mercredi 6 mai 2009

Inquiétude & Certitude - mercredi 6 mai 2009



Mercredi 6 Mai 2009

Prier… je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Autrement dit, mais plus mal, traiter le sujet et à fond. Jésus n’a qu’une mission : la rédemption, qu’une référence, le Père, son Père, dont Il témoigne, dont Il dit ce qu’est Celui-ci et ce qu’est sa propre relation avec Celui-ci. Tout le reste est accessoire ou conséquence. Celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. C’est par prétérition le dialogue avec Philippe lors de la dernière Cène. Comment, Philippe, tu es depuis si longtemps avec moi ? Trois ans seulement… en regard, les textes d’aujourd’hui donnent le départ en mission au-delà de l’Asie, de Barnabé et de Paul. Jésus, ses disciples sont actifs. Ils sont ordonnés à quelque chose, et l’accomplissent. Ce n’est pas même une urgence, c’est un fait. [1]


matin


Un ancien secrétaire général du gouvernement, ancien vice-président du Conseil d’Etat, commente la liste des cabinets des présidents et Premiers ministres depuis 1958, que je lui ai mise sous les yeux. Cela nous permet aussi des dialogues thématiques : la politique manquée de l’éducation, la prise en main par les grands corps d’ingénieur, avant même l’ENA, de cette sorte de capitalisme d’Etat à la française, dirigeant l’économie pays moyennant la concertation du Plan. Nous ne « sommes » qu’en 1959-1960… Massé est alors commissaire général. Une économie dont en gros répond le budget de l’Etat et qui est entièrement de prix administrés. Comme à nos précédentes conversations, mon ami cite souvent VGE en Conseil des ministres : l’homme avait de la vision mais gardait son attachement aux manettes dont il avait pris l’habitude. Aujourd’hui est tout autre, la dérégulation et le démantèlement du pouvoir d’Etat. Tournant, le contre-pied en 1986-1988 des nationalisations de 1982. Nous en sommes là avec les membres des cabinets de Mauroy et de Balladur (ministre des Finances de la première cohabitation) s’appropriant les entreprises : type Mestrallet et Messier. Azux débuts de la Cinquième République, la considération d’argent pour soi n’existait pas. Les types dirigeants sont autres : Guillaumat par exemple, Delouvrier, on est serviteurs de l’Etat. Surtout, on est polyvalents, parcours de Jean-jacques de Bresson, pénaliste puis PDG de l’ORTF après les cabinets du Général et de Pompidou, et « terminant », expert en droit fiscal et président d’une section du Conseil d’Etat en la matière. Le général Maurin, commandant une de nos forces stratégiques, intégré au Conseil d’Etat, excellant au contentieux et « terminant » en président de l’instance d’appel pour l’octroi ou pas de l’asile politique en France. Mutliples métiers et fonctions avec pour seul trait commun : être la tête de quelque chose institutionnellement, animer des objets et des gens. Ce qui pose crûment et dans le sens que j’ai toujours pensé que toutes ces formations censées fournir un emploi ou un ré-emploi non seulement aujourd’hui ne garantissent plus rien, mais depuis longtemps ne sont pas forcément le bon outil pour qu’un responsable gère correctement ce dont on lui confie la responsabilité : souplesse, caractère valent mieux que formation, formatage et les rigidités qui vont avec : erreur. Tout est dans la personne, sa souplesse, son intelligence nue. L’adéquation est commandée par l’interdisciplinaire.


France-Soir publie un sondage, Nicolas Sarkozy réélu.

après-midi

L’autre thèse sur Nicolas Sarkozy et la manière de le voir. Un commentaire en double : Philippe Tesson et Gérard Carrero (France-Soir) suscité par Olivier de Lagarde à France-Infos. Le premier au visage si coupant, presque illuminé au temps du Quotidien de Paris, un justicier pour l’époque, il était venu prévenir Jacques Fauvet que le titre et la formule qu’il allait lancer, on était en 1974, il eut la chance que meurt presque tout de suite Georges Pompidou… dépasserait à tous égards Le Monde. Le voici qui opine sur les trois ans à venir, comment s’y prendre ? se faire violence quand il veut dire sa vérité qui est souvent la vérité. Continuer les réformes, en mettant moins de provocation dans la forme, en approfondissant les dossiers davantage qu’il n’a fait. Gouverner le plus possible contre les idéologies. L’opportunisme correspond le mieux à la situation. Prendre le meilleur à gauche et le meilleur à droite. Ouvrir encore plus : moyen le plus concret du consensus.

