution – voulue par Nicolas Sarkozy, un régime présidentiel dont sont absents le Premier ministre et les ministres, simples exécutants – mais finalement non écrite au dernier congrès du Parlement. L’ensemble des prérogatives du gouvernement et nommément du Premier ministre, en matière de défense, sont accaparées par le président de la République.

L’audiovisuel public donnera lieu à la fin de Novembre à une nouvelle loi. Les syndicats de journalistes estiment que FR 3 perdra toute vocation nationale. Protestations contre l’abandon de neuf programmes à Radio France International. Rien n’y fait.

Tout indique que la crise est essentiellement celle de la baisse du pouvoir d’achat dans le monde industrialisé : les ménages américains n’ont pu payer leurs crédits immobiliers même à très bas taux d’intérêt, les Européens consomment de moins en moins, critère l’automobile. Elle se porte mal aux Etats-Unis depuis une décennie, soudain elle est en crise en France – tandis qu’en Allemagne, le cours de Volkswagen s’est envolé. Fermeture de sous-traitants, chomage technique chez Peugeot et Renault (les syndicats attraits devant les tribunaux pour les mouvements à Sandouville, sont approuvés par la juridiction), plus de trois mille emplois supprimés chez Nissan (Renault). L’Oréal ferme ses établissements à Monaco et en Ecosse. Le Parisien interroge : 382 milliards aux banques, qu’en font-elles ? La réponse ne peut être donnée que par Nicolas Sarkozy : un médiateur national avec son équipe, les instructions aux préfets et un correspondant dans chaque département de ce médiateur, le directeur local de la Banque de France. Réponse à la réponse : les crédits bel et bien coupés pour la Camif qui licencie neuf cent sur treize cent emplois. Le pouvoir a menti deux fois : les banques françaises ont bien davantage de fonds propres que leurs homologues ailleurs en Europe, et n’ont donc pas besoin d’être recapitalisées, aidées cependant elles vont maintenir leurs encours dans l’économie et même prendre davantage de risque. Commentaire calme mais net de Michel Sapin, longtemps président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, et successeur de Pierre Bérégovoy à Bercy, dans le court gouvernement de celui-ci. Gesticulation… propos sans suite… c’est la pratique des banques quii ne changent pas. Il fallait exiger une présence au conseil d’administration, c’est de l’intérieur qu’on peut faire bouger les choses et imposer une politique d’engagements et de soutiens. Il faut une participation au pouvoir et à la gestion dans les banques en échange de l’argent frais procuré. La participation au capital de la banque pour reconstruire un système sécurisé. Pas définitivement mais le temps nécessaire. Si renflouer les banques ne permet pas aux ménages de consommer à nouveau et aux entreprises de se maintenir assez pour innover et reconstruire des marchés, ce ne sera qu’une subordination encore plus marquée qu’ « en temps de paix » des politiques aux institutions financières. Or, aujourd’hui ces institutions sont mutualisées, elles sont – elles surtout un bien commun : elles devraient être actionnées en vue du mieux être d’un grand nombre et non pas en fonction des accumulations et accaparements par quelques-uns.

Il apparaît que nombre d’Etats sont en faillite et recourent au Fonds monétaire international, ainsi la Hongrie. Mais que’est-ce que le Fonds monétaire international sinon une mise en commun très partielle des Etats, à redistribuer selon des règles précises, c’est un bien commun et non une institution aux ressources et aux compétences indépendantes. Flou des définitions entrainant le laxisme des pratiques. Ainsi de la « communauté internationale » qui – juridiquement et politiquement – n’existe pas en tant que telle. Elle ne se distingue pas de nous. On l’invoque dans l’est de l’ex-Zaïre : République démocratique du Congo. Bernard Kouchner y obtient un « sommet international », un de plus : Sarkozy, l’Africain, la revanche de Dakar. Sens pour les gens, les réfugiés ?

La campagne américaine touche à sa fin. La disproportion des moyens financiers entre les deux candidats est flagrante à en juger par la débauche de campagnes télévisées pour Obama. L’élection sera très serrée, malgré qu’il y a quelques jours encore on parlait d’un raz-de-marée en faveur du candidat noir – déjà seul sénateur noir à son entrée au Capitole en 2004. Je persiste à croire que le candidat démocrate improvisera sans références, aura à prouver sans trêve qu’il est bien américain. J’observe que son expérience politique est aussi courte que sa carrière d’élu : échec en 2000 à la Chambre des représentants, élection au Sénat en 2004 seulement. Séduction de la jeunesse et de la pureté ? sans doute, mais surtout choix et œuvre d’une machine électorale dont les ressorts et les agents ne sont guère présentées, en tout cas en Europe, assez puissante pour avoir brisé les Clinton et pour réduire un politique comme McCain aussi expérimenté : vétéran du Vietnam, plus de vingt ans au Sénat.

Campagne pour diriger le Parti socialiste, Benoît Hamon qui n’a jamais gagné une élection au scrutin uninominal se croit l’homme de la situation. Ségolène Royal accompagnant les manifestants de la Camif, jusqu’à Bercy où on ne la reçoit – semble-t-il – pas, démontre que la régionalisation, les autonomies locales, les encouragements à l’initiative sont un bavardage : une région comme celle qu’elle préside n’a donc pas les moyens de sauver neuf cent emplois dans une entreprise adossée à plusieurs compagnies d’assurance à très forte tradition thématique (et non régionale).

Mort d’un « sans domicile fixe » autre que le Bois de Vincennes. Une responsable de l’association « morts dans la rue » commente qu’on ne meurt pas tant de froid que d’être inutile, de ce que personne n’attend rien de vous, que les regards se détournent, on meurt de manque de « lien social » et cela nous concerne tous. Combien j’en suis d’accord. Au pied de l’église saint-Vincent-de-Paul à Paris, place Franz Liszt, au pied des escaliers, il y a une dizaine d’années des voyous ont arrosé d’essence un clochard et y ont mis le feu vers une heure d’un matin. Antisémitisme ou non, quelques coups, voire blessures autour du parc des Buttes-Chaumont sont un scandale national et l’évocation de l’Holocauste. Pour ce pauvre homme tué par de bien pauvres types, rien… j’aurais voulu que soit érigée dans les six mois à l’emplacement de la mise en feu, une statue de bronze l’évoquant de la manière la plus réaliste.

Au total, ce mois d’Octobre – du fait de la crise quelle que soit sa qualification restreinte à un aspect ou saisie dans son universalité – était gros d’occasions. Accueillir l’Islande et la Suisse dans l’Union, en urgence. Remettre l’Etat en position d’arbitre pas tant par la garantie du contribuable que les banques honoreront leusr engagements, que par l’entrée des pouvoirs publics dans le capital et au conseil d’administration de celles-ci. Relancer la consommation par une augmentation des salaires et des minima sociaux, des retraites aussi. Poser la question avec un calendrier de réponses de la démocratie mondiale, et pas seulement de la gouvernance économique de l’Europe ou de l’élargissement du Conseil de sécurité et des G 7 ou 8. Occasions et possibles réponses encore non-violentes : qu’en sera-t-il dans un mois ?


[1] - Paul aux Philippiens I 1 à 11 ; psaume CXI ; évangile selon saint Luc XIV 1 à 6



Aucun commentaire: