mercredi 29 septembre 2010

Inquiétude & Certitudes - mercredi 29 septembre 2010

Mercredi 29 Septembre 2010


Lu en m’endormant un livre
[1] du premier trimrestre 1950, sujet un suicide aux armées d’un juif russe marié avec une française à la campagne, débat sur l’amour et aussi sur un certain ostracisme, roman contemporain des plus grands à la même librairie Gallimard [2] Pauvrement écrit mais d’ « intrigue » originale, il fait ressentir que toutes nos maladies, aujourd’hui, dans les pays « riches » matériellement comme le nôtre sont des maladies mentales. Les nécessités vitales de l’après-guerre dans un contexte de totalitarismes successifs terribles ne sont plus nôtres, nos maladies sont celles du manque d’âme et de but, même si près de 13% des Français vivent au-dessous du « seuil de pauvreté » et que l’impunité des égoïstes et des riches matériellement par accaparement ou abus de position dominante, est éclatante. Manque de repères, manque d’autorité morale, manque de courage et de simple dignité personnelle de ceux qui sont en situation de rompre cet enchantement de notre distraction vis-à-vis de l’essentiel. Cela vaut dans tous les grandes et petits domaines. Nous avons perdu le sens de la nécessité – autrui, la société – et de la dignité – notre rapport à nous-mêmes et à Dieu. Nous sommes tous irresponsables. On dit – au plan budgétaire – que les pays « riches » vivent au-dessus de leurs moyens, les Etats, les pays , les personnes. Nous vivons surtout au-dessus de nos moyens spirituels et d’âme, totalement ankylosés, moteurs puissants putativement mais route à la lanterne, et encore. Prier donc… notant le livre, des pages s’ouvrent encore, je n’avais pas retenu que l’auteur est une femme, elle semble n’avoir fait aucun chemin dans la notoriété ensuite. Dernières lignes, l’ultime : Barny ne devait jamais acquérir la preuve nécessaire à une certitude. Et un peu au-dessus : L’amour n’est qu’une approximation. Aucun être n’a été conçu spécialement à l’intention d’un autre. On ne lit bien que plusieurs fois. (Car) presque tous les écrits sont polyvalents et nous en choisissons le sens, le plus actif n’est pas l’écrivain mais son lecteur, point commun, hors du livre, ils sont chacun inspirés. C’est un moine de Solesmes, qui à mes vingt ans, m’apprit à tenir des fiches de lecture. Il me donna aussi le concept cardinal de bien commun. Je lui donnai Brasillach et aussi le Narcisse et Goldmund d’Hermann Hesse. Peut-être vais-je entreprendre, en simple secrétaire, de noter propos et excursi d’une autoobiographie et d’une formation monastique et philosophique en trente ans du prestigieux monastère et trente ans de désert au Sahel. Ma propre vie n’aura valu que par des rencontres, et en prime inattendue et indicible, par l’amour conjugal et paternel (donc filial en retour) dont je suis honoré-gratifié-comblé.

Prier en action de grâces chantante. [3] Ce qui est notre devoir et notre œuvre et non la spécialité des anges et archanges. Mystère que cet enseignement et que cette réalité qui peut nous apparenter – dans notre propre mental – aux tenants des croyances « primitives », les esprits et autres, avec ces « démons » de l’évangile et de l’époque gréco-romaine ou des structures psychologiques de peuples qui ne nous sont pas familiers…[4] Réponse toujours actuelle, celle du Christ à Nathanaël : tu verras des choses plus grandes encore. Leçon simple, une part infime du réel, à tous les égards et dans tous les domaines, nos catégories humaines pour distribuer sciences et disciplines, mais fort peu l’inconnaissable… une part infime du réel, seulement, nous est aujourd’hui perceptible. L’éternité et la vie dont nous attendons encore tout, nous donneront seules la totalité à voir, comprendre, embrasser, aimer. Comment me connais-tu ? et tout commence par notre relation à Dieu, lequel a eu l’initiative aimante et cognitive. Chemin exigeant (terrible pour certains, mais accompagnés de Dieu) : Dépassant l’amour d’eux-mêmes, ils sont allés jusqu’à la mort. Central, chemin, moyen, horizon, compagnon : le sang de l’Agneau … à qui il fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le serviront. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. Combat des anges, plus efficace que le nôtre, cortège des anges, plus beau et splendide que nos plus intenses visions. Nous glisser parmi eux… l’action de grâces, seul mouvement de notre vie qui ne soit pas tâtonnant et dispersé. Surtout si elle reconnaît n’avoir presqu’aucun motif que l’appel divin à l’entreprendre, à s’y rendre et donner. . Introduction aussi - imagée par nos textes - à ce débat spirituel : l'accusateur de nos frères... celui qui égarait le monde entier... L'Adversaire au début du livre de Job, dialoguant avec Dieu... ou ici, le grand Dragon, celui qu'on nomme Démon et Satan, celui qui égarait le monde entier. Il fut jeté sur la terre et ses anges avec lui... Car l'accusateur de nos frères a été rejeté, lui qui les accusait jour et nuit deant notre Dieu. L'image contraire qui triomphe, voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ... les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l'homme. Entrer dans l'icône, les icônes et leur vérité quand le débat intérieur nous est terrible.

