dimanche 2 septembre 2012

discours présidentiels François Hollande & Nicolas Sarkozy - comparaisons I - synthèses sur "la" crise

vendredi 31 Août 2012

Discours du Président de la République
à l'occasion de la Foire de Châlons-en-Champagne

 

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Madame et Messieurs les ministres,
Monsieur le maire,
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le président du conseil général,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Mesdames et Messieurs les organisateurs,
Mesdames et Messieurs,

Je veux d'abord vous remercier pour l'accueil qui m'est fait. Certes j'avais pris mes habitudes, c'est la troisième fois en effet que je viens ici à la foire de Chalons, mais, cette fois-ci, je viens comme président de la République.
J'en avais fait la promesse, ce n'était pas la plus difficile à tenir. Mais ma présence est aussi un symbole, c'est-à-dire d'abord de reconnaître ce qui est fait sur ce territoire et d'être accueilli, rendez-vous compte, au Capitole, rien que cela, et dans un nouveau parc d'expositions c'est une rencontre qui devait avoir lieu.
Je suis aussi attentif, savoir qui seront les prochains invités à la foire de Chalons puisque comme candidat j'y ai été reçu 2 fois, ça m'a conduit là où vous savez, j'aurai donc un œil particulièrement rivé sur les prochaines inaugurations de la foire.
Mais je suis ici aussi et surtout pour reconnaître ce qui se fait en Champagne Ardennes, deuxième région agroalimentaire de France, connue pour sa production de betteraves de sucre, de légumes, produits laitiers de Champagne bien sûr, c'est un atout considérable pour la France. J'ai entendu le message qui m'a été adressé par rapport d'abord à l'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO. Je soutiendrai ce projet. Mais aussi sur le rétablissement des droits de plantation et, d'ores et déjà, le ministre de l'Agriculture, avec un certain nombre de ses collègues, a engagé la démarche pour que de nouveau soient organisés ces droits de plantation.
Vous êtes aussi une grande région industrielle, avec une production reconnue, celle de la fonte, avec des pôles de compétitivité, notamment dans l'économie verte, première région éolienne, avec aussi des innovations considérables en matière de méthanisation, un pôle de compétitivité sur les matériaux innovants, vous êtes l'une des régions les plus exportatrices, voilà le sens de ma présence parmi vous, adresser à ce territoire effectivement un message de confiance.
Et pourtant, votre région souffre, rencontre des difficultés et les salariés m'en ont parlé tout au long de cette visite de stand en stand. Beaucoup m'ont exprimé à la fois leur attente, leur espérance et parfois même leur colère : ceux qui ne sont pas payés depuis des mois, comme à Sodi Medical, et qui attendent tout simplement l'exécution de décisions de justice ; ceux qui craignent pour leur emploi, notamment dans le groupe GHM ; et puis aussi celles et ceux qui expriment leur frustration par rapport à des attentes accumulées en termes de pouvoir d'achat. Oui, j'ai entendu aussi les PME, les artisans qui se battent chaque jour, qui font front dans un contexte difficile et qui demandent un soutien et surtout une liberté pour que leurs efforts ne soient pas entravés. J'ai entendu les élus, de toutes sensibilités, me dire combien ils étaient à la fois prêts à se mobiliser et en même temps inquiets sur leur possibilité d'accéder au financement.
Alors mon devoir, c'est de dire la vérité aux Français. Nous sommes devant une crise d'une gravité exceptionnelle, une crise longue, qui dure depuis maintenant plus de 4 ans et aucune des grandes puissances économiques, même les émergentes, n'est désormais épargnée, la croissance ralentit partout et les prix des matières premières, les céréales, augmentent pour des raisons aussi bien climatiques que spéculatives, mais aussi le pétrole avec ses conséquences sur le prix des carburants, tout cela complique encore la donne et la reprise. L'Europe est la plus touchée, la récession s'y est installée, les plans d'austérité s'additionnent, sans d'ailleurs que la confiance ne revienne, et c'est pourquoi, les principales décisions sont attendues maintenant dans la zone euro. Elles ont été trop longtemps différées ou reportées, ou annoncées comme devant enfin conclure un processus quand il n'y avait finalement qu'une étape de franchie. Je veux que soit rétablie la croissance et la stabilité en Europe, j'y travaille.
Mais il y a aussi la vérité sur la situation de la France, quelle est-elle ? Un endettement public qui s'est accumulé depuis trop longtemps, une compétitivité dégradée, 70 milliards de déficit de notre balance commerciale, c'est un record historique, une croissance qui s'est étouffée et même arrêtée depuis le début de l'année, ce qui explique que le chômage augmente depuis 15 mois consécutivement. Je ne reviendrai pas sur les responsabilités d'hier ou d'avant-hier, j'ai pris la situation de la France en toute connaissance de cause, telle qu'elle est et les Français ont tranché. Je n'ai rien ignoré de la réalité, il ne s'agit plus de juger le passé mais d'agir dès aujourd'hui pour préparer l'avenir. Ma mission de président de la République c'est de conduire notre pays pour qu'il fasse des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et dans la bonne direction, et c'est au gouvernement, sous l'autorité de Jean-Marc AYRAULT, de mettre en œuvre ces orientations.
Il y a d'abord l'urgence. L'urgence, c'est l'emploi, d'abord celui des jeunes les plus éloignés du marché du travail, c'est l'ambition des Emplois d'avenir qui sont en priorité orientés vers le secteur qu'on appelle non marchand (les associations, les coopératives, les mutuelles, les élus) mais aussi une part vers le secteur privé. J'ai considéré que ce dispositif devait être engagé sans attendre. J'ai donc convoqué une session extraordinaire du Parlement pour permettre que le texte puisse être adopté d'ici la fin du mois.
Dès le début du mois d'octobre seront signées les premières conventions pour l'embauche de jeunes sans qualification qui sont massivement frappés par le chômage dans les quartiers ou dans des zones rurales éloignées de l'emploi, un volet « formation » sera prévu. Ce changement traduit autant une volonté qu'un engagement, parce que mon pari c'est que, si la confiance revient dans la jeunesse, c'est la confiance dans le pays qui, de nouveau, sera confortée.
C'est aussi l'esprit du Contrat de génération qui sera présenté dans les jours qui viennent aux partenaires sociaux et dont le but est d'associer les âges au lieu de les opposer, en permettant aux plus anciens dans les entreprises d'accueillir, d'accompagner, de parrainer les jeunes. Ce dispositif, là encore, permettra de réduire la précarité des moins de 25 ans qui n'en peuvent plus d'attendre mais aussi, de maintenir dans l'emploi les plus de 50 ans que dans certaines entreprises, un certain nombre voudrait voir partir. Eh bien non, c'est l'un des gâchis les plus insupportables que l'on vit aujourd'hui, cette mise à l'écart des 2 extrêmes de la pyramide des âges, les jeunes et les seniors. Je sais que les entreprises, les grandes comme les petites, sont prêtes à se saisir de cette belle idée pour l'adapter à la réalité des situations professionnelles ou sectorielles, c'est le but de la négociation qui va s'engager.
Agir pour l'emploi, c'est aussi anticiper les restructurations, les mobilités, les changements, qui, hélas ou heureusement, sont indispensables ; c'est ne pas subir les plans sociaux mais les prévenir ; c'est accompagner les mutations économiques, développer la formation professionnelle, préférer l'activité partielle au chômage. Cet objectif requiert une refonte de nos procédures afin bien sûr, de prévenir et de sanctionner les licenciements abusifs mais aussi, d'en finir avec l'accumulation des délais qui placent les salariés et les entreprises dans des situations de grande instabilité. Il importe aussi de veiller à réduire la précarité excessive du marché du travail. Le gouvernement proposera donc aux partenaires sociaux, là encore, d'engager dès le mois prochain sur ce sujet décisif une négociation sur la base d'un document d'orientation qui leur sera présenté le 10 septembre. Compte tenu de la nette dégradation de la situation de l'emploi, je suis sûr que les employeurs et les représentants des salariés et les grandes confédérations syndicales rechercheront ensemble les solutions les plus équilibrées.
Il y a aussi pour l'emploi, l'enjeu de la formation professionnelle. Elle doit être utilisée pleinement dans l'éducation nationale, dans l'apprentissage. Je rappelle qu'il y a encore des métiers où notre économie souffre d'un manque de main d'œuvre qualifiée ; il y a aussi des entreprises qui ne donnent pas pleinement leur mesure à la formation de leurs salariés alors que c'est un véritable investissement, j'entends que tous les acteurs soient désormais mobilisés sur cet objectif. Il conviendra de clarifier les rôles de chacun, ce qui relève des partenaires sociaux pour améliorer le niveau de qualification des salariés, ce qui relève des Régions et notamment pour les demandeurs d'emploi et ce qui relève de l'Etat, assez de cette confusion, de cette opacité, nous avons besoin de clarté et d'efficacité.
Mais le défi que nous avons à relever tous ensemble c'est celui de la croissance. Le chômage ne sera vaincu que si l'activité reprend, c'est le combat que je porte depuis mon élection, dès les premiers jours au G8 avec les pays les plus puissants de la planète, puis au Conseil européen du 29 juin dernier. Nos partenaires ont compris qu'ils devaient conjuguer des disciplines budgétaires, par ailleurs nécessaires, avec le financement de projets concrets sur nos territoires, 120 milliards d'euros ont été dégagés, pour l'Europe toute entière, il faudra donc aller chercher notre part et donc, j'ai demandé au gouvernement, avec les Régions, d'aller justement proposer des projets de développement pour que nous puissions utiliser pleinement ce qui a été dégagé au niveau européen.
Mais il y a aussi ce qui relève de notre propre responsabilité, j'ai dit qu'il convenait de dire la vérité, la vérité c'est qu'il y a dans l'économie française des atouts indéniables, des secteurs qui vont bien, des entreprises qui gagnent des parts de marché, des grandes mais aussi des moyennes, des petites, il y a de nombreuses PME, on le voit dans l'agroalimentaire, premier excédent commercial français, je salue les agriculteurs et tous ceux qui travaillent pour la transformation des produits, 1 million et demi d'actifs et ici cette foire en est une belle illustration. Mais il y a d'autres secteurs, l'aéronautique, les énergies, qui font que nous pouvons avoir des espoirs pour notre redressement.
Mais la vérité c'est aussi de dire qu'il y a des handicaps, une insuffisance de recherche, de développement, d'innovation, un inégal accès au financement pour les entreprises, une complexité administrative que dénoncent tous les élus, et j'en ai été un au Parlement, tout en votant des lois de plus en plus nombreuses et revenant, le cumul des mandats m'y autorise encore pour quelques jours, quelques semaines, autorisant ces élus à dire qu'il y a trop de lois alors qu'ils les ont votées. Nous devons faire en sorte que soient traitées aussi les grandes réformes structurelles, c'est la raison pour laquelle le gouvernement est à la tâche et que ces réformes devront être menées avec constance, cohérence et clarté.
Je vais prendre quelques illustrations ! Pour favoriser l'innovation, le crédit d'impôt recherche, qui a fait la preuve de son utilité, sera préservé et élargi à l'innovation, notamment dans les PME, en contrôlant bien sûr la pertinence et la qualité des investissements qui y sont engagés. De la même manière, pour permettre l'accès des entreprises au financement, en prêt comme en fonds propres, une banque publique d'investissement va être créée dans les jours qui viennent, elle regroupera les établissements existants, mais elle permettra surtout des avancées majeures, mobilisera de nouvelles ressources - comme les sommes qui sont déposées sur les Livrets de Développement Durable dont le plafond a été doublé - ce qui permet de capter une épargne pour la mettre au service du financement des entreprises. La banque publique concentrera ses interventions sur les PME et les entreprises de taille intermédiaire les plus innovantes. Elle sera aussi un facteur de simplification et d'accélération puisqu'elle sera déconcentrée sur les territoires et qu'elle travaillera en cohérence avec les Régions qui seront associées à ces décisions et à ces orientations. Et cette banque publique, qui aura son rôle, ne se substituera pas au secteur bancaire, mais il y aura une réforme des banques pour que soient davantage séparées aujourd'hui les activités de crédit, de dépôt et les activités de placement spéculatif.
Enfin, la France doit résoudre son problème de compétitivité. Depuis 10 ans la France perd des parts de marché, son industrie a reculé dans ce qu'elle représente dans la valeur ajoutée, à peine 14% aujourd'hui. Notre spécialisation n'est plus conforme aux évolutions des marchés mondiaux, ainsi nous payons des années de politique industrielle inadaptée ou inexistante. Tirons-en les conclusions, la France a besoin de se donner les moyens d'une stratégie productive nationale.
Elle doit être capable d'investir dans les secteurs les plus porteurs. Je les ai cités : les énergies, pour la transition écologique, l'aéronautique, les matériaux, les biotechnologies, ce que vous démontrez ici dans votre région. L'Etat doit avoir un rôle d'impulsion, doit concentrer ses investissements en créant des champions nationaux à vocation et à dimension mondiale, mais aussi de faire en sorte que les PME puissent être entrainées dans ce mouvement. Accompagner, c'est le rôle du Commissariat aux investissements d'avenir et les pôles de compétitivité seront mobilisés dans cette perspective.
Il y a aussi, puisque je parle de compétitivité, un système de prélèvement qui fait reposer sur le travail l'essentiel de la charge ; un système d'exonération de cotisations sociales qui a été modifié tant de fois dans le passé est devenu aussi illisible que coûteux et en même temps, indispensable pour les entreprises ; et en même temps, c'est un système indifférencié, que les entreprises soient exposées à la concurrence internationale ou qu'elles soient abritées, qu'elles soient grandes ou petites, qu'elles créent des emplois ou qu'elles n'en créent pas. Là encore, dans le cadre de la conférence sociale le gouvernement et les partenaires sociaux travailleront sur la réforme du financement de la protection sociale.
C'est un sujet difficile qui a été tant de fois évoqué, annoncé, jamais traité, mais moi je n'attendrais pas la fin de mon mandat pour faire adopter une disposition à l'application différée. Des choix courageux seront faits en 2013 et ils seront durables, justes et stables.
Puisque je parle de la croissance, il y a l'industrie, il y a l'agriculture, il y a les services, il y a aussi le bâtiment, c'est à dire à la fois un besoin social impérieux, se loger, et en même temps une activité économique qui a un avantage c'est qu'elle n'est pas délocalisable. Pour se loger généralement c'est ici, sauf quand on fait le choix d'aller, pour je ne sais quelle raison d'ailleurs, à l'extérieur pour ne pas payer ses impôts. Un des freins à l'investissement immobilier c'est, on le sait, le coût et la disponibilité des terrains. Un projet de loi est prêt, il permettra de céder gratuitement les terrains de l'Etat, et les opérateurs publics aux collectivités locales et aux bailleurs sociaux qui s'engagent dans des programmes de construction. 110 000 logements entre 2012 et 2016 pourront être créés grâce à cette mise à disposition des terrains. De la même manière, les propriétaires privés seront invités à céder plus rapidement qu'aujourd'hui leur terrain à bâtir. Un programme de rénovation, d'isolation de logements sera lancé dans le prochain budget pour économiser l'énergie, améliorer le pouvoir d'achat des ménages et créer des emplois dans le secteur du bâtiment.
Beaucoup d'artisans veulent des règles stables, veulent des règles fiscales qui puissent être pérennisées pour permettre d'informer tous ceux qui veulent améliorer l'isolation de leur logement, de pouvoir le faire dans de bonnes conditions. Le dispositif fiscal sera donc stabilisé dans cet esprit.
Voilà, Mesdames et Messieurs, le cap que je voulais fixer : emploi, croissance, compétitivité. L'Etat prendra ses responsabilités, mais je vous le dis aussi il ne réussira pas seul. Il y a ce qui relève des partenaires sociaux, indispensable pour la négociation : employeurs, salariés. Il y a ce qui relève des entreprises parce que ce sont elles qui créent l'emploi et qui investissent. Il y a ce qui relève des salariés, parce que c'est eux qui par leur savoir-faire permettent l'excellence française. Il y a aussi ce qui appartient aux fonctionnaires, aux agents publics pour la qualité de nos services publics. Et puis il y a tous ceux, quelle que soit leur place, quel que soit leur niveau de rémunération ou de considération, donnent le meilleur d'eux-mêmes pour leur pays. C'est aussi cela le patriotisme et notamment économique.
Le redressement, il ne sera possible que si tous les territoires de la République y prennent leur part. Je rappelle que les collectivités locales assurent les trois quarts de l'investissement public en France. Voilà pourquoi je veux que le gouvernement d'ici octobre apporte des réponses au problème du financement des collectivités locales, et l'augmentation de la collecte du Livret A y contribuera, parce que les sommes qui y sont déposées ne vont pas simplement dans le logement social mais également dans le financement des collectivités locales.

Mobiliser les territoires, c'est donner aux régions la place et la responsabilité qu'elles doivent avoir. Je recevrai, le 12 septembre, les présidents de région et j'entends leur confier la responsabilité de gérer les fonds européens consacrés au développement de leur territoire. Ce sont elles les mieux placées. Ce sont elles qui iront plus vite encore que l'Etat. Les régions devront être les chefs de file du développement économique et de l'innovation, les interlocuteurs des entrepreneurs.
Dans le même esprit, avec le Premier ministre, je recevrai les maires et les présidents des grandes agglomérations qui sont indispensables pour la rénovation urbaine, pour la qualité des transports, mais aussi pour l'innovation. Je recevrai les présidents des Conseils généraux parce que, pour avoir exercé ce mandat, je sais ce qu'ils représentent pour la proximité, la solidarité et le développement durable.
Je sais aussi les problèmes de financement, notamment liés à la dépendance. Une réforme sera engagée de la dépendance. Là aussi trop longtemps différée. Et elle permettra, à la fois, de mieux couvrir les personnes et les familles qui sont touchées par le grand vieillissement ou le handicap, et en même temps, d'assurer des financements pérennes aux collectivités locales.
Pour gagner cette bataille, car c'est une bataille, celle de la croissance celle de l'emploi, celle de la compétitivité il faudra du temps. L'action que je conduis s'inscrit dans la durée du mandat qui m'a été confié par les Français. Non pas sur trois mois, pas davantage sur douze mois, mais sur cinq ans. Et en même temps, il n'y a pas de jour à perdre. Tout compte. Trop de retards ont été pris. Trop d'urgences nous assaillent. Trop de périls nous menacent. Je prendrai donc les décisions dans un calendrier ordonné, en respectant les rythmes du Parlement et le dialogue social.
Le changement, ce n'est pas une somme d'annonces sans lien les unes avec les autres ; le changement c'est une force qui sait où elle va, qui donne une direction susceptible de rassembler le pays. Chacun devra, à sa place, prendre sa part du destin de la nation. Oui, il y aura des efforts à faire, mais ils seront consentis dans la justice. C'est le sens de la loi de finances que le gouvernement prépare et dont le Parlement sera saisi à la fin du mois de septembre.
Notre devoir c'est de réduire le déficit. Non pas pour l'idée qu'il faudrait réduire le déficit en soi, mais parce que c'est la condition pour maitriser la dette, et donc pour assurer notre souveraineté. Le sérieux budgétaire, c'est la condition pour ne pas être dans la main des marchés financiers.
Aujourd'hui la France, ou plus exactement l'Etat, lorsqu'il lève un emprunt, acquitte des taux d'intérêt à dix ans d'un peu plus de 2 % et quand il emprunte pour des périodes plus courtes à 0 %. Alors que des pays comme l'Italie, comme l'Espagne payent des taux d'intérêt à 6% à dix ans, voire davantage. La condition, donc, pour garder cette situation, c'est de pouvoir, à la fois, être sérieux et en même temps respectueux des engagements. Nous serons donc, pour le budget 2013, amenés à faire des efforts sur la dépense puisqu'elle sera stabilisée, elle ne progressera pas ; et sur les recettes, sera engagée la première étape de la réforme fiscale, pour mieux répartir l'impôt entre le travail et le capital, entre ceux qui ont le plus et ceux qui ont le moins. Tout sera fait pour préserver le pouvoir d'achat des ménages et l'investissement des entreprises.
Mesdames, Messieurs, en venant à la foire de Châlons, je savais que j'allais rencontrer bon nombre de Français qui allaient m'exprimer leurs attentes, leurs inquiétudes, leurs espoirs, leurs problèmes, mais aussi leurs solutions. En venant à la foire de Châlons, je savais que j'allais rencontrer des acteurs économiques qui se battent et se dévouent. Je savais que j'allais aussi voir des productions de grande qualité, des réussites, des initiatives. Voilà pourquoi je suis venu et aussi pour adresser un message au-delà de cette grande foire, de ce capitole qui m'accueille. Je voulais tracer la voie qui nous attend. Et malgré les difficultés qui sont là, l'enjeu qui est le nôtre, c'est de permettre à la France de se relever, de se redresser, de se remettre à croire au progrès. C'est ma mission que de la conduire dans cette direction.
Trois principes me guident : la vérité sur la situation, sur les efforts à faire, sur le temps nécessaire, sur les étapes, mais aussi sur le sens de l'action que je mène avec le gouvernement. Le second principe c'est la justice, dans les choix, dans les mesures qui sont prises, dans les prélèvements qui sont demandés. Et mon troisième principe -- il a été rappelé d'ailleurs tout au long des interventions qui m'ont précédées, au-delà des sensibilités qui peuvent parfois séparer les uns les autres -- mon troisième principe c'est la confiance, c'est la clé de tout. Rien n'est inaccessible, rien n'est impossible dès lors qu'une nation croit en elle-même, en ses ressources, en ses chances.
Si nous réussissons à faire partager cette confiance, à fédérer sur l'essentiel, alors oui nous parviendrons, parce que je sais la capacité de la France, à nous relever ; oui nous parviendrons à donner de l'espoir, à donner à notre pays la certitude qu'il avance, et la fierté d'être ainsi réunis dans une cause qui dépasse chacun d'entre nous.
Merci de m'avoir accueilli, merci pour l'action que vous menez les uns et les autres, et merci pour la confiance que vous nous apportez.
Vive la République et vive la France !

