vendredi 1 octobre 2010

Inquiétude & Certitudes - vendredi 1er octobre 2010


Vendredi 1er Octobre 2010


Prier…
[1] joie d’entrer dans ce moment. Ma dévotion à Thérèse de Lisieux n’y est pour rien, je ne réalise qu’aujourd’hui est sa fête (l’anniversaire de naissance aussi de mon père) qu’en changeant de fascicule (Prions en Eglise). Dévotion remontant à une aventure dans l’île de Samothrace que je voulais visiter avant de quitter la Grèce où j’avais passé deux ans et demi : « la Victoire » Tempête effroyable dont la mer Egée a le secret. Plus c’est petit, cf. les lacs palestiniens, plus c’est violent. Je me foule la cheville en revenant du site archéologique vers le port où je suis bloqué trois jours, de lecture, je ne sais comment je l’avais mis dans mon sac, que l’autobiographie de Thérèse, édition d’époque avec culs-de-lampe 1900, ayant été donnée par mon arrière-grand-mère à ma grand-mère… Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? Début de catéchèse des parents en vue de la première communion de notre fille dans une grande année : thème, l’Eglise famille et ce que nous apportons aux enfants. Réplique évidente : ce qu’ils nous apportent par leurs questions, par les structures qu’ils nous font prendre ou reprendre, par la responsabilité qu’ils nous donnent du seul fait de leur naissance. L’évangile va bien plus loin que ma logique en réunion : si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux. Notre fille n’avait pas envie de prier hier ou singeait. Je lui apprends que n’avoir pas envie, il suffit de le faire savoir à Jésus, et c’est la plus belle des prières puisqu’elle la lui adresse. Elle me demande alors si elle fait des progrès en gentillesse. Quel adulte poserait cette question – et d’ailleurs à qui la poserait-il ? sauf les rapports imbéciles des hiérarchies au travail ou devant, peut-être , des magistrats de la remise en liberté ? Relation, la nôtre : celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille. Le prêtre sans doute signe de Dieu en Eglise, mais l’enfant plus encore : signe de Dieu dans l’évangile. A quoi penses-tu ? ma question souvent quand nous sommes en voiture, trajets de classe. Réponse : à rien. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. – Attitude du Seigneur, celle qui nous est révélée par tout l’Ancien Testament, et qui appelle la nôtre : vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux. De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai. Prière et attente s’élargissant à toutes dimensions, le Christ de Corvovado, après la victoire de Samothrace, hasard de mes affectations antan, naissance et parabole quotidiennes de notre fille : je n’ai pas le cœur fier, Seigneur, ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins ni merveilles qui me dépassent. Non, je tiens mon âme égale et silencieuse. Ainsi soit-il tandis que vient, sous la pluie, le jour qui suit hier et précède demain. L’Esprit-Saint lui-même affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers. Quelle richesse, abus de puissance ! au revers de toutes nos moeurs humaines.

matin

Je mets en regard un grand papier dans Le Monde d’Olivier Duhamel et le houvari provoqué par le livre de Martin Hirsch. Celui-ci objet du « duel » quotidien sur France-Infos. Opposant quelqu’un de Marianne et quelqu’un du Figaro. Presque toujours Le Figaro, souvent Le Point comme organes gouvernementaux. La droite toujours en attaque et criant au procès, au parti pris ou à l’hypocrisie quand elle est attaquée, et déniant toujours la légitimité de l’attaque. Sur plus de cinquante ans de Cinquième République, la gauche en tant que telle n’a gouverné-légiféré que trois législatures, soit quinze ans seulement et chaque fois avec des majorités étroites voire par défaut, et sans jamais avoir, par elle-même, la majorité constitutionnelle. Génie du rédacteur au Figaro. qui ne peut évidemment approuver les conflits d’arrêt et distingue d’ailleurs avec justesse les anglo-saxons : ne pas même se mettre en situation de risquer, avec notre tolérance initiale, et nous-mêmes : ne pas commettre… ligne ensuite de défense de la majorité et du pouvoir, Martin Hirsch n’attaque pas ses amis, ne les dénonce pas, vg. les Kouchner.

