samedi 16 octobre 2010

Inquiétude & Certitudes - samedi 16 octobre 2010


Samedi 16 Octobre 2010


Prier… [1] nos procès, notre vie entière, vis-à-vis des autres et vis-à-vis de nous-mêmes est un procès en culpabilité, en regrets, en innocentement, au fond en discernement du vrai et du faux, de l’essentiel et de l’accessoire, un procès en responsabilité ou pas. Réponse : l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure même ce qu’il faudra dire. Moins obsessivement que le Coran, mais tout aussi clairement, la Bible, les évangiles surtout (comme si progressant spirituellement, l’humanité à la veille historique de l’Incarnation et du fait de la Rédemption, abordait ce qui est fondamental, la responsabilité humaine. L’Ancien Testament vivait dans la promesse, le Nouveau nous introduit, et le Coran à sa suite, dans la dialectique du choix à opérer, de la foi, notre foi à donner, donc de notre liberté et de notre responsabilité), l’Ecriture nous place devant la conséquence de l’histoire et de nos vies : le jugement (jugement qui est pour le Coran l’un des arguments de la foi en la résurrection, alors que pour le chrétien la résurrection ne se déduit pas, elle est le fait originel, le fait à l’origine de notre foi, résurrection du Christ gage de nos résurrections particulières). Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, alors même que celui qui dira une parole contre le Fils de l’homme, celui sera pardonné. Dieu fait homme peut ne pas être reconnu, à preuve la passion et la mort, physiques, historiques. Mais l’Esprit Saint, qui habite en nos cœurs (le cantique de mon enfance), non. : il est notre vie, il est en chacun de nous. Dieu-même. Mais accessible, perceptible selon le Christ. Et aujourd’hui l’Eglise : l’Eglise est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude. Théologie de Paul… nos commentaires en decrescendo vers une apologétique ressassée et peu contagieuse, sauf quelques géants (mais faillibles, Teilhard de Chardin) depuis les Pères de l’Eglise, si sûrs et imaginatifs parce que tellement remplis de l’Esprit Saint et en ayant conscience … place de l’homme : qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un Dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds. Roi et misérable, je suis, mais accroché à ce Christ par l’Esprit Saint. Pauvreté et richesse, par Lui, ne font qu’un.

petit matin

Veillée d’armes. Face à face : grévistes et manifestants d’un côté, le pouvoir de l’autre. Celui-ci est moins homogène : le président, le Premier ministre, la majorité parlementaire. Les liens peuvent aussi s’y rompre. On est déjà dans une configuration sans précédent sous la Cinquième République : le Premier ministre au secours du président, le Premier ministre arbitre puisque le président ne l’est pas. On a eu cette situation, mais en coulisses, pour la révision constitutionnelle. On va l’avoir demain soir avec Fillon sur TF1. La majorité parlementaire est cependant la position décisive et en même temps vulnérable que les opposants doivent enlever : que l’opinion publique soit assez forte et structurée pour faire douter les élus d’être réélus selon l’étiquette et le bilan de Sarkozy. Pour le moment, le pouvoir craint incidents, dérapages, perte de contrôle par les syndicats plus encore que par la police, il craint mais reste au mode éventuel. Pas d’indice qu’à ce stade, il cède.
Au-delà de l’impromptu Sarkozy – ainsi paraîtra ce quinquennat s’il est interrompu et surtout s’il n’est pas reconduit en 2012 – il y a l’ erreur française qui est particulièrement celle de François Mitterrand. Quitte à être européen, il fallait faire que l’Europe soit socialiste. Erreur préalable, l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun et le chèque accordé pour toujours, semble-t-il, à Fontainebleau en 1984. L’Angleterre a créé le précédent des élargissements à des Etats n’ayant pas la capacité ou pas la volonté de pratiquer l’acquis commeunautaire et la suite de notre trajectoire commune. Et c‘est elle qui a inculqué le modèle thatchérien en politique économique : le libéralisme, le mondialisme. L’occasion de faire socialiste ou au moins le modèle français de la seconde moitié du XXème siècle : le service public, la négociation sociale tripartite, la réglementation-cadre, s’est représentée à la victoire du non chez nous et aux Pays-Bas, il fallait porter ce nom et rédiger le traité de Lisbonne tout autrement. La Constitution en projet, rédigé par VGE, n’avait qu’un seul avantage mais décisif, quoiqu’hors sujet : désormais les textes fondamentaux de l’Europe auraient pu se réviser par les propres organes de l’Union, donc au besoin sans les Etats-membres. Lisbonne est un traité aussi mauvais que celui de Nice et nous nous vantons d’en être les inspirateurs les plus importants. Cela pour le cadre économique qui nous a amenés au désastre.

