lundi 19 mars 2012

Inquiétude & Certitudes - lundi 19 mars 2012

Lundi 19 Mars 2012

Un dernier croissant de lune vers l’est, suspendu dans le ciel déjà très clair. Hier soir, ouvert pour la seconde fois avant de m’y mettre, malgré des équations et un gros lexique in fine, la première traduction française de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, traduite et procurée par un Jean de LARGENTAYE, publiée par Payot [1] en… 1942. La France occupée travaille de la théorie économique britannique. Il se triouve que cet inspecteur des financesn ancien ingénieur, est en péninsule ibérique le bras droit de mon cher COUVE de MURVILLE, ce qu’il restera ensuite à Alger pour les débuts budgétaires de de GAULLE enfin émancipé du Trésor britannique. Sidérant que dans notre campagne électorale et dans les montages, chaque fois de plus en plus « pont de la rivière Kwai », première version, ne sortent pas des thèses et théories d’ensemble sur la mondialisation, les spéculations, les notations de dettes souveraines, etc… les Nobel de ces dernières années ont traité, en pointillistes, du bien-être et de sa mesure, STIEGLITZ qui s’est trompé à propos de ce que signifiait la faillite de Lehman brothers n’a mis en évidence le lien entre psychologie des dirigerants physiques et vice des pricessus financiers et économiques, qu’une fois célèbre et couronné. Pas avant. Parcouru passim d’Arthur KOESTLER, Croisade sans croix, tout y est onirique au point que la réalité semble d’abord un rêve, le saut final en parachute n’est perçu comme tel par le lecteur que j’étais, que par déduction. Fantastique passage sur l’interrogatoire-torture, sur la thérapie ensuite, typologie du bourreau, de la femme, du héros-épave. Les digressions, moins bonnes que dans Le silence de la mer sur l’Allemagne se défendant, une fois victorieuse, ne me viennent que ce matin. J’avais ouvert le mince livre sur ceci : Vous ne trouvez pas que c’est un jeu bien ennuyeux d’essayer de découvrir les raisons pour lesquelles on fait quelque chose ? … Mais si on les connaît pas, quel guide a-t-on pour agir ? … Oh, vous savez, de toutes façons, les raisonnements ne vous mènent pas loin [2].

Prier… il y a les canonisés et il y a les éponymes, nos ancêtres dans la foi, Marie et Joseph, au rôle capital de chacun, n’ont pas été l’objet de procès en béatification ni de contrôle de leurs écrits. Ils sont d’une disponibilité extraordinaire pour notre dévotion, mais ils nous imposent une méditation, la leur, vécue.
[3] Deux « histoires » comme pour enfants, à lire le soir, la recherche d’un Jésus de groupe en groupe par ses parents rentrant d’un pèlerinage, l’extraordinaire découverte et le décalage total des deux dires : Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! Respect par Joseph de son rôle, il est en « arrière de la main », il ne dit rien, c’est Marie qui parle comme au soir des noces à Cana. Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? ne le saviez-vous pas ? c’est chez mon Père que je dois être. Impossible de comprendre, de fait : ils ne comprenaient pas ce qu’il leur disait. Pendant trois ans, les disciples en seront au même point. Luc note en conclusion le retour à la norme (humaine) : il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth et il leur était soumis. Second récit : Joseph ne parle pas non plus. Avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret. Joseph est un homme de décision, de résolution. Il respire la sérénité. Il est sans complexe. Il assume. Il est simple, au sens de qui n’est pas double. Il est grand. Avec mon élu, j’ai fait une alliance, j’ai juré à David, mon serviteur : j’établirai ta dynastie pour toujours, je te bâtis un trône pour la suite des âges. [4] Les deux incarnations, de chair et de corps, la vierge Marie dont l’ascendance n’est pas dite, de généalogie, celle de David, la dynastie divine… les mythes humains sont moins inventifs que l’Ecriture et les Prophètes (retenue de Mohamed puisqu’au contraire de ceux de l’Ancien Testament juif, il n’annonce ni n’anticipe, il conclut au contraire et exige, ce qui reste une fidélité à l’étymologie du mot prophète). Mais l’incarnation n’est pas une curiosité : la manière de Dieu d’entrer, de l’intérieur, dans l’histoire d’une création qui est la sienne. Elle est une alliance, elle est une promesse, elle est le lien le plus fort. Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. … Il me dira : tu es mon père, mon Dieu, mon roc et mon salut ! Sans fin, je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle. L’incarnation est la première des saintetés, celle de Dieu, elle signifie la fidélité. J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de peuples. Il est notre père devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence qui n’existait pas. Espérant contre toute espérance, il a cru : Abraham, premier de notre lignée. Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. L’adoption du Christ, sa filiation daviddique sont le fiat de Joseph, ultime de notre lignée et permettant tout.