Duhamel observe un lien entre personnalisation excessive du pouvoir et populisme xénophobe, réduisant à rien le contenu du discours politique. J’affine…c’est surtout la montée du « people », on vend de la vie privée des politiques et surtout du président régnant, mariage et amours, tous multiples et irréguliers. Prodromes, l’idée que plus on voit quelqu’un, plus on se fait voir, plus on communique, plus on se fait aimer. Il est légitime que les citoyens connaissent qui les dirige et même aient quelque idée de l’emploi du temps des princes régnant et pas seulement de leur programme d’origine. Il est, en théorie, indispensable que les citoyens participent au maximum à la décision et donc à la « vie » politique. Mais on aboutit – version française, je ne me prononce sur aucun autre Ertat comparable, car pour le faire il faudrait y vivre quelqute temps et connaître tout le non-écrit mais su par tout le monde qui forme le jugement implicite des gens vis-à-vis du pouvoir qui les régit de plus en plus – on aboutit notamment « sous » Sarkozy, à une simple figuration au spectacle. La communication si pesante et répétitive, si orchestrée et centralisée de thèmes à l’Elysée depuis 2007, est à sens unique : du prince aux sujets. Ceux-ci sont fréquemment « sondés » mais jamais consultés formellement (referendum, dissolution n’ont plus de sens : jurisprudence Chirac). Dans beaucoup de cas, on façonne l’image publique pour correspondre à ce que l’on croit le désir ou l’imagination d’image dans l’esprit public. Ce devient sans rapport avec la politique pratiquée et les choix et actions posés. Trait ultime, et le plus dangereux, le prince a peur du peuple et croit ne pouvoir l’emporter qu’en pipant les dés : notre prince ne va au Salon de l’automobile – aujourd’hui, avec affirmation du PDG de Renault que la crise est terminée – qu’à guichets fermés, avant l’ouverture demain au public… notre prince a déjà les statistiques de manifestants à la mi-journée du jeudi 23 Septembre. Il s’est ingénié à peser sur la chronologie législative (consignes au président de l’Assemblée nationale) pour que le vote parlementaire influence les manifestants et non le contraire.

Tout cela admis parce que les carrières politiques dépendent du pouvoir en place – beaucoup plus à droite qu’à gauche. Légalisation par la révision constitutionnelle, on ne repasse plus devant l’électeur quand on quitte (honteusement souvent) le gouvernement et l’on a son siège de droit. Problème souvent posé et que je ne résouds pas : limiter la durée des carrières électives, ce qui revient dans certains cas à priver le pays (les deux mandats seulement du président de la République – quoique, à vérifier, si cette limitation est postérieure à l’élection de 2007, elle ne s’applique pas à l’élu de ce scrutin) ou une collectivité de la seule personnalité capable de… etc.

La SNCF – pour soi-disant financer ses lignes déficitaires – veut la liberté entière de sa tarification des voyagers par TGV.

Duhamel : Sarkozy ne se contrôle pas. Goulard : pour Sarkozy, décider et communiquer sont un seul acte. Un homme trop peu structuré, pas élevé, sans père, peureux du peuple et donc influençable sous une phraséologie d’impavidité et de contrainte d’autrui. Qui imiter pour tenir : Merkel ou Berlusconi ? Le poids des conseillers et la révérence qu’en a le prince, les laissant s’exprimer. .

après-midi

Sarkozy au salon de l’auto. Sans le peuple mais avec auditoire de complaisance. Discours sur les raisons des délocalisations : les 35 heures et la taxe professionnelle. Connaît-il l’origine de la première (la « serisette » pensée en 1975 et décisive pour les collectivités locales les plus proches des Français : la commune) ? et la loi sur les 35 heures, comment et pourquoi depuis 2002 que la droite est au pouvoir, ne l’a-t-on pas abrogée ? L’éleocution habituelle, du langage parler, de la répétition, toujours cette vulgarité qui pourrait avoir de l’originalité, véhiculer des saillies, retenir par du ton…

La pluie demain sans doute partout, au moins le matin, peut-être de l’éclaircie en Ile de France l’après-midi. La pluie soutien de Sarkozy !

Otages. L’ombre – désormais celle d’un justicier – de Michel Germaneau plane sur la nouvelle aventure. Hervé Morin continue de prétendre que la France n’avait aucun contact et ne connaissait aucune revendication, et cela pendant des mois (version contestée par Aqmi, et l’attente ne fut que de trois mois). Pour l’affaire présente, tout semble dépendre des Maliens et la probabilité est qu’Al Jazeera a transmis des revendications en même temps qu’elle diffusait la « preuve de vie ».