Mais le cadre politique est plus complexe. La gauche est devenu une réplique gouvernementale pour la droite à partir de 1981, mais au lieu de s’appuyer sur le mouvement social qui l’avait historiquement appelée depuis les années 1930 et s’était trouvée en opposition avec elle à la victoire électorale du Front populaire en 1936, elle s’est subtituée à lui et l’a quasiment éteint. Lionel Jospin a inscrit dans le sentiment général la déception : la gauche, une fois au pouvoir, ne tient pas parole ou ne correspond pas aux espoirs, elle a été timide entre 1997 et 2002. Ne sera-t-elle pas « vendue » si elle gagne en 2012 selon tel candidat ? En somme, on attend que la gauche au pouvoir, soit davantage à gauche qu’elle n’a été ces vingt ou trente dernières années, tandis qu’on attendrait de la droite qui sucèderait à l’extrême qu’incarne Sarkozy, qu’elle soit précisément un peu moins de droite.

La semaine qui vient va de toutes façons écrire un nouveau chapitre de notre histoire politique. En revanche, le vote « définitif » de la réforme des retraites au Sénat ou le remaniement ministériel sont à peine des péripéties. La question est la poursuite ou pas du mandat de 2007 tel qu’il a tourné cette année calendaire.

13 heures + Retour de la manifestation à Vannes. L’itinéraire toujours le même, on peut mesurer l’augmentation ou la diminution du nombre de participants au temps mis par la queue du cortège pour rejoindre sur la place de l’hôtel-de-ville – François Goulard en est censément le maître depuis près de dix ans. Les lycéens en tant que tels, des classes représentant le collège ou le lycée tel ou tel, ouvrent le cortège. Innovation cette fois-ci, les chansons, un groupe – personnels de santé semble-t-il – fait chorale avec haut-parleurs : bouteille fixée sur la tête et encollée de ces papiers-dentelles blancs que les pâtissiers glissent sous leurs gâteayux, cela fait coiffe bretonne, Pont-Labé… Il était un petit Sarko qui n’avait ja-ja-jamais écouté ohé ! ohé ! C’est un petit homme qui s’appelait Sarko, rouli-roula, un pas en avant, deux pas en arrière c’est la politique du gouvernement. Moins de conversations que les autres fois, pas de vravité, bonhomie générale, pratiquement pas de police sauf pour barrer aux voitures le trajet que nous faisons à pied. Un quidam a confectionné une pancarte sur les retraites des parlementaires : un mandat, 1548 euros par mois, deux : 3006 et trois : 4644 euros, au maximum : 6192… Débouché pour la seconde partie, les harangues et unissons sur la place, autour de la statue de Du Guesclin (il semble que des réunions de militants suivent à la dispersion). Les lycéens très en vue sur les escaliers. Les slogans : c’est la jeunesse qui g… le plus fort, c’est la vieillesse qui g… le plus fort, chacun choisissant sa série. Carla, on est comme toi ! on s’est tous fait b… par le chef de l’Etat. Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère. Retrait de la réforme ou alors çà va péter. De la première à la deuxième génération de la deuxième à la troisième génération, nous sommes tous mobilisés. Sarkozy, si tu savais… ta réforme où on se la met… au cul… au cul… aucune hésitation !
Le discours donné par une femme, cette fois-ci. Après les retraites, le budget d’austérité, donc amoindrissement du service public, destruction d’emplois. Plus de 60% de ceux qui arrivent à l’âge de la retraite sont au chômage. Les femmes à la retraite perçoivent en moyenne 30% de moins que les hommes : maternité, éducation des enfants. L’argent, il y en a dans les caisses du patronat. Aujourd’hui : dans la rue, demain : on continue.
A part celui du président régnant, pas de nom. La commission Attali dont le rapport sort et qui réclame l’austérité, l’affaire Denis Gautier-Sauvagnac et la découverte des caisses noires de l’UINM, Eric Woerth ne sont pas évoqués. Pas d’analyse non plus du blocage des raffineries et des dépôts de carburant, mais FO colle des papillons : bloquer !
Sensation : ce genre de manifestation n’a aucune prise sur le pouvoir en place. Seuls la grève, les blocages de raffineries, de dépôts de carburant, la paralysie des transports peuvent avoir raison de ceux qui sont à la tête du pays. On voit mal une négociation, ce n’est que manichéen en apparence. Il me semble – mais est-ce pratiquement organisable – que des grèves longues mais partielles seront politiquement moins efficaces que le serait un blocage total et de durée illimitée. En trois-quatre jours, il me semble que ce serait le KO. J’ai répété dans le cortège que la majorité ou le gouvernement sont incapables de mettre dans une rue une manifestation les soutenant. Seul, les gaullistes dans notre histoire contemporaine y sont arrivés : Mai 68 et ainsi sa conclusion.

17 heures 30 + Pas de pénurie de carburants, répète-t-on sur les ondes. Nous ne trouvons une station ouverte qu’après en avoir constaté trois fermées. Pas de rationnement. – France Infos. partiellement en grève : les nouvelles…. Martine Aubry appelle les jeunes à ne pas céder aux provocations. Les douze raffineries françaises en grève, dix d’entre elles arrêtées, réserves de carburant avion à Roissy : jusqu’à lundi. Les ports de Nantes et de Saint-Nazaire en grève jusqu’à lundi. Le gouvernement français, selon Viviane Reding, a envoyé en dix pages sa réponse hier soir à 22 heures 15, à la lettre de la commissaire en date du 29 Septembre. Avoir à transposer plus complètement la directive de 2004 sur les populations migrantes. Etude à la loupe pour diagnostic à débattre en réunion plénière de la Commission mardi. Commentaire : on s’éloigne de la procédure de sanctions de plus en plus improbable. – Je pompe… et parle à mon voisin. Vous croyez à la pénurie ? Non, mais je dois aller à Paris demain. Tout de même le gouvernement a été un peu fort. Oui, mais il faut bien taper sinon le pays va à la déconfiture. Enfin, on suivra le mouvement. J’ai encore vingt ans d’ici la retraite. Profil de l’électeur de Sarkozy, flou et discret vis-à-vis de l’extérieur.

23 heures 45 + Nouvelles télévisées : I-Télé… Eric Woerth, dans les couloirs du Sénat…à croire que l’on repasse la bande son-image de la semaine dernière : les manifestations sont en décroissance, signe que le gouvernement a été compris et que les Français voient bien que sans cette réforme, leurs retraites ne seront plus payées. Il nous faut donc continuer à expliquer, à écouter, à faire évoluer les textes. Donc, blocage. Chérèque demande la négociation et Aubry la suspension de la procédure parlementaire. Chacun disposé à contribuer aux solutions – Présentation lénifiante de l’examen commencé à Bruxelles des réponses de Paris sur les expulsions de Roms.
Débat sur un film à propos de Face-book. Débat sur un livre d’Edwy Pennel à propos de l’affaire Bettencourt, ce dernier a beau jeu de dire que c’est une affaire Sarkozy. Tout le monde le sait et le comprend, il n’y a que les jeux de rôle de la majorité actuelle pour faire semblant du contraire.On revient au scenario de ces six derniers mois : les révélations faisant l’affaire Bettencourt-Woerth sont un complot, le pouvoir avec Woerth et au besoin Sarkozy sont les victimes de ce complôt ourdi par qui ? par les conservateurs que sont les socialistes. Si cette manière de présenter le pur hasard d’une plainte pour abus de confiance devenue affaire d’Etat par des enregistrements clandestins mais validés par la justice, ne convainc pas, on se défend du présent en évoquant un passé de trente ans, donc Mitterrand et les écoûtes (en défense de sa fille). Même en suivant cette défense de la majorité actuelle, il faut distinguer la pratique Mitterrand qui était de protéger un secret familial avec d’ailleurs l’assentiment de toute la profession journalistique, de la pratique Sarkozy qui est de protéger le financement de la campagne de 2007 après celui de la campagne de Balladur en 1995 (Karachi) et après les emplois fictifs de la ville de Paris, financement de fait de l’accession au pouvoir de Jacques Chirac.

[1] - Paul aux Ephésiens I 15 à 23 ; psaume VIII ; évangile selon saint Luc XII 8 à 12

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