samedi 27 juin 2009

Inquiétude & Certitudes - samedi 27 juin 2009


Samedi 27 Juin 2009

Prier… [1] pourquoi Sara a-t-elle ri ? … Y a-t-il une merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? … Saisie de crainte, Sara se défendit en disant : ‘ Je n’ai pas ri ’. Mais le Seigneur répliqua : ‘ Si, tu as ri ’ Le schéma psychologique du péché : doute de soi, doute de Dieu, doute du rapport créature/créateur, doute du sens de l’univers, de la vie et nature du rire : l’auto-dérision. Combien je suis frappé du « pli » de notre époque, depuis combien de temps ? tous les dirigeants se font photographier hilares [2], les publicités aussi, montrer les dents… alors que chez les animaux c’est un signe de défi. Sauf chez la doyenne de nos chiennes, que nous avons vu souvent, dans son âge plus jeune, sourire, dents découvertes mais dodelinant de la tête en nous approchant. La trinité de Roublev méditée selon cette venue des trois hommes, parlant et faisant comme un seul, au plus chaud de la journée, tandis qu’ils font halte sous le chêne de Mambré où Abraham a établi son campement. Tableau en deux versions, que j’ai regardées, chacune, à Sergueiev-Passad (ex-Zagorsk pour l’époque soviétique) et qui a une histoire dans ma vie. Je crois que le tombeau pas seulement de saint Serge, mais de Boris Godounov se trouve dans ce monastère. Il renvoie les riches les mains vides, des vies entières nous paraissent un renvoi, des époques entières de ma vie : ainsi. Puisque vous êtes passés près de votre serviteur. Abraham docile à partir de chez lui selon l’injonction d’un Dieu qui ne se présente pas et dont le texte dit seulement l’intrusion dans vie calme et heureuse. Abraham docile à accueillir, sans le moindre pressentiment qu’il va recevoir confirmation de la promesse divine. Premier dire : Dieu face à face, celui de l’Ancien Testament, second dire : Dieu trinitaire qui se révèle quoique voilé mais selon notre accueil, le Nouveau Testament. La promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. Condition ? la docilité qui n’a de fondement que la foi : dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. Ainsi, moi qui suis soumis à une autorité, j’ai des soldats sous mes ordres… La démonstration par le droit romain, par la supérieure organisation de l’occupant donné en modèle pratique et spirituel, par le Christ. Je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi. … Rentre chez toi, que tout se passe selon ta foi. Abraham, le centurion romain, le miracle-type : notre foi ratifiée, accueillie par Dieu en actes. Ceux de notre salut. Pour tous, et pour ceux rencontrés, dans ma propre vie, hier… pour ce pays aussi qui m’est cher, cette Mauritanie… pour notre pays en proie à lui-même, les yeux bandés, les mains qui ne sont plus qu’à peine tâtonnantes.

matin

France-Infos. « duel du jour », commentaires entre compères. L’un : le PC c’est le Président. Ce n’est pas un gouvernement en situation d’échec. Et de l’autre côté, on ne voit pas d’alternative, ni de grand orateur, capable de répondre au Président. – Je réponds mais in petto… puisque je n’ai aucun signe, sinon deux ou trois « commentaires » en un an… le système fait le vide. Il le produit en politique économique et sociale puisqu’il a achevé le désarmement et le démantèlement de l’Etat et ne rétablit aucun outil au contraire : on n’a jamais autant parlé de modèle social français, et de démocratie irréprochable depuis que nous subissons tout le contraire. Il le produit surtout en vie politique, puisqu’il empêche toute expression divergente. L’opposition est illégitime par principe : chroniques du Figaro dont le propriétaire est invalidé en tant qu’élu, ne traitant que du PS et par commisération, révision du règlement intérieur des assemblés pour réduire le temps de parole, l’opposition n’étant qu’obstruction aux bonnes action du gouvernement. Quant à oser évoquer l’art oratoire du président tel qu’en face aucun ne peut s’aligner… cela montre bien qu’une partie du désespoir français tient à ceux des médias censés parler en notre nom.

