mardi 13 septembre 2011

Inquiétude & Certitudes - mardi 13 septembre 2011

Mardi 13 Septembre 2011

Hier matin

Je ne lis que maintenant la notice sur « le saint nom de Marie » que j’ai placée tout à l’heure en pièce jointe à ma méditation matinale. Je suis horrifié de la machine de guerre que représente l’origine de cette dévotion : la bataille sous les murs de Vienne en 1683, mon si bel appartenant Prinz Eugen strasse tandis que j’étais affecté en Autriche (Octobre 1988-Juin 1992) regardait exactement le champ de cette bataille qui est aujourd’hui l’ensemble des deux palais du Belvédère et de leur parc. Tout y est : non à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, sus à l’Islam et à l’immigration. Exacte manipulation pour l’actualité d’une histoire certes vécue, mais qui a permis une forme d’avenir mais nous faire aboutir à d’autres situations, à regarder et à administrer telles qu’elles sont et tels que nous sommes… Je hais la haine, et plus encore si elle se prétend dictée par Dieu, fondée en Lui ou la plus grande de ses saintes… Je ne peux concevoir une haine chrétienne, une haine religieuse. La fête du « saint-Rosaire » est du même tonneau, Lépante. Jean XXIII fit – à haute voix – appliquer par un célébrant quelconque, mais en sa présence, l’omission ou la transformation de l’évocation des « Juifs perfides » dans des litanies de la Semaine Saint, qu’avait commandée le Concile mais qu’on n’exécutait donc pas. Conservons nos vénérations mais ne faisons plus d’un conflit leur raison, et prenons-en encore moins la lettre pour courir de nouveau sus à ce qui divise le monde, bêtement. De fait, je reçois, à quoi je ne m’attendais pas autant ni si « fidèlement », l’application littérale : l’appel à la guerre sainte, au moins par la prière… que me transmet un correspondant – habituel, quoique de vues, d’analyses et de sensibilités à l’opposé des miennes…

Hier après-midi

D’ordinaire tandis que notre fille est à son cours de danse classique, bien malgré elle puisqu’elle rechigne de plus en plus, et se débattrait presque (fort peu grâcieusement), je m’installe à l’attendre dans la salle de basket, j’y assiste à une leçon pour préadolescents, donnée par un moniteur ferme, jeune et très pédagogue, précis et chaleureux, psychologue et sachant le ballon et le panier (dont j’ignore, panier et ballon, vraiment tout), et à mon clavier informatique j’écris ceci ou cela, du journal souvent, mon blog. politique parfois selon France-Infos. écouté en conduisant pour venir. J’ai laissé ma machine à transcrire à ma femme, dont l’ordinateur est en panne et j’ai emporté un petit livre, du format de la paume, de Jean-François Six
[1] Il m’a été donné avec des cartons entiers par Denis M. en mal de déménagement et d’allègement, bibliothèque utilitaire d’un curé de paroisse, ouvrages divers dont beaucoup disent comment on concevait et vivait, très chrétiennement mais si différemment d’aujourd’hui, des choses essentielles sans doute, les mêmes que les nôtres, mais écrites sans humour et d’une âme que nous ne comprenons presque plus, du moins est-ce ce que je ressens à ces fonds de bibliothèque pour une Eglise qui vivait mal sa séparation avec l’Etat, avec le temps. Livres vestiges – parfois passionnants, les correspondances de Louis Veuillot ou de Lacordaire – à côté de ces tentatives, ces flux et ces chaleurs des années 1950… Signet une carte postale, adressée par deux religieuses, sans doute pensionnaires de l’un de ces établissements dont mon ami prêtre eut la charge spirituelle, il y a une dizaine d’années. Voici que ces corrrespondantes me le font rayonner – si fort que c’en est étrange, alors qu’il y a peu de mots, mais comment ne pas ajouter mentalement ? En ce dernier jour du beau mois de Mai, et en la fête de la Visitation, je viens vous retrouver pour vous remercier de votre dévouement auprès des malades, à … et aussi pour les vêtements sacerdotaux… Une seconde signe, l’écriture plus tremblée, la première d’apparence masculine mais probablement avec sa charge d’enfance… Père, je ne sais pas si vous vous souvenez de la sœur que vous êtes venu confesser dans la chambre très grande du n° 28, le mercredi saint pour Pâques. En tous cas, je vous envoie l’assurance de ma profonde reconnaissance et de mes prières pour votre apostolat. J’ai senti la dimension de mon vénérable et cher ami, prêtre, dimension qu’il tait et si fréquemment ne fait presque pas voir, avec un don de pudeur que soutient une grande capacité à s’indigner d’une Eglise et de chrétiens encore si loin de leur temps, de notre temps, de ce temps-ci. Ainsi, suis-je entré dans l’introduction-avertissement du petit livre… [2]la démarche même de la prière. Or cette démarche est semblable à celle de l’amour, gratuite, inattendue. Une prière est un cri d’amour, avec tout ce que l’amour comporte de litote et de silences, de discrétion et de « non-dit », de pudeur et de balbutiements ; le contraire de la gloriole et du triomphalisme. Il fallait se laisser aller à l’imprévisible de la prière. Celui qui prie, comme celui qui aime, engage tout son être dans sa prière : son cerveau et son corps, son histoire ; toute son existence et sa vie quotidienne, se concertent là, dans ces temps aigus. Toute prière est marquée et située ; l’enfant ne prie pas comme l’adulte ; on ne prie pas de la même manière en araméen, en chinois ou en français. Suivent trente trois textes qui ne se veulent en rien des poèmes, mais la prière de Dieu à Dieu qui a pour unique sujet, souci, sollicitude, échec et joie : l’homme. Circonstances de l’écriture-prière : manifestement ce que j’ai vécu moi-même, notamment en Octobre-Décembre 1999, et que je fis jaillir en une lettre-roman impssible à commencer ni achever, que je n’écrivis qu’en son milieu et qui me faisais revivre et discuter un amour perdu, une personne inaccessible, parabole de la jeunesse et de l’impossible. Sans se dire ainsi, Jean-François Six au moins se date : près de quarante jours, entre Pâques et l’Ascension 1979, dans un hôpital de souffrances et de désert, mais en même temps d’espérance et de paix. Le lire pour ses premiers textes – tutoyant Dieu pour lui décerner ses propres béatitudes – m’a rendu à l’état exceptionnel que sont l’aventure, la pure projection de la vie, vécue mais pas identifiée. Si Tu es si bon, c’est que Tu es heureux… Tu es heureux parce que Tu es doux, non pas gentil, mais doux… Tu n’es pas celui qui serait au-dessus-de-tout, Tu n’es pas l’invulnérable, Tu n’es pas impassible… Tu es heureux parce que Tu as faim et soif…