Un correspondant me donne à lire un texte de maintenant, une ligne jaillit : la vérité absolue que nul jamais ne trouve. Je lui réplique aussitôt : non, on trouve ! C’est même la vie que de trouver.

Fête de Marcel CALLO, ce scout et ce jociste rennais. Je le découvre quand je suis en Autriche et par lui Mauthausen, où l’on mourait de la pire manière : la fatigue. Ceux qui dans l’effroyable escalier de pierre montant de la carrière à la plaine où construire le camp, se jetaient d’en haut pour être sûr de mourir. – Justement, rêvé d’Erich BIELKA, autrichien s’il en fut et qui de justesse échappa aux nazis (il crut mettre à l’abri les archives du consulat général de Munich au moment de l’Anschluss en les portant au nôtre…), ministre des Affaires étrangères de KREISKY, mon mentor pour comprendre en 1989-1992 l’Europe centrale de l’Est et le cœur de l’histoire européenne sans doute, pendant un millénaire, ce qui était mouvant et ne s’assurait que selon les dynasties, leurs propriétés et leurs généalogies et non une institution, un projet comme chez nous. Nous le rencontrons, dans ce rêve devant la Banque centrale, ma mère et moi. Il me reproche de ne pas l’avoir averti à temps de ce retour… – Passé refleurir et arranger la tombe de ma mère, j’en avais le projet. Les pensées blanches à cœur violet sont plus nombreuses que jamais, perlées de rosée. POMPIDOU confirmant involontairement ? de GAULLE en mourant en Avril, ce qui a déterminé depuis 1969 que nos campagnes présidentielles sont au printemps. On ne peut plus couper du bois pour le chauffage, la sève a monté, les feuilles sont à poindre, les scies n’y tiendraient pas.

matin

Sans doute, la campagne est archi-médiocre, mais elle a un enjeu très précis. La reconduction de Sarkozy ou pas. Le reconduire, c’est continuer ces cinq ans, c’est-à-dire une improvisation à double tranchant presque chaque jour : soit une réaction à un fait-divers ou à un mouvement d’opinion, soit une lubie dévastratrice et passant dans nos textes sans contrôle ni délibération. Mais c’est aussi ne pas savoir la vérité sur Karachi et le financement de la campagne présidentielle de Ballaadur, et ne pas savoir la relation franco-libyenne. Un journaliste d’investigation qui s’est livré au monde la semaine dernière et que je n’ai pas encore lu, réitère ce matin sur France-Infos. L’Abdallahi Senoussi et le Takhiedine, le seul marché qui intéressait Kadhafi qui n’eut que faire des Rafale (on ne parle plus du marché indien, soi-disant conclu ou tout comme) était notre système d’espionnage électronique des échanges entre Libyens. Des gens accrédités Défense en France travaillaient sous les ordres du fils Khadafi… Cela et le financement d’une autre campagne présidentielle, celle de 2007 et de Sarkozy.

