mercredi 9 mai 2012

élection présidentielle - note n° 16 - 6.8 mai 2012

Election présidentielle 2012

observations & réflexions

XIV




6 . 8 Mai 2012  

La soirée et son lendemain : une mémoire de l’instant



C'est surtout la grandeur de la France qui nous manque.
en réponse au message de Tulle, courriel d’un ami mauritanien,
dont le père anti-pustchiste fut fusillé pour avoir tenté de faire renouer avec la légitimité, 16 + 26 Mars 1981 – mardi 8 Mai 2012


Les faits… et les dits…

6 Mai – sur 91% des suffrages exprimés, 51,61% pour François Hollande – discours de NS pas en forme d’adieu, à la Mutualité, et de FH à Tulle, place de la cathédrale, puis à Paris, place de la Bastille – en Allemagne, la CDU perd les élections     du land de Slesvig-Holstein – en Grèce, la Nea Demokratia (19%) et le PASOK (13%) s’effondrent, un parti nostalgique des colonels de 1967 (Aube dorée, 7%) entre au Parlement – en Serbie, Boris Tadic, partisan de l’adhésion à l’Union européenne et au pouvoir depuis 2004, devance au premier tour Tomislav Nikolic, son adversaire traditionnel ; arbitre du second tour, Ivia Dacic, ancien porte-parole de Slobodan Milosevic, réclame la place de premier ministre

7 Mai – Angela Merkel invite François Hollande à Berlin : il y sera reçu « à bras ouverts » –la  bourse de Paris en baisse modérée, du fait de la Grèce et non de l’élection présudentielle française – passation de pouvoir fixée au 15 Mai – Alain Juppé soi-disant pour éviter un cumul de mandat, renonce à se représenter pour la députation : dans sa circonscription où il a déjà été battu en 2007, François Hollande a recueilli 59% des suffrages – en Syrie, premières élections législatives depuis l’abolition par referendum en Février du monopole du Baas – en Espagne, Mariano Rajoy, annonce un nouveau plan d’assainissement des banques – en Israël, Benyamin Netanyahou évoque à la convention du Likoud des élections anticipées en Septembre qui lui sont évitées, dès le 8 par le ralliement du Kadima – en Israël, Benyamin Netanyahou évoque à la convention du Likoud des élections anticipées en Septembre qui lui sont évitées, dès le 8 par le ralliement du Kadima

8 Mai – cérémonies commémorant la capitulation du Reich : le président sortant dépose une gerbe devant la statue du général de Gaulle, rond-point Clemenceau ; avec le président élu, il dépose une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu – le Conseil européen, prévu pour se tenir le 17 Mai, est reporté au 23 à la demande de François Hollande – Al-Jazeera prié de fermer son bureau anglophone à Pékin à Moscou, reprise des fonctions présidentielles par Vladimir Poutine et investiture de Dmitri Medvedev, Premier ministre par 299 contre 144 à la Douma
J’ai fait le plan de cette note dès le lundi soir. A supprimer – aujourd’hui samedi 12 – les coquilles de ma saisie hâtive des trois discours, j’ai été rétrospectivement ému par ceux de François Hollande. Je n’étais que dans le mouvement de la soirée, le dimanche 6. En entendant Nicolas Sarkozy, j’ai aussitôt su qu’il ne quittait la « scène politique » que pour le court laps de temps, évidemment pas programmable, où la tendance à nous fabriquer des icônes et où la lutte entre chefs (dont beaucoup risquent d’être battus pour la députation) auront produit la nécessité à droite qu’il revienne à sa tête. Les épigones du gaullisme n’ont conservé que le goût du chef et plus encore de la machine électorale. Le Canard enchaîné rapporte la gestation du texte de la Mutualité. Le premier jet était : jamais (ma place ne pourra plus être la même).


I – L’unisson

Vécue selon France 2 depuis vingt heures quinze, le résultat connu en badaud devant le bureau de vote de mon village, cette soirée d’élection ne m’a pas ému mais j’ai connu l’émotion des deux candidats, inversant désormais leurs rôles, et de leur public.

L’ambiance est autant sur « les plateaux » que chez les deux protagonistes. Lien : les courses poursuites à moto. Les vitres de Nicolas Sarkozy qui ne s’abaissent pas, celles de François Hollande à partir du périphérique, si. Ecoeurement que ce soient les mêmes qui pendant cinq ans étaient courbés de révérence, et qui maintenant… ils ne commentent plus, ils ne sont, je le reconnais, plus serviteurs du prince régnant, c’est pire, ils sont organisateurs de spectacle. Il a été dit les 7 et 8 que cette soirée avait battu les records d’audience du débat Royal-Sarkozy de 2007 (20 millions de téléspectateurs sur cette chaîne) que n’avait pas été celui du 2 Mai dernier (18 millions). Unisson donc de gens du spectacle et de spectateurs. N’étant à aucune des manifestations, y compris celle du candidat socialiste dissident pour le siège de Vannes, je ne sais les sentiments des « gens » pour cette fête. Les médias eux sont heureux. Les journalistes interrogeant les candidats passent ce soir d’élection pour des experts. Les approximations – en bouche-trou – se multiplient. On dit beaucoup sur le nouvel élu, il apparaît que Serge Raffy a réalisé, sans conviction qu’il écrivait le livre référence, une réelle enquête donnant la connaissance du vainqueur et le pourquoi de cette victoire : la ténacité, une sorte de prescience depuis quasiment toujours qui ne l’a jamais quitté et qui fait qu’il n’a jamais douté alors que beaucoup fut laborieux. Une force face  Nicolas Sarkozy : il n’était pas prévu par le sortant qui fit sa stratégie sur le dogmatisme, les 35 heures et dût emprunter aux primaires socialistes pour avoir de quoi dauber son compétiteur, en quoi il s’auto-intoxiqua.  

La langue de bois est autre que l’habituelle, le soir du résultat, mais elle a le même effet : elle n’est crédible, ni belle, elle diminue chacun des propos de ceux qui la parlent. Ce sont les saluts républicains, le non possumus des UMP devant les cameras, ils ne peuvent que féliciter, ils ne peuvent que saluer, ils sont républicains, c’est républicain. Même tonneau que les protestations et affichages sur les valeurs. Qu’est-ce que la République sinon notre bien commun, des institutions que personne ne songe à contester ou à renverser. Le débat n’est que sur quelques ajustement de la Cinquième République, que sur sa pratique, encore n’est-ce discussion que de commentateurs ou de professionnels de la « classe politique ». La référence républicaine – qui fut de combat à partir de 1830, sous l’Empire et dans la première décennie de la Troisième République – ne signifie plus rien. C’est bien pour cela qu’il en est tant usé. Salut républicain pour que la démarche ne soit pas personnelle ! que le dire ne paraisse pas une approbation du vainqueur ou la reconnaissance de sa qualité. ce qui dispense de toute analyse « à chaud » et publique sur les erreurs stratégiques, les erreurs de campagne de Nicolas Sarkozy et en fait sur la responsabilité de celui-ci dans la déformation de l’opinion publique nationale. La pétition que les législatives sont un « troisième tour » date de 1981. Il n’y a pas de troisième tour, il y a l’élection de de 577 députés qui ne doivent pas être un contre-pouvoir mais le contrôle et le débat des exercices gouvernementaux, selon l’arbnitrage du président de la République ayant tous moyens de faire prévaloir les orientations décidées par sa propre élection. Curieusement, il n’y a pas de discours funèbre sur le mandat qui s’achève sur une sanction au lieu du renouvellement sollicité. Henri Guaino est seul à soutenir que l’élection s’est faite à très peu de voix, quelques centaines de milliers au plus.

