jeudi 30 août 2012

Inquiéude & Certitudes - jeudi 30 août 2012

Jeudi 30 Août 2012 

Nous nous couchons tous trois trop tard. Le livre du ministre mauritanien me passionne à deux degrés : ce que j’apprends et qu’une personnalité de ce pays ait l‘exceptionnalité de réfléchir par écrit son action gouvernementale. Marguerite et l’ordinateur tout hier soir, notre mutuelle proximité ; elle voulait m’adresser un message d’excuse pour avoir boudé le déjeuner. Délice de son orthographe, ingéniosité certaine, elle a multiplié les « administrateurs » et changé la page d’accueil, elle danse le scherzo de la Neuvième. – Les soucis des autres. Que le mot est faible, cette béance de l’autre quand il rencontre qui accueille l’aveu de sa souffrance. Il y a le social, mais tout le monde n’en est pas atteint, en revanche les blessures du cœur, la griffe affreuse d’entendre l’autre énoncer que la vie présente, la relation, la liaison, le mariage l’étouffent, que prolonger à l’identique lui est impossible, énoncé qui ne laisse aucun recours, aucun espoir, qui montre des racines telles que même le passé est détruit, interdit de référence et de souvenir. J’ai écouté dans le train, j’ai écouté au téléphone, je me suis souvenu derécits, je me suis souvenu de moi et de la tranquillité de celle qui congédie, de celui qui reprend ses billes, il y a beaucoup de quais de gare, de train qui s’en vont tandis qu’on reste, de voiture au dernier tournant et souvent pas de main qui s’agite encore entre fenêtre baissa et rétroviseur. Le poids de l’humanité est d’abord là : l’amour humain, l’attachement-détachement, le cri inutile. Les divorces, les ruptures sont généralement vécues à plusieurs degrés, qui les subit, qui les comprend, qui cherche à les panser. On minore beaucoup trop dans une vie humaine ce qui est tout simplement l’affectif, certes aux cent manifestations parmi lesquelles le sentimental, le sensuel, le sexuel, l’imaginaire, le fantasme mais surtout les réflexes de confiance ou les situations de désespérance qu’il engendre. Nos vies sont commandées par cela bien plus que par le social, c’est-à-dire l’argent, la profession, la considération mutuelle. Psychologie divine – celle de Qui nous a faits – que de nous envelopper dans un univers d’estime du Créateur pour sa créature, dans une dialectique amoureuse jusques dans le poème et la minutie du projet de vie et des vocations à propager l’amour autant qu’à s’en désaltérer, dans une certitude de rédemption, de compassion, de partage de notre condition précaire, déséquilibrée. – L’appel de Denis M. arrivé en trois étapes de la Bretagne au Beaufortin m’émeut, sa délicatesse et puis le charme d’un dire de prêtre : j’ai lu presqu’entièrement mon bréviaire, consciencieusement, fait-il sentir et maintenant je fais face, trouver du beurre pour mes tartines, des hosties et du vin pour la messe que je vais sans doute célébrer seul. L’église est en contre-bas du presbytère. La permanente paroissiale n’était pas au rendez-vous, la clé était à ‘hôtel tenu par une autre autre. Le Beaufirtin et l’appellation contrôlée pour le fromage, est prospère. Série de villages, paysages, bêtes admirables, le curé résidant à l’orée d’Alberville, quatre mille habitants très dispersés, l’haleine pure – celle d’un sourire de jeune fille – me venait de la montagne jusqu’à ce clavier.
Prier… de demande et d’action de grâces. Je n’irai aux différents disocurs de politique étrangère donnés par nos sommités au parterre des ambassadeurs lundi et mardi, que plus tard. Je pressens une potion encore plus imbuvable que le liquide nasuéeux à absorber avant la coloscopie que j’ai subi avec grandes douleurs avant et après. A l’entrée du bloc 5, une brancardière – polonaise que je reconnais à son accent et de Cracovie que j’ai connue à la tombée du mur – disant qu’elle préfère vivre dans un pays où les catholiques ne sont que 5% au lieu de la formidable Eglise en Pologne, bénéficiant à fond de ses quarante ans d’opposition et de contre-pouvoir : oppression qu’elle ressentait de cette religion de tous et de l’Etat, lui semblait-il. A elle et à sa collègue, que je pouvais entreprendre sur le thème qu’elle avait avancé, de revenants et d’esprits la chatouillant désagréablement dans son lit, j’ai administré comme je peux la « nouvelle évangélisation ». Il est certain qu’à lire certains textes de Pie IX dans les années 1860 sur le nouveau socialisme et sur le communisme, l’Eglise serait peu audible et les synthèses ces jours-ci sur Vatican II sont trop professionnelles. Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera à son travail ! Amen, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses bien. La rétribution évangélique est celle d’un sucroît de confiance et d’intimité. C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Dieu permanent dans le monde, l’histoire et dans notre âme. Les éclipses, les attentes et nos oublis ne tiennent qu’à nous. En lui, vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole de Dieu… Aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. Oui, car Il est autant qu’Il vient. A ses disciples l’entourant quotidiennement et intimement, Jésus parlait de sa venue. En somme de sa divinité et de la totalité de notre existence en Lui. [1] Chaque jour, je te bénirai. [2]  

matin

Deux camps de roms encore. Un climat de guerre dans les XVème et XVIème arrondissements de Marseille, selon la statistique des règlements de compte et le témoignage alarmiste et compassionnel de la sénatrice du lieu. Cinq cent emplois sucrés à Carrefour, promesse du PDG actuel qu’il n’y aura pas d’autre charrette, mais les salariés ne le croient pas sur parole.

La Syrie, dès qu’on emploie les bons moyens – la conférence des non-alignés réunie avec intelligence à Téhéran – joue vraiment faux et perd ses alliances : elle quitte la conférence…

Une nouvelle et judicieuse émission sur France-Infos. : « le vrai du faux ». Vincent Peillon, mardi sur I-télé observe que la gauche arrivant au pouvoir en 1997 voit le chômage des jeunes au plus haut et en 2002 l’a fait baisser de moitié. Quand après dix ans de droite, elle revient au pouvoir, ce chômage a de nouveau doublé par rapport à 2002. Vérification, en 1997 quelques 23% de chômeurs jeunes pour un peu plus de 17% en 2002, et en 2012 de nouveau 23%. Diminution, augmentation certes mais pas doublement. La politique de Jospin : les emplois jeunes et les 35 heures ont certes créé des emplois, mais ce n’aurait pas été possible sans une période de croissance dans laquelle s’est inscrite cette législature de la gauche. Le « génie » de celle-ci a simplement été de faire mieux que la mécanique.

François Hollande devait assister à l’ouverture des JO pour sportifs handicapés : il est en Espagne à conférer sur la dette avec Rajoy. Il aurait pu faire les deux. Cependant ces consultations tête-à-tête sont une bonne chose, il semble que Merkel ne le fait pas et attend qu’on vienne.

Réunion annuelle des présidents de banques centrale. Attentisme des « investisseurs ».


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens I 1 à 9 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Matthieu XXIV 42 à 51

[2] - Le psaume 145 commence à téhila lédavid et se termine à chem qodho le’olam vaéed. Il est introduit par le dernier verset du psaume 144 et le vesert 5 du psaume 84 parce qu’ils cimportent trois fois le mot achré = « heureux ». Le vesret 18 du psaume 115 est récité en guise de conclusion parce qu’il finit par halélouya en harmonie avec les psaumes suivants. Nos sages ont ainsi constitué une entité liturgique à la manière d’un orfèvre qui enchâsse un joyau. Comme tous les psaumes alphabétiques, celui-ci est d’inspiration sacrée. Le poète a intentionnellement omis la lettre noun car elle est l’initiale du verbe nafal = « tomber » (bérakhot 4b). Elle seretrouve tout de même au milieu du verset 16 lékhol hanofemim = « pour tous ceux qui tombent », afin que l’alphabet ne soit pas amputé d’une lettre et en même temps pour signifier que la chute fait partie de la vie, mais qu’elle n’est jamais définitive (la traduction grecque a ajouté un verset commençant par noun, probablement a posteriori). Une très forte coloration universalitse imprègne ce poème de louanges à la gloire de Dieu. Même dans sa structure on perçoit une amplification progressive qui invite l’univers entier et toutes les générations successives de l’hgumanité à exalter le créateur. Il s’ouvre en effet sur le désir du psalmiste de magnifier le Dieu roi, désigné à la première personne ; ces louanges sont reprises de génération en génération sans que l’individu soit totalement noyé dans l’espèce (c’est pourquoi on retrouve la première personne dans les versets 5 à 6). Dieu est ici présenté comme le roi justicier qui manifeste une attention particulière à l’égard de toutes ses créatures ; « sa grande bonté », « sa compassion », « sa patience », « sa bonté pour tous », « il soutient ceux qui chancellent », « redresse ceux qui sont courbés », … Celui qui récite trois fois ce texte (deux fois à la prière du matin, une fois à minh’a) est assuré du monde futur (bérakhot 4b). Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Le génie spirituel, religieux du judaïsme est là, manifeste. L’explication de textes, à fond, très littérale et sans lyrisme, précision de mes maîtres à Saint-Louis-de-Gonzague  mais qui peut lasser. Le commentaire tranquille, avec l’expérience de la personne : la chute fait partie de la vie, mais elle n’est jamais définitive. J’attends des autorités religieuses juives une révolte messianique contre la politique de l’Israël érigé en Etat belligène et immature dans une région qui a tant besoin d’équilibre et d’un certain exemple de développement économique et social apaisé et démocratique : ce pourrait être « le peuple juif ».
déjà médité les mercredi 21 Mars, lundi 9 Juillet, dimanche 29 Juillet & vendredi 24 Août 2012

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