dimanche 22 janvier 2012

Inquiétude & Certitudes - dimanche 22 janvier 2012

Dimanche 22 Janvier 2012

Jamais, je ne me suis aussi rendu compte qu’en m’éveillant maintenant , qu’aimer ma femme et notre fille, en être aimé, est la vie en elle-même. C’est cela qui ne passe pas et qui me constitue. Mon corps, jamais bien beau, mon visage tellement vieilli en quinze ans mais n’était-il pas insignifiant et superficiel auparavant ? ne sont que l’assurance de ma précarité. Responsabilité vis-à-vis de moi, vis-à-vis des autres. L’âme est bien davantage que son habitat. Elle est intensément relationnelle, projection, elle ne construit et ne récapitule que des relations. L’essentiel d’elle-même, qu’en sait-elle ? le veut-elle ? Je repose en Dieu, aux côtés de mes aimées, de tous ceux qui dans leur vie ont rencontré la mienne, compagnes et compagnons de parcours, croisés, accompagnés, épousés… ce fut selon… ce que je ne sais pas. Je veux ce présent qui m’est donné. Silence et vérité de ce matin. Ô mon Dieu, rester en Toi ! [1] Mission de Jonas, en abrégé selon le texte proposé pour maintenant : lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne pour elle. Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. L’obéissance biblique… l’efficacité divine, déjà dans notre obéissance qui est confiance, mais plus encore dans le résultat pour les tiers : aussitôt, les gens de Ninive, crurent en Dieu. Mais ce que je n’avais pas encore vu dans ce récit : Ninive était une ville exxtraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser (le séjour dans le ventre du poisson, le séjour au tombeau et la descente aux enfers). Jonas la parcourut une journée à peine… La trainée de poudre, la contagion, la célérité du prophète. Dialogue entre l’humanité et Dieu : en voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés. … Ce monde tels que nous le voyons est en train de passe. Et si c’était davantage le fait de notre conversion, que d’une quelconque péremption ou dialectique seulement divine, extérieure à nous, fatidique. Si c’étaient nous les acteurs de notre salut par notre propre conversion, cette fois qui provoque la réaction de Dieu, les miracles qu’Il opère… Il est droit, il est bon, le Seigneur lui qui montre laux pécheurs le chemin. [2] Alors, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui. De quoi s’est-il agi ? d’un appel à une mission : passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets : c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : Venez derrière moi, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent. Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, quié taient aussi dans leur barque et préparaient leurs filets. Jésus les appela aussitôt. Dieu embauche… il emploie. Aussitôt, ils le suivirent… Jonas se leva et partit… Fais-moi connaître ta route.

matin

Prenant la route pour Paris, il me vient une évidence que nos relations – au moins à nous Français – sont mauvaises dans tous les sens et domaines. Mauvaises avec nos gouvernants, et eux vis-à-vis de nous, mauvaises avec nos entreprises et tous les acteurs économiques, et eux vis-à-vis de nous. Mauvaises avec notre propre image et avec nos partenaires, tout est faux, factice, les arrière-pensées ne peuvent même plus être cachées : nous faisons de la présence, nous sommes archi-complexés. Il est vrai qu’il n’y a pas que nous. La famille, le couple sont en décomposition. Le relationnel caractérise le vivant, l’âme humaine ne vit, ne s’identifie que par le relationnel. Evidence de la révélation trinitaire.

Alors que je viens à Paris pour assister au lancement de la campaagne de Nicolas Dupont-Aignan, pour lequel j’ai une vive sympathie personnelle même si je ne m’accorde pas avec lui sur l’Europe (tout le retrait sur la France qu’il prêche est transposable sur l’Europe et bien plus fructueux, ce qui évidemment implique une refonte totale des traités et dispositifs européens) et si je sais bien que, malgré sa télégénie très productive, il ne sera pas au second tour et ne dépassera pas les 5%, succès en soi, et avantage financier quand même… tout le battage est pour le rassemblement au Bourget, organisé par le Parti socialiste pour son candidat : attente de dix mille personnes, thème, qu’il parle de lui-même, se fasse connaître personnellement et établisse le lien entre la nation, le peuple et lui, puisque c’est le fonctionnement – désormais annonné – de l’élection présidentielle chez nous. Plus les personnes que les programmes. Ce qui est d’ailleurs vrai. Battage aussi pour les deux jours de Sarkozy à Cayenne, théoriquement toujours pas candidat.

