mercredi 25 février 2009

Inquiétude & Certitudes - mercredi 25 février 2009


Mercredi 25 Février 2009



Oui, que de cendres sur chacun et autour de nous tous. [1] il te le revaudra…ils ont touché leur récompense… autrement, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père, qui est aux cieux. Jamais, je n’ai accepté cette logique du propter retributionem, d’un amour échangiste, même de l’attente du bonheur. Non, « ma » prière – qui n’a certainement rien de particulier ni d’exceptionnel – n’est pas de l’avoir mais de l’être, pas une demande d’avoir mais une demande d’être, et que Dieu me soit sensible en ce qu’il est infiniment aimable, infiniment bon et que tout péché lui déplaît. Ne L’aimer que pour Lui et parce que c’est Lui. L’amour humain, l’amitié (La Boétie et Malherbe) sans raison que l’autre-même, pour lui-même. Dieu à infiniment plus forte raison et par la grâce qu’Il nous attire et se fait aimer de nous. Restent les conseils de la discrétion et du cœur à cœur … quand tu fais l’aumône… quand vous priez… quand vous jeûnez… mais toi quand tu fais l’aumône, quand tu pries, quand tu jeûnes … ton Père voit ce que tu fais en secret… la leçon de discrétion, de silence, de vie intérieure, mais tout autant de l’action : aumône, prière, jeûne. Vivre comme des justes… la définition contemporaine d’Israël, certes : la miséricorde et la solidarité actives, notamment dans les circonstances de violence qui ne sont pas, hélas ! pour l’Etat hébreu, que la shoah, mais tout autant Gaza, Cana, Ramallah, Bethléem… que de Français juifs en souffrent et en rougissent et sur lesquels doit se fonder la réprobation et la reprise internationales des choses et des comportements… mais la définition de la Genèse. Dieu trouve tel des siens juste. D’une certaine manière, le jugement « dernier » avant la lettre. Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Redevenir justes, le devenir, l’être non pour nous-mêmes mais pour complaire à notre Créateur et rejoindre tous ceux qui nous précèdent sur ce chemin et attirer ceux qui hésitent à l’emprunter. Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple. Mon cher JL disait que dans l’Ecriture il y a tout et son contraire. De fait, Joël prône le contraire de Jésus : annoncez une solennité, réunissez le peuple… que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre … mais ce semble déjà les assemblées de l’Apocalypse et le dialogue avec Dieu qui répond.

midi

L’affaire François Pérol s’envenime ou plutôt se précise. François Bayrou accuse Nicolas Sarkozy de mensonge. Celui-ci aurait assuré hier qu’il n’y a aucun problème et que la commission de déontologie a donné son feu vert. Claude Guéant – qui incidemment annonce comme si c’était exonérer le pouvoir, que les chiffres du chômage seront ce soir bien plus mauvais que la satistique précédente – assure que « le président, évidemment, n’a pas menti mais a fait un raccourci ». La commission de déontologie a estimé en effet, en renvoyant à sa jurisprudence, qu’il n’y avait pas lieu de la consulter. Hasard que me signale une de mes sœurs, à l’écoûte et que je n’avais pas encore relevé, c’est Olivier Fouquet, conseiller d’Etat, un camarade de collège jésuite et de l’E N A, qui préside cette commission. Il préside – avec une prudence qui est bien la sienne, mais qui en l’occurrence est perfide – qu’à son avis tout personnel, qui n’engage pas la commission, il convient de se reporter à la jurisprudence de celle-ci. Il n’y a donc pas d’avis.


Mais quelles sont les exigences dont la commission entoure son accord, si elle avait à le donner. Ce sont des réserves. Ce n’est plus mon ami qui parle mais un commentateur, manifestement informé par la commission. Le précédent est celui d’Augustin de Ramonet, ami d’ami, secrétaire général adjoint de l’Elysée à la fin de la présidence de Jacques Chirac, il est depuis directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Ce n’est pas rien, le lot de consolation pour qui n’ « a » pas la Banque de France…. Accord en Septembre 2006 pour que ce poste lui soit confié mais à condition que l’intéressé coupe les ponts avec le pouvoir et n’ait aucun contact avec le secrétariat général de la présidence de la République ni avec le cabinet du ministre de l’Economie et des Finances. Dans le cas de la banque en train de se constituer par fusion des Banques populaires et de la Caisse d’épargne, l’implication de l’Etat est telle : octroi de fonds à chacune des deux banques puis à l’ensemble résultant de la fusion, la fusion elle-même qui reste assez compliquée à opérer, on voit mal comment le nouveau président de cette banque pourrait ne pas être en relations étroites, intimes et stratégiques, au moins au démarrage.


Comme souvent – sous ce règne – je trouve que les argumentations critiques sont insuffisantes. D’une part, parce que la Caisse des dépôts ayant une mission régalienne (depuis sa fondation par Louis XVIII), il est tout à fait normal que l’Etat en fixe l’orientation et la contrôle par des nominations adéquates. La politique de financement des collectivités locales ou des politiques nouvelles, type développement durable, passe par elle. En revanche, une banque qui va rester privée même si l’Etat doit en posséder 15 à 20% du capital, n’a pas de mission régalienne. Les Caisses d’épargne en avaient, ce qui fit leur réseau de confiance. En conséquence, cette nomination est typique de Nicolas Sarkozy : pas de nationalisation pour qu’il n’y ait pas de règles d’administration publique voire de contrôle démocratique, celui de l’Etat, mais en revanche des amis partout, faisant réseau à la disposition personnelle du président régnant par reconnaissance ou pour suite de carrière. D’autre part, il a été entendu, par la révision constitutionnelle, que les grandes nominations sont désormais soumise à approbation parlementaire ? si celle-ci ne l’est pas, lesquelles vont l’être ?

Pour rester dans la banque, le pouvoir n’est pas le seul à passer les bornes. L’Observateur de l’autre mois, lu avec retard, explique qu’un courtier à peine moins performant que Kerviel a bien été viré de la Société générale, et est « passé » au Crédit agricole d’où il s’est fait « virer » sur insistance des caisses régionales après avoir fait perdre plus de trois milliards à ce bel ensemble. Mais depuis… (peu), Société générale et Crédit agricole se sont entendus pour une salle des marchés commune, et notre homme s’en est vu confier la direction.

Banques toujours, moyenne des salaires sans bonus ni prime ni autres accessoires… pour les hauts dirigeants : de deux à quatre millions d’euros par an.

Ne pas changer ces moeurs prolonge la crise d’autant, et montre bien que l’on ne rêve – sauf chez les victimes : contribuables, épargnants, salariés – que de renouer avec le passé, moyennant renflouement par compte de tiers que sont précisément les victimes.

Imperturbable Amérique. Barack Obama présente son projet de budget fédéral. Diviser par deux en dix ans le déficit. Un budget de deux mille milliards. La crise actuelle… l’Amérique en sortira plus forte. Les économies ? tout ce qui n’est pas directement utile, et notamment les dépenses militaires dans les deux guerres (Afghanistan donc, compris ?) et publication des comptes exacts de ce qu’a déjà coûté celles-ci. Mais… chômage oblige, embauche à tout va dans l’armée…

Guadeloupe : qui est en face des syndicalistes ? Les négociations ont repris depuis une demi-heure.


soir

Cynisme incroyable qui confirme que nous sommes en dictature. Il est dit qu’Olivier Fouquet et sa commission – consultative cependant et ne liant donc pas le pouvoir par un avis que d’ailleurs elle ne donne pas – auraient dit ‘oui’ à la nomination de François Pérol. Le Canard enchaîné « révèle » que celui-ci étant associé-gérant de Rothschild avait reçu le marché – on ne peut plus lucratif pour la banque d’affaires – de préparer la fusion des deux Banques populaires et Caisses d’épargne. Claude Guéant aurait ciblé la bonne date pour la nomination de François Pérol, demain l’annonce de chiffres catastrophiques pour les Caisses d’épargne publiant leur bilan : pour la première fois de leur histoire en pertes… montrer que l’Etat prend les choses en main et l’argent prêté à un taux quasi-usuraire, plus de 10%. Confirmation de ce système sur lequel il a été finalement peu insisté : les intérêts versés par les banques en échange de leur renflouement ou de la garantie de leurs flux inter se, pairaient un plan social à l’échelon national. On peut aussi présenter les choses autrement. L’Etat – détournement sans précédent – place sa trésorerie, le produit des impôts, non en remboursement de la dette publique, mais dans des produits qu’autrement et ailleurs on dirait toxiques : nos banques.