Le discours des vaincus est éclipsé – je crois – par celui qui n’est plus leur chef et n’est pas même leur référence : il doit disparaître, de son propre aveu et à l’antenne personne n’a réclamé ni prédit sa survie. Ce que j’entends à la Mutualité, après que j’ai entendu, davantage par bribes ou, très à chaud, dans des moments de tension, ces communiqués méprisants de l’Elysée pendant les mouvements sociaux de l’automne de 2007 et de l’été de 2010, ces duretés mensongères, ou les développements en entretiens très annoncés, très préparés, très mis en scène (quoique moins que ceux de Jacques Chirac vers sa fin qu’on aurait cru sur la scène de l’Olympia et avec « vedettes américaines »… ce que j’entends et vois (toujours des gros plans, la salle off, mais jamais donnée entièrement, discours en chambre et pas en plein air) ne m’étonne pas. Sur un autre ton, c’est le même registre, le drapé du tricolore. Sidérant : c’est l’exercice du mandat présidentiel qui lui apprend la patrie et l’amour de la France. La pétition de responsabilité exclusive qui dans le commentaire professionnel va passer pour du courage et de la noblesse, me paraît au contraire l’exposé du motif pour la suite. Nicolas Sarkozy va revenir, et ce discours de recommandations aux partisans et militants (mais non aux hiérarques dont pas un seul n’est nommé, il n’y a que les électeurs de visés…) est une posture. Faire regretter ce qu’il aurait pu être, enfin. Ce président différent dont Match faisait titre et couverture. Le verbatim est un constat s’il s’agit de dire la suite : une place qui ne sera plus la même. Bien évidemment. Mais – précisément – une place. Les deux précédents, quoique très différents l’un de l’autre et dont un seul n’est évoqué : la résolution dite par Lionel Jospin le 22 Avril 2002 et qui fut une erreur, ne faisaient aucune allusion à une place. De Gaulle démissionna sans le moindre commentaire. Valéry Giscard d’Estaing crut laisser un vide mais ne put jamais revenir parce que la place fut chaque fois prise, la place précisément : Jacques Chirac, cause statistique de la chute en 1981, Raymond Barre en 1988. Une place que les circonstances vont définir.

Le discours du vainqueur m’a surpris, intéressé, séduit puis passionné par son habileté, son empathie avec les deux publics très différents, son peu de souci des médias et des téléspectateurs. François Hollande a parlé pour ses deux publics et pour ceux qui enviaient ce soir du 6 Mai la France et les Français. Il a parlé – avec une audace qui n’a pas été relevée, et encore moins commentée parce que les thèmes sur lesquels gloser étaient d’avance choisis par les professionnels – aux peuples par-dessus leurs dirigeants : les Européens, et en dénonçant nos pratiques, la « françafrique » caractérisée avec justesse, il a manifestement dit son message aux Africains. Une manière se révèle, l’ellipse en art oratoire, l’affectivité et donc le gouvernement des mains libres quoiqu’avec indices, la relation avec le peuple sur le mode du partage, de la compréhension. Là est la rupture. On est ensemble, après avoir été pendant cinq ans culpabilisés. Un trait est souligné par les présentateurs, l’élu s’attarde, le candidat, le coureur de fond s’investit dans les amitiés, les dialogues, les ambiances, la durée, il n’est pas de passage, il revient. Justesse des égards pour Ségolène Royal car il y en a eu, ce soir-là, au point que Valérie… A la Bastille, j’ai entendu – si rare en politique – l’appel au bonheur.

Auto-satisfaction générale des monteurs du spectacle et des électeurs, selon les conversations que j’ai dans la semaine : la dignité du départ (il n’est pas encore entièrement accompli), le geste du sortant d’inviter son successeur à l’Arc-de-Triomphe, mais cela fait apprendre ce qui n’avait pas été remarqué ou était oublié. Nicolas Sarkozy refusa l’invitation du même genre que lui avait adressé Jacques Chirac en 2007. Images, images… peise à témoin du monde sur cet unisson et ce moment démocratique… c’est la version des vaincus… démonstration que le changement de cours est possible ce qui est souhaité dans l’Union européenne et dans le monde… c’est l’affirmation des vainqueurs.

Y a-t-il unisson ? oui, dans le libre examen et la libre évaluation des électeurs qui ne sont téléspectateurs que sur proposition. Chacun sait que le fond n’est pas traité ce soir-là et par cette fête-là. Un de mes correspondants internet, élu inexpugnable selon la chronologie de ses entrées en lice et multiples réélections, a beau jeu de remarquer comme tout le monde qu’à la Bastille en gros plan on ne voit que des drapeaux rouges et jeunes, ce sont en fait des Jeunes socialistes, et un drapeau égyptien ou syrien, celui des printemps arabes aux trois bandes rouge, blanche et noire avec étoiles vertes horizontales. Peu de tricolore, mais c’est de la prise de vue au téléobjectif et sans que l’opérateur puisse changer de place ou se faire relayer d’un autre podium sur la place. C’est François Hollande qui a entonné la Marseillaise. Je n’ai pas suivi ni sur place ni sur petit écran la réunion du Trocadéro, le mardi 1er Mai, déjà saluée par les commentateurs comme un chef d’œuvre exceptionnel de discours… mais je ne crois pas qu’il y ait eu de Marseillaise. Avec de Gaulle, elle était systématique. Ce n’est pas une question de chanter juste ou faux.

Certitude. Le discours d’adieux de Sarkozy, si celui-ici avait toujours parlé dans ce registre, voire même dans les derniers jours de la campagne, aurait-il été battu ? Les discours de Hollande, surtout celui de Tulle, puissent-ils avoir une suite, constamment dans ce registre de proximité, de netteté et d’empathie pendant son mandat ! Leçon évidente, le discours du « pouvoir » depuis dix ou vingt ans ne convenait pas, n’était plus entendu alors même qu’il envahissait de plus en plus, dans sa version sarkozyste.


I I – Les deux inconnues

L’inconnue traditionnelle depuis 1981 : l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale. Elle s’est faite cette année-là puis en 1988 sur dissolution. Il est apparu alors qu’une élection commandait l’autre, celle du président de la République. On en a fait un dogme, jusifiant en partie la coincidence votée pour 2002 des deux scrutins présidentiel et parlementaire. Faux, car en 1967 la moindre majorité obtenue par le général de Gaulle et le parti se réclamant de lui, contribua à un climat politique assez incertain pour que le mouvement étudiant ait une façon de répondant politique, isolant par conséquent « le pouvoir ». Vrai car le président de la République s’il sait justifier la dissolution pour des raisons de fond, à commencer par celle de la possibilité de gouverner ou pas, est entendu par le pays soit parce qu’il est en crise (Mai-Juin 1968) soit parce qu’il a déjà décidé et veut l’efficacité de son choix (Juin 1981 et Juin 1988), ce que ne sut pas comprendre ni orchestrer Jacques Chirac en Avril-Mai 1997.

