samedi 13 novembre 2010

Jean-Marcel Jeanneney, décédé il y a deux mois, aurait eu cent ans aujourd'hui

Jeanneney : gaulliste ?


«Bien présomptueux qui se prétend capable de l’égaler » [1]… Jean-Marcel Jeanneney, au palais des Sports de la porte de Versailles, le 15 Décembre 1965, fait ainsi applaudir le nom du général de Gaulle. Sous la présidence de François Mauriac, il succède à Germaine Tillon avant que Maurice Schumann puis André Malraux ne donnent le grand spectacle pour le deuxième tour de l’élection présidentielle : testament politique de l’homme du 18-Juin, entrée en scène stratégique de son « adversaire le plus fidèle » [2]. C’est le Général qui lui a demandé de prendre la parole.

Universitaire austère, mais doctrinalement engagé, féru d’actualité dès les déjeuners que son père lui fait partager avec Clemenceau jusqu’aux dernières semaines de sa vie où il opine sur les éphémérides de l’actuel quinquennat, il est un homme de raisonnement, d’aboutissement à des convictions, de partage des jugements. Il travaille sur documents, textes, chiffres, graphiques. Il a de la mémoire, il sait imaginer, en déduction d’une réalité et d’une actualité qu’il a le secret de synthétiser, des solutions, des cohérences, des ruptures, des bilans. Il est indépendant politiquement, financièrement, idéologiquement mais les deux cercles de la famille de sang et des amitiés personnelles, sans l’enfermer, lui donnent une chaleur, un attention à autrui dont des tiers de rencontre bénéficient aussi.

Qualités d’homme d’Etat ? sans doute. Il les démontre dès qu’il dirige le cabinet de son père à l’hôtel de Matignon où ne s’est pas installé le chef du Gouvernement de provisoire de la République, à la Libération et les confirme à l’Industrie et au Commerce dans le gouvernement de Michel Debré, à Alger où il ouvre notre ambassade pour les six premiers mois décisifs du nouveau cours, aux Affaires sociales, enfin dans l’intérim qu’il fait du ministère de la Justice au plus vif de l’affaire Markovic qui va séparer – sinon brouiller – un ancien Premier ministre avec le Président régnant dont la fin politique s’en trouvera hâtée. Encore faut-il être appelé à ces fonctions, car – quoique ancré à Rioz et dans l’ensemble de la Haute-Saône, à la suite de son père, l’un des jeunes disciples de Waldeck-Rousseau, puis le collaborateur intime du « Père la Victoire », enfin le dernier président du Sénat de la Troisième République – Jean-Marcel Jeanneney ne court pas après l’élection et la carrière politiques. Là où il est – et c’est longtemps à la faculté de Grenoble – il a seulement le sens des services qu’il peut rendre : la mise au net des rédactions de son père pour de Gaulle consultant, depuis Londres, ce dernier à propos des avenirs constitutionnels souhaitables, la participation locale au R.P.F. et ce n’est pas le premier président de la Cinquième République qui l’appelle au gouvernement, mais bien son camarade d’adolescence, de Sciences-Po. et des fréquentations féminines des débuts de vie – Michel Debré – qui le fait entrer au gouvernement, moyennant une interrogation inquiète : est-il gaulliste ? Jean-Marcel Jeanneney a participé au « comité des experts », qui sous la présidence de Jacques Rueff a déterminé les conditions d’une restauration financière et économique du pays : il répond qu’il est partisan de l’indépendance algérienne. De Gaulle s’en souviendra trois ans plus tard. A Georges Pompidou, penaud, qui s’excuse de ne pas le reprendre dans le gouvernement qu’il forme le 31 Mai 1968, celui dans les bureaux de qui se sont négociés les « accords de Grenelle », il répond qu’il n’était absolument pas demandeur d’un portefeuille. Des consultations constitutionnelles de la guerre et de la prestigieuse filiation, de Gaulle se souvient quand il lui faut faire élaborer les textes de la novation qui sera soumise au referendum et mettra principalement en question le Sénat. Le 30 Décembre 1969, il est le quatrième et dernier de ses anciens ministres que de Gaulle reçoit, chez lui, à Colombey-les-deux-églises [3]. L’honneur vaut adoubement, s’il était besoin.

