mercredi 23 mars 2011

Inquiétude & Certitudes - jeudi 24 mars 2011


Jeudi 24 Mars 2011

Prier…[1] l’enseignement du Christ par paraboles, son genre majeur, car le « discours sur la montagne » rappelle le Décalogue. Le genre parabole ne me paraît pas avoir sa réplique dans l’Ancien Testament, ni dans les épîtres apostoliques ? Jésus s’y plaît, la pédagogie des contes moraux (pas ceux de Rohmer, chefs d’œuvre classiques, ni les immoraux de Borowicz, brûlants mais somptueux). Le Christ conteur, le talent évident : portraits, celui du riche est visuel, celui du pauvre est de comportement, Lazare (je crois que le nom a une importance décisive, et pour nous il fait évidemment écho depuis la résurrection du frère de Marthe et de Marie, un prénom donc affectionné par Jésus). Accélération du récit : les deux meurent. La suite est du point de vue du riche, elle n’est que dialogue, alors que du vivant des deux protagonistes, il n’y en avait pas. Leçon habituelle sur la réciprocité des comportements et le fruit à en recueillir, en positif et en négatif. Avec une conclusion inattendue. Genre aussi de Jésus avec cette obsession, pas du tout angoissée mais donnant toute la tonalité au ministère du public du Christ qui est de parole certes, mais de parcours surtout, une montée vers Jérusalem : quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. Nous sommes une religion d’annonce, aussi bien en pratique « missionnaire » qu’en reçu de la révélation laquelle n’est pas un tableau, un état des lieux, une somme d’indications selon nos curiosités ou interrogations ou un dévoilement d’une réalité jusques là obscure : c’est une promesse, c’est une action, c’est un sauvetage, un rachat. Les trois ans pendant lesquels Jésus nourrit la haine de ceux qui le mettront à mort, ce qu’il sait par avance mais il en rajoute, sont une annonce permanente de la Passion, de la mort et de la Résurrection. Le christianisme n’est que Pâque, que passage. La parabole donnée ce matin indique le contraire : un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puisssent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. Le relationnel au possible (la Trinité…) et la séparation absolue. Mon cher JL faisait souvent remarquer : la Bible dit tout et son contraire. En cela, d’inspiration divine (notre salut), elle est bien de main humaine, et surtout elle est pour le cœur humain, l’oreille humaine : nous sommes à nous-mêmes notre contraire, notre empêchement, notre poids mais tout autant notre propension à la lumière et à l’épanouissement. – Comme toujours, le mouvement de la prière, de la méditation, précédant chronologiquement le texte que je prends en tous sens, m’y introduit, m’y emmène : tout juste. Le cœur de l’homme est compliqué et malade ! Qui peut le connaître ? moi, le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon ses actes, selon les fruits qu’il porte, mais heureusement selon la miséricorde. Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. Etre connu de Dieu, c’est notre salut.

matin

Les deux jeux méconnus : celui de la Russie, celui d’Israël. Ce qui fait songer à deux autres d’importance mais sans lien dialectique comme ceux des deux premiers : l’Inde et l’Allemagne. développer

De Gaulle, pour décider, n’était pas particulièrement informé, mais il était, par lui-même, organisation du mental et organisation de son temps et de l’agenda, réfléchi. Ce que n’est pas Sarkozy, surinformé en solutions, beaucoup moins en diagnostic et attentif aux conséquences d’opinion, presque uniquement, et d’image personnelle. De Gaulle, parce qu’il était indépendant de l’opinion (opinion du moment : j’étais minoritaire, j’en conviens, mais je savais que je ne le serai pas toujours, le Général à Malraux, Les chênes qu’on abat…)

Je n’ai pas le regard de Sarkozy pour regarder, analyser et synthétiser les événements. En réunion, ces jours-ci à la piscine pour pallier mes bientôt soixante-huit ans, en dialogue, la psychologie, les autres me passionnent en tant que tels. J’observe et souvent avec empathie, je reconstitue ou imagine l’autre, pour éventuellement l’accompagner. Je n’ai pas un regard utilitaire – si j’ai eu le regard prédateur pendant mes quatre décennies plus ou moins donjuanesques – et je ne cherche pas le profit à tirer de ce que j’analyse. Sarkozy ne fait pas attention à l’interlocuteur ni aux faits, il y voit seulement les avantges personnels qu’il peut en tirer : l’arrivisme, la domination. Sinon, il est cassé en deux (comme Hitler faisant le baise-bain aux femmes, ou parlant à un enfant – photos célèbres) : ainsi, devant le président chinois, il est vrai imité par Barak Obama. – Lui est président de la République, selon un parcours minutieux gouverné et servi par ce regard utilitaire et égocentré (cf. Catherine Nay pour la biographie, de plus en plus intéressante puisqu’avouée par le portraituré et antérieure à l’élection), et moi je ne le suis pas : non seulement, je n’ai pas su faire carrière mais je n’ai même pas su protéger le peu que j’en faisais. En revanche, quel bonheur d’avoir vu et de comprendre. De voir et d’avoir compris, événements, gens. En sorte de circonscrire ce que je ne comprends pas, ne sais pas ou ignore, et donc de continuer d’exercer constamment une curiosité presque tous azimuts. Les morts-vivants ne sont pas des sujets de fiction, ils sont beaucoup de nos politiques. Nicolas Sarkozy frappe par la tristesse de son regard, surtout quand – au pupitre importé d’Amérique – il se met en scène et ne comprend plus qu’il perd ainsi le peu d’attention que lui accordaient encore public et partenaires homologues.


fin de matinée

Nous « calons » pour le commandement OTAN. Il n’y a pas que la France qui y perde, mais l’Europe, et du fait qu’il n’y a pas d’entente franco-allemande. Le « style » Sarkozy ne peut qu’indisposer l’Allemagne complexée devant toute prétention française et sachant faire les comptes, cartes en mains, ce qui la décomplexe : jeu de toujours depuis 1949. Retrait de la marine de guerre allemande en Méditerranée là où elle est utile, appoints aériens en relais sur le théâtre afghan de ce que les Américains déplacent très provisoirement vers la Libye. Merkel a parfaitement compris qu’Obama se f… de la Libye, a passé l’Irak aux profits et pertes et, cf. son livre programme avant son élection, est entièrement dans la dialectique du Pentagone qui n’a de souci que l’Afghanistan. Merkel plaît à Obama, tandis que l’ambassade américaine à Paris rien que par la lecture hebdomadaire du Canard entretient le président dans les sentiments que lui porte Sarkozy. Chef d’œuvre…
Quant à l’éventuel chantage américain aux diverses logistiques ou technologies de pointe, cela fait cinquante ans que l’Europe a pris conscience de la nécessité d’une industrie d’armement de pointe et qui se susbtitue à termes à nos dépendances américaines, au lieu de nous consacrer chacun dans notre coin à de la vente (et à de la délocalisation) pour des marchés dont les gouvernements ne nous sont pas fondamentalement amicaux, vg. la Chine, vg. Kadhafi…

Qui dit OTAN dit commandement américain, et le commandement américain a fait la preuve de son impéritie malgré – ou à cause de – ses énormes budgétaires, technologiques et autres en ressources humaines, en analystes, en services de renseignements : Vietmam, Afghanistan, Irak.


[1] - Jérémie XVII 5 à 10 ; psaume I ; évangile selon saint Luc XVI 19 à 31

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