après-midi

Théâtre Marie-Bell, endroit inadéquat, trop restreint. Un millier de présents. Exercice trop long, notamment l’exposé de Nicolas Dupont-Aignan lui-même, près de deux heures. Personnalité que j’apprécie pour sa pureté, son courage, sa sécession du semblant de parti gaulliste, son évidente ténacité, sa jeunesse et aussi sa télégénie : ces deux points étant décisifs pour une campagne dans laquelle il ne trouvera de vrais moyens qu’ultimement quand l’officielle aura commencé et mettra tous les candidats à égalité. Il a alors plus que sa chance de séduire au moins les 5% de suffrages exprimés, le libérant pour les années à venir et le mettant en position durable d’exister médiatement.

Prestations médiocres d’une élue rurale sur la crise du lait, et d’un couple d’étudiants, ridicule d’un député britannique anti-Europe, élu d’un parti minuscule, pas convaincante ni en situation d’un conseiller général, Bernard Maillard disant malgré lui tout le vieillissement de la référence gaullienne. Bonnes présentations par un lieutenant François Morvan, que je ne connais pas.

Mon champion a rarement des gestes ou des mots spectaculaires. Sses thèses sont mieux dites, hier encore, en questions-réponses à la télévision : il y excelle, avec du calme, de l’énergie et sans jamais mettre des noms dans le débat, sans attaquer que les idées. Ses spontanéités, même sur la simple ambiance ou la logistique sont justes. Anecdote sur son succès de foule à Syndagma il y a quelque temps, rien qu’en passant l’écharpe tricolore, il fait acclamer une certaine France. L’ensemble de sa dialectique pour une France à nouveau libre, me paraît tranposable et avec bien plus de fruit sur une Europe refondée en traités, en mœurs et en choix de ses participants.

Il m’a souvent semblé que je me retrouvais dans les mois qui suivirent le départ du général de Gaulle. Ferveur d’un petit nombre, minuscule et disparate. Dénuement total en moyens, en appuis, en ténors soutenant le chef auto-proclamé par défaut. Autrement dit, le gaullisme d’opposition à la plupart des cours qui ont suivi l’effacement du général de Gaulle des scènes du pouvoir, n’a jamais pu capitaliser politiquement sur la persistance de son prestige et de son rayonnement dans la mémoire populaire et même dans les productions médiatiques. – J’ai acheté en double écharpes et casquettes mauves qui sont jolies : notre fille en aura un jeu, historique… Le livre qui devait faire du bruit et n’en pas fait, pas davantage que celui si musclé et passionnant de Jacques Nikonoff, semble assez mince, je l’ai acheté aussi et donné une centaine d’euros en sus comme don pour la campagne.

Le public est plutôt vieux, mais il y avait des jeunes, dont un de mes voisins de loge. Ceux-ci viennent de l’U.M.P., les seniors sont sans doute d’anciens gaullistes des grandes époques. Ce ne semble pas très argenté. Une délégation s’identifiant du Jura. Rien ne peut inquiéter les quatre « grands » que sont le PS, l’UMP, Marie Le Pen et François Bayrou. Ce dernier s’y voit. Je ne sais pourquoi il a cessé de m’être sympathique, sans doute sa liaison avec sa lieutenante, placé au conseil de Paris, Sarnèze, dont j’orthographie mal le nom. Mais Nicolas Dupont-Aignan a le temps pour lui. Je ne sais s’il est inexpugnable de ses mandats de député et de maire. Yerres semble une assise et un relationnement qui importent.

soir

Le tyran quitte Sanaa mais des dizaines de milliers de Yéménites refusent son immunité judiciaire à vie. Manifestations d’hostilité aux autorités de fait en Libye et démission du numéro deux du conseil de transition.

Les médias relayent avec faveur le rassemblement du Bourget. Vingt-cinq mille présents. Immensité de la salle, Hollande dans ce genre de mise en scène, très étudiée et avec de gros moyens fait autant pantin, en gagnant l’estrade immense et désertique, que Sarkozy. Il a cependant une démarche un peu plus télégénique, n’a pas ce hochement de tête et ces dodelinements à chaque phrase ou à chaque poignée de main qui sont le trait d’image – avec les oreilles et le regard triste de tout dictateur – de notre prince régnant. Deux bouts de textes : aveu de personnalité, j’aime les gens et pas l’argent (du coup, ennemi innombrable, anonyme et non candidat, mais dominant : les puissances d’argent), et la revendication d’être l’incarnation voulue par les militants et autres de l’espérance de tout un peuple. Le « c’est moi qui… » ponctuant et introduisant une dizaine de propositions sur cette responsabilité historique me paraissent de trop, mais correspondent certainement à un très fort ego… dont personne ne peut savoir, avant l’épreuve, ce qu’il produira aux commandes de l’Etat. De même, cette manière de dire qu’il s’est préparé toute sa vie à cette candidature et donc à cette victoire. Soit… Certainement, un plus dans une campagne dont tout le monde, y compris les militants ou sympathisants, admet qu’elle a manqué jusqu’ici et de ferveur et d’allant. Cela se renouvellera-t-il ? s’amplifiera-t-il ?

La ressemblance avec François Mitterrand, ou la tentative de lui ressembler, comme orateur est évidente mais pas commentée. Le peu que j’entends de thèmes et propositions me satisfait. D’une certaine manière, les tentatives de commentaires par l’U.M.P. ou les allusions du non-candidat depuis Cayenne, à l’occasion de ses vœux à l’Outre-Mer, ne font que grandir l’opposant. Je polémique là-dessus avec le sympathique député-maire UMP de Maisons-Laffite :

----- Original Message -----
From:
Jacques Myard
To:
Jacques Myard
Sent: Sunday, January 22, 2012 7:47 PM
Subject:
A/S : F. Hollande / Droit de vote pour les étrangers ou le mépris de la République !

François Hollande en proposant , à nouveau , de donner le droit de vote aux étrangers , fait preuve d'un rare mépris pour le concept de citoyenneté .
A l'évidence le candidat socialiste considère le vote comme un acte économique lié à la présence en France , alors qu'il est le fondement du vouloir vivre ensemble , de l'appartenance à une Nation . C'est un acte politique fondateur qui ne s'acquière pas à la longue , il exige un acte d'adhésion et de volonté !
Alors que la situation internationale va se radicaliser , que les flux migratoires vont aller croissant , F. Hollande se range délibérément dans le camp du communautarisme dévastateur et anti républicain , il lui manque une réelle vision de la Nation et de ce qu'est la France !

----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Jacques Myard
Sent: Sunday, January 22, 2012 9:45 PM
Subject:
observations sur l'UMP et son chef au lieu d'observations sur l'opposition - Re: A/S : F. Hollande / Droit de vote pour les étrangers ou le mépris de la République !

C'est la façon Dati - 2007 et celle chronique du Figaro que de traiter sans cesse, les larmes aux yeux, l'opposition socialiste qui si elle était moins décevante, aurait vos suffrages. Et de la plaindre pour ne jamais faire une introspection de la majorité, de ses résultats, de son mimétisme thématique avec le Front national et de l'historique depuis Chirac, version haine de VGE, d'un parti naguère élu pour soutenir l'action du général de Gaulle.

Il serait plus utile pour les cent jours à venir de connaître la pensée critique de l'UMP et la vôtre sur le mandat qui s'achève et vos propositions pour que le prochain s'il est dévolu au même, tourne mieux. Que chacun ne parle plus que de soi. Recevoir constamment les deux versions du PS - celle, seule autorisée, émanant de ce parti-même, et celle de ses détracteurs. Hollande n'a jamais été ministre. Sarkozy l'ait depuis dix ans sauf quelques mois où il n'est "que" le patron de l'UMP. On ne peut demander à Hollande d'être solidaire des gestions antérieures, tandis que Sarkozy n'assume rien de 2002 jusqu'à l'instant où il présente ses voeux à une énième catrégorie ou sous catégorie de nos compatriotes.

Votre texte-même oublie les variations de Sarkozy sur le sujet, suppose que les étrangers visés n'ont pas le goût de la France. Quant au communautarisme, ce sont les Juifs, leur passion pour l'Etat d'Israël et le pelotage de notre "classe politique" pour les réunions du CRIF, qui ont donné le signal. Ni les musulmans, ni les noirs n'ont vraiment commencé. Il est quand même piquant que ce soit un président, ayant des ascendances juives et dont le père (absent) n'a été naturalisé français que cinq ans avant la naissance de notre prince, son fils, qui se pose en chasseur d'immigrés et en donneur de leçons d'histoire sur la nation française.

J'aimerai savoir qui serait votre champion si vous étiez libre d'exprimer un choix.

Comment avez-vous vu et voyez-vous Dupont-Aignan ?

Mon pronostic est une réélection de NS sur le fil, mais une assemblée d'opposition dominée par le parti socialiste, vu le mode de scrutin. Donc une cohabitation mais sabotée avec une férocité sans rapport avec le mouvement des trois précédentes cohabitations, férocité et soif de vengeance de NS, meute infernale de l'UMP menée par Coppé. Dissolution dès que peut porter l'argument que les socialistes sont destructeurs, nuls, sans résultat. Reprise du pouvoir par NS sur fond de brigue implacable de sa succession. Bref, de la haine et du théâtre pour les cinq ans à venir... tandis que l'euro., l'Union et la substance française...

Bien amicalement.

J’augure mal de la suite, car cette campagne présidentielle aurait dû avoir lieu il y a des mois. C’est maintenant que les orientations et décisions se prennent, et il n’y a personne qui réponde légitimement de la France d’ici Mai 2012. Nous sommes de plus en plus absent, tandis que la mécanique des relations et procédures internationales, pas seulement financières, continue et même, en certains domaines (l’euro., le pétrole), s’emballe.

[1] - Jonas III 1 à 10 ; psaume XXV ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens VII 29 à 31 ; évangile selon saint Marc I 14 à 20

[2] - Il manque dans ce psaume alphabétique les lettres bet et vav, tandis que le alef et le réch reviennent deux fois. La dernière phrase, extraite du psaume 130.8, a été peut-être ajoutée pour combler la lacune du vav. Ainsi, la quête de Dieu consiste-t-elle essentiellement à connaître les voies qui mènent à lui et à comprendre que ces chemins se confodent avec la vérité, le bienfait, la droiture et que seuls sont aptes à s’y engager ceux qui craignent Dieu, les modestes qui se repentent sincèrement de leurs erreurs en s’en remettant entièrement à lui. Au bout de ces chemins brillent alors l’espoir, le salut, le pardon et, par-dessus tout, le mystère de Dieu. C’est ce psaume qui a été choisi par nos sages comme type-même de supplication, qu’ils ont appelé néfilat apayim (littéralement « la chute de la face ») afin de compléter l’énumération des 13 attributs divins.Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. La manière dont commente et lit notre rabbin m’éveille à une évidence : le christianisme a ceci de particulier qu’il n’est lié à aucune langue (erreur décisive et inculte que de se cramponner au latin, selon quelques-uns, même si cette langue qui n’est plus parlée est fort belle, a son rythme, sa précision et a enfanté en Europe occidentale la plupart de nos parlers, de nos écrits et donc de nos façons de penser. Le Juif, religieux ou pas, a comme base de sa littérature, de sa civilisation, plus encore que d’une religion certainement moins pratiquée, même en israël, qu’autrefois, les psaumes, les livres de ce que le chrétien appelle l’Ancien Testament : la Thora et le musulman reçoit d’une pueple et d’une langue particulière le monument littéraire de celui-ci : le Coran, l’hébreu, l’arabe se parlent et ils constituent une âme populaire, une référence même profane. Le religieux a enfanté plus que de la piété ou des rites. Le chrétien pratique des transpositions : l’homme est à l’image de Dieu, les sacrements perpétuent l’action incarnée du Christ… le chrétien est convaincu que Dieu parle sa propre langue, dans sa civilisation et dans son époque, hic et nunc, pas seulement selon les circonstances qu’il déchiffre, ou l’inspiration de son cœur, mais selon une révélation qui continue par l’Esprit Saint donnant à chaque génération le sens de l’immuable mais pour aujourd’hui. – Reste que Claude BRAHIMI dit, ce matin, admirablement le sens de ce psaume, de ce qu’il nous apporte au nom de son peuple et de sa tradition. Manifestement, ces commentaires ne sont pas écrits d’un bloc ni d’un seul tenant, ils le sont jour après jour selon sa prière, la nôtre.

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