Ainsi, en apparence, Jean-Marcel Jeanneney n’est-il appelé à gouverner, à représenter, à parler, à rédiger de 1959 à 1969 qu’intuitu personae et nullement selon une adhésion politique, idélogique ou partisane. Est-il donc gaulliste ? il ne prend l’étiquette que sur un coup de sang, porter le défi à la personnalité politique prestigieuse qui, le 29 Mai 1968, s’était assis, dans un spectaculaire et solidaire anonymat… au stade Charléty, et, revenu à Grenoble, il bat Mendès France, candidat P.S.U. soutenu par la Fédération de la gauche démocratique et socialiste, au nom de l’Union des démocrates pour la République [4] ; l’année précédente il avait refusé à Georges Pompidou d’y aller jugeant que l’ancien président du Conseil, même opposant, serait utile à l’Assemblée nationale. Et ne s’exclut-il pas en allant aux Réformateurs pour le renouvellement de l’Assemblée nationale en Mars 1973 [5], après avoir été considéré – à l’instar du Premier ministre de 1968-1969, Maurice Couve de Murville – comme responsable de l’échec au referendum du 27 Avril 1969 ? Aidant aux premiers pas de François Mitterrand en 1981 sur la scène internationale, quand il s’agit d’économie, au G 8 ou avec Alger pour nos contrats gaziers, il est seul – avec Edgard Pisani qui sera même ministre – à collaborer significativement au tout nouveau cours de la Cinquième République : celui de la gauche. Gaulliste ? pour les gaullistes ayant survêcu politiquement à de Gaulle, certainement un traître. Gaulliste ? pour moi, pour ceux qui l’ont écoûté et qui ont suivi son parcours, ses appréciations et évaluations de tout ce qui a suivi la succession à de Gaulle, Jean-Marcel Jeanneney est assurément non seulement l’un des témoins les plus précis et cohérents de ce que furent le Général, son œuvre, sa personnalité et sa manière, mais – mieux encore, ce qui fut rarissime à partir de 1969 – il incarne le personnel et l’esprit politiques dont les fondateurs de la Cinquième République avaient postulé la pérennité pour que fonctionne au mieux le régime.

Personnel et esprit dont de Gaulle donna la définition – d’expérience historique et de constatation pratique – dans les débuts de ses mémoires de guerre [6] et dans la dernière de ses conférences de presse [7].


Jean-Marcel Jeanneney a d’instinct la réaction et la contre-proposition d’esprit gaulliste. En Mai 1958, à ses compagnons d’un voyage d’études économiques en Union soviétique, qui s’inquiètent d’une issue autoritaire de la crise du 13-Mai, il est seul – avec son disciple Raymond Barre – à répondre de la conscience libérale de l’homme du 18-Juin. Vis-à-vis de nos possessions coloniales, il a les convictions les plus émancipatrices : l’indépendance d’une Algérie où il sera notre premier ambassadeur [8], l’élargissement du « champ » de notre coopération africaine aux dimensions de l’Amérique latin et du Tiers-Monde. De ses trente mois aux Affaires sociales, datent – entre autres – la pilule contraceptive, l’Agence pour l’emploi et la première rééforme de la Sécurité sociale depuis sa fondation. En Novembre 1968, la crise du franc lui fait prendre le contre-pied de ce à quoi le gouvernement faisait se résigner de Gaulle et – le pouvoir l’ayant quitté – il critique publiquement la dévaluation du 8 Août 1969. Il motive sa réponse au referendum du 23 Avril 1972 – l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun – en termes désavouant le successeur du Général, et il est le seul des ministres de celui-ci à condamner celui-là.

