samedi 21 février 2009

Inquiétude & Certitudes - samedi 21 février 2009


Samedi 21 Février 2009

Prier… de fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Il me semble qu’alors les disciples devant la transfiguration du Christ sont enfin à prier. Tout leur est donné en même temps : ils voient Dieu face à face, ils en éprouvent plus que du bonheur ou de la joie, ils souhaitent l’éternité (à leur manière) et la vivent par prétérition. [1] Le destin d’Enoch (que d’apocryphes, dont un livre portant son nom) : grâce à la foi, Hénoch fut enlevé de ce monde, et il ne connut pas la mort ; personne ne le retrouva, parce que Dieu l’avait enlevé. L’Ecriture témoigne en effet qu’avant d’être enlevé il était agréable à Dieu. Or sans la foi,, c’est impossible d’être agréable à Dieu. Abel dont le sacrifice est agréé, pourquoi ? Noé jugé juste, pourquoi ? comment ? Abraham, appelé, sans même que son portrait nous soit initialement donné. Père de notre foi et de toutes vertus, et pourtant homme accompli, richissime, guerrier valeureux mais mari un peu trouillard tant Sara, dans sa jeunesse, attire regards et convoitises : la foi cependant le résume. Mais elle est donnée, les disciples nous le montrent et l’avouent. La Transfiguration leur est donnée, sans qu’ils l’aient sollicitée, ils n’ont répondu qu’à demi à la question du Christ sur l’identité qu’ils lui croient. Jésus alimente leur foi, de Lui-même. Il leur donne même de pénétrer, un peu, sa vie : ses entretiens avec Moïse et Elie, en fait tout l’Ancien Testament, les voici témoins. Pas de texte, mais cette blancheur que reprend l’Apocalypse, et que donne le sang de l’Agneau… Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Initiative et dessein du Christ, un choix, toujours les trois mêmes, le chef, les deux frères, l’ancien déjà, marié, professionnel, et les deux jeunes, encore à vivre chez leur père. Et il fut transfiguré devant eux. Jésus le fait, manifestement pour eux…. Ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. Dans nos vies, l’éternité ne « perce » que par instant, mais nous l’éprouvons, chacun. Si nous avons de la mémoire ou de l’attention. La résurrection, moyennant passion et mort. La transfiguration, d’une certaine manière, ne les étonne pas, elle les effraie parce qu’elle est fantastique en elle-même, mais du Christ on pouvait l’attendre, ils sont confirmés dans la sensation qu’ils ont de leur maître, tandis que la passion, la mort, la résurrection ? Ils obéissent et ils restèrent fermement attachés à cette consigne… de ne rien dire. La foi et le témoignage sont un tout. La Transfiguration est l’aboutissement, mais elle n’est transmissible que si l’ensemble a été vêcu, il ne l’est pas encore, à l’époque, pour Pierre Jacques et Jean, il ne l’est toujours pas pour nous, aujourd’hui. Dialogue avec Jésus et instruction des disciples, en descendant de la montagne, déjà la route vers Emmaüs. Alleluia… nous en sommes, aussi, là. Lecture de ces matins, route, descente de la montagne, dialogues. Chaque jour, je te bénirai… je redirai le récit de tes merveilles, ton éclat, ta gloire et ta splendeur. Me revient le visage et la douceur, non dépourvue d’humour, de ce moine, décédé en début de mois, que j’appelais Frère Sourire. Je ne devais pas être le seul. Nos transfigurations quand notre regard, notre visage sont d’amour. La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Sourire et regard d’amour, contemplation sont tout simplement l’expression de cet acquis par la foi : nous voyons une totalité. L’amour et la foi totalisent, notre vue est d’ensemble, l’éternité n’est pas loin…

milieu de journée

Une bibliothèque – quand elle est personnelle et donc physiquement disponible à tout moment – est l’histoire de sa composition et une foule de dialoguants et d’incitateurs possibles. Je viens de relever dans chacun des livres que j’en ai sortis et qui peuvent traiter de la crise dans laquelle nous reconnaissons enfin être entrés, quelques-uns des arguments le structurant. Ces livres ont dix ou parfois trente ans, je vais en mobiliser d’autres, soit à thèse, soit conservant un état des lieux ou l’exposé des structures, lieux et structures aujourd’hui de pérennité, et même d’identification douteuses. Le livre le plus simple et le plus technique parce que rédigés en termes de gouvernement et d’expérience du gouvernement, est celui de mon vénérable ami Jean-Marcel Jeanneney (Pour un nouveau protectionnisme . Seuil . 4ème trimestre 1978 . 155 pages) et il m’est dédicacé – redoublement du prophétisme ! A …, fervent des hétérodoxies, ces idées sans avenir au moins immédiat. En 1978, nous y voici en 2008-2009…

