mardi 9 août 2011

Inquiétude & Certitudes - mardi 9 août 2011


Mardi 9 Août 2011

Prier…[1] les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent. On dort beaucoup dans « l’histoire sainte », Ancien comme Nouveau Testament. L’époux est en retard, ce n’est pas fréquent – du moins explicitement – pour Dieu (la parabole précédente, celle du majordome, note aussi ce retard…[2]). La conclusion est de l’ordre du jugement, une séparation en deux groupes, un déni de connaissance par Dieu de certains d’entre nous, à lire le texte : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! – Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas. Plusieurs leçons selon les nombreux textes : Veillez donc… la parabole s’inscrit dans une série de mises en garde analogues : quand à la date de ce jour, et à l’heure, personne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père, seul… vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître… vous aussi, tenez-vous prêts, car c’est à l’heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme va venir… [3] Vigilance mais aussi comportement actif… Toutes les fois que vous aurez fait cela à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’aurez fait… Le début de la parabole intrerroge : le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces… des personnes, des comportements, des circonstances, pas principalement un lieu ni un moment. « Une tranche de vie » disait-on, il y a quelques décennies. Autrement dit, le Royaume des cieux, ici-bas et tout le temps, du moins si l’on veut s’en faire une idée et surtout s’y adapter, y entrer… des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; on les conduit parmi les chants de fête ; elles entrent au palais du roi. Comparaisons, paraboles, psaumes, les expressions communes et courantes d’une civilisation et d’une foi. Aujourd’hui, quelle comparaison – dans un monde grimaçant de violence, d’injustice, de pénurie pas du tout partagée – pourrait-on prendre ? imagine-t-on même un lieu et un moment de paix, de sérénité, de bon accueil ? Cela se construit, Dieu s’y prend avec nous, un à un : tu seras ma fiancée, et ce sera pour toujours. Tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la justice et le droit, l’amour et la tendresse ; tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur. Société, couple régénérés et réinventés, connaissance mutuelle de Dieu et de chacun de nous selon tous les sens et en étreinte. Le discours de Jésus s’oppose à la certitude des disciples selon une réalité qu’ils admirent : le Temple : comme Jésus sortait du Temple (où il a longuement parlé, la parabole des deux fils, celle des vignerons homicides, un premier festin de noces, l’impôt tandis que se relayent pharisiens et sadducéens autour de lui…) et s’en allait, ses disciples s’approchèrent pour lui faire voir les constructions du Temple. Comme s’ils en savaient plus ! Réplique : vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée bas. [4] Tout ce que nous prenons pour pérenne, voire magnifique. La leçon vaut pour l’immense construction dogmatique régissant soi-disant l’économie mondiale, mais au vrai seulement le mouvement brownien de la spéculation sur pratiquement tout, construction qui s’écroule après tout juste trois ans de multiples avertissements, et sans que les moindres vacances des moindres dirigeants en soient le moins du monde dérangées, sauf peut-être celle du président du gouvernement espagnol, dont l’abdication à date fixée depuis plusieurs semaines est déjà acquise… Nous prenons rarement les « choses » et la circonstances pour nous, quand elles sont enseignantes. La prophétie nous fait davantage trembler que l’actualité : nous ne savons ni lire ni voir… alors comprendre ? prier ? Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.

Pour comprendre, apprendre. J’apprends donc les agences de notation, leur origine : financement des chemins de fer aux Etats-Unis, et comment l’Amérique s’est mise la corde au cou en en faisant une référence deux fois légale : pas d’investissement sans leur aval, agrément à leur création ou à leur maintien en activité donné par l’autorité régulant la Bourse. Je lis dans Le Monde, la chronique des 4-7 Août qui peut se résumer au contournement d’une résistance allemande, incarnée par un récent conseiller de Merkel, devenu président de la Bundesbank. Il semble que nous ayons réussi la diffusion d’un communiqué en G 7 ayant fait penché la balance au conseil d’administration de la BCE, ce à quoi ne parvenait pas Trichet. Je comprends enfin que les dérives boursières sont indépendantes des crises de dettes « souveraines » et que les bons du Trésor américain, y compris pour la Chine qui – à la suite Poutine – daube les Etats-Unis, restent très recherchés pour la simple raison qu’on n’a pas encore trouvé mieux et que la Chine – la première – ne saurait où fourguer les siens, sauf si… ce qui n’est ni dit ni commenté … la FED imitait la BCE et rachetait de la dette nationale.

L’un de mes correspondants les plus sagaces mais souvent extrême – le député-maire de Maisons-Laffite – salue les émeutes anglaises comme la justification du dogme intégrationniste en France. Je lui fais observer que notre dogme est encore plus celui de ceux que nous accueillons que le nôtre, si réticents que nous sommes précisément à accueillir…

[1] - Osée II 16 à 22 ; psaume XLV ; évangile selon saint Matthieu XXV 1 à 13

[2] - Matthieu XXIV 48

[3] - Matthieu XXIV 36, 42 & 44

[4] - Matthieu XXIV 1.2

Aucun commentaire: