jeudi 12 février 2009

Inquiétude & Certitudes - jeudi 12 février 2009


Jeudi 12 Février 2009


Prier… [1] plus qu’un quelconque réconfort ou un discernement d’on ne sait quoi puisque tout dans nos situations est le plus souvent clair, mais choisir les remèdes ??? je cherche ce matin dans la prière des textes la vérité qui englobe ma souffrance, celle des autres, et qui rendra tout autant compte de l’apaisement, des joies et de l’arrivée au port. Elle vint se jeter à ses pieds … Alors, il lui dit : ‘’à cause de cette parole, va’’ …Dieu qui se dérobe dans notre peine et nos pleurs intenses, dans le poids s’abattant sur nous et nous enlevant souffle et intelligence, nous ramassant dans un présent impossible à vivre et que pourtant nous subissons goutte à goutte, cœur pressé, estomac tordu… Jésus, de son vivant terrestre : il était entré dans une maison, et il voulait que personne ne sache qu’il était là… c’est bien notre expérience dans la souffrance, dans la nuit, souffrance et nuit pas tant la mienne, ou la nôtre, que la souffrance et la nuit de qui j’aime, de ceux/celles que nous aimons. Dieu caché… mais il ne réussit pas à se cacher. La Cananéenne, le mot superbe dans sa réplique au Christ : les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants. Excellent dialecticien avec ses futurs bourreaux et ses constants détracteurs, Jésus est très souvent séduit, emporté d’admiration et de sympathie par la dialectique de ceux/celles qui ont foi en Lui. L’enseignement divin sur le couple humain : nommer, recevoir une aide, la nudité pas liée au sexe ou à la fécondité mais sans doute à un regard sur soi, celui de Dieu. Textes inépuisables. Ceux-là mènent à la joie, puisqu’à l’amour. Et cependant que de couples, tout couple, menacés, croûlant dans l’impatience, l’imprudence et surtout les circonstances de la vie. La détresse matérielle qui va couvrir le monde déchirera des millions de couples. Pourtant tous deux ne feront plus qu’un. Des vies entières à ne pas le vivre ni le comprendre, soit tant d’erreurs et tant d’attentes jusqu’à la fondation, soit tant de mésestime, de reprise des cartes et des billes, et de trahison plus de soi que de l’autre. Hélas ! Heureux es-tu ! A toi le bonheur ! Fiat…

matin

Nous allons – dans la relation euro-américaine – vers le redoublement de nos erreurs. Elles sont de deux ordres.

Le stratégique. La tradition française et l’intérêt européen est de n’intervenir sur le terrain qu’une fois les choses qualifiées publiquement. Donc clairement. Le Vietnam, le Proche-Orient naguère. La terre d’élection de l’Europe correspond à celle de la France : l’eurafrique, les choses aujourd’hui pouvant être éclairées et opérationnelles par une relation intime entre les institutions et les gens de l’Union européenne et ceux de l’Union africaine. C’est loin d’être organisé de notre côté. Proche-Orient, adhésion de la Turquie à l’Union nous donnant des moyens concrets, relation avec les Palestiniens, réflexion sur l’avenir que je crois depuis quelques mois – en tout cas certainement depuis la guerre de Gaza – résider dans un Etat unitaire mais de composition multinationale. Israël a perdu ses dernières chances de légitimité et n’est plus ressenti que comme oppresseur. Le processus de paix, daté de dix-sept ans, n’a plus prise.

Nicolas Sarkozy s’engageant, nous engageant à fond dans la reconstruction de l’Irak, toujours en gestation depuis six ans… nous accoutume à une présence militaire à Bagdad, sous prétexte de diversifier les enseignements au maintien de l’ordre et à la défense de l’unité nationale. C’est cette couverture qui sert en Afghanistan, hier un de nos officiers est tombé. Notre réintégration de l’O.T.A.N. signifie nos engagements à Kaboul et à Bagdad, en pure perte et sans que nous en ayons les moyens ni l’argent. Le dénuement de nos jeunes engagés en Afghanistan le montre dramatiquement.