Saturé ou rassasié, sentant que j’irais plus loin (plus tard) si je m’arrête ici (maintenant), j’ai alors écrit (pièce jointe) ce que je venais de vivre, ce que je vivais dans cet instant, le renouveau, la réactualisation de l’aventure (assaez analogue à cette lecture forcée par la tempête me maintenant sur l’île de Samothrace en Novembre 1983 : par quelle grâce insolite avais-je emporté en sac à dos l’une des premières éditions, exurgée et avec cul-de-lampes, de lautobiographie de hérèse de Lisieux, exemplaire grand format écolier offert à ma grand-mère maternelle par notre arrière-grand-mère, lecture qui, après plusieurs séjours au mont Athos, fut pour moi un début de grand vivrage) – écrit pour juste aboutir quand l’heure était de rejoindre notre fille. J’ai conclu pour un jeune ami, qui écrit – lui surtout :
d’expérience,
ne ciselez pas un texte, ni aucun poème,
mais votre vie
transposez, ne composez pas,
écrivez et vous trouverez,
cela vous sera donné

Aujourd'hui, maintenant

Prier… voici une parole sûre
[3]. Extraordinaire portrait du prêtre, de l’évêque selon Paul, mais aussi,je le crois, de tout responsable d’une collectivité, quand celle-ci a même foi et se fonde sur unemême aspiration. Vouloir devenir responsable d’une communauté d’Eglise, c’est désirer une très belle tâche. Un responsable de communauté doit être irréprochable… suit ce qui ne plaide pas pour le célibat sacerdotal, mais sans doute envisageait-on et vivait-on laïcat, cléricat sans nos séparations d’aujourd’hui. Avant de méditer ou de décider sur le mariage des prêtres, c’est d’abord sur l’ensemble du tissu communautaire et de la vie morale et économique, spirituelle de la communauté, en tant que telle, l’Eglise par extension dont il s’agit sous la plume de Paul à l’un de ses fils adoptifs, évêque lui-même, qu’il fait réfléchir. Le mystère a été dit par Vatican II ; la vie et son ressort sont l’affaire d’aujourd’hui. La vie politique et civique, une certaine paternité, une responsabilité des dirigeants d’entreprise, voire du capital investi par les actionnaires gagneraient à ne pas prendre Paul pour un clerc, mais bien pour le présentateur exigeant et sagace de la parabole de toute vie en société. Le responsable de communauté, donc, plein de srénéité, pacifique et désintéressé. Il faut qu’il mène bien sa propre famille, qu’il se fasse écouter et respecter par ses enfants. Car un homme qui ne sait pas mener sa propre famille, comment pourrait-il prendre en charge une Eglise de Dieu. Suivent les consignes de recrutement. Nous fêtons Jean Chrysostome, modèle pas développé ici, de la relation intrépide de l’Eglise avec un pouvoir politique qui la prenait pourtant pour référence. Jésus n’a donné de leçon que sa vie et les preuves de la sollicitude divine. On transportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. Jésus a toujours été ému, bouleversé par les foules, non pour s’y laisser prendre à la manière des années 30 et de l’ « orgonie » nazie ou fasciste, mais pour lui rendre sens, cœur et orientation, pour la décentrer au lieu de cette culture de l’abîme collectif d’antan et parfois d’aujourd’hui. Tout autant le Christ est l’homme du tête-à-tête, du cœur-à-cœur le plus intime et efficace : en la voyant, le Seigneur fut saisi de pitié pour elle, et lui dit : ‘ Ne pleure pas’. Délicatesse du Christ, il ne lui demande rien, tout est évident. Il toucha la civière, ni le mort ni sa mère. Jeune homme, je te l’ordonne, lève toi. Les résurrections opérées par le Christ ne se font pas par une apostrophe aux démons et autres maléfices ou maladies : Lazare, le jeune homme de Naïm sont directement rappelés, personnellement, à la vie, par leur nom. Alors le mort se redressa, s’assit et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.






matin

Obama n’aura rien changé aux politiques américaines. En sus (ou en moins…) il aura consacré la perte d’hégémonie et de leadership, l’absence d’inventivité en cas de crise des Etats-Unis, c’est la fin d’un siècle américain commencé en 1917… Il vient de confirmer son veto à l’admission des Palestiniens aux Nations Unies, comme si l’ « affaire de Chine » n’avait pas suffi, naguère… et de la manière la plus cavalière : une diversion qui ne résoudra rien. Et de persister dans la langue de bois : faciliter les négociations de paix [4]. Alain Juppé serait grand s’il faisait son affaire de cette admission de la Palestine aux Nations Unies. Mandé – le premier de tous les futurs ministres – par de Gaulle pour faire partie de son gouvernement en Mai 1958, Couve de Murville conditionna sa participation à l’indépendance de l’Algérie. La réponse fut immédiate, c’était bien le dessein à terme du Général.

midi

Sarkozy à qui rien n’apprend, reçoit le président du Conseil européen, Van Rompuy, et compte s’exprimer publiquement sur l’euro. en fin de journée. Ce qui va – sur fond de défiance envers les banques françaises et tandis qu’Angela Merkel ne tient plus ses alliés ni ses troupes à propos de la Grèce – faire encore plus « tanguer » le bateau. – Révélations de Bourgi : pourquoi parle-t-il ? menacé ? disgrâcié ? se valoriser aux yeux de Sarkozy ? C’est à Pékin, ce qui « fait bien », que Juppé assure n’avoir rien à voir dans ces affaires…

La vie constitutionnelle, le président de la République annonce des lois… il donne instruction au Premier ministre de les faire et à la majorité parlementaire de les entériner. Il est directement législateur. Tandis que la commission d’enquête demandée par le PS à propos des dires de Bourgi sera empêchée…




après-midi

Carrières …

A la déchetterie de mon village, rencontre d’Henri J. Son fils, que j’ai connu à dix-douze ans et à qui j’ai offert une bicyclette, problèmes de santé ensuite, école à Brest, stages à Metz, a intégré la S.N.C.F. qui l’a poussé à des formations à Bruxelles. Le voici responsable-cadre – de je ne sais pas quoi, mais de notable – à Châlons-sur-Saône ; « cerise sur le gâteau », la mutuelle des cheminots couvrent ses parents et sa mère a juste un sciatique… Téléphone, tandis que j’ai les bouteilles et les boîtes à la main, d’Ousmane Ould B., le familier de mon cher moine-ermite en Mauritanie après avoir été l’hôtelier exceptionnel de son abbaye votive, Solesmes. Ousmane a été repéré, tandis que j’avais financé son retour dans sa campagne natale, puisqu’à Nouakchott, impossible de trouver un travail rémunéré, par le fondateur et animateur d’une initiative abolitionniste et anti-esclavagiste qui défraye – heureusement – la chronique en Mauritanie… il va retourner à Nouakchott, apprendra l’informatique et sera payé, à terme. Je vais donner le coup d’épaule final. Carrières… au mérite et véritable progrès social chez nous et là-bas. – Je parcours Le Monde pour dresser la chronologie de cette année, en annexe d’une note que je termine : simple regard sur le temps actuel (écho à Paul Valéry…), j’y trouve que Jean-Paul Landau, accueilli par bonté en petite main à l’association française des banques par Michel Freyche, ancien directeur de la D.R.E.E., mon administration d’origine, pas transcendant et qui, à un instant directeur lui-même, contribua fortement à m’enfoncer dans la disgrâce et la jachère, premières formes administratives de l’exclusion, sans me recevoir que sur lettre recommandée avec accusé de réception, a atterri sous-gouverneur de la Banque de France, donc surpayé à vie…au moins un divorce naguère et pas bien opéré. Il dégoise sur l’euro. dans « mon » journal et je le retrouve ainsi. Didier Maus, « sorti » de l’E.N.A., à la comptabilité publique, locaux minables au Quai Branly, comme ceux de la D.R.E.E. enveloppe avec bâgout François Mitterrand sur un hors-sujet complet : la publication des documents générés par la rédaction puis la mise en place des institutions de la Cinquième République, bureau-voiture, direction de l’Institut international d’administration publique… de professeur-associé au Panthéon, il est maintenant à Aix-en-Provence et préside le comité d’éthique de « mon » journal. Bravo…