Peu disent et peu comprennent que l’Assemblée ne doit pas être systématiquement figée dans sa configuration du moment de son élection, qu’elle doit – par le vote de conscience – représenter vis-à-vis du « pouvoir » les évolutions du pays. On ne décide pas pour s’enfermer mais pour mandater des contrôleurs, des discuteurs, des débatteurs. Un événement, mentionné par les médias mais peu évalué, pour moi consisté dans l’annulation de la loi sur l’agression sexuelle, à la veille juste du scrutin présidentiel. Motif : le flou donc l’inapplicabilité du texte. Ce qui signifie qu’une Assemblée légférant sous la dictée de l’exécutif manque à son devoir et ne fait pas un bon travail.

Comme le mode de scrutin demeure, la bipolarisation ne sera pas entamée. La question semble davantage de savoir combien de sièges le Front national – résolument en guerre avec l’U.M.P. pour la domination à droite – fera perdre à l’ex-majorité de Nicolas Sarkozy. La probabilité est qu’en revanche, le Parti socialiste ne sera pas atteint par les « triangulaires » mais par le souci du Front de gauche d’exister en tant que tel dans la prochaine assemblée. Le nombre de « parachutages » ou de décisions, comme dans mon terroir, prises par les états-major parisiens en dépit des sections ou des positions locales, multiplient les candidatures dissidentes… qui naturellement au cas de leur succès, rejoindront le bercail, trop heureux de les réintégrer. Mais apparaît ainsi, à mes yeux, ce que je ne voyais pas avant : un des avantages du scrutin uninominal, et cette considération joua dans l’esprit du général de Gaulle en 1958, est d’établir, sans le truchement des partis, une relation directe entre l’élu et ses électeurs. Les dissidences, si elles l’emportent en primaire à l’intérieur donc de leur famille d’origine politique, pourraient signifier que les partis doivent s’y prendre autrement, en tout cas ne pas imposer d’en haut, mais au contraire valider qualitativement des moyens nécessaires la base.

La réalité des bases électorales n’est pas acceptée par les états-majors de partis. Les investitures sont contestées. Les alliances souhaitées sont refusées. Rigidité pour élire, rigidité une fois élu. Seul le président de la République aurait droit à la souplesse ?

Autant je croyais, j’étais sûr d’une majorité d’opposants au nouveau règne de Nicolas Sarkozy si celui-ci avait été élu dimanche, et ce ne pouvait être que de justesse, autant je ne peux prévoir une quatrième cohabitation, une majorité U.M.P. maintenue malgré la défaite de son chef.

L’inconnue tenant aux propos, comportements et stratégies du président sortant avant et pendant sa campagne pèse en revanche sur l’identité de l’U.M.P. Celle-ci semble devoir faire campagne – en sus de l’argument de demeurer, par un succès pour l’Assemblée nationale, le seul contre-pouvoir à la gauche – sur les thèmes même de la campagne présidentielle : la « règle d’or », le vote des étrangers aux élections municipales. Mais en même temps le refus de discuter localement avec le Front national, alors que l’on en a cultivé les thèmes au moins depuis le discours de Grenoble en Juillet 2010, prolonge le refus de Nicolas Sarkozy de proposer des portefeuilles au Front national s’il était réélu. Cette voie étroite sera-t-elle décidée ou abandonnée, selon les votes des 10 et 17 Juin prochains ? le congrès de l’U.M.P. à l’automne sera-t-il une primaire pour la candidature en 2017 ou, à la manière de François Mitterrand à l’automne de 1974, se transformera-t-il en assises du gaullisme, en examen des évolutions, abandons, travestis, expériences depuis 1969 ou 1974 ? A la différence des assises du socialisme d’il y a près de quarante ans, qui apportèrent à François Mitterrand des concours qu’il n’avait pu rallier au congrès d’Epinay, re-fondateur du Parti socialiste en France, celles du gaullisme ne devraient pas apporter de nouveaux soutiens, en nombre ou en notoriété appréciables, pour la simple raison que presque plus personne ne se réclame en France exclusivement et explicitement du gaullisme, aux exceptions remarquables de Jean Charbonnel, président de la Convention des gaullistes sociaux pour la Vème République, qui été ministre du général de Gaulle et de Georges Pompidou, a dirigé l’U.D.R. et, pour ce scrutin présidentiel a soutenu Nicolas Sarkozy et de Nicolas Dupont-Aignan, député dissident de l’U.M.P. et président-fondateur de Debout la République, mais candidat très peu voté le 22 Avril dernier. L’apport de l’exercice serait tout autre qu’électoral : il serait le choix d’une identité. L’U.M.P. n’en a plus aucune, comme si d’avoir perdu en cinq ans ses deux chefs successifs ne suffisait pas. Mais le décisif pour son identité est tout simplement le résultat des stratégies du perdant de dimanche : pour séduire l’électorat d’extrême-droite, il a dû convertir celui de l’U.M.P. et il y est parvenu. Un Jean-Luc Garaud dans le Bordelais, U.M.P. tendance Droite populaire, demande l’entente avec le Front national.  25% des sympathisants de l’U.M.P. y sont très favorables et 45% plutôt favorables tandis qu’au F.N. 31% y sont très favorables et 37% plutôt favorables [1].


I I I – Les certitudes

La crédibilité. Celle de la France. Celle du nouveau président. Elle est pour moi la belle surprise. Cinq ans d’action politique et d’action diplomatique très discutables  mais par une observation et selon une pratique et une expérience que, par métier ou par goût, on peut aisément acquérir mais que peu de nous veulent avoir vraiment – des erreurs commises autant par des adultes avertis dans leur domaine que par des journalistes, vg. Michel Sapin ministre des Finances en 1981 ou la réplique de François Mitterrand : « comme vous voudrez, Monsieur le Premier ministre ! » adressée à Valéry Giscard d’Estaing et tant de prétendus… n’ont pas fait perdre ses cartes à la France. Sans doute, une autre action internationale, une autre présence dans les grandes instances et des propositions radicales, de substitution et d’alternative aux engrenages et situations mis en lumière par « la crise » auraient fait gagner quelques années au monde entier et à l’Union européenne surtout. La France fit de la figuration tandis que d’autres démontraient leur puissance : Etats-Unis, Chine, Allemagne. Comme l’impasse est avérée et que l’élu de dimanche a été fortement critiqué par un adversaire ayant systématiquement appelé l’Allemagne à témoin, son élection est ressentie – internationalement – comme le début d’une réaction populaire. Jusques là, les dirigeants tombaient pour laisser la place à des gouvernements de rigueur, s’engageant nettement à satisfaire les marchés et autres disciplines anti-sociales. Un cycle inverse commence, la rigueur qui n’obtient pas de résultats va avoir une incidence électorale, elle fait débat jusques dans les coalitions au pouvoir, notamment en Allemagne. Cependant, on est loin de l’alternative qui n’est pas un simple changement d’équipe, mais un changement de doctrine et le début d’une imagination.

La contagion française est possible, le résultat de dimanche ouvre au moins la possibilité partout en Europe d’une alternative politique : elle va donner aux opinions publiques et aux oppositions de gauche la certitude que l’histoire peut changer de sens, mais elle n’aura d’impact dans les faits que selon les premières semaines du nouveau mandat présidentiel. En ce sens, François Hollande doit endosser, en sus de sa responsabilité nationale, une responsabilité d’expression populaire pour toute l’Europe. Ce ne furent ni les circonstances ni la chance française à l’avènement de François Mitterrand. Nous fûmes au contraire seuls de notre espèce, tandis que régnaient déjà Reagan et Thatcher et qu’allait tomber Schmidt au profit de Kohl. Il est vrai qu’à l’époque l’Allemagne faisait manifestement une politique bi-partisane en économie. Ce ne sera plus le cas si Angela Merkel tombe.

C’est nous qui avons la main pour deux raisons simples, et c’est une grande chance pour les débuts de François Hollande, compensant et de beaucoup les difficultés d’inverser la tendance économique. Le calendrier électoral est en notre faveur dès que l’Assemblée aura été élue, affaire de cinq semaines. Toutes les autres « puissances » en Europe, sauf l’Espagne, ont leurs élections devant elle : contrainte pour les dirigeants et liberté pour le nouveau président français, horizon bouché chez nos partenaires, et personnellement pour chacune des rencontres « internationales » de François Hollande, par la probabilité d’une chute du gouvernement ou d’une défaite électorale, Etats-Unis d’Obama compris. La seconde raison, est que nous sommes singuliers, nous sommes seuls à dire en termes de gouvernement ce que disent et réclament tous les peuples.


I V – Craintes et espérance

Une réécriture du quinquennat de Nicolas Sarkozy le banalisant puis le magnifiant et empêchant de punir, consacrant les faits accomplis, les législations votées et une amnistie viagère pour toute personne privée qui a été élue pour un temps à la présidence de la République. Tout cela est tristement probable. Les conséquences seraient décisives pour l’esprit public en France. La réaction d’un certain nombre de « personnalités » à la condamnation légère et avec sursis qui a été infligée à Jacques Chirac donnerait le ton. Le nouveau président de la République amnistierait de fait non seulement son prédécesseur pour tout ce que va lui reprocher la justice, mais se rendrait complice des entraves qu’a mises Nicolas Sarkozy aux fonctionnements de l’instruction, notamment dans les affaires Bettencourt et Karachi. La propagande a déjà commencé soutenant que le vaincu du 6 Mai n’est pas désavoué par les électeurs mais avait été auparavant et depuis longtemps détruit, massacré, poursuivi par les médias, empêché par tous : victime expiatoire de cette nécessaire mûe qu’il a voulu imposer au pays. Un peuple conservateur et inintelligent refusant l’exercice d’un pouvoir neuf et audacieux. La réalité est évidemment contraire. L’élu de 2007 a bénéficié d’une grande tolérance de l’opinion pendant les neuf premiers mois de son mandat alors que tous les éléments faisant identifier son permanent abus de pouvoir et l’excès de ses accaparements médiatiques, étaient apparus dès les premières semaines. Il a, malgré une impoularité irréversiblement installée et causée par sa personnalisation illégitime et inefficace du pouvoir, bénéficié de l’indulgence ou du concours de pratiquement toutes les instances qui auraient pu servir le pays et sans doute lui en même temps, en l’encadrant davantage. A supposer que s’instruisent, à l’égal des procès judiciaires empêchés ou retardés jusqu’à présent, les abus de la fonction présidentielle dont il s’est rendu coupable et s’est même énorgueilli, resterait à examiner dans le détail – ce dont Jean-Noël Jeanneney a dressé la liste pour l’Etat blessé – l’ensemble des atteintes à ce qui a structuré le pays en institutions, en expression de son identité et de sa nature, en acquis sociaux. Procéder à une mise en accusation politique me paraît nécessaire, non pour satisfaire une haine personnelle, mais pour nous mettre collectivement en garde et en mémoire de ce qui nous amoindrit nationalement. L’exercice du mandat présidentiel devrait à terme donner lieu à un quitus, indépendant de tout scrutin.

Le mi-chemin des deux médications : l’Europe, les structures de l’économie quotidienne nationale (banques, distribution alimentaire). C’est tout simple. L’élection du président de l’Union au suffrage universel direct de tous les citoyens européens rend la crédibilité politique à notre ensemble – or, nous ne sommes « notés » que sur cette crédibilité, pas du tout sur notre surface, c’est d’ailleurs parce que nous avons de la surface en termes de solvabilité qu’on veut nous tondre – et justifie alors pour les peuples la solidarité et de l’effort. Notre ensemble est ridicule parce qu’il n’a jamais eu voix et visage uniques. Les élections nationales n’ont plus de prise sur la réalité économique, elles en gardent sur la détresse sociale mais ne créent alors que déceptions qui vont maintenant tourner au tragique et dinc à l’imprévisible. Dans chaque pays, en tout cas en France, la nationalisation des banques avec mise aux manettes les troisièmes ou quatrième rangs dans la hiérarchie, ceux qui sont depuis toujours dans « la maison » et en ont l’esprit et la connaissance. Réorganisation et encadrement d’autorité de l’ensemble des structures de distribution agro-alimentaires. Financement de l’économie par les banques et non par les marchés. Enfin, eprunts européens et nationaux auprès du public citoyen et non auprès des banques et des marchés : ne plus mettre la tête sur le billot. Evidemment négocier un protectionnisme par grandes régions du monde, avec pour l’Europe l’évidente et noble responsabilité au moins de l’Afrique et de nos amis des Caraïbes et du Pacifique. – Malheureusement, ces deux évidences médications ne sont pas au programme, elles supposent une imagination qui ne paraît pas encore et une énergie qui leur soit dédiée, ce qui n’est pas le cas. Le nouveau président reste dans le registre classique même si les inflexions éthiques et même économétriques sont fortes. Lire sur le New Deal et sur Roosevelt, sur la crise de 29 est cependant une bonne référence : l’élu de dimanche l’a fait savoir.

Les premiers tests : les nominations domestiques et gouvernementales, la conversation franco-allemande. C’est l’affaire de la semaine prochaine. Il est déjà remarquable que le nouveau président sache se taire, ne communique qu’en sous-main et fasse aller la rumeur depuis Berlin jusqu’aux demandeurs d’emploi à ses portes, sans rien démentir, approuver ou laisser entendre. François Hollande peut incarner une dynamique qu’il n’a pas créée – elle est encore le rejet d’un personnage et de ses soumissions – mais a complètement comprise.

