vendredi 11 mars 2011

Inquiétude & Certitudes - vendredi 11 mars 2011


Vendredi 11 Mars 2011

hier soir

Denis M. à La Flatière : un village entier acheté m’avait-il expliqué à mon premier appel pour son installation, des communications souterraines pour la saison des intempéries, le « balcon » réputé sur le Mont-Blanc : je m’y étais rendu il y a une trentaine d’années peut-être, y rencontrant Jacques Chapsal, l’ancien directeur de Sciences-Po. Paris, sans être frappé par rien sinon par la grandeur des volumes, le bois omniprésent, une ambiance de vide au contraire des exiguités de Manrèse, à Clamart. Il n'y avait quasiment personne, quand je suis allé jusques là-haut, familier de la chaîne du Mont-Blanc au pied de laquelle Maman avait la disposition d'un châlet chaque été un mois. Appelé à quatre heures puis à sept heures, complexité pour atteindre les gens mais après tout ils ne sont pas là pour du téléphone avec leurs amis du dehors. Le programme me semble très chargé. Description des lieux par la standardiste. La chapelle en bois date de 1972, l’ai-je connue ? Capacité d’accueil de 200 lits. Salle de conférence pas du tout grande mais avec des recoins d’où l’on peut voir le conférencier de partout.
En musique, Haydn… je fais le ménage en bas, complètement mais à sec et au balai. Bonheur de ce genre d’exercice qui centre sur la présence de Dieu sans parole ni même prière, si tant est que je puisse définir la prière et sur mes aimées, encore sur l’autoroute. Solitude apparente qui est une sorte de soleil, il m’est donné de m’irradier moi-même de l’amour divin – un jour le concevoir, le recevoir, en vivre totalement, ce qui est pour le moment de ma vie indicible et inappréhensible – et de l’amour de ma femme et de notre fille, amour pour elles, amour d’elles, et memento des vivants, et communion des saints, en prime puisque le bonheur, forcément, se partage et s’envoie, se rayonne, puisqu’il est fondamentalement reçu. Et seulement reçu en compagnon fidèle de l’amour. Voilà les fruits du balai, du silence et de Haydn…
J’ai Denis M. à l’heure convenue : deux instructions-conférences le matin séparée par un petit office, le déjeuner à midi et quart, le dîner à sept heures et quart, rien le soir, sauf ce soir : les confessions qui l’intéressent beaucoup par avance (confesse-t-il chez nous dix personnes par an ? lui-même se confesse-t-il ?), la messe est à trois heures, très belle liturgie, chapelle curieuse, cinq prêtres et un diacre, cent cinquante retraitants, salle de conférence en contrebas. Cet après-midi au lieu de la troisième instruction, conférence-causerie de trois personnes sur Marthe Robin, sa spiritualité, et une projection ensuite. Il ne savait rien d’elle, sinon Chateauneuf-de-Galaure, n’a pas pris de notes. Je n’ai moi-même que l’image d’une femme abîmée et douloureuse et que l’évocation de la chambre obscure et d’une non-alimentation selon les modes ordinaires. Je n’aime pas, l’adjectif me manque, l’extraordinaire ou l’exceptionnel ou la simplicité par exagération. Paray-le-Monial et les différents accueils avec des noms de Juges ou de Prophètes de l’Ancien Testament m’avaient paru raéliens et affectés. Mais il faut voir… admettre le réel, et regarder à partir de là. Nos temps sont singuliers à leur manière qui en rejoint d’autres d’anciens temps ou de civilisations et religions très différentes. Je me sens pour ma part plss proche de saint Bernard entre l’église et le cloître, sans images, dédiés à la lumière totalement par une architecture très ésotérique à force d’épuration, et un apostolat dévorant, d’une puissance historique exceptionnelle, toute la politique du temps et le mouvement des croisades. Aujourd’hui, la croisade, c’est d’unir Islam et Eglise pour rendre à notre époque repères et autorité morale, car la révolte pour la démocratie mais aussi pour la baisse des prix n’aura qu’un temps et sera probablement « récupérée » tandis que cette alliance, si nécessaire, peut fonder…

maintenant

Prier… certitude d’être dans la main de Dieu, à tous égards (certitude pas seulement sécurisante au plan psychologique superficiel, mais explicitant la conscience de tout le chemin et du temps et de la maturation priante à parcourir, à recevoir de parcourir pour vraiment désirer Dieu et enfin « comparaître » devant Lui, alors le Christ des évangiles et de l’Eglise contemporaine qui en attestent).
[1]Le Christ, référence de tout. Les invités de la noce pourraient-ils donc faire pénitence pendant le temps où l’Epoux est avec eux ? Jeûne, abstinence (ce n’est pas une redondance, je pense que c’était à l’origine une morale et une pratique conjugales, faisant que Pâque était aussi la retrouvaille du bonheur de la chair, de sa résurrection, le carême comme les trois jours de prière et d’abstinence de Tobie et de Sarah sur le point de s’unir et de s’étreindre) sont en relation avec la joie, la félicité, l’accomplissement, les noces. Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi et la gloire du Seigneur t’accompagera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira ‘ Me voici ’. Magnifique écho à cet autre passage, celui du priant venant à l’autel : tu ne voulais ni sacrifice ni holocauste, alors j’ai dit : ‘ me voici ’. Religion pas seulement de relation (acquise ?), mais de rencontre. Dans ce stade de ma vie, de nos vies, nous ne vivons, mais n’est-ce pas l’essentiel, que ce mouvement-là, la marche l’un vers l’autre, vers l’Autre. Me voici, dis-je. Me voici, répond le Seigneur. Les invités de la noce….

matin

La pluie d’articles et banalités (pour rattraper quoi ? ou se déculpabiliser de sa distraction ou de sa vue basse ?) sur ce que l’on persiste à appeler les révoltes arabes… elle ne décape rien. Nous ne suivons pas même les conseils dont nous abreuvons nos concitoyens. Regarder ces pays en révolution – mentale, parce que forcée matériellement – les considérer pour eux-mêmes, et dans leurs rapports avec leur propre histoire, dans leurs rapporrts entre eux, et très secondairement avec nous. Evaluer – je ne sais pas encore le faire – si tout cela aide à constituer cette nation arabe unitaire de souhait et souvent de conscience, mais si rarement dans les faits, pour son grand détriment et pour une véritable franchise et influence en relations internationales : comment un suicide tunisien, passé presque inaperçu il y a quatre mois, a-t-il déterminé, fait se découvrir tout cela ?

[1] - Isaïe LVIII 1 à 9 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu IX 14.15

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