Gaulliste aussi, cet instinct de fondation. Dans son village de Rioz, c’est l’expérimentation du referendum municipal, dans la droite ligne des pratiques de la Libération et des débuts de la Cinquième République à l’échelle nationale. Le travail des textes qui seront soumis (et censurés) au referendum du 27 Avril 1969 est à considérer en sysmétrie de la rédaction de notre Constitution pendant l’été de 1958, telle que la dirigea Michel Debré. Les débats – de consultation et sans texte arrêté – au Sénat notamment valent les interventions du Garde des Sceaux, devant le Conseil d’Etat, dix ans auparavant. Justement, Jean-Marcel Jeanneney est en fin du règne gaullien un compétiteur de Michel Debré, au moins pour ce que ressent l’ancien Premier ministre à la grande tristesse de son ami d’adolescence : lui, l’économiste, s’est révélé pour la défense de la République du Général – et il le restera jusqu’à ses derniers jours [9] – son meilleur jurisconsulte, faisant écho aux consultations de son père, sollicitées par le général de Gaulle [10]. Ce dernier, militaire et politique, mais – lui aussi, juriste sans autre formation que les lectures de Carré de Malberg, de Jules Jeanneney justement, et de René Capitant – rédigeant solitairement le discours à prononcer à Bayeux et le projet à soumettre au referendum du 16 Juin 1968… Jean-Marcel Jeanneney, comme l’homme du 18-Juin, croit aux textes et aux institutions, et il les écrit et les dialogue : il veut convaincre [11]. Ce n’est pas la pédagogie impliquant un maître et un novice, c’est l’échange pour obtenir, de bonne foi, l’adhésion intellectuelle et spirituelle. Ainsi, un pays est-il mû davantage par ses citoyens que par ses seuls chefs. A condition que les chefs éclairent. La fondation de l’Observatoire français des conjonctures économiques – même symétrie que dans les rédactions constitutionnelles – donne la pérennité aux méthodes et aux outils que mettaient en évidence les Forces et faiblesses de l’économie française et qu’il pratique jusqu’à la fin de sa vie, étendant les comparaisons et investigations à l’ensemble des économies occidentales [12]. L’économie est un champ de décision, pas seulement pour les agents, les entrepreneurs, les ménages, il l’est pour le politique et un de ses derniers projets – mais auquel il renonça pour la raison pratique qu’il n’atteindrait que difficilement les diverses sources documentaires qui lui étaient nécessaires – porta là-dessus : la décision de politique économique en France [13]. Explication comme début d’une notice provisoire : « J’entends montrer dans ce livre combien grande est la responsabilité de l’action publique pour renforcer ou corriger les effets des initiatives individuelles et du jeu des marchés sur la croissance économique. Cette étude traite de dix cas où des dirigeants politiques français ont pris des décisions ayant eu d’amples conséquences sur la croissance. Elle se propose de montrer pourquoi et comment ces décisions ont été prises – le poids des circonstances, le rôle du parlement, des hauts fonctionnaires et de l’opinion publique, le jeu des oppositions et les obstacles rencontrés – puis de porter un jugement sur les conséquences à court et à long terme des actions menées. J’aurais pu choisir bien d’autres cas offerts par l’histoire depuis un siècle et demi. Ceux-ci m’ont paru mériter de l’être en raison de l’importance des enjeux et des controverses auxquelels ils ont donné lieu pendant longtemps encore et parfois jusqu’à ce jour. Il y a quelques enseignements à en tirer pour demain.»

Mettre ce que l’on sait au service de son pays, ne s’engager dans le gouvernement ou dans la compétition électorale que pour accomplir des missions précises, être aussi compétent que fidèle, continu que cohérent, précis, documenté et imaginatif, savoir enfin discerner et choisir des disciples – qui à leur tour deviendront des personnalités de décision – est sans doute le trait commun de ces gaullistes sans uniforme et passé héroïque que prisait de Gaulle, dont il s’entoura et qui ne profitèrent ni de lui ni du pouvoir. Gaullisme d’intelligence, d’intelligence éprouvée par la passion du fait et le goût du dialogue, du travail en équipe [14], des mises en évidence et des vérifications mutuelles : dans la constellation de Gaulle, l’étoile Jeanneney brille d’un éclat particulier et chaleureux, celui d’une générosité intellectuelle d’autant plus efficace qu’elle aime se fonder avec rigueur.

C’était un homme d’entente autant que de conviction, un gaulliste de fécondité parce qu’homme de combat quand c’était nécessaire, il a d’abord été un homme de respect des faits et même de considération pour autrui sans a priori : la crise mondiale – illustrée par la déconfiture de Lehman Brothers en Octobre 2008 – et la crise des institutions françaises – selon la pratique qui en est faite depuis Mai 2007 – l’amenaient à réfléchir davantage, à s’interroger et à interroger pour appliquer ensuite tranquillement des médications de bon sens et d’expérience. Ce qui – à avoir la chance de le visiter pendant quarante ans – me fit recevoir la manière forte et apaisée de ces Français d’une génération qu’on aura appelés gaullistes.