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jeudi 1er Décembre 2011

Discours de M. le président de la République à Toulon

Madame et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Maire de Toulon, cher Hubert,
Mes chers concitoyens,
Il y a trois ans, le 25 septembre 2008, au pire moment de la tourmente financière qui allait plonger l'économie mondiale dans la plus grande crise depuis la Deuxième Guerre mondiale, c'est dans cette même salle que je me suis adressé aux Français.
Je n'ai pas écouté ceux qui me conseillaient de ne rien dire de peur qu'en disant la vérité, on créât la panique. J'avais la conviction que pour sauver la confiance, pour éviter la peur, il fallait au contraire dire la vérité aux Français.
Cette vérité, les Français étaient prêts à l'entendre.
Leur dire la vérité, c'était leur dire que la France ne pouvait pas rester à l'abri d'une crise planétaire.
C'était leur dire que cette crise était grave, qu'elle allait durer, qu'elle aurait des conséquences sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat.
Leur dire la vérité, c'était leur dire que tout le système bancaire était menacé, que leurs économies déposées dans les banques étaient menacées mais que nous ne laisserions aucune banque faire faillite, que nous ne permettrions pas qu'un seul Français perdît un seul centime de ses dépôts.
Pas une seule banque n'a fermé ses portes, pas un seul centime de dépôt n'a été perdu grâce au plan de sauvetage bancaire et aux garanties apportées par l'État.
Ce ne sont pas les banquiers qui ont été secourus.
Ce ne sont pas les actionnaires des banques qui ont été protégés.
Ce sont les économies des Français qui ont été sauvées ainsi que leurs emplois car la faillite d'une banque aurait entraîné celle de toutes les autres et c'est l'économie tout entière qui, privée de crédit, se serait effondrée.
Et cela n'a pas coûté un centime au contribuable.
Dire la vérité aux Français, c'était leur dire que l'État ne pouvait pas indéfiniment financer ses dépenses courantes et ses dépenses de solidarité par l'emprunt, parce qu'un jour, il faut payer ses dettes.
Dire la vérité aux Français, c'était leur dire que la crise était une crise structurelle qui nécessitait des réponses structurelles, qu'elle appelait à accélérer le rythme des réformes, non pas à l'arrêter ou à le ralentir.
Dire la vérité aux Français, c'était leur dire que pour sortir de la crise, il faudrait travailler davantage et non pas moins.
Je sais que la vie d'un grand nombre de Français est plus difficile, aujourd'hui, après trois ans de crise.
Je sais que malgré toutes les mesures qui ont été prises, beaucoup de Français ont souffert et continuent de souffrir.
Chacun a dû faire des efforts, chacun a dû faire des sacrifices.
Mais prenons le temps de regarder autour de nous, dans quelle situation se trouvent les pays européens qui n'ont pas pris à temps la mesure de la crise, qui n'ont pas fait à temps les efforts nécessaires. Ils ont été obligés de baisser les salaires et les retraites et d'augmenter massivement les impôts.
En 2008, j'ai dit que le capitalisme devait être refondé. J'ai dit qu'il fallait moraliser la finance.
Le G20 que la France avait voulu, contribua à sauver la confiance qui se trouvait partout ébranlée.
On peut toujours déplorer qu'il ne soit pas allé assez vite ou assez loin. Mais si nous regardons d'où nous venons et ce qui a été accompli depuis trois ans, c'est une véritable révolution qui a commencé : pour les rémunérations des traders, pour les paradis fiscaux, pour les banques, pour les marchés de matières premières, rien ne sera plus comme avant.
En septembre 2008, ici, à Toulon, au cœur de la tourmente, j'avais tracé une perspective : celle d'un capitalisme de production, d'une mondialisation régulée, d'une finance encadrée, d'un développement durable, d'un nouveau rôle pour l'État dans l'économie, d'une nouvelle gouvernance européenne et mondiale.
Au-delà de l'urgence à laquelle le gouvernement de François Fillon a dû, avec courage et une détermination auxquels je veux rendre hommage, faire face jour après jour, pour protéger les Français, la politique de la France s'est résolument inscrite depuis quatre ans dans cette perspective. Pas un jour, je n'ai renoncé à un seul de ces objectifs.
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Mais aujourd'hui, la peur est revenue.
Cette peur qui détruit la confiance.
Cette peur qui paralyse les consommateurs, qui empêche l'investisseur d'investir, l'entrepreneur d'entreprendre, le patron d'embaucher, le banquier de prêter.
Cette peur porte un nom : c'est la peur pour la France de perdre la maîtrise de son destin.
La seule façon de conjurer cette peur, c'est de dire la vérité.
La vérité, c'est que la crise n'est pas finie et qu'il ne peut pas y avoir de projet politique qui ne procède d'un diagnostic de la crise et de son ampleur. Nier la crise, c'est s'interdire toute perspective d'avenir.
Ce que l'on appelle la crise de la dette souveraine qui frappe l'Europe de plein fouet, c'est la même crise qui se poursuit. C'est la crise de la dette privée qui se prolonge en crise de la dette publique. C'est la même crise, qui après avoir frappé les banques, frappe les États.
Cette crise frappe tous les grands pays développés, quelles qu'aient été les majorités de gauche ou de droite qui les ont gouvernés et les politiques qu'elles ont menées au cours des dernières décennies.
Il faut chercher les causes communes qui ont conduit le monde dans la situation où il se trouve aujourd'hui.
C'est dans l'instauration, à partir de la fin des années 70, d'une mondialisation sans règle autre que celles qui garantissaient la liberté du commerce que se trouve l'origine des difficultés actuelles.
A la fin des années 70, par une sorte de retour du balancier, l'idéologie du laisser-faire a triomphé au point de faire oublier au monde toutes les leçons qui avaient été tirées de la Grande Dépression des années 30. La globalisation financière s'est installée pour compenser artificiellement les ravages que la mondialisation sans règle provoquait dans les économies des pays développés.
C'était nécessaire pour que les excédents des uns puissent financer les déficits des autres.
C'était nécessaire pour que l'endettement puisse compenser la baisse inacceptable du niveau de vie des ménages dans les pays développés.
C'était nécessaire pour financer un modèle social qui croulait sous les déficits.
C'était inéluctable pour que le capital financier puisse aller chercher ailleurs les profits qu'il ne pouvait plus espérer dans les pays développés.
Ainsi s'est mise en place une gigantesque machine à fabriquer de la dette.
Ainsi les pays développés ont-ils cherché leur salut dans la seule voie qui leur restait : la fuite en avant dans l'endettement.
Dans certains pays comme la France, c'est l'État qui s'est endetté. Pas un seul budget en équilibre depuis 1974 ! Dans d'autres pays comme l'Angleterre ou l'Espagne, ce sont les ménages qui pendant longtemps se sont endettés. Dans d'autres encore, comme aux États-Unis, les ménages et l'État se sont endettés en même temps.
La croissance extravagante du secteur financier qui a disséminé d'invraisemblables quantités de dettes a eu pour conséquence la financiarisation de l'économie. Elle l'a mise sous la domination exclusive de la logique spéculative et l'obsession du court-terme. On en connait les conséquences dramatiques sur l'industrie, sur l'environnement, sur les inégalités et sur la dégradation de la valeur du travail.
Dès lors que la fuite en avant dans l'endettement devient impossible, parce que les prêteurs ne veulent plus prêter, parce que l'immense pyramide des dettes jusque-là dissimulée par la complexité et la sophistication de la finance globale apparaît aux yeux de tous comme un risque énorme, alors commence un nouveau cycle économique.
Ce nouveau cycle sera bien différent du précédent. Le cycle qui s'annonce sera un cycle de désendettement qui ramènera le balancier de l'économie vers le travail et la production que les pays développés avaient eu tendance à trop sacrifier.
Le passage d'un grand cycle d'endettement à un grand cycle de désendettement va s'accompagner d'un ajustement auquel toutes les politiques économiques des pays développés vont se trouver confrontées.
Je ne crois pas qu'il serait économiquement juste, ni moralement acceptable d'imputer aux Français les difficultés que nous vivons.
Nous ne sommes pas à la fin des Trente Glorieuses. Nous ne sortons pas de trente ans de prospérité dont il faudrait corriger les excès.
Nous ne sortons pas de trente années où les Français auraient refusé de faire le moindre effort pour faire face à la concurrence des pays émergents.
Depuis trente ans, les Français ne consomment pas plus qu'ils ne gagnent. Au contraire, ils épargnent. Les ménages français sont parmi ceux qui, dans le monde, épargnent le plus.
