samedi 10 janvier 2009

Inquiétude & Certitudes - samedi 10 janvier 2009

Samedi 10 Janvier 2009

Gaza, le racisme, les blessures inguérissable
Le pouvoir prétend organiser l'opposition
Mauritanie - comme si de rien n'était
Prier… [1]. Un homme ne peut rien s’attribuer sauf ce qu’il a reçu du Ciel. Jean Baptiste paye
d’exemple, leçon très actuelle de démocratie, de tâches et de missions de chacun ne tenant pas à celles qui les exerce, ni aux disputes ou adulations des disciples. Quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entyend la voiox de l’époux, et il en est tout joyeux. Le bonheur par autrui, le bonheur d’autrui qui fait le nôtre, et non l’inverse. Expérience courante. Le message du Baptiste est plus profond, quoique partant de cette vérité d’âme et l’établissant. Lui, il faut qu’il grandisse, et moi, que je diminue. Le parfait collaborateur. C’est ma joie et j’en suis comblé. … Le fils de Dieu est venu nous donner l’intelligence pour nous faire connaître Celui qui est vrai. L’autre expérience, celle mystique où nous maintient l’évangéliste : ce qui nous donne l’assurance devant Dieu, c’est qu’il nous écoute quand nous faisons une demande conforme à sa volonté, c’est-à-dire selon notre vocation, notre identité. Prenez garde de ne pas vous mettre au service du mensonge.

La statistique raciste : quelques quatre-vingt morts par jour à Gaza côté palestinien, soit un total approchant les neuf cents et pas trois du côté israëlien. Une de mes convictions aux multiples applications est que le plus fort – qu’il s’agisse du matériel, de la finance, du système institutionnel, du spirituel-même et de l’intellectuel – doit avoir grandeur d’âme et comportement dissymétrique. Sans doute les roquettes du Hamas, mais pour quoi ? depuis plusieurs générations, la quatrième sans doute, quelle inscription dans la mémoire atavique, collective et dans les mémoires familiales ! la blessure de l’expulsion, des bouclages, des « bavures » sur les écoles, les hôpitaux, les morts dans chaque famille à chaque génération. Je ne crois pas que ce soit réparable, Bernard Ulmann, dont nous lisons la passionnante biographie de sa mère, épousant en secondes noces Fernand de Brinon, dit sa honte d’être juif, non selon l’acception des années trente, mais quand il doit à l’évidence de comparer les expulsions et rétentions vers la Jordanie que pratique Israël, sans comprendre que le monde entier finit par faire l’analogie avec la shoah… Quand on a la force, on peut pardonner et être libéral. Le talion diminue une société, un pays, un homme, une femme.

Nicolas Sarkozy a voulu un statut de l’opposition – statut octroyé et ne donnant évidemment aucun espace ou aucune construction pour un rapport de forces : il s’agit de dépouiller l’autre, l’adversaire du second tour de 2007 et de 2012, du peu qu’il a encore ou qu’il reconquerrait. Dans le fatras de la réforme de Juillet 2008, la chose n’a aucune force et la prétention à limiter le droit d’amendement par une prochaine loi organique, dit bien qu’il ne s’agissait que d’un leurre. Xavier Bertrand, au Travail puis à la tête de l’U.M.P. mérite la confiance du président régnant : il en a la tournure d’esprit, c’est-à-dire le cynisme. Il entend, quand il aura par nomination – et non débat électif, celui qui fait l’honneur du Parti socialiste même si cela engendre désordre et manœuvres – changer la manière d’être en politique, et la manière qu’ont les partis poltiiques de se comporter. Les partis politiques, et non le sien seulement et pour commencer. Prétention à régir les autres. Soi-même toujours hors jeu et hors contrôle. Application immédiate, le débat peu ragoûtant à l’U..M.P. pour la tête de liste contre la gauche en Ile-de-France. Qui rappelle les manœuvres pas tant contre Bertrand Delanoë que contre Françoise de Panafieu. Et puis la merveille – illustrant ce que sont les carrières politiques aujourd’hui, sans l’excuse que donnaient aux ambitieux ou aux apparatchiks les institutions (non écrites) des Troisième et Quatrième Républiques – la promotion d’Eric Besson dans la co-direction du part présidentiel. Il n’y a pas deux ans à pareille époque, il était l’économiste du Parti socialiste, donc une des « têtes pensantes » de la gauche.

Mauritanie… la lecture, selon les dépêches officielles, des « états-généraux de la démocratie » est une immersion mentale dans ce qu’est le ressort de la dictature. Heureusement pour mes frères et compatriotes d’adoption, le désert, la pauvreté et l’atavisme des soumissions apparentes depuis l’administration française, soit la bonne centaine d’années, font que ces dictatures successives de militaires de peu de culture internationale et économique n’ont pas prise sur les esprits. L’exercice – qui semble avoir été un déballage à certains moments, et une adulation dans beaucoup d’autres – ne peut dissimuler la contestation sytémique des légalistes, le soin avec lequel nommer le président légitime : Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a été interdit par une ambiance fabriquée (le ressassement des thèmes initiaux du 6 Août dernier), et la défection du R F D [2], le principal parti dans le pays en implantation et en longévité, que continue de présider Ahmed Ould Daddah, frère du fondateur de la Mauritanie moderne. Celui-ci, aussi, est interdit d’évocation – ce qui rend de peu de prix l’inauguration d’une avenue à son nom, à l’occasion de laquelle d’ailleurs l’homme fort n’a pas discouru : le nom lui aurait arraché sans doute la langue. Comme d’ailleurs celui du colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, exilé à Doha depuis le 3 Août 2005 et qu’ont servit tous les membres de la junte. Le texte donnant les actes et compte-rendus de ces dix jours d’interventions successives plus que de débats faisant mûrir les sujets, les solutions, n’est pas encore accessible pour le grand public. Un discours-bilan du Premier ministre des pustchistes dit les deux résultats principaux : la junte n’est pas tenue à un respect littéral de ce qui a été débattu et conclu par ces centaines de participants, aucune date n’est avancée pour l’élection présidentielle, aucune manière de contourner les dispositions de la Constitution pour la tenue de ce scrutin. Le discours officiel – fermée cette parenthèse – n’a pas changé : rupture avec le cours présenté du pouvoir précédent, celui de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avec la gabegie depuis cinquante ans. Ce qui maintient l’amalgame des dictatures militaires depuis 1978 avec la période fondatrice incarnée par Moktar Ould Daddah. Enumération de bienfaits, protestation de chacun de ceux qui sont, en nom collectif, ou individuellement reçus par le président de la junte, que celui-ci est débordant d’attention pour leurs problèmes…
Etats-Unis … Barack Obama qui a beaucoup parlé depuis son élection, une conférence de presse hebdomadaire, plus des communiqués, promet trois millions d’emplois selon le plan de relance déjà sur le bureau du Congrès. Le jugement est suspendu : d’excellentes nominations, gens d’expérience, de renom, de tous les bords de la politique mais le maintien du secrétaire à la Défense de Bush junior, des options en Irak et en Afghanistan pas différentes du prédécesseur, un silence prudent sur la crise de Gaza. En France, c’est la tolérance au « sarkozysme » qui m’afflige, bien plus que la manière et le personnage du président régnant qu’une ambiance plus démocratique permettrait de – peut-être – cadrer un peu et donc utiliser, instrumentalement, pour le bien commun. En Amérique ou pour l’Amérique, c’est cette attente d’une partie du monde (en gros ce groupe de pays et de nations que nous formons en Europe occidentale et en Amérique du nord depuis 1945) : un sauveur nous est né. Le messianisme n’est ni réflexif ni participatif. J’ai pour conviction – aussi – que la démocratie est le remède à la crise économique et financière.

Belgique… nous retrouvons dans l’ascenseur de notre propriété à temps partagé des relations belges de l’an dernier. A ma question sur le nouveau Premier ministre, lui – répond qu’il fait partie des Belges inciviques. Il estime aussi qu’il y a davantage de « ratachistes » que je ne le ense et qu’on le dit en France. Je ne lui cache pas que – pour moi – l’apport de la Wallonie rééquilibrerait avantageusement la France vers le nord.


[1] - 1ère lettre de Jean V 14 à 21 ; psaume CXLIX ;évangile selon saint Jean III 22 à 30

[2] - Conformément à une décision de son Bureau Exécutif, partant de ses positions de principe et de sa conviction que seul un dialogue national concerté et sérieux peut assurer une sortie convenable de la crise actuelle que connaît le pays, et malgré qu’il n’ait pas été associé par les organisateurs à leur préparation, le Rassemblement des Forces Démocratiques a désigné un important groupe parmi ses meilleurs cadres pour le représenter aux Etats Généraux de la Démocratie décidés par le Haut Conseil d’Etat.

