mercredi 27 janvier 2010

Inquiétude & Certitudes - mercredi 27 janvier 2010


Mercredi 27 Janvier 2010

Prier, le temps d’arrêt qui est réalité mouvement vers l’essentiel et rassemblement.
[1] Samuel faiseur de rois, et évidente référence pour le sionisme s’il est pris au pied de la lettre, comme Josué le serait pour les exactions contemporaines en Palestine. Politiquement, ce n’est pas négligeable, mais spirituellement nous devons chercher ce que dit l’histoire qui est toujours parabole pour notre présent le plus vif et problématique, celui de notre salut, salut de notre génération, salut de la création, salut de ceux et celles que nous aimons. C’est la parabole de la prédilection, la parabole nous enseignant que nos bonnes volontés, nos pulsions, notre abandon-même à la volonté de Dieu et à sa Providence, à ce que nous croyons savoir de Lui (à tort ou à raison) sont tout à fait secondes par rapport à Lui et à ses desseins. L’origine, c’est Lui, la fin c’est Lui, le projet c’est Lui, la fécondité et la réalisation, la concétisation c’est Lui. C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau… J’ai été avec toi dans tout ce que tu as fait… A David voulant édifier le Temple et la demeure de Dieu, Yahvé fait répondre par Nathan, le prophète, non pas son propre nomadisme à l’instar d’ailleurs d’Israël jusqu’alors, mais qu’Il habite et habitera où Il veut et selon ce qu’Il veut. Enseignement aussi – qui nest pas accessoire – du rôle de chaque génération et de toute paternité et filiation humaines dans l’édification du genre humain et l’accomplissement de la création. Ce que nous faisons en Dieu a sa stabilité et sa postérité. Parabole du semeur et des grains. Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. Référence directe à l’Ecriture : Ils pourront bien regarder de tous leurs yeux, mais ils ne verront pas ; ils pourront bien écouter de toutes leurs oreilles mais ils ne comprendront…. Vous ne saisissez pas cette parabole ? Et Jésus fait suite à l’Ecriture et à son constat pour les faire mentir, il explique lui-même. De connaissance de Dieu que par Lui, le Christ. Qu’en Lui. Intellectuellement, Jésus pose aussi la question : alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? La clé lui paraît si simple pour nous, et nous ne la prenons pas, alors que nous l’avons en mains, reçue, donnée.

Sarkozy, interminablement, devant « le public de grande qualité » qu’est celui de Davos. Il vient pour la remière fois à ce Forum, tout simplement parce qu’il a pu en éliminer avant l’été l’organisateur pratique, celui qui lui a succédé dans le lit, le cœur et l’estime de Cécilia… les rapprochements qu’à l’époque psychopathologique que nous vivons en politique (et en direction des grandes entreprises) ne sont pas assez faits. Proglio était des invités à la soirée du Fouquet’s, le soir du 6 Mai 2007, dont il a été noté que près du quart a été depuis nommé ou promu dans l’un ou l’autre des ordres nationaux…

Le discours lui-même – sans « prompteur » - est lu, déchiffré avec des respirations par mimiques : l’adolescent interrogeant le complice imaginaire que j’ai cru qu’il cherchait pour trouver une contnance – les trois fois où j’ai vu passer le Président de la République, de très près, dans l’allée médiane d’une assistance déférente mais pensant à autre que lui. Le ton est le même que celui que nous connaissons et prétend par une logique personnelle et simpliste convaincre on ne sait qui ? car entre Etats ce n’est pas la logique qui rapproche ou qui l’emporte mais les relations d’intérêt. Quand il ajoute à son texte, fautes de grammaire ou de compréhension du sujet abondent. Les leit-motiv sans hiérarchie d’importance restent les mêmes : le bonus, la spéculation alors qu’il couvre les salaires des dirigeants excessifs. La description du mauvais élève de la classe mondiale correspond évidemment à la Chine, mais que nous pelotons par ailleurs avec une constance et une frousse que n’a aucun autre gouvernement de notre mouvance – Amérique ou grands partenaires européens.

Ses deux gloires qu’il affiche – me faisant penser à ce petit escroc convoqué devant le tribunal d’instance de Ploërmel en Novembre dernier (juridiction supprimée depuis le début de cette année et fusionnée à celle de Vannes) qui défiant le vieux prêtre qui lui avait loué son logement sans bail et de confiance, se retournait sans cesse vers sa compagne avec la mimique : tu as vu si je les enfile… hein ? – les deux gloires de Sarkozy sont cette gouvernance mondiale économique pour le XXIème siècle qu’il aurait mise sur pied : le G 20, et d’autre sa certitude que la crise est terminée, sans doute grâce aux médications et aux réunions qu’il aurait zélées. C’est du délire si ce n’était un discours de dirigeant – de grade important.

