vendredi 30 octobre 2009

Inquiétude & Certitudes - vendredi 30 octobre 2009



Vendredi 30 Octobre 2009


Prier… mon cher aîné pratique le même petit livret que moi (Prions en Eglise) dont il trouve que les commentaires s’améliorent. Je me demande quant à moi comment on peut en écrire d’affilée à propos de plusieurs jours et sans vivre l’ambiance, soit personnelle, soit circonstantielle, donc en forme d’une perception très paramétrée d’un univers que nous avons en partage mais que nous regardons, subissons et parfois ambitionnons de changer, chacun de manière différente, ce qui donne du prix à tout unisson. Mais rien de cela ne peut s’anticiper, et l’écrit doit seulement tenter de tracer ce que le vent, l’eau, le soleil dessinnent si nettement dans l’immensité de nos âmes. L’évangile donne souvent – aujourd’hui – ce rétrécissement des vues et des pensées qui caractérise notre humanité vite fatiguée d’elle-même et donc agressive. Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? Jésus lassé de notre lassitude, veut nous faire trancher ces questions lancinantes : à chacun de ses miracles, la même réponse, non de s’émerveiller ou d’être au moins satisfait par ce qu’il vient de se passer, mais le petit bout de la lorgnette. Jésus réplique, puisqu’ils gardèrent le le silence, puis furent incapables de trouver une réponse, en simple logique humaine. L’urgence… Paul la ressent en premier de tous les missionnaires, mais un missionnaire aimant, brûlant, prêtre ouvrier avant l’heure, logeant paisiblement chez l’habitant – souvent des femmes fortunées, celles de Philippes – à l’aise et souffrant partout : il vit le dialogue présenté par le Christ en parabole, l’homme riche et Lazare le pauvre, les destinées éternelles, la conversion, le bonheur et le salut : j’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. En somme, Paul et Jésus sont à contretemps, parce que conscients de la souffrance humaine en même temps que du refus implicite ou déclaré de prendre les moyens de l’éradiquer.
[1]

matin

Donc, Jacques Chirac renvoyé en correctionnelle. Malgré la réquisition du parquet, fait-on remarquer. Dernier refuge de l’indépendance, le magistrat-instructeur, pour combien de temps, puisque la fonction de « juge d’instruction » doit être supprimée ? La probabilité est que le magistrat du siège va déployer des trésors de science et d’ingéniosité pour conclure au non-lieu ou à quelque chose qui ressemblera à ce qu’il a été dit pour Roland Dumas, à la différence près que l’ancien ministre n’avait été qu’imprudent tandis que le futur président de la République – afin précisément de le devenir – avait organisé un système. Système il est vrai pas inutile dans certains cas, et généreux dans d’autres. Lacune de l’organisation qu’il eut fallu revoir, mais moyennant des débats et des votes en conseil municipal, lacune évidemment des règles comptables. Quant à l’inculpé, c’est la pose habituelle depuis des années de tous les prévenus : serein, confiant, la justice de mon pays, etc… Habileté de Sarkozy, à part un prix d’appartement et un peu d’immobilier révélés sans insistance pendant sa campagne présidentielle, il semble « pur ». je chercherais du côté du cabinet d’avocat dont il semble, en trio, n’avoir rien abandonné. Mais est-ce malversation ? Le couvert à 5.000 euros au frais du contribuable pour le sommet méditerranéen n’est pas de ce ordre, vu la fonction de l’ordonnateur, et bouleverser le mode de gouvernement républicain en auotcratie, non plus.. – C’est Ségolène Royal qui a le mot juste. "Même s'il le mérite, je pense que ce n'est pas bon pour l'image de la France". "Ce sont des affaires très anciennes" et "aujourd'hui Jacques Chirac a sans doute beaucoup de choses à se reprocher si la justice le poursuit mais en même temps il a donné beaucoup au pays", a affirmé Mme Royal."Aujourd'hui, c'est un homme quand même qui mérite d'être tranquille", a estimé la présidente de Poitou-Charentes. "En même temps il faut que la justice soit la même pour tous", "pour les petits comme pour les puissants", a-t-elle tempéré.