matin

Sans encore « prendre les nouvelles » ni lire une dépêche… certitude, au singulier et à l’exceptionnel, ces trente mois de Nicolas Sarkozy nous révèle. Il y a – chez les « Français de souche » – chez nous donc, un fond affreux de racisme, dravarice, d’égoïsme et de simplisme. Dans les commentaires aux dépêches d’AFP sur un récent arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, ou sur les déclarations initiales de Viviane Reding, ou sur les trains de mesures dictées par le président régnant, nonobstant toutes séparations des « pouvoirs » et surtout des fonctions (celle du Premier ministre qui a l’initiative des lois et le pouvoir réglementaire à l’exclusion du Président de la République) ou démarquées du discours de Grenoble, véritable déclaration d’identité du régime, je lis jour après jour des choses effarantes, effrayantes. On comprend comment une ambiance – celle de la collaboration, non celle du Maréchal – a pu prendre tellement dans tant d’esprits. C’est la même prise aujourd’hui. Les Afrikaners ou les Juifs d’Israël avaient quelque excuse, leur peur d’être submergés, mais nous… paradoxalement, les Français équilibrés sont ces beurs et ces émigrés de la première génération. D’ailleurs, ce sont eux qui inventent du vocabulaire et nous apportent un énième accent, proche du portugais chanté au Brésil. Notre fille un jour sur deux, pas six ans, poétise et improvise sur des airs de rap.

Inquiétude… comment et quand sera-t-il mis fin à une telle infidélité, une telle injure à nous-mêmes. Une simple élection présidentielle ? une succession « normale » ? J’entends déjà les cris de haine des perdants, en comparaison desquels ceux de 1981 ou ceux de 1984 (les tenants de l’école dite libre) n’étaient rien. Quant à la timidité de la gauche, l’expérience a été faite en 1997, on voyait littéralement comme dans les bandes dessinées, les goutelettes d’une sueur peureuse au front du Premier ministre arrivant sur les plateaux de télévision, pour notamment exposer la question des retraites … – Lionel Jospin qui avait depuis longtemps rêvé de l’être, qui en avait assurément la capacité et plus encore l’honnêteté pas seulement intellectuelle, mais n’en revenait pas de l’être. Il faut à nouveau le Premier consul. Nous l’eûmes en Novembre 1917, en Juin 1954 et, pour un décisif décennat, en Juin 1958… mais il faut surtout, nous : des démocrates et des vertueux. La chevalerie n’était pas une idiotie, elle a perdu à Crécy mais elle a redressé la France – intellectuellement en 1871-187…, à tous égards et d’abord moralement en 1940-1944 et ces grands fonctionnaires, remarquablement cultivés et experts, et plus encore désintéressés en carrière et en pécule, que la Résistance et la Quatrième produisit pour la re-fondation française aux débuts de la Cinquième République. Quel chemin prenons-nous ? chaque loi qui est votée depuis trente mois l’indique-t-il ? A quel moment un pouvoir légal devient-il illégitime ? à quel moment, un abus de prérogatives et d’emprise devient-il pathologique chez celui qui le commet et chez ceux qui le tolèrent ?

après-midi

Bruxelles et nous… Ambiguité de communication mais non de fond. Ce qui a été présenté en milieu de journée comme un recul de la Commission dans la mise en infraction de la France à propos du traitement que nous infligeons aux Roms semble un couple de décisions. Première décision : infraction caractérisée pour non-transcription d’une directive, directement applicable à ce cas de discrimination, la procédure est donc engagée avec d’éventuelles sanctions. Deuxième : toujours pas de sanction pour les expulsions de Roms et les discriminations, mais demandes d’informations supplémentaires, à savoir les dossiers des expulsés.

Budget de l’Etat, déficit de plus de 8%, tour de vis divers supplémentaires, pas d’évocation du chiffre de l’an dernier qui devait être à peine supérieur, engagement ou perspective, c’est flou, de 6% l’an prochain. Ce ne sera évidemment pas tenu.

[1] - Béatrix BECK, Une mort irrégulière (Gallimard . Août 1950 . 167 pages)

[2] - ABELLIO, Les yeux d’Ezéchiel étaient ouverts – Jean GIONO, Les âmes fortes – Marguerite DURAS, Un barrage contre le Pacifique – Joseph KESSEL, La fontaine Médicis – Pierre MAC ORLAN, Le bal du pont du Nord – Roger NIMIER, Perfide – Jules SUPERVIELLE, Premiers pas de l’univers

[3] - Apocalypse de Jean XII 7 à 12 ; Daniel VII 9 à 14 passim ; psaume CXXXVIII ; évangile selon saint Jean I 47 à 51

[4] - un ami allemand a ingénieusement fait revivre par écrit à ses enfants et petits-enfants, son adolescence et son expérience de la guerre en se donnant pour compagnon et protecteur… un ange. Et cela se « tient » très bien. Hypothèse vérifiée.

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