Depuis trente ans, dans leur immense majorité, les Français subissent plus de stress, plus de tensions, plus de fatigue. Ils ont de plus en plus de mal à se projeter dans l'avenir. Je pense, en particulier, aux jeunes générations qui ont des difficultés de plus en plus grandes pour entrer dans la vie active.
Cette situation a été d'autant plus mal vécue que depuis trente ans, les efforts des Français pour être plus productifs, ont été considérables. Ils ont été courageux.
Et surtout, depuis trente ans, ceux qui travaillent et qui sont proportionnellement de moins en moins nombreux ont vu peser lourdement sur leurs revenus la charge de ceux, de plus en plus nombreux, qui vivent plus longtemps, de ceux qui font des études de plus en plus longues, de ceux qui sont au chômage, de ceux que les accidents de la vie ont plongé dans la détresse.
Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que cette situation, insoutenable dans la durée, se trouve aggravée si brutalement par la crise qu'il est impossible de continuer ainsi.
C'est pour cette raison que la réforme des retraites ne pouvait plus être différée et qu'il a fallu en accélérer le calendrier. Contester cette réalité, c'est mentir gravement aux Français. La réforme que nous avons mise en œuvre qui garantit le financement des retraites des Français pour l'avenir, était une décision socialement juste. Permettre la retraite à 60 ans sans financement était une décision socialement injuste.
Dire la vérité aux Français, c'est ne rien leur cacher des conséquences de la crise et des efforts qu'elle implique pour tous.
Si les Français éprouvent un malaise quand ils s'interrogent sur leur avenir et celui de leurs enfants, c'est qu'ils ont le sentiment que leur vie est ballotée par des crises dont ils ne sont pas responsables, qu'ils ne sont plus maîtres de leur avenir.
Pour rendre aux Français la maîtrise de leur avenir, il faut rendre à la France la maîtrise de son destin. Et pour cela, elle doit entrer de plain-pied dans le nouveau cycle économique. Elle doit s'y préparer.
Il y a trois façons de répondre à la crise.
La première, c'est de la nier. Expliquer que ce n'est pas grave, que la crise n'est qu'un prétexte. C'est mentir aux Français et préparer des catastrophes dont la France ne se remettrait pas.
La seconde, c'est de faire le choix exclusif de l'austérité, de la rigueur, de la déflation. Ce serait le choix de la baisse des salaires et des retraites. Ce serait le choix de faire porter tout le poids de la crise sur le pouvoir d'achat. Ce serait le choix qui tirerait tout vers le bas, un choix qui prendrait le risque de plonger l'économie dans la récession et même dans la dépression.
Il y a un autre choix possible. Celui de répondre à la crise par le travail, par l'effort et par la maîtrise de nos dépenses. C'est un ajustement par le haut. C'est un choix qui préserve le niveau de vie. Entre la baisse des retraites et travailler plus longtemps, je choisis la deuxième solution. Entre gagner moins et travailler davantage, je suis convaincu que la deuxième solution est préférable à la première, qu'elle est plus juste et qu'elle nous permettra de sortir de la crise au lieu de l'aggraver. Ce choix de l'effort, du travail, c'est la politique que suit avec constance le gouvernement.
Dans le monde tel qu'il est, avec les défis que nous avons à relever, avec ce que sont les tendances de la démographie, la retraite à 60 ans et les 35 heures ont été des fautes graves dont nous payons aujourd'hui lourdement les conséquences et qu'il nous a fallu réparer.
La crise est d'abord un révélateur de nos faiblesses. Mais pour peu que nous sachions en tirer les leçons, les crises nous indiquent aussi la voie à suivre pour reconstruire et elles donnent à la politique une responsabilité et un champ d'action au fond sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale, parce qu'il faut tout imaginer, tout réinventer.
Il nous faut d'abord de nouveau parer à l'urgence, en évitant de devenir une cible pour la spéculation en brisant le doute sur notre capacité à maîtriser notre endettement et à rembourser nos dettes. Car le doute nous fait payer plus cher notre dette.
En réduisant nos déficits, nous diminuons l'emprise que les marchés exercent sur nous, nous préservons la maîtrise de notre destin.
Pour réduire nos déficits, nous devons éliminer nos mauvaises dépenses, celles qui sont inutiles, celles que l'on peut supprimer sans diminuer la qualité du service public, celles que l'on peut compenser par un effort raisonnable de productivité, celles qui sont le fruit d'une mauvaise gestion, d'un mauvais contrôle, celles que l'on a laissé dériver par manque de courage pour réformer ou par défaut d'anticipation.
Depuis des décennies, nous dépensons trop et souvent mal. Cela ne peut plus durer. L'habitude qu'avait prise l'État d'être un guichet où l'on répondait oui, non pas à ceux qui en avaient le plus besoin, mais à ceux qui pouvaient protester le plus et bloquer le plus. Cela ne peut plus durer.
Nous devons diminuer nos dépenses courantes, en étant plus attentifs à l'utilité de la dépense publique. Nous devons continuer à réduire les effectifs de la Fonction publique en maintenant la règle du non renouvellement d un départ sur deux à la retraite. Nous devons le faire avec détermination. Mais aussi avec sang-froid, raisonnablement, sans nous laisser gagner par la fébrilité et les emballements des marchés.
C'est pour cela que, dans le même temps que nous économisons, nous devons continuer d'encourager le travail et donc les heures supplémentaires, préserver les allègements de charge et nous devons continuer d'investir, car la clé de notre avenir est dans la productivité et dans la compétitivité.
La France a des atouts exceptionnels pour affronter toutes les concurrences et toutes les épreuves. De tous les grands pays développés, il est celui dont le système institutionnel a le mieux résisté à la crise. Grâce à ses institutions, il peut être gouverné même quand les temps sont difficiles. Ce n'est pas en passant à la VIe République qui ne serait en réalité qu'un retour à la IVe, que la France maîtrisera mieux son destin. Nous avons connu l'époque des marchandages entre partis. Le résultat, ce fut l'impuissance, l'abaissement et la confusion. Dans un monde où il faut décider vite et avec sang-froid, sans a priori idéologique, c'est une fantaisie coupable que la France ne peut pas se permettre.
Quand l'économie mondiale est entrée en récession, le modèle social français s'est révélé efficace pour amortir le choc. Il a contribué à ce que l'économie recule moins en France qu'ailleurs.
Mais qui peut penser le maintenir sans l'adapter aux conditions qui sont celles de notre époque ?
On n'éduque pas, on ne soigne pas comme hier. La délinquance n'est pas la même qu'hier. Les inégalités ne sont pas les mêmes. Et surtout, il est apparu une nouvelle inégalité, celle qui fait la vie plus difficile à ceux qui travaillent au bas de l'échelle par rapport à une minorité qui voudrait profiter du système sans assumer sa part des devoirs.
On ne peut pas financer notre protection sociale comme hier en prélevant uniquement sur les salaires quand les frontières sont plus ouvertes et qu'il faut faire face à la concurrence de pays à bas salaires. La réforme du financement de notre modèle social est devenue urgente.
Nous ne pouvons pas garder la même organisation de notre protection sociale que celle de l'après-guerre, alors que ceux qui changent plusieurs fois d'entreprise, de secteur, de métier, tout au long de leur vie active, sont de plus en plus nombreux.
Face à la tourmente économique et financière, disposer comme la France d'un État fort adossé à une longue tradition administrative est apparu comme un atout considérable, tandis qu'un État faible, dépourvu de toute autorité, est apparu comme l'une des causes principales qui ont conduit bien des pays à être emportés par la tourmente.
La France a des atouts que bien des pays dans le monde lui envient. Elle a une démographie dynamique, une jeunesse nombreuse, des entrepreneurs, des chercheurs et des ingénieurs de talent, une main-d'œuvre de grande qualité, travailleuse, bien formée. Elle a une longue tradition industrielle et agricole, des savoir-faire qui sont issus du travail de plusieurs générations.
Ce n'est pas en renonçant à notre indépendance énergétique et en boudant l'énergie nucléaire dans laquelle la France a investi depuis un demi-siècle tant d'intelligence et d'argent, qu'elle valorisera au mieux ses atouts.
Ce n'est pas en choisissant une politique de partage du travail qui a échoué partout dans le monde, que la France tirera le meilleur parti de ses ressources.
Cette voie tourne le dos au progrès.
C'est le travail qui crée le travail, c'est l'investissement qui engendre l'investissement.
Travailler plus et mieux, se former plus et mieux, investir massivement et mieux, ce sont les principaux leviers par lesquels la France se mettra en phase avec le nouveau cycle économique.
Alors qu'en France comme dans la plupart des grands pays développés frappés par la crise mondiale, le chômage augmente, nous avons le devoir de chercher toutes les solutions pour créer des emplois. La crise ne doit pas nous faire baisser les bras. Et ce n'est pas parce qu'il y a une élection présidentielle qu'il faut attendre.
C'est dès à présent qu'il faut se battre pied à pied, qu'il faut mobiliser toutes les intelligences, toutes les bonnes volontés. Nous ne gagnerons pas la bataille de l'emploi sans les chefs d'entreprise, sans les partenaires sociaux. C'est pourquoi, en janvier prochain, j'inviterai tous les partenaires sociaux à participer à un sommet sur l'emploi pour que chacun puisse apporter des solutions, faire des propositions. Il faudra avoir le courage d'affronter les grandes questions et de lever les tabous sur les freins à la compétitivité française.
Sur l'emploi, on n'a pas tout essayé. Quand on voit monter le chômage, on n'a pas le droit de dire que l'on y peut rien, même si tout ne dépend pas de nous. Mais à la fin, il n'y a que la croissance qui viendra à bout du chômage de masse.
A l'entrée d'un cycle de désendettement qui porte en lui-même des tendances récessives, l'action en faveur de la croissance doit être plus vigoureuse que jamais. Ce moment crucial où se dessine un nouveau modèle de croissance, c'est celui qu'il ne faut pas manquer.
La triple révolution du numérique, de l'écologie et de la connaissance change tout. Elle bouleverse les modes de production. Elle fait glisser la croissance du matériel à l'immatériel, de la quantité à la qualité, de la standardisation à l'innovation.
A côté du capital et du travail, elle donne une importance nouvelle à ces facteurs de production que sont l'intelligence, le savoir, l'imagination. L'autonomie des universités, le Grenelle de l'Environnement, le crédit d'impôt recherche, les 35 milliards d'investissements d'avenir dans l'enseignement supérieur, dans la recherche, dans les technologies du futur, préparent cette immense révolution. Il faut persévérer.
Ce n'est pas le moment de nous décourager, de nous rétracter, de nous replier sur nous-mêmes, de nous réfugier dans l'immobilisme, dans la précaution, de rejeter le progrès.
C'est le moment de travailler, d'investir, d'entreprendre. C'est le moment où l'État doit redevenir innovateur, entrepreneur, investisseur, où il doit entraîner ceux qui inventent, qui créent, qui entreprennent. OSEO, le Grand emprunt, le Fonds stratégique d'investissement, ce sont des outils de financement de cette révolution de long terme. Il faut persévérer dans cette voie.
Mais nous ne reprendrons pas la maîtrise de notre destin tout seul. Nous ne domestiquerons pas la finance tout seul. Nous ne changerons pas les règles de la mondialisation tout seul. Nous ne retrouverons pas le chemin de la croissance tout seul.
Chacun doit comprendre que la France est tellement engagée dans le monde, que son économie est tellement plongée dans l'économie mondiale, qu'il n'y a pas de différence entre la politique intérieure et la politique extérieure, entre la politique nationale et la politique européenne. Au-dedans et au dehors, c'est une seule et même politique qu'un pays comme le nôtre doit mettre en œuvre pour faire face à une seule et même crise qui est mondiale.
Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que l'isolement n'est pas une solution, que nous n'avons pas le choix entre l'ouverture et la fermeture, parce que la fermeture serait mortelle pour notre économie, pour nos emplois, pour notre niveau de vie. Les sociétés fermées n'ont qu'un destin possible : le déclin. Le déclin économique, intellectuel, moral.
C'est cette lucidité, cette acceptation du réel qui nous permettra de peser en Europe et dans le monde et d'être capable de fixer les limites que nous n'entendons pas voir dépasser.
Ainsi, nous refuserons d'effacer nos frontières. Elles sont la condition de notre liberté, de notre démocratie, de notre solidarité.
Ainsi, nous défendrons notre identité, notre culture, notre langue, notre façon de vivre, notre modèle social.
Ainsi, nous n'accepterons pas une immigration incontrôlée qui ruinerait notre protection sociale, qui déstabiliserait notre société, perturberait notre façon de vivre, bousculerait nos valeurs. L'immigration est féconde si elle est maîtrisée pour que ceux que nous accueillons puissent être accueillis dans les meilleures conditions possibles, pour qu'ils prennent en partage notre histoire, nos valeurs, notre façon de vivre.
Régulariser tous les étrangers en situation irrégulière, c'est la certitude de créer un appel d'air incontrôlable.
Ainsi nous ne pourrons tolérer la persistance des dumpings, des concurrences déloyales, le pillage de nos technologies qui détruisent nos usines.
Au fond, la seule façon de nous protéger est d'être les artisans d'un changement avec les autres plutôt que de nous engager dans une aventure solitaire qui serait sans issue.
Ayons conscience que si nous échouons à changer ensemble les règles du jeu, le monde risque de sombrer dans le chacun pour soi et le protectionnisme et nous irons à la catastrophe, parce qu'alors nous risquons de refaire pas à pas le chemin tragique qu'a emprunté le monde dans les années 30.
Il y a une réalité que chacun doit comprendre, que chacun doit accepter : la souveraineté ne s'exerce qu'avec les autres.
L'Europe, ce n'est pas moins de souveraineté, mais davantage de souveraineté, parce que c'est davantage de capacité d'agir.
On défend mieux sa souveraineté avec des alliés, que tout seul. C'est la grande leçon de l'histoire du XXe siècle. Renoncer à notre place de membre permanent du Conseil de sécurité et à notre droit de veto ne serait ni plus ni moins qu'une faute. Nous n'aurions pu aider les peuples de Libye et de Côte d'Ivoire à se libérer.
La France et l'Allemagne, après tant de tragédies, ont décidé d'unir leur destin, de regarder ensemble vers l'avenir. Revenir sur cette stratégie serait impardonnable.
L'histoire et la géographie ont fait l'Allemagne et la France rivales ou partenaires. En faisant le choix de l'amitié, le Chancelier Adenauer et le général de Gaulle ont fait un choix historique.
L'Allemagne et la France unies, c'est l'Europe tout entière qui est unie et forte. La France et l'Allemagne désunie, c'est l'Europe tout entière qui est désunie et qui est affaiblie. Je recevrai lundi prochain à Paris, la Chancelière Merkel, et ensemble, nous ferons des propositions pour garantir l'avenir de l'Europe.
Chacun a son histoire, chacun a ses blessures. Quand on parle de la monnaie, l'Allemagne se souvient de son histoire. Nous devons la comprendre et nous devons la respecter.
Chacun a ses institutions, sa culture politique, sa conception de la Nation. L'une est fédérale, l'autre est unitaire. Il faut comprendre cette différence. Il faut la respecter.
La France et l'Allemagne ont fait le choix de la convergence. Je ne reviendrai jamais sur ce choix. Cela ne veut pas dire que l'une veut se mettre à la remorque de l'autre, ni que les deux veulent renoncer à leur identité jusqu'à se confondre.
Le choix de la convergence, ce n'est pas celui de l'imitation, mais celui des leçons tirées en commun de l'expérience de chacun.
Le choix de la convergence, c'est celui du travail en commun, de l'effort partagé pour construire au cœur de l'économie européenne une zone de stabilité et de confiance qui sera le moteur de la compétitivité européenne. Je ferai tout pour qu'il en soit ainsi.
L'Europe n'est plus un choix. Elle est une nécessité. Mais la crise a révélé ses faiblesses et ses contradictions. L'Europe doit être repensée. Elle doit être refondée.
Il y a urgence. Le monde n'attendra pas l'Europe. Si l'Europe ne change pas assez vite, l'Histoire s'écrira sans elle.
C'est la conviction de la France et de l'Allemagne.
L'Europe a besoin de plus de solidarité. Mais plus de solidarité exige plus de discipline.
C'est le premier principe de la refondation de l'Europe.
Car la solidarité ne doit pas être un encouragement au laxisme.
L'Europe a besoin de plus de politique. Je veux dire de plus de responsabilité politique.
L'Europe sans politique, l'Europe en pilotage automatique qui ne fait qu'appliquer aveuglément les règles de la concurrence et du libre-échange est une Europe qui ne peut pas faire face aux crises. C'est une Europe désarmée. C'est une Europe qui est condamnée à subir. Cette Europe-là, nous n'en voulons pas.
L'Europe a besoin de plus de démocratie. Parce que l'Europe est une entreprise qui ne peut pas réussir sans les peuples. Parce que si les peuples se méfient de l'Europe, l'Europe reculera. L'Europe plus démocratique, c'est l'Europe où ce sont les responsables politiques qui décident.
Plus de politique, c'est le deuxième principe de refondation de l'Europe.