Règle confirmée : rythme hebdomadaire du scandale nouveau. Fonction politique : un clou chasse l’autre. Frédéric Mitterrand, Clearstream, Jean Sarkozy, Angola et maintenant Jacques Chirac. Quel sujet ? et qui ? la semaine prochaine…


midi



Mais l’étonnant est que chacun de ces scandales ou procès n’a aucune conséquence politique, alors que les rares « affaires », sous de Gaulle, eurent d’immenses conséquences pour l’accomplissement du second mandat du Général : Ben Barka et Markovic. Rives-Henrys et la Garantie foncière déstabilisèrent Jacques Chaban-Delmas, les diamants de Bokassa eurent raison de VGE. Aucune cependant n’était vraiment procédurale et avec un contenu affirmé et public. Aujourd’hui, c’est la dialectique de la victimisation : des proches ou d’anciens collaborateurs de jacques Chirac en sont à répéter qu’il ne pouvait arriver mieux à celui-ci, car la notoriété, le bruit de la presse sont le summum du succès. Ce qui explique aussi l’hérédité, on a tant de mal dans l’anonymat statistique de maintenant et l’enflure universelle des communications à se faire voir et entendre, qu’il faut s’imposer par tous moyens, y compris par ce qui, naguère au temps où les faillis se suicidaient, était honteux.

Des familles portent plainte pour savoir la vérité sur la chaîne du commandement en Afghanistan. On voit ce que donnerait une instruction consentie puis menée par le parquet.


soir


La France a eu pendant cinquante ans sa chance, elle ne l’a jouée qu’aux débuts de l’Europe, conçue, inventée, institutionnalisée, motivée et réorganisée par elle, les vingt premières années : celles de Schuman, Monnet, de Gaulle et Couve de Murville. Ensuite, les erreurs : les élargissements pas tant deux à l’Est ou à la Turquie, mais l’initial qui a instauré le flou dans les capacités et les intentions de mettre en œuvre les traités et de pratiquer l’indépendance, la résurrection d’une personnalité collective, l’Europe vieille et vitale. Les erreurs : l’OTAN sans cesse rappelée dans les textes qui devaient nous en émanciper, au contraire.

La présidence du Conseil européen – qui n’a aucun pouvoir mais qui sera tellement en vue – exercée par tout autre qu’un Français, signifiera d’abord que la France n’est plus reconnue comme l’inspiratrice décisive. Il est vrai que nous n’aurions comme candidats que des personnalités certes éprouvées mais âgées quoique parfaitement capables de tenir les trente mois du mandat : Jacques Delors et Valéry Giscard d’Estaing. On voit combien un Jacques Chirac conséquent aurait été utile : démissionnaire pour cause d’Europe au referendum négatif de Mai 2005 et évidemment pas mis en examen en Octobre 2009… La présidence la moins infidèle possible au dessein fondateur serait, selon moi, l’élection de Juncker, l’inamovible chef du gouvernement luxembourgeois, que notre président avait le front de vouloir arracher à la présidence de l’Eurogroupe pour avoir une place en prolongation de ce semestre, encensé par beaucoup et que j’ai jugé désastreux et mensonger pour l’Europe et pour nous. Un énième sommet pour rien. La bataille qui a occupé nos chefs est le montant des subventions à la réduction des émissions de « gaz à effets de serre », tout le reste se fera en coulisse. Nous pourrions espérer sérieusement que Védrine soit « ministre des Affaires étrangères », mais allons-nous vraiment nous y employer ? Le choix de Blair correspondra à la ligne Sarkozy : coller aux Etats-Unis alors même qu’Obama va sombrer (dans le ridicule) en envoyant, prix Nobel de la paix, des renforts en entretien de la guerre en Afghanistan. Son successeur seul y mettra fin. Je suis convaincu que – faucon – McCain aurait pu s’imposer aux militaires. Et rien, pas la moindre concertation, sur la crise économique et le désastre social.

L’objection tchèque a été peu dite, il semble qu’elle ait porté sur les fondements juridiques que le traité de Lisbonne aurait pu donner aux réclamations des « Allemands des Sudètes ».

[1] - Paul aux Romains IX 1 à 5 ; psaume CXLVII ; évangile selon saint Luc XIV 1 à 6

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