Un ami de village, nous échangeons, le monde se déstructure et d’une façon irréversible, redressement ou re-départ s’il y a seront difficiles, coûteux et moyennant beaucoup de casse. Elle sort de congé-maternité, assure la comptabilité à la cidrerie, la vente aujourd’hui où il y a peu de monde. Heureuse d’un travail. Son mari dans l’intérim, trois agences, surtout le milieu rural, Pontivy et autour, émigration à Vannes, le marché du tertiaire, tout s’est effondré, plus rien. Des amis en Ile de France, lui, tête pensante chez Renault, primes sautées, salaire diminué donc de 20%. Elle a fait campagne autour d’elle contre Sarkozy, vous allez voir, on lui répondait, il faut que çà change, elle disait, çà ne changera pas dans le bon sens. Les manifestations ne servent plus à rien, tout est inexorable. Je réponds par l’image de la cocotte minute, par la probabilité d’un « collapse » présidentiel, la suractivité, la suraffirmation par dopage médicamenteux, la pupille dilatée, le mépris de l’adversaire et des subordonnés, la grossièreté dans un laisser-aller que ne compensent ni culture ni éducation. La culture et les ascendances révolutionnaires de notre pays. Mais elle aussi assure qu’il n’y a pas de relève. J’ai quant à moi Ségolène Royal, Martine Aubry, Michel Sapin, Pierre Moscovici. Ce sont les Benoît Hamon et Manuel Valls qui propagent l’image de vacuité des oppositions. Et François Bayrou va rebondir s’il est non seulement ambitieux mais intelligent, s’il s’entoure et suscite le compagnonnage.

midi

La marraine autrichienne de notre fille – à qui je dois une compréhension que je crois fondée de toute l’Europe centrale de l’Est et des conditions ayant créé l’ambiance pour la « chute du mur » – m’offre un mélange de textes (coll. bouquins de Robert Laffont) sur Marie-Antoinette. L’acte d’accusation, puis des éléments du procès montre la reine comme un des acteurs principaux (et des plus intelligents) des années qui firent la Révolution et la France contemporaine. La reine est notamment accusée d’avoir dilapidé les deniers publics avant 89, puis mené l’Assemblée législative sans que Mirabeau soit pourtant évoqué, correspondu avec l’ennemi, inspiré la coalition et la guerre, et surtout organisé une « conspiration » qui provoqua la journée fatale du 10 Août 1792. Elle tient tête, nie, rectifie, établit les faits, elle est reine plus que jamais.

La clé de notre pays, encore aujourd’hui, est dans ces années 1774-1799-1815 (projet d’écrire une réflexion-méditation-mise au point-histoire de Ces crises de légitimité qui ont fait la France, né dans ce que l’on appelait à la fin des années 1950, encore le « petit train de ceinture » SNCF aux wagons marrons qui faisaient le tour de Paris avec une sorte de nœud ferroviaire de la SNCF à Pont-Cardinet. C’est devenu une jachère, les voies, parfois des terrains de tenis ou de sports, les gares devenant des restaurants. Et l’on réinvestira à grands frais pour du périphérique, tramways et autres. Effort des collevctivités locales dans les années 1880-1900 pour les chemins de fer « d’intérêt local », réseaux des tramways notamment à Paris, les vitres de ma grand-pmère rue de Rennes, non loin de la gare Montparnasse avec sa façade où se serrèrent la main de Gaulle et Leclerc, et dont je ne comprends pas qu’elle ait été détruite au lieu de son classement – dans le « petit train » donc, je lisais de Bainville l’histoire de la troisième République, assez mince et brochée chez Fayard, pour découvrir à mes quinze ans, qu’il n’y avait pas cent ans que nous avions failli revenir, sans doute définitivement, sous le sceptre de nos rois).

[1] - Genèse XVIII 1 à 15 ; cantique de Marie Luc I 47 à 55 ; évangile selon saint Matthieu VIII 5 à 17

[2] - suite… se faire photographier à deux dirigeants, chacun faisant valoir l’autre pour son opinion nationale, la main dans la main, mais sans se regarder, les yeux vers les preneurs d’images, de même que l’essentiel des voyages officiels n’est plus une conversation approfondie à loisir, mais une conférence de presse « commune » donc pour la montre de chacun, plus longue que les entretiens dont elle est censée donner la substance. Ainsi ont dérivé les accords entre les hommes qui ne sont plus que semblants et les tutoiements qui ne sont plus intimité politique ou personnelle. Jésus le regarda et l’aima… accolades et poignées de main, de Gaulle et Adenauer … les regards en continu des trois personnages attablés sous le chêne selon Roublev

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