La refondation de l'Europe, ce n'est pas la marche vers plus de supranationalité. Ce n'est pas la réouverture des vieilles querelles entre les partisans de l'Europe des nations et de l'Europe fédérale.
L'Europe se refondera en tirant pragmatiquement les leçons de la crise. La crise a poussé les chefs d'États et de gouvernements à assumer des responsabilités croissantes, parce qu'au fond, eux seuls disposaient de la légitimité démocratique qui leur permettait de décider. C'est par l'intergouvernemental que passera l'intégration européenne, parce que l'Europe va devoir faire des choix stratégiques, des choix politiques.
Au sein de la zone euro, il nous faut décider maintenant aller sans crainte vers davantage de décisions prises à la majorité qualifiée.
L'Europe ouverte à tous les vents, l'Europe qui ne se protège par contre les dumpings, l'Europe qui ouvre ses marchés sans exiger la réciprocité de la part de ses concurrents, l'Europe qui laisse entrer des produits de pays qui ne respectent pas les règles sociales ou environnementales, cela ne peut plus durer. L'Europe doit négocier pied à pied la défense de ses intérêts commerciaux.
L'Europe qui fait appliquer à l'intérieur le principe de la libre circulation et qui ne contrôle pas ses frontières extérieures, cela ne peut plus durer. Schengen doit être repensé.
L'Europe qui tolère le dumping social et le dumping fiscal entre ses États membres, l'Europe qui supporte que les subventions qu'elle verse à certains de ses membres pour les aider à combler leur retard sur les autres, puissent servir à baisser leurs charges et leurs impôts pour faire aux autres une concurrence déloyale, cela ne peut plus durer.
L'Europe ne peut pas laisser ses groupes industriels à la merci de tous les prédateurs du monde, parce qu'elle leur interdit de se regrouper au nom d'une fausse conception de la concurrence. L'Europe ne peut plus ignorer la nécessité absolue d'une politique industrielle, pour soutenir nos filières et nos exportations.
L'Europe doit défendre sa politique agricole commune car dans un monde de ressources rares, la sécurité alimentaire est un élément essentiel de l'indépendance.
L'Europe va devoir faire des choix cruciaux dans les semaines qui viennent.
Ces choix ne peuvent plus être ceux des années 80.
La crise est un accélérateur.
La crise est un défi majeur pour l'Europe. Le plus grand défi sans doute qu'elle ait eu à relever depuis qu'elle existe.
Ne nous le cachons pas, l'Europe peut être balayée par la crise si elle ne se ressaisit pas, si elle ne change pas.
Mais dans l'Europe, il y a l'Europe à 27 et il y a l'Europe de l'euro.
Au cœur de la crise européenne, il y a la crise de l'euro. C'est la plus grave. Elle peut tout emporter. Que restera-t-il de l'Europe si l'euro disparaît, si le cœur économique de l'Europe s'effondre ?
Au moment de faire le choix de l'euro, nous nous sommes divisés entre partisans du oui et partisans du non. Chacun avait ses raisons, ses arguments qui étaient respectables.
Mais le débat est derrière nous. L'euro existe. Sa disparition aurait des conséquences dramatiques pour les Français. Elle rendrait notre endettement ingérable. L'effondrement de la confiance paralyserait tout. Les Français s'appauvriraient... Nous n'avons pas le droit de laisser se produire un tel désastre.
Prenons la crise de l'euro pour ce qu'elle est : une crise de crédibilité, une crise de confiance.
Elle ne peut se résoudre qu'en restaurant la crédibilité, en restaurant la confiance.
Si nous voulons que l'euro survive, nous n'avons pas le choix : nous devons opposer une solidarité sans faille à tous ceux qui doutent de la viabilité de l'euro et qui spéculent sur son éclatement.
Il doit être absolument clair que tous les pays de la zone euro seront solidaires les uns des autres. Il doit être clair que ce qui a été fait pour la Grèce, dans un contexte très particulier, ne se reproduira plus, qu'aucun État de la zone euro désormais ne sera mis en défaut. Il doit être absolument clair qu'à l'avenir aucun épargnant ne perdra un centime sur le remboursement d'un prêt accordé à un pays de la zone euro. C'est une question de confiance et la confiance conditionne tout.
Il doit être clair que cette solidarité sans faille, tous les Etats et toutes les institutions y travaillent sans relâche.
C'est la raison d'être du gouvernement de la zone euro que la France a voulu et qui réunira les chefs d'État et de gouvernement pour décider ensemble.
C'est la raison pour laquelle la France a proposé la création d'un Fonds monétaire européen qui sera pour l'Europe l'instrument de sa solidarité, qui sera en mesure de venir en aide aux pays en difficulté. Ce Fonds mobilisera les ressources nécessaires pour offrir un rempart face à la spéculation. Nous le pérenniserons, le renforcerons et je souhaite que nous lui permettions de décider, à la majorité qualifiée.
Naturellement, la Banque centrale européenne a un rôle déterminant à jouer. Il y a des débats sur ce que lui autorisent ses statuts. Je ne veux pas entrer dans ces débats. La BCE est indépendante. Elle le restera. Je suis convaincu que face au risque déflationniste qui menace l'Europe, la Banque centrale agira. A elle de décider quand et avec quels moyens. C'est sa responsabilité. Nul ne doit douter qu'elle l'assumera, et d'ailleurs, je me félicite de ce qu'elle ait commencé à le faire.
Cette solidarité sans faille n'est pas envisageable sans une discipline plus stricte. Si l'on veut plus de solidarité, il faut plus de discipline budgétaire. Nous devons discuter ensemble de nos politiques budgétaires, non pour qu'elles soient les mêmes partout alors que les situations sont différentes, mais pour qu'elles se rapprochent au lieu de s'écarter les unes des autres. Examinons en commun nos budgets. Instaurons des sanctions plus rapides, plus automatiques et plus sévères pour ceux qui ne respectent pas leurs engagements. Renforçons les dispositifs de prévention pour que les dérives que nous avons connues ne se reproduisent plus. Chaque pays de la zone euro doit adopter une règle d'or qui inscrira dans son ordre juridique l'objectif d'équilibre budgétaire. La France doit l'adopter. L'idéal si chacun faisait preuve de responsabilités, serait de le faire avant la Présidentielle. Si tel n'était pas le cas, il faudrait le faire immédiatement après.
Il ne peut y avoir de monnaie unique sans que les économies convergent. Si les écarts de niveau de vie, de productivité, de compétitivité se creusent entre les pays, l'euro se révèlera, tôt ou tard, trop fort pour les uns, trop faible pour les autres ; et la zone euro éclatera.
La convergence, ce doit être le maître mot de la zone euro.
Ce processus sera nécessairement long et difficile.
Depuis le début de la crise de la dette, reconnaissons-le, l'Europe a déçu. Pas assez vite, pas assez loin, pas assez fort. J'entends ces critiques. Parfois, j'ai partagé l'impatience des observateurs. Mais la tâche était si difficile. Le Traité de Maastricht s'est révélé imparfait. Il prévoyait des mécanismes de préventions, mais bien lacunaires, des sanctions peu appliquées et aucun instrument d'urgence.
Nous avons dû tout réinventer, tout reconstruire, et nous avons redécouvert que parfois nos conceptions de la politique économique ou de l'union monétaire étaient demeurées différentes, en dépit de dix ans de vie commune.
Maintenant, dans une situation extrême, après le long chemin que nous avons parcouru, nous devons revenir à l'essentiel et le réaffirmer solennellement. C'est pourquoi la France milite avec l'Allemagne pour un nouveau traité.
Plus de discipline, plus de solidarité, plus de responsabilités assumées devant les peuples un véritable gouvernement économique. Telle est notre vision de l'avenir de la zone euro et de la future réforme des traités.
C'est pour que dans le monde de demain, l'Europe puisse encore faire entendre sa voix et faire vivre une très ancienne idée de la civilisation à laquelle elle tient par-dessus tout, que la France se bat.
C'est pour que dans le monde de demain, chacun, en se développant, contribue au développement des autres au lieu que chacun ne cherche à se développer au détriment des autres, que la France se bat.
C'est pour que dans le monde de demain la coopération prévale sur la confrontation, que la France se bat.
C'est pour que dans le monde de demain ses valeurs, son mode de vie, sa culture ne soient pas condamnés à disparaître, que la France se bat.
C'est pour que les Français ne voient pas s'évanouir tout ce qu'à force de travail, d'intelligence, de générosité, ils ont construit de grand, de beau, que la France se bat, qu'elle se bat à l'intérieur et à l'extérieur.
Ce combat, la France le mène sans arrogance, mais sans relâche, avec la conviction qu'au plus fort de la pire des crises économiques qui n'ait jamais menacé le monde depuis trois quarts de siècle, il porte une espérance qui ne doit pas s'éteindre.
Vive la République.
Vive
la France