Comment cela se fit-il ? quels sont les ingrédients de cette catégorie d’hommes et de femmes qui ont redressé notre pays ? Jean-Marcel Jeanneney, tel qu’il est et se laissait comprendre (avec le sourire que pleurent sa famille, ses proches, ses collaborateurs et chacun de ceux, qui même très occasionnellement, furent reçus par lui), permet de définir une certaine prédisposition : l’hérédité familiale qui l’a manifestement formée et gouvernée (l’écrire pour les siens a été son dernier travail et l’un des mieux constitués puisque le souvenir portant souvent sur l’histoire de tout un siècle politique française, a été constamment vérifié sur documents, ainsi le témoignage du président du Sénat au procès Pétain), la capacité de fidélité et de reconnaissance aux hommes (son père, Jules Jeanneney, son maître, Charles Rist, son admiration en connaissance intellectuelle de cause, le général de Gaulle et son disciple, Raymond Barre, qui témoigne lui devoir le sens de l’Etat), la stabilité du cœur et de la vie quotidienne (soixante-dix ans de bonheur conjugal, près de soixante ans dans le même appartement parisien, et, si fortement, le village comtois de Rioz). La liberté suppose des racines.

Bertrand Fessard de Foucault 9 + 13 Novembre 2010






Œuvres publiées

Forces et faiblesses de l’économie française

(Armand Colin – 1ère éd. Juillet 1956 . 2ème éd. Octobre 1959 augmentée – 363 pages)

Economie politique (Thémis PUF manuel de capacité – 1ère éd. 1er trim. 1959 ; 2ème éd. 3ème trim. 1962 – 310 pages)

Régions et Sénat . Déclarations et interventions devant le Parlement . Décembre 1968 (Doc.umentation française . Février 1969 . 142 pages)

A mes amis gaullistes (Presses Pocket . Janvier 1973 . 251 pages)

Pour un nouveau protectionnisme (Seuil . 4ème trimestre 1978 . 155 pages)

Que vive la Constitution de la Vème République (Arléa . Février 2002 . 191 pages)

Vouloir l’emploi (Odile Jacob . Mars 1994 . 238 pages)

Ecoute la France qui gronde (Arléa . Juin 1996 . 143 pages)

Une mémoire républicaine (Seuil . Juin 1997 . 347 pages)

Démocratie au village . La pratique du pouvoir à Rioz en Franche-Comté depuis la Révolution
(Presses de Sciences-Po. – Mars 2009 – 554 pages)

Les économies de l’Europe occidentale et leur environnement international de 1972 à nos jours (avec Georges Pujals . Fayard . Décembre 2004 . 762 pages)

à ces ouvrages, publiés ou réédités, par l’homme politique, ministre ou ancien ministre, il faut ajouter au moins l’Essai sur les mouvements des prix en France depuis la stabilisation monétaire, 1927-1935 (1936 . Sirey) – Economie et droit de l‘électricité (en coll. avec Claude-Albert Colliard . Domat-Monchrestien . 1950) – Les commerces de détail en Europe occidentale . essai de comapraison internationale de la poroductivité des magasins et du travail commercial (FNSP) – autant d’anticipation de la première des responsabilités gouvernementales de Jean-Marcel Jeanneney : l’Industrie et le Commerce de Janvier 1959 à Avril 1962


proche de la biographie au moins politique, exploitant et dialoguant les archives du ministre,
la thèse d’Eric Kocher-Marboeuf

Le Patricien et le Général . Jean-Marcel Jeanneney et Charles de Gaulle : 1958-1969 (Comité pour l’histoire économique et financière de la France . Décembre 2003 . 1209 pages)

Raymond Barre a fréquemment évoqué celui qui, membre de son jury d’agrégation, voulait le faire recevoir premier à son premier concours et le choisit comme directeur de cabinet

notamment
Mémoire vivante (Flammarion . Septembre 2001 . 282 pages) pp. 79-80
« Il incarne avec sa famille ce que l’on appelait naguère la ‘morale laïque’. J’ai appris auprès de lui le sens de l’Etat. Il était évidemment éloigné des mœurs et des pratiques du milieu politique et ce grand serviteur de l’Etat fut critiqué pour n’être pas assez ‘politique’. C’était fatal ! »
L’expérience du pouvoir (Fayard . Janvier 2007. 351 pages) pp. 36 à 42 pour le travail ensemble de 1959 à 1962 & pp. 56-58 pour la non-dévaluation de Novembre 1968



