vendredi 29 avril 2011

Inquiétude & Certitudes - vendredi 29 avril 2011

Vendredi 29 Avril 2011

Prier…
[1] le temps vers la Pentecôte, encore plus d’attente que de Noël ou du Carême, attente de la mise en mouvement : l’Esprit Saint. Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? … Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez… Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre… venez déjeuner… Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson. Limpidité du texte, suavité et sobriété du dire de Jésus, aucune confidence et aucun commentaire sur le passé, pas de référence sur une sorte d’historique des trois jours décisifs. Présence simple, mais mystérieuse : les disciples ne savaient pas que c’était Jésus… alors, le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : ‘C‘est le Seigneur !’ … Aucun des disciples n’osait lui demander : ‘Qui es-tu ?’ Jésus avait préparé de quoi cuire le poisson. Il retrouvait ses disciples dans le milieu originel de la vocation des premiers d’entre eux. Deux énigmes de textes depuis si longtemps, l’expression, l’appellation que se donne Jésus : Fils de l’homme, et celle que se donne Jean, qui m’arrêtait moins mais m’interpelle maintenant et que je veux résoudre : le disciple que Jésus aimait. Occasionnellement, ce lien historique et sans doute cette complémentarité spirituelle entre Jean et Pierre, marquée encore au début des Actes des Apôtres (comme Pierre et Jean parlaient au peuple dans le Temple), puis Jean disparaît sous la plume de Luc, alors que Jacques, reste très situé. Nature de cette préférence ? raison ? signe d’humanité du Christ, de son incarnation, sans doute, les affinités, simplement humaines, mais mouvementant le cœur, l’âme, faisant le spirituel ? Je ne sais pas. A approfondir. Ces évangiles dits de la Résurrection ou d’après la Résurrection ont des ambiances aussi étranges que douces, ils respirent et communiquent la paix. L’éternité ne sera pas bruyante. Il y a le soir de Pâques et la route d’Emmaüs, mais surtout ces aubes, ces lumières sur le lac, cette camaraderie des disciples les uns pour les autres. Ils ne sont pas à l’affût. Ils n’ont pas couru en Galilée, ils continuent, mais singulièrement, car avant le Christ, ils n’étaient pas ensemble, et depuis le Jeudi-Saint, le Maître n’est plus là. Ils semblent pourtant extrêmement unis. La prière régulière au Cénacle. La pêche en revanche à quelques-uns, aujourd’hui, à cinq. La suite leur sera donnée et tout pouvoir … l’on nous demande comment cet homme a été sauvé… c’est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, cricifié par vous, ressuscité par Dieu. Il y aura un changement total chez ces gens. Le temps liturgique que nous vivons ces semaines-ci est une sorte de retraite, qui n’est qu’indirectement conduite par le Christ dont les apparitions ne sont enseignantes que par leur fait-même : Il est vivant, parce qu’Il est ressuscité. Et son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. Les évangiles ne sont pas une révélation de Dieu, ou sur Dieu, ils sont la révélation, l’affirmation, l’assurance, la démonstration que le salut existe et que ce salut nous est donné.

milieu de journée

Le « royal wedding ». Ma femme suggère, insiste, nous déjeunons devant le téléviseur. Les images sont belles. Une charmante silhouette blanche, robe très près du corps, solitaire avance et glisse.. c’est la sœur de la mariée, elle ramasse la traîne, c’est la sortie, passage devant la reine, en jaune, chapeau, itou, simple ? La souveraine manifestement très émue, s’incline à peine mais très perceptiblement. Depuis la mort de lady D., on lui a taillé le costume de l’impopularité, de la dureté, etc… Dure sans doute avec Margaret, déconcertée – il y avait de quoi – avec son fils aîné, le prince Charles. On oublie son extrême popularité en 1952, à sa descente d’avion, rappelée improviste d’Australie ou de Nouvelle Zélande, par Churchill, redevenu Premier ministre, plus symbolique et historique que la couronne elle-même. Sa popularité en France quand elle vint chez nous, la descente de la Seine avec le premier « bateau-mouche » et les égards de René Coty et de toute la France pour la toute jeune reine. Reprise de quelques images : laborieseusement, l’alliance au doigt. Le prince est le sosie du duc d’Edimbourg, en plus banal, moins hiératique. Lui, comme sa grand-mère, très métier, elle de physique, de carnation, de semi-réserve et semi-sensualitté : très espagnole, qu’elle n’est pas. Splendeur de la cérémonie, de l’ensemble de ce qui n’est pas folklore mais tradition. Cinq cent mille personnes pour regarder le cortège jusqu’au Mall et aux grilles de Buckingham, et trois cent mille à Hyde Park. La sortie, la beauté effectivement de la robe, plissé très juste. Le coupé 1902, les chevaux noirs de la horse guard. Deux milliards paraît-il de téléspectateurs… dans quarante-huit heures, on fera aussi des chiffres pour Jean Paul II. Le baiser au balcon, trois fois, simple et guindé au premier coup, très joli et vrai au troisième. Ma femme me rappelle les deux ruptures, souligne ce qui est dit partout mais que je n’avais pas retenu : une liaison de dix ans, deux ruptures et la retenue ou très habile ou très santé : la future duchesse de Cambridge ne fait jamais de déclaration ou autre, au contraire de Lady D.


Les commentaires de notre côté sur la popularité de la royauté sur l’autre rive du Channel. Tradition de mille ans ? non. Les Windsor sont récents, les révolutions depuis 1640 ont imposé une constitution non écrite, effaçant toute capacité politique personnelle du souverain, le rôle de symbolisation du pays est tardif, et a tenu beaucoup à la longévité de Victoria. Chez nous, ce fut tout le contraire, le roi ne se concevait pas et ne se vivait pas sans la toute puissance politique, le pays n’est pas autonome par rapport à une couronne qui n’est pas abstraite. La révolution instrumentant la monarchie ne pouvait réussir que conduite par le roi, c’était possible : ce ne fut pas ni en 1789-1791, ni en 1871-1873. – La Marseillaise, impensable à Notre Dame de Paris, alors que le God save the queen… A vérifier, mais certainement chantée le 25 Août 1944 avec de Gaulle. L’hymne britannique a une consonnance religieuse, ses premiers mots, et jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, on disait chez nous : Domine, salvum fac, etc.. accord au féminin pour la res publica… Thème insistant des commentateurs tant anglais que français : l’union du peuple et de la famille royale, la modernité, la modernisation, soit…


Les deux anciens Premiers ministres travaillistes, boudés par la reine… sans doute celle-ci détesta-t-elle Blair. Major semble invité, mais on ne mentionne pas Thatcher, qui ne fut pas appréciée non plus (je crois). Dans le récit qui inspire parmi les plus belles pages des mémoires du général de Gaulle, et donc de la littérature française, il n’est question que du Magnificat ! « En fut-il jamais chanté de plus ardent ? Cependant on tire toujours » [2].

[1] - Actes des Apôtres IV 1 à 12 ; psaume CXVIII ; évangile selon saint Jean XXI 1 à 14


[2] - Mémoires de guerre II – L’unité, p.315 éd. tricolore Plon

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