Discussion intéressante d’avant neuf heures sur ma radio d’élection (au sens de dilection et d’outil) : Mélenchon. Je n’ai pas d’écho sur le discours de la Bastille hier. Joffrin et quelqu’un du Point. Forcément, ses électeurs à plus de 80% voteront Hollande au second tour même s’ils ne l’aiment pas. Jusqu’à 10% d’intentions de vote, le porte-parole de l’extrême-gauche est l’allié. Mais au-dessus, il mord sur Hollande et peut le placer second derrière Sarkozy au premier tour, et de plus en plus. C’est alors que le second tour peut mal tourner. C eme paraît bien observé. Curieusement, Mélenchon serait moyennement reçu chez les ouvriers, le trouvant peu réaliste : l’ouvrier est réaliste. Un sous-titre de son programme : l’immigration n’est pas un problème, est sans doute maladroite. – Hollande inaugure une série de cette semaine entre huit heures dix et huit heures et demi. La renégociation du traité européenne, actuellement travaillé à la sauvette et à huis-clos. Nécessité de la croissance. Je découvre notre homme et positivement : il est calme. Sans doute ni rayonnant ni inventif, mais posé. Comme il aura à présider par très gros temps, c’est bien. Je le voudrais plus précis sur la manière dont il jouera des institutions. Vais le lui courieller.

Drame. Devant un collège confessionnel sous contrat : juif, à Toulouse. Un tireur à scooter, encore un, ou le même qu’à Montauban ? probablement trois morts, dont deux enfants : affreux. Les manouches fauchées sur l’autoroute : mises à quai par un contrôleur de la SNCF en pleine nuit, car elles étaient sans billet.

[1] - Payot . 8 Mai 1942 . 407 pages


[2] - p. 158, Arhur KOESTLER . Croisade sans croix (éd. Penguin 1947 . 186 pages, écrit Juillet 1942-Juillet 1943)

[3] - 2ème livre de Samuel VII 4 à 16 passim, psaume XXXIX ; Paul aux Romains ; évangile selon saint Luc II 45 à 51 & selon saint Matthieu I 16 à 24 passim

[4] - Ce psaume est un hymne à la toute puissance divine qui s’est illustrée par le choix de David comme roi d’Israël et par la création du monde fondée sur la justice. Avec David, Dieu a scellé une alliance indestructible, pour lui et ses descendants. Le soutien de Dieu est permanent ; le psalmiste lui consacre les versets 21 à 38. En tant que créateur du monde, il le gouverne avec majesté, châtiant les impies, tels que l’Egypte, nommée ici …, du nom de l’ange protecteur du pays. Et tout naturellement, cette création lui rend hommage : « le Tabor et le H’ermon chantent ton nom » (verset 14). A partir du verset 39 le ton change, car la dynastie davidique a été brutalement interrompue par la destruction du Temple de Salomon. Le psalmiste, qui se fait écho de la pensée populaire, se met à douter de la promesse divine ; il prend Dieu à partie de façon violente, agressive, jusqu’à l’inconvenance : Tu as abandonné ton oint, tu as aboli l’alliance, tu as ruiné ses fortereesses, tu as mis à bas son trône, tu l’as couvert de honte… Il faut comprendre que pour le psalmiste, le monde n’a de sens que s’il porte haut les valeurs représentées par David et son peuple. Crest le sens du parallèule établi entre la créaiton du monde et la Maison de David. La ruine de cette dernière est la ruine du monde : « c’est donc vain que tu as créé l’homme !» (verset 48). Revelons enfin quelques phrases utilisées dans la liturgie : « Dieu glorifié dans une assemblées de saints » (v. 8), « heureux le peuple qui connaît la victoire » : ô Eternel, ils marchent à la lumière de ta face ! » (v. 16) ; « tu es la force de sa plendeur et par ta volonté, tu relève sa corne » (v.18). Notre psaume se termine par une bénédiction : « Béni soit l’Eternel à jamais, amen et amen ! », clôturant ainsi le troisième livre du recueil.Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

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