[1] - Le Monde du 17 Décembre 1965, p. 4. Il est présenté comme « ancien ministre et professeur de droit » et « fait un exposé sur la croissance du revenu national et la justice de sa répartition, que ‘ la République nouvelle devra pousser plus avant ’ sans être toutefois ‘ ni complice de mythes ni marchande d’illusions ’ »

[2] - qualification de François Mitterrand par un conseiller de Valéry Giscard d’Estaing, en 1980

[3] - auparavant : Maurice Couve de Murville le 2 Juillet, Pierre Messmer le 16 Juillet et André Malraux le 11 Décembre 1969. Seul, le dernier des Premiers ministres du Général viendra une seconde fois, le 10 Avril 1970, mais pour travailler : lecture critique des Mémoires d’Espoir pour les chapitres de politique étrangère

[4] - par 31.059 voix au second tour, le 30 Juin 1968, contre 30.927 à l’ancien président du Conseil. Il démissionne de l’U.D.R. en même temps que du conseil général de Haute-Saône et s’en explique avec Michel Bassi, Le Figaro du 6 Novembre 1971

[5] - A mes amis gaullistes (Presses Pocket . Janvier 1973 . 251 pages) en donne l’argumentaire et publie toutes les prises de positions de l’ancien ministre du Général de Février 1971 à Novembre 1972. « Gaulliste, donc rééformateur » assure-t-il dans Le Monde du 3 Novembre 1972. Se présentant donc chez lui à la députation, les 4 et 11 Mars 1973, il est battu en triangulaire faute que la gauche se soit désistée, en reconnaissant ce qu’au Palais-Bourbon il aurait apporté aux forces du changement même s’il n’en avait pas l’étiquette, et perd le tiers de ses voix du premier tour en se maintenant au second : 1er tour 13.250 voix contre le député sortant giscardien 19.976 et le socialiste 12.664 voix, mais au 2ème tour 9.762 voix, la gauche socialiste et communiste 22.158 voix, le député sortant réélu avec 24.116 voix

[6] - « Cette identité de nature entre tous ceux qui se rangeaient sous la Croix de lorraine allait être, par la suite, une sorte de donnée permanente de l’entreprise. Où que ce fût et quoi qu’il arrivât, on pourrait désormais prévoir, pour ainsi dire à coup sûr, ce que penseraient et comment se conduiraient les ‘gaullistes’ . Par exemple : l’émotion enthousiaste que je venais de rencontrer, je la retrouverais toujours, en toutes circonstances, dès lors que la foule serait là. Je dois dire qu’il allait en résulter pour moi-même une perpétuelle sujétion. Le fait d’incarner, pour mes compagnons le destin de notre cause, pour la multitude française le symbole de son espérance, pour les étrangers la figure d’une France indomptable au milieu des épreuves, allait commander mon comportement et imposer à mon personnage une attitude que je ne pourrais plus changer. Ce fut, pour moi, sans relâche, une forte tutelle intérieure en même temps qu’un joug bien lourd. »
Mémoires de guerre tome I – édition tircolore . Plon . 1954 – p. 111

[7] - « . . . nous avons vérifié, une fois de plus, qu’en ce temps plein d’incertitudes, par conséquent de périls, et qui exige de la part de l’Etat des desseins fermes et continus, des institutions constantes et une politique active, aucun système de pensée, de volonté et d’action ne saurait inspirer la France, comme il faut pour qu’elle soit la France, sinon celui que les événements ont suscité depuis juin 1940. Ce système est, en effet, le seul qui permette à la nation de se tirer d’affaire quand la tempête se déchaîne, le seul qui soit relié assez directement à son passé et assez ambitieux de son avenir pour maintenir son unité et revêtir sa légitimité, le seul qui soit, en partant de ses structures, habitudes et équipements plus ou moins périmés, apte à la transformer, sans étouffer ses libertés, en une puissance prospère et moderne, le seul qui soit capable d’assurer son indépendance, de soutenir son rang dans l’univers, de répondre de sa sécurité.
. . . On voit donc quel est, pour longtemps, le devoir de cohésion et de résolution de ceux qui, à mesure du temps, ont adhéré, adhèrent, ou adhèreront à l’entreprise de rénovation nationale qui a le service de la France pour raison d’être, pour loi et pour ressort. Cette entreprise, si on l’appelle « gaullisme » depuis 1940, n’est que la forme contemporaine de l’élan de notre pays, une fois de plus ranimé, vers un degré de rayonnement, de puissance et d’influence répondant à sa vocation humaine au milieu de l’humanité.
»
Discours & Messages V Plon. Septembre 1970 . p. 322 – conférence de presse du 9 Septembre 1968