A cette occasion, le RFD a présenté par écrit et verbalement, à titre de contribution, un certain nombre de propositions et de remarques dont nous citons notamment :

1. La crise actuelle est essentiellement une crise politique dont le règlement ne peut être assuré valablement sans une rupture totale avec toutes les méthodes négatives du passé qui avaient caractérisé la gestion de la chose publique, en particulier les méthodes d’accession et d’exercice du pouvoir, qui ont conduit le pays à la situation actuelle ;
2. L’introduction de toute modification à la Constitution dans les circonstances présentes, où d’importantes formations politiques sont absentes, est contraire à la recherche du consensus nécessaire en la matière, d’autant plus que la loi fondamentale proscrit une telle modification dans ces circonstances ;
3. La concertation entreprise doit déboucher sur des solutions consensuelles de sortie de crise pouvant recueillir le soutien de nos frères et amis ainsi que l’assentiment des partenaires au développement de la Mauritanie, dans le souci de renforcer les fondements de l’Etat, de réaliser la paix civile et la cohésion sociale ;
4. L’organisation d’élections présidentielles ou de toutes autres consultations électorales ne peut être envisagée comme un moyen de légitimer formellement un pouvoir quelconque, mais plutôt comme une occasion de permettre au Peuple d’exercer librement son droit de choisir ceux à qui il veut confier la gestion de ses affaires, en dehors de toute pression ou de toute utilisation partisane des moyens, des ressources et de l’autorité de l’Etat au profit d’un candidat ;
5. L’armée mauritanienne doit être une armée républicaine forte, bien équipée et bien formée pour pouvoir accomplir la noble mission qui est la sienne surtout dans la conjoncture d’insécurité qui prévaut.
Malgré les engagements pris et réitérés à l’occasion de rencontres répétées au plus haut niveau avec les responsables de l’organisation de ces Etats Généraux, nous avons été surpris de constater que :

a) au lieu de réserver quatre ateliers sur sept aux débats entre les acteurs politiques, comme cela avait été convenu, tous les ateliers ont été, au contraire, largement ouverts aux laudateurs connus, ayant toujours applaudis les différents régimes, qui se sont succédés détournant, par là même, la concertation de l’objet réel qu’en attendait le peuple ;
b) une véritable campagne électorale avec la bénédiction des autorités officielles et une large couverture des médias publics a été lancée, avant et durant ces Etats Généraux, avec renfort de publicité, par des notables et des soi-disant politiciens qui ont appelé les citoyens à voter pour l’actuel Chef de l’Etat justifiant leur soutien « par la demande de l’Etat et par respect pour l’autorité » en annonçant publiquement leur intention de « frauder en sa faveur » ;
c) les rapports lus à l’issue de ces assises ne reflétaient pas les opinions et avis exprimés par les participants. A titre d’exemple, les conclusions de l’atelier numéro 1 ont été travesties en ce qui concerne, notamment, l’inopportunité de modifier la Constitution avancée par la majorité des intervenants à cet atelier ;
d) le maintien délibéré de ces Etats Généraux dans une atmosphère de confusion, contraire à ce qu’en attendaient les mauritaniens, a engendré le fait que cette rencontre ne pouvait plus constituer l’occasion souhaitée d’une sortie de crise acceptable, surtout à un moment où le pays est face à des défis majeurs.

Il résulte de cette situation que le RFD :

1- ne se considère pas lié par une quelconque conclusion de ces Etats Généraux qui soit contraire aux fondements et principes de la démocratie, aux intérêts supérieurs de la Mauritanie, ou qui ne garantisse pas au pays la préservation de la paix civile et de la cohésion sociale ;
2- rappelle qu’une sortie de crise digne de ce nom passe nécessairement par l’organisation d’une concertation nationale, sérieuse et responsable, entre l’ensemble des acteurs politiques nationaux ;
3- renouvelle son appel pressant à toutes les forces vives de la nation afin qu’elles conjuguent tous leurs efforts pour éviter à la Mauritanie les dérapages préjudiciables et la ramener à une vie constitutionnelle normale, de nature à lui permettre de s’engager, sans plus de retard, sur la voie de la construction véritable dont elle a tant besoin.

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