Quelques suggestions déjà me sont données. Quelel est la liberté des agents économiques, des décideurs politiques ? et quel est le rapport entre liberté comme ressort et expression en démocratie, et la contestation de l’état actuel du monde. La dissidence et la contestation sont-elles un mouvement unique ? sont-elles une imagination ? Le principal dogme mis à mal par les faits semble l’univocité des évolutions et donc le caractère absolument utopique de toute proposition alternative à des politiques accompagnant le déterminisme. La modernité change de sens, la démocratie et le débat redeviennent licites.

Il apparaît aussi, tant depuis trente ans le débat n’est resté qu’idéologique et ne s’est jamais déveloopé entre thèes alternatives de gouvernement – notamment en France, et pour la politique économique et sociale – que les observations, propositions et critiques formulées dans ces quelques livres, notoires à leur époque respective, n’ont pas atteint les partis et encore moins les gouvernants. L’opinion publique a été éclairée mais pas les dirigeants. La pratique de la citoyenneté n’est plus reconnue par les gouvernants et n’est pas un des éléments de leur décision, depuis sans doute une vingtaine d’années. Les cavaliers seuls auxquels quelques politiques se résolvent : Jean-Luc Mélenchon à gauche et Nicolas Dupont-Aignan à droite, se font certainement par une conscience qu’un corps de pensée et de projets de décision est possible et que le P S et l’U M P n’ont plus cette conscience – racine de la foi dans la politique, si elle n’est pas carrière ou profession – mais leur démarche n’est pas informée sur la plupart des grandes questions. Ils sont forcément absorbés par la bataille électorale et des échéances qui ne sont que politiques et professionnelles, nullement celles de la société.


soir


Olivier Besancenot modélise, pour la métropole, le conflit outre-mer. Je ne vois qu’un point commun entre la « métropole » – mot que je n’aime pas, mais quel autre trouver ? « la France proprement dite », serait pire – et ces départements lointains, l’implication en première et dernière ligne, pour ne pas changer, quoique ce fut moins réactif que d’habitude, de Nicolas Sarkozy. Force Ouvrière n’entre pas dans ces raisonnement et calcul.

Donc, Besancenot et Ségolène – ensemble ? – aux Antilles. Le président de la République : quand ce sera calme, mais qu’il y aille, et ce sera forcément les manifestations et revendications, même si les choses se tassent et si les « négociations » aboutissent.

Je suis très inquiet. L’Afghanistan est devenu – mais je m’y attendais depuis ma lecture il y a quinze mois du livre d’Obama – le sujet dominant la politique extérieure américaine, en tout cas la stratégie. L’OTAN est l’instrument de cette guerre d’Afghanistan, consommatrice d’hommes, de matériel et d’argent, très malaisée en logistique puisque le pays est enclavé, que les voisins sont de soutien évanescent : Bichkek a fait fermer la base américaine (gros sous, disent les uns, reprise de la relation soviétique, croient les autres, dont je suis). Les Ouzbeks et les Tadjiks laissent passer mais une province pakistanaise ferme aussi « sa » base américaine. Ce sera le thème principal du cinquantenaire de l’Alliance atlantique en Avril. Une vingtaine de pays ont accepté – selon Robert Gates – de renforcer leurs contingents, la France n’en serait pas encore. Sarkozy se rend certainement compte que le doublon réintégration de l’OTAN-renforcement en Afghanistan est carrément impopulaire, et que la barque est très chargée. Mais je le crois résolu à ce doublon. La censure que proposera à l’Assemblée nationale le groupe socialiste sera une fois de plus repoussée. Décision historique non seulement d’être dominé par les Etats-Unis et de persister à ne pas en distinguer la défense européenne, à aucun égard – mais engagement sur un théâtre extérieur particulièrement malaisé, et sans intérêt pour l’Europe. Obama en rajoute en disant que tout est déjà calé pour jusqu’en 2011 (il s’envolait pour Ottawa) et en refusant aux prisonniers de la base de Bagram les mêmes droits qu’il est en train de faire reconnaître pour ceux de Guantanamo. Il est donc exactement dans la ligne de Bush junior.

[1] - lettre aux Hébreux XI 1 à 7 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Marc IX 2 à 13

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