[8] - Une mémoire républicaine (entretiens avec Jean Lacouture : Seuil . Juin 1997 . 347 pages) pp. 170.171 : sa relation avec l’archevêque d’Alger et avec Ahmed Ben Bella

[9] - ses entretiens avec Lionel Jospin avant que ce dernier séjourne à l’hôtel de Matignon, son livre Pour que vive la Constitution de la Vème République – encore très « orthodoxe » : Février 2002, dans la perspective d’une victoire de la gauche en 2002 et d’un ajustement de la Constitution - puis son article, rédigé avec tant de soin (nous l’avons dialogué à plusieurs reprises avant la mise au net), : Débat n° 41 – Septembre Octobre 2006 , Incertitudes institutionnelles par lequel il prend acte des infidélités et des incompréhensions pour proposer une imagination nouvelle pour notre régime constitutionnel – et enfin le retour à la défense du legs : Revue politique et parlementaire n° 1048 - Juillet Septembre 2008 : Fondements et pratiques de la Vème République

[10] - les réflexions sur la Constitution (de 1875) écrites par le président du Sénat en 1943 – procurées par son fils Jean-Marcel (in Le discours de Bayeux . Economica . Presses Universitaires Aix-Marseille Juin 1991 . rendant compte d’un colloque sur le discours de Bayeux, le 15 Juin 1990 – pp. 154 à 213) - une version dactylographiée antérieure, assez différente dans la forme, a pu être rédigée dès 1940 (53 pages), elle-même précédée d’un Aperçu rétrospectif, sans doute rédigé presqu’aussitôt après la séance du 10 Juillet – enfin la consultation demandée par le lettre du général de Gaulle à Jules Jeanneney, le 30 Juin 1942, a été partiellement reproduite, par le général de Gaulle, dans les Mémoires de guerre II, pp. 378-380, et donnée intégralement par Jean-Noël Jeanneney, éditeur de Jules Jeanneney . Journal politique Septembre 1939 – Juillet 1942 (Armand Colin . ) pp. 313 à 317 : c’est la version la plus brève et ramassée, Octobre 1942. De Gaulle rappelle explicitement, en conférence de presse du 9 Septembre 1968, le cas qu’il en fait

[11] - les discours au Parlement : devant l’Assemblée nationale le 12 Décembre 1968, JO DP, pp. 5323 et ss. – puis devant le Sénat le 16 Décembre JO DP, pp. 2012 et ss. – et l’ensemble des réponses aux interventions en séance et aux questions écrites

[12] - constance : les documents graphiques ronéotés en 1979-1980 pour le DEA de conjoncture et politique économiques qu’il anime en séminaire à Paris I – Panthéon – Sorbonne … puis les fascicules circulant depuis l’O.F.C.E. dans toutes les années 1990

[13] - en projet en 1997-1998 : Décisions souveraines et croissance de Napoléon III à Mitterrand. Il devait s’agir de « 1 – Napoléon III et le traité de libre-échange ; 2 – Méline et la protection de l’agriculture ; 3 – Poincaré et la stabilisation du franc ; 4 – Laval et la déflation ; 5 – Léon Blum et la reflation ; 6 – de Gaulle et l’augmentation des allocations familiales ; 7 – de Gaulle et l’acceptation du marché commun ; 8 – Pompidou et la dévaluation d’août 1969 ; 9 - Giscard et la création du système monétaire européen ; 10 – Mitterrand et le choix du marché »

[14] - ouvrages publiés à deux (Colliard, Barre, Flamant, Perrot, Pujals), manière quotidienne avec ses collaborateurs quand il est ministre ou quand il fonde l’O.F.C.E.

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