Très grave mais attendu et compréhensible. Le Pakistan ferme sa frontière afghane pour les camions ravitaillant les forces de l’OTAN, notamment en carburant : l’opinion publique de plus en plus anti-« occidentale » et les bavures de la « coalition » excessives, les trois soldats tués. Nous soutenons un président corrompu réélu sans compétiteur, une cause non partagée par la population face à des nationalistes d’armement équivalent et d’une connaissance du terrain et des tactiques de la guerilla très supérieure à la nôtre. Nous sommes sur la défensive et n’occupons que peu de terrain. Alors ?


soir

Au Pakistan, ce ne serait pas encore le blocus de la frrontière, mais l’incendie des camions-citerne. N’importe nous avons ce pays contre nous. S’il devait y avoir un gouvernement ou pays intéressé à cette guerre d’Afghanistan, ce devait être le Pakistan. Autre voisin de notre théâtre, l’Iran dont l’intérêt est évident. L’Irak – toujours sans gouvernement – était, sauf côté Iran, à peu près encerclé par des gouvernements amis ou intimidés par les Etats-Unis.

Le Monde titre sur la trouvaille du Canard qui a consulté un procès-verbal de réunion et une lettre, montrant qu’à Matignon, sans doute sur ordre de l’Elysée, on a couvert sciemment le « contournement » de la loi anti-écoutes téléphoniques qui avait été délibérée et votée consensuellement il y a une dizaine d’années. Qui a montré ces deux papiers, on ne le saura pas et Le Canard n’a pas pu prendre de photocopies. Mais l’essentiel y est : la commission de contrôle, éventuellement a posteriori dans l’urgence d’une menace d’attentats, n’a jamais entendu parler des dérogations et de son auto-dessaisissement, sinon que son président est nouveau (le précédent au Conseil constitutionnel depuis le printemps), que Daniel Vaillant – compétent sur ces sujets, s’il en est – nie que le sujet ait été à l’ordre du jour et que l’UMP (rapporteur du projet de révision constitutionnelle) est gêné. Cela n’a a en fait servi que pour les fuites dans l’affaire Woerth (Le Monde seul objet d’enquête alors que Le Point a publié les enregistrements, et que Le Figaro a publié l’interrogatoire de la comptable levée ne pleine nuit à son domiicile nîmois…). Autrement dit, Sarkozy a à se reprocher personnellement des choses pas encore véritablement mises au jour : Karachi ? tout autre chose ?L’affaire Woerth-Bettencourt, écran certainement… qui conseille la « milliardaire » ? elle débarque Banier et s’exhibe dans Match, joue les jeunesses en couverture. Je ne vois pas Georges Kiejman dans ce rôle de mentor (d’ailleurs risqué)

Finalement, Jacques Chirac va quand même comparaître en correctionnelle, procès d’un mois en Mars-Avril prochain. Il y aura forcément des dérapages même s’il n’y a plus d’enjeu, d’autant qu’il y a une douzaine de co-prévenus.

Dominique de Villepin en tournées étudiantes revendique l’espace que briguent aussi Borloo, Bayrou, Morin. Chacun s’il se présente ne fera que deux ou trois points. Ce que je ne comprends pas, c’est l'intérêt de Sarkozy pour cette multiplication de candidatures non socialistes au premier tour…

Décisif mais pas assez commenté : le prétexte du discours de Grenoble a été l’affaire de Saint-Aignan, laquelle n’est pas du tout les déprédations de commissariat de police ou autre par les Roms et gens du voyage, mais le fait générateur de ces déprédations, la mort d’un jeune. Or, il est avéré que le policier qui a tiré n’était pas en état de légitime de défense, il a été mis en examen et risque les assises. Le fondement du discours sécuritaire – montant en épingle deux incidents – est donc au moins discutable. Pis, le pouvoir admet que le fait, tel qu’il l’a présenté et utilisé lui était nécessaire, puisque Hortefeux apporte aussitôt son soutien au gendarme et au policier mis en examen. Bien entendu, cette attitude scandaleuse a ses précédents, notamment chez Sarkozy décidant à l’avance et hors prétoire de la culpabilité de Colonna, puis de Villepin.

[1] - Isaïe LXVI 10 à 14 ; Paul aux Romains VIII 14 à 17 ; psaume CXXXI ; évangile selon saint Matthieu XVIII 1 à 5

Aucun commentaire: