lundi 18 avril 2011

Inquiétude & Certitudes - lundi 18 avril 2011

Lundi 18 Avril 2011




Prier… [1] le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerai-je ? Lazare, le ressuscité et Marie sa sœur qui embaume le Christ par anticipation – elle avait déjà dû le faire pour son frère… le commentaire de Judas : pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? la curiosité « people » des Juifs non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait ressuscité d’entre les morts. Ces deux mouvements sont décisifs pour situer la Passion et la Résurrection du Christ. La somme pour laquelle Judas livre Jésus est dix fois moindre qu’un parfum, fût-il coûteux : Judas livre son maître, je puis dire : gratuitement, en tout cas pas pour une somme faramineuse, c’était à la portée de Marie. Quant aux Juifs, ils feront garder le tombeau mais n’iront pas constater eux-mêmes qu’il est vide. Le commentaire de Judas, disciple à part entière, est celui de quelqu’un qui est passé complètement à côté : comment les disciples, assez vifs entre eux (les récriminations contre Jacques et Jean quand ceux-ci se mettent en avant), l’ont-ils supporté, devinant le personnage ? sans doute, sur ordre de Jésus. Les Juifs, dans la foule, ils sont enjeu de pouvoir, et dans leur hiérarchie, ils ne sont que jalousie : faire mourir aussi Lazare parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus. Si l’on oublie, oubli qui fut et qui demeure encore, la parole de Jésus : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font, l’évidence de la lettre évangélique pousse à l’antisémitisme pour de pieuses raisons. Il est vrai que la même évidence pousserait à l’anticléricalisme, puisque tout le débat « politique » des évangiles est une querelle d’influence et de crédibilité entre la hiérarchie religieuse et Jésus qui trouble le jeu d’une attente san fin d’un Messie pré-formaté, au rebours des Ecritures-mêmes alors que celles-ci sont le métier, le gagne-pain et le faite-valoir de cette hiérarchie. Jésus a conscience de son exceptionnalité autant qu’il l’a de nos travers sociaux : des pauvres, vous en aurez toujours, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Le texte, je ne l’avais pas vu jusqu’à présent, sonne aussi comme un reproche de Jésus envers Marie(-Madeleine) : il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. Or, on n’y est pas encore sauf à méditer que Dieu, s’incarnant, s’ensevelit dans notre condition, donc dans notre nature mortelle. Surtout si les hommes et les femmes s’entretuent…Marthe faisait le service… d’un bout à l’autre de l’aventure, elle ne change pas de rôle, mais la profession de foi, c’est elle et les gestes d’amour, la posture d’écoute, c’est sa sœur. De Lazare, rien n’est dit, tellement anonyme : mort et ressuscité, frère de deux femmes remarquables nous donnant ensemble tout le modèle chrétien, tout le modèle du croyant, Lazare représente l’humanité entière, occasion pour Dieu de manifester sa prédilection universelle. En regard, Jésus représente l’humanité parfaite, l’outil divin : j’ai fait reposer sur mon esprit ; devant les nations, il fera paraître le jugement que j’ai prononcé. Jésus, le Christ, selon son Père : j’ai fait de toi mon alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres. Réponse du croyant, de Marthe : j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Inépuisables textes, inépuisables paroles du Christ telles qu’elles nous sont rapportées. Proximité : on donna un repas en l’honneur de Jésus, nos messes. Elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux. Devant le tombeau, c’est encore par les pieds, prosternée devant Celui qui vient de se faire reconnaître à ses pleurs, à sa détresse, à son amour autant mystique que charnel et féminin, que Marie cherche à retenir Jésus : vous ne m’aurez pas toujours. Et pourtant… (alleluia).




matin


La communication gouvernementale. Au lieu d’éclairer et de calmer, c’est régulièrement le contraire.




L’affaire des trains bloqués venant d’Italie parce que deux cents Tunisiens, accompagnés d’O.N.G. et sympathisants divers, munis des permis italiens valables pour tout l’espace de Schengen, devaient arriver de Vintimille. Cela n’empêchera personne d’entrer sauf à revoir tous les accords maintenant acquis pour l’ancienne Europe des Six depuis près de vingt-cinq ans. Cela contredit d’une façon criante toutes nos protestations d’amitié franco-tunisienne et franco-arabe, toutes nos pétitions pour la francophonie. C’est lamentable : vingt-mille immigrants… nos prévisions annuelles sont de deux cent mille, ce que nous fait apprendre Guéant en voulant les réduire à cent quatre-vingt-mille… pour une population de soixante-cinq et quelques millions, ce n’est rien, à condition que nous sachions accueillir, employer, situer. Politique d’aménagement du territoire que nous n’avons plus.


Les mille euros d’une prime dans le secteur privé, annoncée ex abrupto la semaine dernière par Xavier Bertrand (et non par l’Elysée, pour une fois…) : protestation immédiate du patronat. Idée pas idiote mais pas du tout articulée ni creusée comme cela : pas de dividendes aux actionnaires si une partie des bénéfices n’est pas de droit distribuée en même temps aux salariés, selon des normes et proportions à débattre puis à légaliser. Il apparaît maintenant que ce ne sera pas pour tous, on ne sait non plus si ce sera ou non annuel, et évidemment donner une somme fixe au lieu qu’elle soit proportionnelle ou inversement proportionnelle selon la philosophie de compensation ou de récompense (…) choisie, ne peut que mécontenter tout le monde : François Chérèque le manifeste ce matin. Dominique de Villepin avec son minimum « citoyen » ne prend aucune voix à gauche et en perd à droite.


Il n’a pas été protesté contre des décrets publiés la semaine dernière sur l’anonymat des personnels de sécurité militaire ou civile : genre contre-espionnage, renseignements généraux, groupes d’intervention. Cela fait – officiellement – plus de 15.000 personnes. Dissimulées pour le citoyen. Une véritable garde prétorienne. Pour la sécurité de ces personnels, cet anonymat n’a pas de sens puisque l’ennemi potentiel et les services analogues dans d’autres pays sont certainement à même de le lever. Pour la sécurité nationale, c’est mauvais. Autant que les écoutes téléphoniques.


midi



Joyeux… Lagarde, excédée par Baroin qui « la ramène » avec constance (ces cumuls de fonctions de porte-parole du gouvernement, il devrait n’y avoir que le Premier ministre et son service de presse… avec l’Education, puis le Budget...), fait savoir son opposition à un montant fixe de la prime annoncée. Xavier Bertrand annonce, là-dessus, un projet de loi avant l’été. On voit tout à fait que Baroin, à son jeune âge et député-maire de Troyes à vie, peut attendre cinq ou dix ans de redevenir ministre, Lagarde – elle – ne peut viser qu’une grande entreprise… ou la place de D.S.K. au F.M.I. Elle est donc contre le plafonnement des rémunérations de grands patrons et contre tout ce qui déplaît au MEDEF.



Gérard Longuet dont l’emploi pourrait être supprimé, a de la chance : tentative, dit-on, d’attentat contre lui montée par les talibans.


soir

Une agence de notation, sans encore abaisser la note qui est au maximum : AAA, des Etats-Unis évoque une possible dégradation sous deux ou trois ans. Une dette de 72,4% du PIB à l’arrivée de Clinton au pouvoir, et qu’il avait abaissée à 54,7% quand George Bush junior lui succède et la porte à 84,6% en rendant le tablier. Elle serait aujourd’hui de 99,5% (13.419 milliards de dollars contre 5.456 en 2000). Ce qui est bien au-dessus du ratio français. Deux arguments, rapportés par Le Monde : le déficit budgétaire de 11% du PIB, ce qui reporte à plusieurs années tout rééquilibrage, et l’autre raison, c’est le conflit entre Obama et la majorité républicaine au Congrès. Mais le cours forcé du dollar à travers le monde permet à la planche à billets américaine de donner aux Etats-Unis une « liquidité financière externe sans équivalent ». On retrouve une fois de plus la carence européenne.

Les détenteurs de la dette américaine… selon le FMI, la Fed. et la figuration par Le Monde
Chine 895,6 milliards de dollars
Japon 877,2
Grande-Bretagne 511,8
pays exportateurs de pétrole 210
Brésil 184,4
Caraïbes ( !) 146,3
Hong-Kong 138,9
Canada 134,7
Formose 131,1
Russie 122,5
Suisse 100,6
et autres 860,7 milliards dont 32,6 détenus par la France









[1] - Isaïe XLII 1 à 7 ; psaume XXVII ; évangile selon saint Jean XII 1 à 11

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