A lire l’élu du 6 Mai [2] et à l’avoir regardé pendant les débats télévisés de la primaire socialiste, puis celui le confrontant avec Nicolas Sarkozy, je ne peux partager la formule du Monde [3] : « Une touche de jospinisme, une pincée de delorisme et une pointe de mendésisme ». Je crois Hollande fort et personnel, jamais improvisé, réactif seulement par nécessité et accessoirement. Il est cultivé en histoire et en géographie, il est fils de sa mère, ses ancêtres ne sont pas ses pères, François Mitterrand compris au même titre que le Dr. Hollande de Bois-Guillaume, mais l’épreuve réussie de sa liberté. Cela peut aussi nous réussir. Certainement mieux que redoubler ce que nous avons vécu depuis cinq ans. Inentamable sur son propre destin – semble-t-il depuis « toujours » – notre élu n’est pas un homme de doute mais d’humour et d’empathie. Même s’il avait une propension à s’installer et dans la discrétion, les circonstances vont le faire se mouvoir. Il a le sens de la province et l’équilibre du pays, surtout psychologique, son mouvement aussi, les carrières de ceux qui le servent en politique ne sont plus parisiens ; seule, la notoriété se décerne encore à Paris. Bruxelles est ressenti ailleurs que dans les capitales, l’avenir surtout français est à Bruxelles.
15 Mai – investiture à l’Elysée, nomination du Premier ministre et entretiens à Berlin avec Angela Merkel
17 Mai – premier conseil des ministres du nouveau quinquennat
18.19 Mai – à Camp David, sommet du G 8
20.21 Mai – à Chicago, sommet de l’OTAN
23 Mai – Conseil européen

Bertrand Fessard de Foucault
lundi 7 . mardi 8 . samedi 12 Mai 2012







sur demande b.fdef@wanadoo.fr, les deux jeux de notes sur l’élection présidentielle :
seize pour celle de 2007 et autant pour celle-ci
avant ouverture d’une nouvelle série : constatations & attente
comme furent rédigées en 2007.2008 et 2009 des observation & réflexions (17 notes)
– avant la tenue d’un blog. Voir & Entendre http://bff-voirentendre.blogspot.com


Annexe I – les trois discours du dimanche soir notes personnelles prises à mesure

Nicolas Sarkozy

20 heures 21 + Salle de la Mutualité, fond bleu. – Ce que j’ai à dire, j’y ai beaucoup réfléchi. La France a un nouveau président, c’est un choix républicain. J’ai beaucoup souffert que la fonction que je représentais ait été si attaquée. Je ne ferai jamais comme ceux qui nous ont combattu. Je veux lui souhaiter bonne chance au milieu des épreuves, je souhaite que la France… c’est notre pays, notre patrie. Ne penser qu’à la France et au bonheur des Français, c’est notre rôle et notre mission. Remercier tous les Français de m’avoir fait l’honneur de … pendant cinq ans. C’est à moi de dire merci. Présider la France, je ne pourrai jamais l’oublier, j’ai essayé de faire de mon mieux, j’en ressors avec un amour plus grand de la France, j’en ressors avec encore plus d’admiration pour ce que les Français sont capables de faire. J’ai tout fait pour faire triompher les idées qui nous rassemblent. Je n’ai pas réussi à convaincre une majorité de Français. Nous avons fait une campagne formidable contre toutes les forces coalisées contre nous. Je porte toute la responsabilité de cette défaite. Je vais vous dire pourquoi, je me suis battu sur la valeur de responsabilité, je ne suis pas un homme qui n’assume pas ses responsabilités. Il me faut en tirer les conséquences. Rien dans cette campagne n’a été factice. Du fond de mon cœur, que vous réfléchissiez… La seule façon de défendre des valeurs, c’est de les vivre. Dans cette nouvelle époque, je resterai l’un des vôtres, votre idéal, c’est l’idéal de toute ma vie. Ma place ne pourra plus être la même. Trente ans. Dix ans de responsabilités gouvernementales, après cinq ans à la tête de l’Etat. Mon engagement pour mon pays. Liens entre nous que le temps ne distendra jamais. Jamais, mes chers compatriotes, je ne pourrai vous rendre ce que vous m’avez donné. Pensez à la France, aux Français, à son unité, j’ai été bouleversé par ces réunions, ces foules. Vous ne pouviez me faire un plus beau cadeau, ni faire une plus belle image de la France. Donnez une France qui ne baisse pas la tête, qui ne regarde pas l’autre comme un ennemi, une France qui sait que l’on est grand Soyons digne et patriote. Soyons le contraire de l’image que certains auraient voulu donner de nous-mêmes. – En grande partie sans notes, a appelé FH, a demandé à ses partisans de ne pas huer HOLLANDE.


François Hollande à Tulle, devant la cathédrale.

 75,77% en Corrèze.  Les bras plus en avant qu’en hauteur. Il sort une liasse énorme. Les mêmes pupitres atroces. Corne de brume, klaxon. Fond également bleu. – Mes chers concitoyens, les Français viennent de choisir le changement en me portant à la PR. L’honneur qui m’est fait et la tâche qui m’attend. Devant vous, je m’engage à servir le pays avcec le dévouement et l’xeemplarité.. salut républicain à NS quia dirigé la France pendant cinq ans… qui mérite à ce titre tout notre respect… profonde gratitude à tous ceux qui ont rendu par leurs suffrages cette victoire possible. Beaucoup attendaient ce moment depuis de longues années, des jeunes ne l’avaient jamais connu. Je suis fier d’avoir été capable de redonner espoir. J’imagine ce soir leur émotion, je la partage, je la resens. Celle de la fierté, de la dignité, de la responsabilité, le changement que je vous propose doit être à la hauteur de la France, il commence maintenant. Aux électeurs qui ne m’ont pas apporté leur suffragzse, et ils sont nombreux qu’is sachent que je respecte leurs convictions, je serai le président de tous. Il n’y a qu’une seule France. Aucun enfant de la République ne sera laissé de côté, abandonné, discriminé. La promesse de la réussite sera honorée pour l’accomplissement de chacun, pour sa vie, pour son destin personnel. Trop de coups ont pu séparer nos concitoyens, c’en est fini. Le premier devoir du prséident de la République, c’est de rassembler et d’associer chaque citoyen à l’action commune. Redressement de notre industrie, la dette, préservation de notre modèle social, égalité entre nos territoires, quartiers de nos villes, départements ruraux, l’école de la République, l’exigence environnementale, la transition énergétique, l’Europe pour l’avenir. Je demande à être jugé sur deux engagements majeurs, la justice et la jeunesse. Chacune de mes décisions se fondera sur ces deux critères, est-ce juste ? est-ce pour la jeunesse ? Quand à mon tour j’aurai à juger ce que j’ai fait : ai-je fait avancer l’égalité, ai-je permis à la jeunesse de prendre toute sa place ? J’ai confiance en la France, je la connais bien. Autour de cette France-là que j’ai visitée et rencontrés, j’ai pu relever les difficultés, les forces. Je nous sais… toujours surmonter les épreuves. Nous y réussirons encore pour les cinq ans qui viennent. Le rêve français est notre histoire, notre avenir, il s’appelle le progrès, que nous vivions mieux à chaque génération, donner à nos efants une vie meilleure que la nôtre. Aujourd’hui-même, responsable de l’avenir, je mesure que l’Europe nous regarde. Dans bien des pays européens, cela a été un soulagement, un espoir et que l’austérité ne pouvait plus être une fatalité. Donner à l’Europe une dimension de croissance. Le plus tôt possible. A l’Allemagne, au nom de l’amitié qui nous lie et de la responsabilité qui nous est commune. Nous ne sommes pas n’importe quel pays, nous sommes la France, la paix, la liberté, le respect, la capacité de donner aux peuples de s‘émanciper des dictatures et des règles illégitimes de la corruption. Une grande date pour notre pays, un nouveau départ pour l’Europe, un espoir pour le monde. Entre nous que cette relation… Avant de vous quitter, mais je reviendrai… je veux saluer tous ceux qui m’ont permis d’être ce que je suis, ma famille, ma compagne, mes proches, ce qui fait la force d’âme pour quelqu’un qui brigue… le mouvement que j’ai dirigé, je suis socialiste, j’ai toujours voulu le rassemblement de la gauche. Je salue mon département de la Corrèze. ((Hurlements)). Le département qui m’a donné le plus de suffrages, je salue la ville de Tulle, là où nous sommes, vous m’avez permis par la légitimité du suffrage de convaincre tous les Français. Désormais je suis au service de tous les Français, mobiliser…servir la République, la France… les valeurs que j’ai portées partout en France, en Europe, dans le monde… 21 heures 39


François Hollande, place de la Bastille

Minuit quarante + David Puajadas, on va l’écouter. Seul face à la foule, lève les bras. En off, ceka va être difficile. – Profil sur fond de colonnes d’échafaudage. Mes amis, vous êtes une foule immense sur la place de la Bastille. Je ne sais si vous m’entendez mais moi je vous ai entendu, votre volonté de changement, votre force, votre espérance. Merci, merci, merci, merci peuple de France ici rassemblé de m’avoir permis d’être votre président de la République. Je sais ce que beaucoup ressentent. Des années de ruptures, de blessures. Il faudra réparer, c’est ce que nous allons faire pendant cinq ans. je veux vous dire mon émotion d’être celui qui peut vous représenter. Vous dire ma fierté d’être le président de la République de tous les citoyens, la France de la diversité et de l’unité, rassemblée et unie, ma fierté aussi, trente-et-un ans jour pour jour, d’avoir permis que la gauche ait un successeur à François Mitterrand. Je sais quel est le bonheur de celles et ceux qui ont connu cette même fierté il y a trente ans, mais votre fierté à vous aujorud’hui de prendre part à la construction de la nation franaçise. Non une revanche du rejet de la rancune, de la rancœur, une grande victoire qui élève notre pays, nous rend heureux, rassemblés. Ne pas vous démobiliser, beaucoup à faire, donner une majorité au président de la République. Et ensuite prendre votre part chacune et chacun d’entre vous au… autour de la jeunesse de France, je suis le président de la jeunesse de France, des toutes les fiertés de France, de la justice de France. Souvenez-vous de ce grand rassemblement de la Bastille, il doit donner envie à d’autres peuples d’Europe de ce changement. Dans toutes les capitales, il y a des peuples au-delà des dirigeants qui veulent autre chose que l’austérité. Vous êtes bien plus qu’un peuple qui se lève mais un grand mouvement qui commence dans l’Europe et dans le monde. Merci. Soyez heureux, fiers, respectueux, soyez pleinement des citoyens français. Soyez fiers d’être des citoyens français.
Il salue, filmé de dos, pâle, chemise blanche. Bat les mains en orchestre.
La Marseillaise.


Annexe II –  ce que François Hollande a écrit d’autres



du général de Gaulle
in Changer de destin (Robert Laffont . Février 2012 . 166 pages)  pp. 12.13


Mais je le confesse aussi, j’ai regardé, avec respect, malgré ma méfiance, le général de Gaulle. Il était l’homme qui avait relevé la France tombée au fond de l’abîme, le Président qui rêvait d’une nation réconciliée autour de la fierté, de l’audace et de l’indépendance, l’homme d’Etat qui confondait sa personne et le destin national. Autant que la gauche, peut-être plus, c’est la droite qui l’a mis en échec en 1969. Elle ne voulait plus de sa grandeur, qui heurtaut ses intérêts. Depuis, l’héritage gaulliste a été dilapidé. Ce qu’il en restait a été jeté par- dessus bord en 2007. Le Général était sorti du commandement militaire intégré de l’OTAN, on y est entré. Il voulait la participation, on l’a oubliée. Il avait dit que la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille, on a laissé triompher les marchés financiers.
Pourtant beaucoup de Français demeurent encore sensibles à son sens de l’honneur. Et son souvenir nous est précieux, dans cette période où seuls le sursaut, l’effort, le dépassement peuvent nous aider à surmonter la crise et nous affranchir du pouvoir illégitime de la finance.



de Jacques Chirac
in préface à Le dernier Chirac par Bruno Dive (éd. Jacob-Duvernet . Février 2011 . 227 pages)
pp. 15.16

Je veux simplement évoquer ce qui peut faire le paradoxe de cet homme. Il a cherché avec voracité le pouvoir. Il a occupé, jeune, les fonctions ministérielles les plus diverses, de l’Emploi à l’Intérieur, sans oublier le Budget, les relations avec le Parlement et Matignon deux fois. Dans l’exercice de ses responsabilités multiples, il n’a jamais cherché à bâtir un modèle, construire pas à pas une politique, ouvrir des réformes majeures. Il a additionné des soutiens, cultivé des clientèles, montré une fougue, un entrain, une vitalité, bien plus qu’une cohérence intellectuelle ou idéologique. Il a épousé souverainisme, travaillisme à la française, libéralisme et surtout pragmatisme. Mais sans jamais sortir du pacte républicain, en se tenant constamment à distance de la droite extrême, ce qui ne l’empêcha pas, à certains moments, de céder à la surenchère verbale.
Le paradoxe est que cet homme qui a donné sa vie, oui toute sa vie, à la politique, pour parvenir au sommet de l’Etat, a pu donner l’impression, malgré le travail qu’il consacra à cette tâche de ne pas avoir la même appétence pour la conduite du pouvoir, de ne pas éprouver le même goût à surprendre, à innover, à réformer. Son successeur en joyera habilement en évoquant la rupture. Celle-ci était d’abord fondée sur le procès de cette conception de l’action et du temps.
En fait, Jacques Chirac n’était pas nécessairement préparé à cette carrière exceptionnelle, lui-même a confié, et ce n’était pas une coquetterie, qu’il aurait voulu être un marin au long cours ou un grand commis de l’Etat. La politique s’est emparée de lui et réciproquement. Il a mis son tempérament, sa vitalité et sa témérité à son service. D’où cette ambiguïté, il était monté comme un hussard sur son cheval pour n’en plus descendre. Et dans la calvacade, il avait perdu le sens de la bataille, sauf celui de son propre intérêt.
Ceux qui l’ont trahi lui ont rendu le meilleur service. Ils lui ont offert ce sursaut qui permet alors que rien n’indique le possible succès d’une entreprise, d’en réussir l’accomplissement par la mobilisation d’une force que l’on croyait disparue et par la certitude que l’adversité, que la cupidité, la lâcheté viennent soudainement conforter l’évidence.


