mercredi 2 février 2011

Inquiétude & Certitudes - mercredi 2 février 2011

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Mercredi 2 Février 2011

Prier… rite plus qu’en tout autre fête ou mémoire chrétiennes, présentation de Jésus au Temple, qui incline au respect des rites des autres quand ils sont religieux ou intimes, quand ils sont humilité. [1] Communion avec tout croyant, avec tout chercheur de foi, avec tout indifférent mritant mon respect et mon écoute, s’il vient non à moi mais à marcher sur un même passage de route… quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification (la loi mosaïque, aussi, pour le constat de disparition de la lèpre, décisive purification qu’opère souvent le Christ), les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem… (Jésus quittant Jérusalem, en portant sa croix). Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit… c’est à l’occasion d’une telle banalité pour l’époque, mais aussi dans un contexte d’observance sereine et humble, que l’extraordinaire se profère : Syméon et Anne disent ce que cet enfant apporte : il sera un signe de division. Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée. Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre… Il a rendu libres ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves… ainsi, pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice. Tranquillité d’une existence docile et libérée. Oui, la nôtre au possible, mais à la clé un combat, des combats qu’il est vrai Dieu aura menés pour nous… soudain, viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez… et ce Temple, c’est nous, comme c’est le corps du Christ, l’humanité, la création entière.

fin d‘après-midi

Ma femme n’entendait rien ce matin à la radio, qui soit saillant à propos de l’Egypte : Moubarak parti ? partant ? va partir ? Cela se dit, pas de confirmation ni de texte. « Pris » France-Infos. vers 18 heures 30. Commentaire aussitôt insolite… « pas du tout la même ambiance qu’hier… combats extrêmement violents… ». En fait, génie de Moubarak et rare démonstration d’usage de toute la panoplie pour résister : la révolution n’est pas de jasmin, de velours, ni des œillets. D’abord boucler toutes les communications internes pour que les manifestants – spontanés originellement – ne puissent s’organiser et se passer consignes et renseignements, informations. Avant-hier, interruption du trafic ferroviaire pour empêcher les manifestants de confluer vers le Caire, le défi du million à atteindre ou à empêcher. Hier, El Baradeï faisant du départ de Moubarak le préalable à tout dialogue, tandis que l’armée faisait savoir qu’elle ne tirerait pas sur le peuple. Moubarak résoud l’équation de manière géniale : des contre-anifestants et la démonstration que s’il est contesté, il n’est cependant pas sans sympathisants, ceux-ci sont assez en nombre cet après-midi pour que la bataille entre les deux camps – l’armée renonçant à séparer les antagonistes… ou n’en étant pas capable – soit assez égale pour durer. Surtout, l’armée est prise au mot, quel est le peuple ? Bien joué. Les journalistes déclarés indésirables, sinon haïssables par les nouveaux venus des contre-manifestations… puisqu’ils ont pris parti pour les opposants. Dénouement imprévisible ? De Gaulle et le défilé du 30 Mai 1968 ? tactiquement oui, mais Moubarak est là depuis trente ans, et si on n’entend pas tellement le reproche de corruption et le cahier des charges contre Ben Ali et sa femme, il est en revanche reconnu que le couvercle était vissé et les élections truquées. Suspense donc.

France et élection présidentielle. Sarkozy joue de tout, communiqué commun avec l’Allemagne et l’Angleterre sur l’Egype pour ne rien dire (réforme, processus de transition), discours devant l’Union africaine sur sa présidence du G 20 (nos ambassadeurs forcément nuls pour dire à l’Elysée la vérité sur leur pays d’affectation puisque ce ne sera pas plaisant ou parce qu’ils n’en savent rien, mais excellents pour organiser des tréteaux, un pupitre et un éclairage fond bleu pour du guignol – quel abaissement de la fonction et de notre pays), évidemment les handballeurs et une nouvelle loi (sans budget ni ressources humaines) pour encadrer les récidivistes en fin de peine. Et puis les élus du Cher et Saint-Amand-Monrond. Cela peut-il prendre ? oui, s’il n’y avait que le PS. Non, si Marine Le Pen le déclasse au premier tour. L’arbitrage probable à droite va se faire par le pire : les catholiques vont appuyer ce cynisme et cet opportunisme qui n’a pas même opiné sur la proposition de loi (dont je n’ai pas connu le texte) qui traitait de l’euthanasie. François Fillon, sans grand risque, a fermé le jeu avec semble-t-il (je n’ai pas lu sa tribune dans Le Monde) comme argument : ce n’est pas le moment. Inversion habile mais atterrante sur le fond de l’argument de tant de « changements » ou d’adaptations depuis quinze ans : le moment est venu… La consultation du site de l’Elysée est sidérante ou effarante de retape, de mendicité : le communiqué sur l’Egypte, le discours de Davos, l’intervention devant l’Union africaine, rien de cela ne passe la rampe. J’ai connu – est-ce donc être hors du coup et vieux ? « moi qui ai été jeune » – ces une de France Soir qui changeaient presque tous les quarts d’heure pendant les conférences de presse du général de Gaulle.

nuit

Egypte, les commentateurs continuent – sur les bords de la Seine – de faire de l’armée l’arbitre et l’issue de la situation. Je ne suis pas de cet avis, c’est vraiment le peuple, mais qui est le peuple ? les opposants ? les sympathisants ? Moubarak continue de cristalliser les deux attitudes. L’étranger n’avait aucun motif de soutenir Ben Ali, ni même de s’intéresser à la Tunisie (sauf les Français et les agences de voyage et quelques ministres…) tandis que Moubarak reste soutenu, plus par l’Europe – c’est la réaction non publiée de Sarkozy, mais qui se lie dans le communique à trois des principaux Européens – que par les Etats-Unis, et que les motifs pour s’intéresser à l’Egypte sont nombreux.

Je note – mais le remarque depuis une dizaine de jours – Ben Laden, la Russie, la Chine ne s’expriment ni sur la Tunisie ni sur l’Egypte.

Michèle Alliot-Marie se bat maintenant en défense, comme Eric Woerth, elle ne se rend pas compte… La femme de ce dernier est proprement merveilleuse : aucun conflit d’intérêts puisque le ministre était celui du Budget et de la fiscalité alors que, elle, chez les Bettencourt, elle traitait de l’investissement. Avec l’un et l’autre, François Fillon a pris ses distances. Que de belles attitudes !


Michèle Alliot-Marie se bat maintenant en défense, comme Eric Woerth, elle ne se rend pas compte… La femme de ce dernier est proprement merveilleuse : aucun conflit d’intérêts puisque le ministre était celui du Budget et de la fiscalité alors que, elle, chez les Bettencourt, elle traitait de l’investissement. Avec l’un et l’autre, François Fillon a pris ses distances. Que de belles attitudes !

Les discours de Sarkozy : ceux de davos et d’Addis-Abeba. Le recueil de lieux communs devant « le parterre » des financiers, en réalité que du public et quasiment à titre personnelle, même si ce sont des « PDGs ». La démagogie, racheter le discours inaugural de Dakar il y a trois ans trois mois ou à peine plus, discours inoubliable d’autant que l’Afrique sait qui est sincère et qui la flatte, elle le sait ataviquement. Et croire et vouloir faire croire que présider, c’est décider. En France, cela marche – certes depuis Mai 2007 et peut-être pour encore six ans et demi – mais ni au G 20 ni ailleurs.

[1] - Malachie III 1 à 4 ; lettre aux Hébreux II 14 à 18 ; psaume XXIV ; évangile selon saint Luc II 22 à 40

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