Rapport Balladur sur une réorganisation territoriale. Dans la quantité de critiques qui peuvent être opposées au projet-même, plus encore qu’au détail des propositions, deux ne sont guère faites – à mon sens.
La première est que dans la période où nous sommes entrés une réforme administrative de plus – après celles de la justice, de l’armée, de l’université, des écoles de formation pour al fonction publique, etc… - c’est vraiment gaspiller son énergie et détourner (ou tenter de détourner) l’attention du grand nombre sur un hors sujet. Les pouvoirs publics, le pouvoir devraient se consacrer sur la crise en cours, proposer aux niveaux mondial et européen, gérer au mieux pour ce qui ressortit de la seule possibilité ou compétence nationale. Les réformes portées depuis vingt mois par Nicolas Sarkozy désarment la France, éloignent les Français – physiquement autant que mentalement – de leur Etat et des institutions qui leur sont nécessaires. Elles sont toutes d’ordre administratif alors que l’heure est au social et à l’économie, et que Nicolas Sarkozy n’a de connaissance vêcue (et intéressée) que celle des réseaux mais pas du fonctionnement – à certains points de vue, et c’est fort bien – immémorial de l’Etat et de sa culture du bien commun et de la continuité.
La seconde, bien plus importante, est que ces propositions se font sous l’angle des économies budgétaires, et pas du tout sous celui qui les a fait être érigées : la démocratie locale. Peu importe que ces collectivités aient un coût, du moment qu’elles sont un lieu, un échelon, une étape de la démocratie. Et le mode-même d’application fait encore plus fi de la démocratie : que des régions qui veulent s’unir ou se réunir, le fassent très bien : mais pas celles qui s’y refusent. Entre Nevers et Mulhouse-Bâle, fait remarquer justement le président de la région Bourgogne, il y a près de 500 kilomètres.
A cela, peuvent s’ajouter d’autres critiques d’évidence.
Décréter sur un mode uniforme les étendues et les compétences est une erreur pratique grossière : l’important est que la collectivité soit consentie et qu’elle corresponde à la nature. Ainsi le Pays basque, de la taille d’un arrondissement, mériterait des compétences régionales et même de relations extérieures pour les nouer avec Pampelune, Bilbao et Santander.
Enfin, l'aménagement du territoire est chaque année davantage oublié. Toute la réforme de la carte judiciaire pénalise les espaces ruraux et renforce les agglomérations. Le droit territorial envisagé donnerait la prime en tout aux grandes villes, alors que celles-ci produisent chômage et violences bien davantage que les campagnes. De celles-ci on veut donc faire le désert, déjà déploré il y a cinquante ans.
Le projet Balladur – auquel participent Pierre Mauroy et le député Vallini : il sera intéressant de lire leurs éventuelles opinions dissidentes… - sonne aussi, dans l’ambiance de méfiance qui s’épaissit de semaine en semaine, et de procès d’intention du pouvoir (de plus en plus fondé factuellement), comme une tentative de Nicolas Sarkozy de diminuer ou même ruiner le quasi-monopole socialiste des présidences de région et de conseils généraux. Il est paradoxal que ce soient probablement les élus U M P qui vont s’opposer le plus à cette « énième réforme ».

Une U M P qui – dans l’affaire Pérol comme dans le premier accueil du rapport Balladur – marche évidemment au canon, avec de plus en plus une seule manière d’applaudir qui est de siffler l’opposition, systématiquement considérée comme nulle. Démocratie : respect de l’autre ?

Guadeloupe… le « petit » patronat et les syndicalistes semblent s’accorder, mais les élus et le MEDEF peuvent tout rallumer, et la grève continue. Erratum, les négociations reprenaient aujourd’hui à seize heures locales, et non parisiennes. L’accord pour 200 euros… mais à la Martinique, on veut maintenant 300 ou 350 et le patronat propose 60. Yves Jégo commente, d’on ne sait où, mais n’est pas au cœur de la négociation.


[1] - Joël II 12 à 18 ;psaume LI ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens V 20 à VI 2 ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18


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