Le fondamental qui est mental sinon spirituel. Il n’y aura pas de dialogue égalitaire et constructif entre les Etats-Unis et l’Union européenne tant qu’on ne se débarrassera pas des mouvements de foule. La compassion après l’attentat du 11-Septembre a conduit à l’alliance mondiale anti-terroriste avec l’engagement-bourbier en Afghanistan, même si les Nations Unies l’ont légitimé, avec l’agression en Irak, et la menace toujours pendante de la même chose en Iran. Aujourd’hui, c’est le messianisme selon lequel est considéré Barak Obama. La foi dans le sauveur n’est grosse ni d’imagination ni de participation. C’est la consolidation par consentement général, de l’hégémonie américaine, que d’attendre du nouveau président la restauration et l’ajustement de tout sur tout et en tout. Ces mouvements d’opinion vont couvrir la démarche de Nicolas Sarkozy pour nous réintégrer dans l’OTAN. Washington devenu sympathique, pour quelques mois, nous allons nous engager quasiment à perpétuité, en tout cas pour une nouvelle génération.

soir

Les élections en Israël. Je pronostique un gouvernement minoritaire formé par le parti sortant, le Kadima conduit par la jeune ministre des Affaires étrangères : Tzipi Livni. Celle-ci me semble habile, d’un point de vue israëlien : s’appuyer à fond sur l’Egypte, et probablement tenter que celle-ci ne glisse vers l’intégrisme. Sans compter sa photogénie… Même si l’ensemble de la droite est majoritaire dans le pays et à la Knesset, la haine entre religieux et laïcs à l’extrême-droite est telle qu’elle empêchera Benyamin Nettanyaou de former un gouvernement, et c’est tant mieux. Mais comment n’être pas très inquiet de l’effondrement travailliste, qui ne favorisera ni l’émergence d’une gauche alternative de la montée de la droite, donc d’un extrêmisme à mon sens encore dangereux que celui du Hamas (celui-ci n’est qu’une réponse), ni la cause d’une paix imaginée et réfléchie, sans doute à partir de « zéro » sans autre constat que l’existence de deux peuples, de deux religions ayant des droits historiques égaux sur place et que les chrétiens que sont les Européens et les Américains ne savent pas réunir.

Inquiétude… la nouvelle administration n’a rien à inventer en Irak, puisque les calendriers de retrait et les éventuels substituts « onusiens » aux Etats-Unis sont acquis… la tournée pré-électorale de Barak Obama en Europe semble avoir porté essentiellement sur le renforcement militaire en Afganistan, occupant à terme davantage de troupes qu’il n’y en eut jamais en Irak… maintenant, la préoccupation semble le Pakistan considéré comme susceptible de passer à l’intégrisme d’un mois à l’autre… donc s’y engager à fond. On va donc vers un établissement conflictuel, jouxtant le débat israëlo-arabe, bordant la Chine et l’ancienne sphère soviétique, et ayant enfin comme enjeu le pétrole, encore et toujours. Il ne semble pas que l’Union européenne ait engagé là-dessus une véritable réflexion. Un des avantages de l’hyperactive présidence française de l’Union aura été de montrer que la politique extérieure et de sécurité commune et son représentant, censément : Javier Solana, n’existent pas. Raison de plus pour inventer une structure institutionnelle de l’Union lui donnant une voix, c’est-à-dire un chef qui ne peut être élu qu’au suffrage universel, les cooptations ne produisent que des personnalités prudentes et sans charisme : Barroso après Prodi, et je tiens que Delors était peu courageux et finalement effacé, malgré l’image qu’on lui a faite, en bonne partie par sa longévité à la présidence.

Dénouement au Zimbabwe, le chef de l‘opposition nommé Premier ministre. L’Union européenne boude : est-ce le conseil de la Grande-Bretagne ? ou bien une connaissance des réalités locales que je n’ai pas. En Avril 1989, je fus putativement nommé ambassadeur là-bas. L’apartheid régissait toujours l’Afrique du sud, je conjecturai une politique culturelle attirant les cadres noirs de ce pays, les amenant à la francophonie sur place et préparant donc notre influence quand les choses tourneraient. L’ancienne Rhodésie du sud, potentiellement riche et équilibrée… avec à chaque fois des évolutions la rendant exemplaire du meilleur, le dénouement de 1980 après la conférence de Lancaster House et une reprise fictive de la souveraineté par Londres… et du pire, la seconde et la troisième décennie de Mugabe…

nuit

General Motors licencie 60.000 personnes (en France, on dit supprime 60.000 emplois, on n’ose jamais appeler un chat un chat, il ne s’agit que de postes budgétaires pas de personnes physiques et douée d’un cœur et d’un esprit pour souffrir et déjanter : l’automobile). Arcelor-Mittal neuf mille seulement. Comment s’en étonner. Pouvoir d’achat en baisse dans tous les pays industrialisés, du fait des délocalisations et des pressions sur le salariat pour qu’il se contente de ce qu’il a, donc pas de consommation. Donc pas d’achat de voitures. Donc pas besoin d’acier. C’est simple comme bonjour et une concertation européenne – tardivement proposée à nos partenaires, quatre jours après notre cavalier seul – n’y changera rien. La relance par l’investissement et sans protectionnisme, est de l’argent et du temps perdus.

[1] - Genèse II 18 à 25 ; psaume CXXVIII ; évangile selon saint Marc VII 2 à 30

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