Gérard Carrero trouve que les réformes font un peu fatras, les résultats attendus ne se sont pas encore produits. Plus de cohérence, le président doit donner un cap, pas de doute qu’il n’y arrive. Une cohérence. Reste le comportement, la façon d’être président. Pour l’essentiel, il s’est corrigé de la période bling-bling, il s’est davantage installé dans l’habit présidentiel. Mais il doit renouer la relation avec le peuple. Cela en face de beaucoup de gens. Rompre l’assimilation avec l’arrigance de l’argent. Il faut que Nicolas Sarkozy explique qu’il n’est pas le représentant de cet argent. Il agace aussi bien dans son camp que dans l’autre et fait des réformes dérangeant les installés et les privilégiés, tantôt à droite tantôt à gauche. Désarroi à gauche où il manque le grand parti d’alternance, depuis deux ans. Aucun leadership ne s’en dégage.

Philippe Tesson juge que ce fait est épidermique. La faiblesse de la gauche ferait la force de la droite. Semer la discorde pour faire le rassemblement.

Gérard Carrero : les divisions de la gauche ouvrent une autre voie. Baryou, le meilleur candidat pour les socialistes. De toute manière, au moins deux candidats socialistes. Investie ou pas, Ségolène Royal ira, alors que Martine Aubry, voire Strauss-Kahn iront aussi.

Philippe Tesson. Non ! les Français se responsabiliseront. L’élu de 2012 sera le candidat de la vérité. La vérité de Sarkozy éclatera tandis que Bayrou ne sait pas qui il est ni où il va.

De tels diagnostics, alors que notre principal handicap pour venir à bout de cette crise, en ce qu’elle a de nationale pour les remèdes et pour les causes, me paraissent en complète déconnexion avec ce que je crois le sentiment le plus général : la critique et la probable haine du système, et avec la réalité de l’économie qui n’est que licenciements, délocalisations, augmentation considérable du chômage. Qu’on puisse ainsi anticiper, à date échue, le renouvellement du mandat présidentiel, commencer en cours de bourse comme en indices qu’on est déjà dans la « stabilisation » de l’économie américaine avec pour nous une reprise d’ici 2010 me paraît fou. La réalité n’est pas ces échanges entre journalistes, elle est la contagion des mouvements sur les divers sites de Continental en France puisque les conversations franco-allemandes au plus haut niveau n’ont rien produit, puisque les rencontres à Bercy des Allemands et de notre « ministre de la Relance » n’ont rien donné. Elle est Shell vendant 80% de ses pompes et lourdant mille emplois, plus un transfert de laboratoire hors de France. Redéploiement en Allemagne, Angleterre et Pays-Bas. Un élecricien, Rexel paye le voyage de ses clients à Cuba et licencie ses salariés. Après les Baumettes, Fleury-Mérogis, Fresne, c’est maintenant à Bayonne que les personnels pénitentiaires bloquent les accès de la maison d’arrêt. Chaque fois heurts avec CRS et gardes mobiles : il va très vite arriver « quelque chose ».

Tandis que j’écris cela, la gouvernante camerounaise de cette vieille amie chez qui je loge quand je suis parisien – les franciliens – ajoute à ces poursuites des trois chefs d’Etat d’Afrique équatoriale : Omar Bongo est maintenant en froid grave avec son beau-père Sassou N’Guesso, qui croit à quelques mauvais traitements infligés à sa fille, on se dispute entre voisins le corps et les relations politiques et économiques sont difficiles, sauf entre pétroliers. Et l’épouse Byia qui s’est appropriée personnellement des quartiers entiers de la capitale (celle de Diori Hamani contrôlait les taxis Niamey à son assassinat) était en querelle avec son homologue gabonaise. La télévision fait écho : Bernadette Chirac explique avec complaisance que son mari lui doit sa carrière et le pouvoir, les fonctions qu’il a exercés. L’animateur l’interroge : première dame. Emploi inconnu du vocabulaire constitutionnel français, forge récente… je n’ai pas souvenir que Danielle Mitterrand ou Anne-Aymone Giscard d’Estaing aient jamais été évoquées de cette manière. L’émission conclut sur les dames Marcos et Ceaucescu. Elena, la roumaine, avant de tomber, s’était écriée : j’ai été une mère pour vous.

Je suis effrayé de la cécité de nos thuriféraires. Le Figaro choisissant pour présenter le voyage espagnol, l’image des couples royaux et princiers, encadrant le président français – notre élu pour cinq ans – tandis que devant eux cinq marche, minaude et fait la roue l’épouse d’occasion au mariage de quinze mois. Rimmel et larmes serait, selon l’un des deux mentors de Rachida Dati, l’autre étant Simone Veil, le meilleur livre sur la garde des Sceaux. Donc, sur notre régime.

Commentaire et conseils pour le bac. philo. Un rare domaine où d’une génération à l’autre, rien vraiment ne change. Dramatiser la réponse. Complexité, paradoxe. S‘étonner. Faire preuve d’esprit philosophique. Le plan toujours en trois parties. La démarche philosophique à comprendre, encore la veille de l’épreuve il est temps.

[1] - Actes des Apôtres XII 24 à XIII 5 ; psaume LXVII ; évangile selon saint Jean XII 44 à 50


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