Scènes de catastrophe et de désastre en Belgique. Le roi, sans mise en scène, est sur les lieux. L’hérédité dans une famille qui déjà répondu du pays et dont les enfants sont éduqués en vue du devoir à accomplir sans en rien personnaliser l’exercice reste mon admiration pour les pays qui ont su le garder ou le réinstituer, et mon vœu pour la France. Un Sarkozy en serait ainsi limité médiatiquement et moralement, donc politiquement : Premier ministre quelque temps…

Sur Arte, énième documentaire sur Auschwitz mais qui, par quelques récits : ceux des « liquidateurs », me parait surpasser tout en réalisme et précision. Deux points de textes dits en mauvais accent anglais ou allemand par des Tchèques juifs, mais admirables de ton. Eviter à tout prix une panique au sortir du train ou en allant aux salles de désinfection, car la tuerie en plein air aurait grippé toute la machine, empêché l’arrivée du train suivant et ainsi de suite. La mort par étouffement en dix ou quinze minutes avec d’horribles et instinctives batailles dans les salles sans lumière, le gaz faisant son effet de bas en haut, les corps durs comme du basalte une fois la mort, on ouvrait les portes, c’était un déversement de matériau comme d’un camion-benne. Deux questions demeurent ? comment a-t-on pu pardonner à l’Allemagne, aux Allemands ? les Juifs en fait ont transféré leur haine et leur action de culpabilisation sur l’ensemble des peuples et Etats « occidentaux », sur l’ensemble des Européens, évidemment par sur les Africains et les Asiatiques et pas non plus sur les Américains, au contraire. L’Europe n’en finit donc pas de se sentir autant coupable que la seule Allemagne. Les médias pilonnent les opinions publiques actuelles sur ce sujet – comme sur le climat jusqu’à Copenhague – mais la question de maintenant : la dépendance européenne vis-à-vis des Etats-Unis, dépendance d’un continent vis-à-vis d’un Etat extérieur qui n’a pas d’analogue sur le reste de la planète, les questions de l’OTAN et l’amalgame de la lutte contre le terrorisme ne sont pas traités.

Quelle époque que ce moment français depuis le 6 Mai 2007… tandis que Le Monde titre : « de TF1 à Davos, Nicolas Sarkozy part à la reconquête de l’opinion » et consacre une page au film que nous regardons en ce moment, et fut d’abord diffusé en 1985 ? en polémiquant notamment sur le prix Interallié (un roman sur la vie du courrier entre Varsovie et le gouvernement polonais en exil à Londres) mis en cause par Claude Lanzmann… nous écoutons ce Jan Karski, bouleversés par son témoignage-récit-mémoire : le moment, les moments qu'il raconte, et le moment où il le raconte, pendant qu'il le raconte, deux présences également difficiles à soutenir. On ne peut être plus vrai, plus contagieux. Nous sommes avec lui et dans ce qu'il a vu et ressenti, qu'il ressent à nouveau, que nous découvrons donc. Comme ce Tchèque, parfois terrassé par l’émotion et pleurant, muet, stoppé au milieu d’une phrase (l’hymne national tchèque et le chant mortuaire juif chanté à Theresienstadt par les arrivants qui ont compris à quoi ils sont destinés dans les minutes qui viennent et cette femme qui le prie de les quitter pour pouvoir témoigner et faire savoir au dehors…, Karski, au visage d’une race impressionnante, parle avec une intensité que je n’ai jamais entendue, dit lentement des mots d’une force littéraire que seuls ont atteints le Coran, le livre de Jérémie, celui d’Isaïe aussi. Il n’est pas juif, il était courrier, il ne connaissait pas le ghetto de Varsovie, n’avait jamais entendu parler de l’entreprise d’extermination des Juifs par les Allemands de Hitler. Au cours d’une mission de liaison, il est approché par deux chefs du ghetto, l’un chef de la communauté, l’autre sioniste. Récit d’une force bouleversante de la conversation que ceux-ci ont avec lui, et plus encore de la visite du ghetto, deux visites que ses compatriotes lui demandent de faire. Il l’accomplit avec le chef du Bund. Mission, crier aux personnalités dirigeantes des Alliés que l’extermination des Juifs est sans précédent dans l’histoire, qu’elle va être totale même si Hitler perd la guerre et qu’empêcher cette extermination doit être traitée indépendamment des stratégies militaires. Déclarations officielles et surtout information du peuple allemand et si celui-ci ne fait pas pression sur ses gouvernants, des bombardements de représailles explicitement motivés. Ce n’est ni un témoignage, ni un récit, c’est une sorte d’accouchement, d’aveu haletant comme lors d’une séance – puis-je supposer – où un neuro-psychiâtre délivrerait son patient d’un fardeau insoutenable. Jan Karski s’effondre à plusieurs reprises. Et il est impossible de ne pas entrer dans son émotion : les heures brèves qu’il vit, sans paroles, dans le ghetto. La suite n’est pas dite tant elle est connue. Les Alliés n’ont rien fait, la résistance intérieure polonaise n’a pas fourni d’armes au ghetto révolté et l’armée soviétique a laissé l’armée allemande réprimer, à sa guise, la révolte du de l’ultime désespoir. Comment notre fille réagira-t-elle à la re-diffusion d’un tel film, d’un tel témoignage ? et qu’ont donc fait les Juifs sionistes de l’Etat qu’ils ont bâti ? Ce n’était plus un monde ni l’humanité que le ghetto de Varsovie.

Ce contraste entre le dérisoire des actuelles dialectiques de la politique intérieure française et les grandes responsabilités de nos générations dans l’évolution – la cécité – de notre époque.

[1] - 2ème Samuel VII 1 à 17 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Marc IV 1 à 20

Aucun commentaire: