jeudi 8 juillet 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 8 juillet 2010

Jeudi 8 Juillet 2010

Prier…
[1] la parabole de l’été à midi en juillet, les épaules et le front lourd de ce que j‘ai vêcu hier, en famille, en couple et chez mes amis moines de Sainte Anne de Kergonan. Le prêtre… confirmations et mises au point selon Jean Paul II et Benoît XVI. Il y a quarante ans j’écoutais à Notre-Dame (de Paris) le Père Carré puis le Père Calvez, mais surtout toute mon enfance et toute mon adolerscence furent mouvementées et structurées par le : Dieu m’appelle-t-Il ? la question demeure quoiqu’elle soit autre puisqu’elle n’est plus en termes d’état de vie, mais en termes de rencontre absolue et de responsabilité, moi et les autres, moi rencontré et les autres qui me donnent et qui m’attendent. Et cette matinée qui a avancé, où j’ai été débordé par l’actualité de ce pays aimé, la Mauritanie, et de ce pays aimant, notre France à qui rendre honneur et figure. Tous ces gens dans le besoin chez nous à qui depuis quinze ou vingt ans, chaque « réforme » demande de se priver ou de se réduire, et qui sont hors d’état de demander aux dirigeants successifs : mais que faites-vous des responsabilités que nous vous confions ? que faites-vous de nos efforts ? pourquoi vous trompez-vous ? pourquoi préférez-vous vos positions, vos situations, vos aises à ce bien commun qui doit fonder – seul – la politique, la vie en société ? cette priorité, cette hantise que Jésus inculque à ses apôtres : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Sérénité de la mission si elle est accomplie avec sincérité, alors même que la dépendance totale est acceptée par avance : ne vous procurez ni or ni argent… ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. S’en remettre à l’accueil : informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir, et restez chez lui jusqu’à votre départ. Les Actes des Apôtres montrent que Paul suit à la lettre ces conseils. Divins… et si pratiques. Dieu n’est pas dans « l’éther ». Et pourtant, si proche et si ressemblant… voici Dieu selon Osée comme selon Claudel… ils ont refusé de revenir à moi ; vais-je les livrer au châtiment ? Non ! Mon cœur se retourne contre moi, et le regret me consume, je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère… Je suis Dieu, et non pas homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint et je ne viens pas vous exterminer. Jésus transmet : en entrant dans la maison, saluez ceux qui l’habitent. Si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle.


matin


Il paraît que l’ex-comptable de Liliane Bettencourt se rétracte partiellement. Les pressions sur elle doivent être énormes. Elle est le témoin par lequel le mandat présidentiel plus encore que la carrière d’un ministre peuvent être interrompus… ce sont évidemment ces pressions – et pourquoi pas l’attentat tant l’enjeu est énorme ? – qui sont la vraie réponse du pouvoir en place. La majorité aligne toujours les mêmes arguments : l’homme est personnellement insoupçonnable, les attaques sont en elles-mêmes immondes ce qui permet de discréditer la presse et l’opposition, d’appeler à la démocratie (laquelle interdirait donc contrôle et critique), Frédéric Lefebvre transcrit en « tribune » écrite le morceau de bravoure, spécieux mais bien dit, de François Baroin mardi après-midi au Palais-Bourbon… et il renchérit : Sarkozy depuis trois ans installe bien une République irréprochable… Même mimétisme, après que son mari ait porté plainte (tout simplement pour avoir accès au dossier), Mme Woerth veut absolument « être entendue », mais elle se charge elle-même en disant ne pas s’être rendue compte du conflit d’intérêt du fait de la position gouvernementale dudit mari… Georges Kiejman voulant couvrir sa cliente assure qu’il ne s’agissait nullement de subventionner la campagne présidentielle de Sarkozy, mais seulement d’argent de poche : ce qui est encore plus gros. Sarkozy en argent de poche, et en une seule enveloppe, reçoit quatre fois le montant annuel de ma modeste retraite… sans compter que tant de Français sont ces semaines-ci sous la coupe d’un contrôleur ou d’une contrôleuse des impôts avec à la clé des « propositions de rectification », cela s’appelle ainsi.

On a cependant avancé hier soir en sortant de la discussion vrai ou pas vrai ? ce qui est le dire de l’opposition / atteinte à la démocratie, abaissement du niveau, parti pris de salir et jeu favorisant les extrêmes ? ce qui est le dire de la majorité, et en entrant dans la problématique, comment sortir d’une crise qui est devenue politique. Un remaniement ? cela n’a de sens que si Woerth est viré ou se vire. Le président socialiste de la commission des Finances – déjà à mettre en demeure le président de la République de s’appliquer à ses propres émoluments les mesures d’austérité imposées aux ministres – suggère la dissolution. A quoi applaudit… Alain Juppé : ce serait sa revanche de 1997, pas le seul à plonger ! et Sarkozy en cohabitation avec Aubry comme Premier ministre pour sa dernière année de présidence, ce serait intéressant.

La probabilité est un dégonflement, sauf fait nouveau, soit dans l’affaire elle-même, soit chez les Woerth, l’un qui craque nerveusement : ce serait alors le mari qui semble surpris par le gros temps.


soir

La rétractation de l’ex-comptable ne concerne que Nicolas Sarkozy. Le journal télévisé parle de sa fuite des pressions médiatiques : quelle antiphrase, c’est la pression du pouvoir, sa seule sauvegarde aujourd’hui, ce sont les médias. Trouvée morte ces jours-ci, le pouvoir seul serait soupçonné. D’autres menaces donc.

J’ai couriellé aux députés de gauche :

Chers députés de gauche,

je vous adresse de temps à autre des opinions ou des alertes, soit sur nous, soit sur des pays ou des causes qui me sont chères, et que je connais, ainsi la Mauritanie livrée au fait accompli d'un coup militaire depuis bientôt deux ans.

Et je m'honore d'avoir été souvent reçu par François Mitterrand de 1977 à 1994, l'accompagnant dans des voyages officiels ou le recevant au Kazakhstan où lui et Pierre Bérégovoy m'avaient chargé d'ouvrir notre ambassade en 1992. Et d'avoir eu bien de mes papiers du Monde repris par l'Humanité quand René Andrieu en était le rédacteur en chef : que de moments aussi en tête-à-tête. La gauche a ses séducteurs qui sont en même temps des hommes de conviction et des patriotes. Elle doit revenir au pouvoir, non pour elle, mais pour les Français qui n'en peuvent plus d'être dirigés et représentés comme ils le sont.

Ce soir, simplement :

1° l'ex-comptable des Bettencourt est en danger physique. Cette ambassadeur - femme - des Etats-Unis auprès de Sadam Hussein, lui donnant à penser en Juillet 1990 qu'il pourrait intervenir impunément pour "récupérer" un Koweit assurément irakien, fut tuée en accident d'auto. alors qu'elle se rendait quelques mois après la fin de la guerre du Golfe, au Capitole pour témoigner devant la commission ad hoc du Congrès... L'ex-comptable a le témoignage qui peut anticiper la fin du mandat présidentiel, et donc de l'expérience la plus anti-démocratique qu'ait subie la France en temps de paix depuis la Révolution. Déjà, ses débuts de rétractation... et l'immédiat salut de l'Elysée. L'enjeu est immense. Cette femme n'est pas devant un juge d'instruction mais devant le parquet et la police, nuitamment tirée de chez elle. Schéma anticipant la "suppression du juge d'instruction" : nous voyons pourquoi

2° la solution juridictionnelle aux affaires en cours - rien à voir avec un rapport de l'inspection générale des finances, hiérarchiquement soumise aux ministres régnant à Bercy - va requérir du temps. En revanche, l'issue politique est à trouver. Le pouvoir endort l'opinion avec les vacances d'été, puis la glorieuse présidence française du G20 réinventant, à l'initiative de Nicolas Sarkozy, l'économie politique depuis qu'il existe des sociétés humaines et le système de réseaux, de cooptations et de corruption qui défigure la France et qui gaspille nos énergies et nos ressources pour un nécessaire redressement national et une contribution à la mutation démocratique et indépendantiste de l'Union européenne, est reconduit, à terme échu, en 2012, par défaut. 33% de popularité, c'est minable mais, pour la première fois sous la Cinquième, c'est un chiffre qui correspond à des intentions de vote au premier tour (de Gaulle et Mitterrand étaient plus populaires que votés) : à ce niveau, et compte tenu de multiples candidatures de centre et de droite faisant réserves pour le second tour, puisque cette fois le Front national se vengera, Nicolas Sarkozy peut être réélu.

Or, il est possible de démontrer que cet homme a toujours reculé quand on lui fait face et qu'il a peur d'une véritable consultation populaire. Tout son système est d'éluder le suffrage universel pour le piper la seule fois où il sera obligé de le subir : 2012 en réseau et mise en scène, tutoiement de Dominique Strauss-Kahn et allusion à qui l'a fait nommer au F.M.I., si...

Il faut faire campagne pour la dissolution et le renouvellement anticipé de votre Assemblée. Si elle est élue dans la foulée d'une élection présidentielle reconduisant Nicolas Sarkozy par défaut, elle sera ce qu'elle est aujourd'hui : aux ordres, entérinant toute nomination, tout projet de loi et cherchant jusqu'aux exposés des motifs à l'Elysée-même, sans la moindre nostalgie du vote de conscience ou du retour devant les électeurs. Aucune procédure d'empêchement, aucun vote pour la Haute Cour, aucune censure (puisque François Fillon est le rechange pour la droite e qu'il a contresigné absolument tout ce que voulut Nicolas Sarkozy, sauf sans doute la disparition de sa propre fonction) ne sont possibles. Nous vivons un régime où il n'y a plus de sanction à l'exercice du pouvoir que dans la non-réélection.

Au contraire, la dissolution maintenant - que prône Alain Juppé qui y trouvera vengeance ou baume pour ce qu'il subit de railleries et de haine parmi ses "amis" en 1997 (avec Dominique de Villepin) - c'est la victoire des démocrates. Et si elle est refusée - comme a été refusé le referendum d'initiative populaire sur La Poste, dont l'état est justement décrit par la Cour des comptes ce soir - il sera clair que Nicolas Sarkozy n'est pas démocrate. Ce que nous savons, mais ce qu'il est bon de montrer puisque la leçon vous est faite de la tribune de votre Assemblée.

La France - société de tolérance ? de toutes les atteintes et d'un pouvoir personnel comme même les Bonaparte ne purent l'exercer. "L'Elysée a tranché... Nicolas Sarkozy a tranché...".

Chers députés de gauche, si le mouvement social est actuellement si faible alors que le scandale, la paupérisation, la précarisation sont si grands, alors que les réformes souhaités avec précision par les Français qui en savent les solutions ne siont pas faites, et que ce qui est appelé réformes n'est que casse du meilleur de nos acquis - c'est simplement par désespérance d'une prise en charge et d'une expression, d'une issue politique. Le prochain gouvernement - durable - de la gauche suppose la démocratie par les urnes mais l'épousaille résolue, par ce futur gouvernement, du mouvement social qu'il saura susciter chez nous, puis - France mère des révolutions qui réussissent - dans toute l'Europe.

Avec confiance et enthousiasme.

nuit

Médiapart maintient intégralement, et devrait fournir de nouveaux éléments dans la nuit. Edwin Penell, certes… mais le journaliste au Monde responsable de la traque de Pierre Bérégovoy. Ce qui est singulier, c’est que l’on puisse accorder la présomption d’innocence à Nicolas Sarkozy après trois ans de son règne… et que ne soit pas trouvée étrange un système d’interrogatoires et de confrontations sans juge d’instruction, uniquement devant des policiers à la brigade financière. – Le rapport de l’inspection ne serait « connu » que lundi. Le temps de le réécrire en week-end : c’est assezz gros.

Les scellés « perdus » de l’affaire Boulin (les photos. montrant le visage boursouflé par les coups, et la trace de liens aux poignets) sont retrouvés, mais l’enquête et les procédures pas forcément rouvertes. – Une députée PS mise en examen chez Michel Vauzelle pour détournement de fonds publics. Tout cela tombe bien.

[1] - Osée XI 1 à 9 ; psaume LXXX ; évangile selon saint Matthieu X 7 à 15

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