Commentaires insipides de ce qui devient la chambre d’échos, et le café du commerce. Rumeurs ce matin d’achats chinois de la dette italienne, contredemandées elles affaiblissent ce qu’elles devaient renforcer… plan franco-allemand supposé pour la Grèce d’ici demain pour contrer (à la demande américaine, non dissimulée) la rumeur d’une faillite d’ici quelques jours, l’annonce est remplacée par celle de conférences téléphoniques à trois demain avec Georges Papandréou junior. Laurence Parisot vante la solidité de nos banques, leur surcapitalisation, le très faible impact de cette éventuelle faillite pour conclure que la nationalisation est inenvisageable. – Le scenario est maintenant clair, la sortie de la Grèce de l’euro. va se préparer en douce et sera subventionnée, peut-être même ne sera-t-elle pas dite pour ce qu’elle va être. Chez nous, Sarkozy tirera sa dernière cartouche, la nationalisation des banques pour avoir à gauche ce qu’il n’arrive pas à décrocher de Marine Le Pen.

Le vrai commentaire : 48% des Allemands estiment que la chancelière gère mal la crise de la zone euro…




[1] - j’ai eu l’honneur et la chance de deux grandes conversations avec ce surdoué de l’empathie dont témoignent ses études fondamentales, parce que totales, vraies et autant intuitives que documentées, sur Thérèse de Lisieux, Charles de Foucauld et aussi sa biographie exemplaire de Mgr. Riobé, l’évêque à tous risques mais tellement père. J’aurais aimé un travail ensemble, ce qu’il ne m’a pas permis. Ce petit livre et le séjour en hôpital qui le fit écrire, est contemporain d’un autre, décisif : L’incroyance et la foi ne sont pas ce qu’on croit. Jean-François SIX n’est pas un dogmatique…

[2] - Jean-François Six, Lorsque Jésus priait… ( Seuil . 1er trim. 1980 . 127 pages)

[3] - 1ère lettre de Paul à Timothée III 1 à 13 ; psaume CI ; évangile selon saint Luc VII 11 à 17




[4] - La démarche palestinienne "est une diversion (qui) ne résout pas le problème. Cette question ne sera résolue que si les Israéliens et les Palestiniens se mettent d'accord", a affirmé M. Obama dans un entretien accordé à plusieurs journalistes hispanophones, dont un de l'AFP.
"Ce qui va se passer à New York pourrait attirer l'attention des médias, mais cela ne va pas changer ce qui se passe sur le terrain tant que les Israéliens et les Palestiniens ne négocient pas. C'est notre position, et elle n'a pas changé", a souligné le président.
"Les Palestiniens estiment qu'ils peuvent se doter de moyens de pression en obtenant une reconnaissance aux Nations unies. Leur intention, je crois, est de passer par l'Assemblée générale. Nous (les Etats-Unis, NDLR) n'avons qu'un vote à l'Assemblée générale. Il y a de toute évidence beaucoup de pays qui sont prêts à soutenir les Palestiniens, selon ce que sera la résolution", a observé M. Obama.
"C'est très différent d'aller au Conseil de sécurité (...) j'ai déjà dit en public que si (cette question) était présentée au Conseil de sécurité, nous nous y opposerions avec force", a-t-il rappelé.
"A l'Assemblée générale, nous avons moins d'influence sur le processus. Nous allons continuer à parler à toutes les parties concernées pour faire en sorte que toute action qui se déroule à New York puisse déboucher sur un redémarrage des négociations", a encore affirmé le président.
"Nous soutiendrons tout ce qui aidera à créer des négociations directes, nous nous opposerons à tout ce qui les empêchera de se dérouler", a-t-il résumé.




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