de Nicolas Sarkozy
in Changer de destin (Robert Laffont . Février 2012 . 166 pages)  pp. 21.22

Je n’accable pas le président sortant. Il n’est pas responsable de tout. Ni du paassé, ni des contraintes extérieures. Mais il doit acquitter la note des promesses qu’il a faites et dont il savait qu’elles ne seraient pas tenues : laisser croire au retour du plein-emploi, laisser espérer des gains substantiels de pouvoir d’achat pour ceux qui travailleraient davantage, laisser penser à une éradication prochaine de la violence, annoncer des projets qu’il ne voulait pas atteindre : l’Etat impartial, l’indépendance de la justice, la protection des plus humbles. Dois-je continuer la liste ?
Ce pouvoir n’est pas seulement celui d’un homme, qui subit bien plus qu’il n’agit, qui croit mâitriser ces choses qui le dépassent et qu’il feint d’organiser. Il est lui-même une victime. Celle des marchés et d’un système qui a pris le contrôle des Etats.


Annexe III –  en ligne, encore le 10 Mai sur le site la France forte

La France forte

Les 7 péchés d’arrogance de François Hollande

04 mai 2012

Le débat d’entre-deux tours a montré aux Français toute l’arrogance dont est capable François Hollande qui, sous des airs affables, cache de plus en plus mal un goût pour le pouvoir aussi excessif que prématuré. Ce goût s’exprime notamment par un faible intérêt pour le débat démocratique, un manque de respect manifeste pour nos institutions et une agressivité peu républicaine. Bercé par les vagues sondagières, illusionné par les flatteries médiatiques, François Hollande se prend déjà pour le président de la République

L’arrogance de François Hollande en quelques épisodes :

Il court-circuite les usages de la diplomatie et perturbe des négociations internationales déjà difficiles 

Tel un chef d’État en exercice, François Hollande multiplie les initiatives diplomatiques hasardeuses durant la campagne. Le 21 février, il envoie Laurent Fabius en Chine avec un résultat décevant : aucun officiel n’accepte de recevoir l’ancien Premier ministre de François Mitterrand qui, humilié, doit écourter son voyage en catastrophe. François Hollande récidive pourtant en avril en chargeant Michel Vauzelle de s’envoler pour le Mexique afin de préparer, en toute modestie, sa participation au sommet du G20 de juin. François Hollande lui demande de s’immiscer dans l’affaire Florence Cassez pour négocier au nom du futur président non encore élu. Retour de bâton : mini-crise franco-mexicaine et colère de la famille de Florence Cassez qui condamne cette entreprise stérile et déplacée. Heureusement, Nicolas Sarkozy reprend le dossier en main.

Il prive les Français de trois débats

Dimanche 22 avril, François Hollande refuse la proposition de Nicolas Sarkozy d’accorder aux Français trois débats télévisés pour qu’ils puissent choisir leur président en connaissance de cause. Pourtant quelques mois plus tôt, au cours des primaires socialistes, il n’avait vu aucun inconvénient à participer à quatre débats largement médiatisés durant lesquels il avait passé près de 10 heures à discuter entre amis socialistes. Et lorsque ce sont quatre grandes radios généralistes qui lui proposent de débattre avec Nicolas Sarkozy, il esquive une nouvelle fois la contradiction en prétextant la règle imaginaire d’un seul débat télévisé. Cette attitude de François Hollande n’est pas qu’une fuite. Elle s’explique aussi par une idéologie qui divise les citoyens français en deux catégories : les socialistes d’un côté, qui méritent le débat démocratique, et les autres.

Il emprunte le décor de l'Elysée

Jeudi 26 avril, à 10 jours du second tour, François Hollande convoque 300 journalistes pour exprimer sa « confiance » dans une future victoire. Derrière lui, un fond bleu, les drapeaux européens et français, mais plus aucun signe distinctif de sa campagne. Seul son slogan figure discrètement sur son pupitre. Au comble de l’arrogance, il avait, quelques semaines plus tôt, lors des événements tragiques de Toulouse et Montauban, déjà manifesté son mépris des institutions en s’exprimant au nom des Français avant même que ne se prononce le président de la République, garant de l’ordre républicain.

Son équipe célèbre déjà la victoire (dans des lieux douteux)

Samedi 28 avril, l’état-major de la campagne de François Hollande décide de faire la fête pour célébrer l’anniversaire de Julien Dray dans un restaurant de la sulfureuse rue de Saint-Denis à Paris.Parmi les invités à cette sauterie bling-bling de 150 personnes, des politiques, des journalistes, des personnalité, et Dominique Strauss-Kahn qui se serait entretenu avec Pierre Moscovici et Manuel Valls. Les socialistes ont jugé une telle fête dans ce quartier avec ces invités de très bon goût à une semaine du second tour de l’élection présidentielle.

Il se prend pour François Mitterrand

Mardi 1er mai, à 5 jours du second tour, François Hollande singe François Mitterrand dans le département de l’ancien président. Evoquant la célèbre scène des adieux de Valéry Giscard d'Estaing aux Français, il déclare sa victoire : « J'ai l'impression que le candidat sortant de 1981 a résisté, il n'arrivait pas à dire au revoir. Je ne sais pas ce que l'autre [comprendre, Nicolas Sarkozy] va faire. Mais nous, on lui dit déjà: au revoir ! ».

Il court-circuite le débat d’entre-deux tours avec arrogance

Mercredi 2 mai, à 4 jours du second tour, en plein débat avec Nicolas Sarkozy, François Hollande coupe la parole du Président au mépris de la plus élémentaire courtoisie, au point que sa prestation lui vaut d’être qualifié de « débatteur agressif, interrompant souvent Monsieur Sarkozy sans aucun respect et de toute évidence avec mépris » par un journaliste du New York Times. Cette arrogance atteint de nouveaux sommets lorsqu’il assomme la France d’une litanie de seize « Moi Président ». Repoussant toujours plus loin les limites de la suffisance, le candidat socialiste prétendra le lendemain que le numéro était, en fait, improvisé !

Il évoque déjà ses successeurs à l’Elysée

Vendredi 4 mai, à 2 jours du second tour, François Hollande répond sur RTL aux questions des auditeurs. S’exprimant sur l’avenir des centrales nucléaires qu’il compte laisser ouvertes parmi toutes celles que le parti socialiste s’est engagé à fermer, il laisse échapper cette phrase : « Ce sera la responsabilité de mes successeurs [comprendre, à l'Elysée] de décider quelle politique suivre ».

En définitive, François Hollande renoue avec deux traits de caractère des socialistes :

1) une fascination ancienne pour la politique du putsch révolutionnaire qui ne demande pas l’avis du peuple pour prendre le pouvoir. Pas étonnant de la part d’un François Hollande qui rend hommage à la « culture communiste » et se flatte du soutien de l’extrême-gauche, des trotskystes et de la CGT ;

2) un mépris pour l’avis du peuple qui s’exprime dans un aveuglement persistant et systématique face aux préoccupations des Français dès lors que le débat se situe sur des terrains difficiles (immigration, sécurité, pacte républicain). François Hollande reproduit ainsi l’erreur de Lionel Jospin en 2002 qui se voyait Président un peu trop vite.

Monsieur Hollande, les sondages ne sont pas le vote. En France, c’est le peuple qui décide
Ensemble, créons la plus grande surprise de la vie politique française de ces dernières décennies. Plus que jamais, dimanche, faites entendre votre voix. Ne permettez à personne de décider à votre place. Ne vous laissez pas voler cette élection !
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30 ans de vie politique pour un bilan zéro

François Hollande est entré en politique il y a 30 ans, en se présentant aux élections législatives de 1981. Il est temps de dresser un bilan de sa vie politique, même si, comme l’estimait Ségolène Royal, son point faible « est l’inaction ». Ségolène Royal se demandait même « si les Français peuvent citer une seule chose qu’il aurait réalisée en 30 ans » (Le Figaro, 8 septembre 2011).


L’INEXPERIENCE
Même si l’exercice est difficile, car François Hollande n’a jamais été ministre ou secrétaire d’Etat, n’a jamais dirigé une grande ville ou une grande région, n’a jamais participé à une négociation internationale, on peut tout de même citer plusieurs de ses réalisations.


LE PARTI SOCIALISTE ET LES AFFAIRES
François Hollande a dirigé pendant 11 ans le Parti Socialiste, sans rien faire pour moderniser le parti ou sa doctrine. Heureusement, depuis, il a érigé l’anti-sarkozysme en doctrine politique et comme colonne vertébrale de son maigre programme. C’est pendant son « mandat » que Lionel Jospin a été éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2002 et que le Font National est arrivé au second tour de l’élection présidentielle.
C’est également pendant son « mandat » que Ségolène Royal a été battue en 2007 par Nicolas Sarkozy avec 6 points d’écart. François Hollande dirigeait le PS mais ne s’en sent pas responsable.
C’est aussi pendant son « mandat » à la tête du PS que de nombreuses affaires ont prospéré, avant d’éclater au grand jour : l’affaire Guérini dans les Bouches-du-Rhône, l’affaire Kucheida dans le Pas-de-Calais, les fraudes au Congrès de Reims, l’agression de Tristane Banon par Dominique Strauss-Kahn.


LE BILAN CORREZIEN
François Hollande est président du Conseil Général de la Corrèze depuis mars 2008. La Corrèze est le département le plus endetté de France (345 millions d’euros), et sa dette a augmenté de 25% en 3 ans. Malgré la dette, François Hollande a fait croître les charges de personnel du département de 54,95% en augmentant le nombre de fonctionnaires du département de 50%. Il a également acheté 5 400 iPad au géant américain Apple, l’une des plus importantes commandes groupées d’iPad au monde, sans penser qu’il existait des fabricants français de tablettes numériques, et sans se demander comment ces tablettes seraient utilisées à des fins éducatives.
Pour financer ses dépenses, François Hollande a réduit les dépenses de solidarité. Les allocations comme l’allocation personnalisée d’autonomie des personnes âgées (APA) ou les prestations de compensation Handicap ont diminué, et les subventions aux associations caritatives, sociales, culturelles et sportives ont également baissé. Pour les jeunes, les crédits pour l'enseignement supérieur ont été supprimés et la gratuité des transports scolaires aussi, en décembre 2011. L’aide aux petites communes a été supprimée. Pour ceux qui sont propriétaires, la taxe foncière a augmenté de 6,5% en 3 ans, et la taxe sur les permis de construire de 300%. Les investissements du département ont chuté de 60% en 3 ans. Est-il utile de prendre le risque de transposer à la France  ces principes de gestion calamiteuse?


L’ACCORD AVEC LES VERTS
François Hollande est aussi l’homme du marchandage partisan et de la parole trahie. Le Parti Socialiste a conclu laborieusement avec les écologistes (2,31% des voix) un accord électoral misérable, qui sacrifie la filière nucléaire pour quelques voix, et quelques postes pour des candidats écologistes aux prochaines élections législatives. Aujourd’hui, et après plusieurs revirements, il semble que François Hollande ne veuille plus le respecter.


LES CAMARADES
En 30 ans de vie politique, François Hollande a été incapable de se faire respecter par ses propres amis politiques et de constituer une équipe fidèle (son bras droit est Pierre Moscovici, allié historique de Dominique Strauss Kahn qui a dû retourner sa veste il y a quelques mois). La violence de leurs propos à son endroit pendant les primaires en témoigne.
Martine Aubry :
« Sur les 35 h, il a été couille molle. » (Le Nouvel Obs, 30 juin 2011.)
« Il n’est pas fiable. » (Le Nouvel Obs, 23 juin 2011.)
« Quand j’ai pris le Parti socialiste, nous faisions pitié. Après Reims, rappelez-vous dans quel état nous étions. » (France Inter, 26 août 2011.)
« Arrêtez de dire qu'il travaille, François n'a jamais travaillé, il ne fout rien. » (JDD, 30 avril 2011.)
Laurent Fabius :
« Franchement, vous imaginez Hollande Président de la République ? On rêve ! » (Sud Ouest, 18 avril 2011.)
« Une fraise des bois peut-elle cacher un éléphant ? » (Le Nouvel Obs, 30 juin 2011.)
Ségolène Royal :
« Le point faible de François Hollande, c’est l’inaction. Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu’il aurait réalisée en 30 ans de vie politique ? » (Le Figaro, 8 septembre 2011)


FRANCOIS HOLLANDE LE GRAND INCONNU
François Hollande est inconnu à l’étranger. Lorsqu’il s’est déplacé à l’étranger, François Hollande n’a pas été reçu par les chefs d’Etat et de gouvernement. Il s’est rendu à Londres et n’a pas rencontré David Cameron. Il est allé à Berlin et n’a pas rencontré Angela Merkel. A Rome, Mario Monti n’a pas souhaité le rencontrer. En Pologne, le Premier ministre Donald Tusk ne lui a pas accordé d’entrevue. Laurent Fabius, représentant de François Hollande, n'a été reçu par aucun dirigeant de 1er rang lors de son voyage Chine. Au leadership et au charisme de Nicolas Sarkozy, qui a notamment présidé avec succès l’Union européenne, le G8 et le G20, la presse internationale oppose l’inexpérience de l’inconnu François Hollande et dénonce la dangerosité de son programme pour la France et l’Europe
François Hollande a donc un bilan, dont nous vous laissons juge


[1] - Le Monde du 8 Mai, p. 12

[2] - Changer de destin (Robert Laffont . Février 2012 . 166 pages)
préface de Le dernier Chirac par Bruno Dive (éd. Jacob-Duvernet . Février 2011 . 227 pages)
entretien ouvrant Le rêve français . discours et entretien 2009-2011 (Privat . Août 2011 . 287 pages)
sa biographie par Serge Raffy : François Hollande . Itinéraire secret (Fayard . Septembre 2011 . 401 pages)
- en commande Devoirs de vérité (2007) et Droit d’inventaires (2009)

[3] - 9 Mai, haut de la une

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