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jeudi 25 Septembre 2008
Discours de M. le président de la République à Toulon

Discours de M. le président de la République à Toulon

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Toulon (Var), Zénith -- Jeudi 25 septembre 2008

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Maire de Toulon, cher Hubert,
et si vous me le permettez, mes chers concitoyens et mes chers amis,
Si j'ai voulu m'adresser ce soir aux Français, c'est parce que la situation de notre pays l'exige. Je mesure la responsabilité qui est la mienne dans les circonstances exceptionnelles où nous nous trouvons. Une crise de confiance sans précédent ébranle l'économie mondiale. De grandes institutions financières sont menacées, des millions de petits épargnants dans le monde qui ont placé leurs économies à la Bourse voient jour après jour fondre leur patrimoine, des millions de retraités qui ont cotisé à des fonds de pension craignent pour leurs retraites, des millions de foyers modestes sont mis en difficulté par la hausse des prix. Comme partout dans le monde, les Français ont peur pour leurs économies, peur pour leur emploi, peur pour leur pouvoir d'achat. La peur est une souffrance. La peur empêche d'entreprendre, la peur empêche de s'engager. Quand on a peur, on n'a pas de rêve, quand on a peur on ne se projette pas dans l'avenir. La peur est la principale menace qui pèse aujourd'hui sur l'économie. Il faut vaincre cette peur. C'est la tâche la plus urgente.

On ne la vaincra pas, on ne rétablira pas la confiance en mentant, on rétablira la confiance en disant la vérité. La vérité, les Français la veulent, et je suis persuadé qu'ils sont prêts à l'entendre. S'ils ont le sentiment à l'inverse qu'on leur cache des choses, alors le doute grandira. S'ils ont la conviction qu'on ne leur cache rien, ils puiseront en eux-mêmes la force de surmonter la crise. Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise n'est pas finie, que ses conséquences seront durables, que la France est trop engagée dans l'économie mondiale pour que l'on puisse penser un instant qu'elle pourrait être à l'abri des événements qui sont en train, ni plus ni moins, de bouleverser le monde. Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat. Dire la vérité aux Français, c'est leur dire d'abord la vérité sur la crise financière.

Parce que cette crise, sans équivalent depuis les années trente, cette crise financière marque la fin d'un monde, d'un monde qui s'était construit sur la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide. Ce monde avait été porté par un grand rêve de liberté et de prospérité. La génération qui avait vaincu le communisme avait rêvé d'un monde où la démocratie et le marché résoudraient tous les problèmes de l'humanité. Cette génération avait rêvé d'une mondialisation heureuse qui vaincrait la pauvreté et la guerre. Ce rêve a commencé à devenir réalité : les frontières se sont ouvertes, des millions d'hommes ont été arrachés à la misère, mais le rêve s'est brisé sur le retour des fondamentalismes religieux, des nationalismes, des revendications identitaires, le terrorisme, les dumpings, les délocalisations, les dérives de la finance globale, les risques écologiques, l'épuisement annoncé des ressources naturelles, les émeutes de la faim.

Au fond c'est une certaine idée de la mondialisation qui s'achève avec la fin du capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l'économie et avait contribué à la pervertir. L'idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, cette idée de la toute-puissance du marché était une idée folle. L'idée que les marchés ont toujours raison est une idée folle. Pendant plusieurs décennies on a donc créé les conditions dans lesquelles l'industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme. On a caché les risques toujours plus grands qu'on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants. On a mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient les opérateurs à prendre de plus en plus de risques absolument inconsidérés.

On a fait semblant de croire qu'en mutualisant les risques on les faisait disparaître. On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l'épargne au profit du développement économique et d'analyser le risque du crédit. On a financé le spéculateur plutôt que l'entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. On a obligé les entreprises, les banques, les compagnies d'assurance à inscrire leurs actifs dans leurs comptes aux prix du marché qui montent et qui descendent au gré de la spéculation. On a soumis les banques à des règles comptables qui ne fournissent aucune garantie sur la bonne gestion des risques mais qui, en cas de crise, contribuent à aggraver la situation au lieu d'amortir le choc. C'était une folie dont le prix se paie aujourd'hui ! Ce système où celui qui est responsable d'un désastre peut partir avec un parachute doré, où un trader peut faire perdre 5 milliards d'euros à sa banque sans que personne ne s'en aperçoive, où l'on exige des entreprises des rendements trois ou quatre fois plus élevés que la croissance de l'économie réelle, ce système a creusé des inégalités, a démoralisé les classes moyennes et a alimenté la spéculation sur les marchés de l'immobilier, des matières premières et des produits agricoles. Mais ce système, il faut le dire parce que c'est la vérité, ce n'est pas l'économie de marché, ce n'est pas le capitalisme.

L'économie de marché, c'est un marché régulé, le marché mis au service du développement, au service de la société, au service de tous. Ce n'est pas la loi de la jungle, ce n'est pas des profits exorbitants pour quelques uns et des sacrifices pour tous les autres. L'économie de marché, c'est la concurrence qui réduit les prix, qui élimine les rentes et qui profite à tous les consommateurs. Le capitalisme, ce n'est pas le court terme, c'est la longue durée, l'accumulation du capital, la croissance à long terme. Le capitalisme, ce n'est pas la primauté donnée au spéculateur. C'est la primauté donnée à l'entrepreneur, le capitalisme, c'est la récompense du travail, de l'effort et de l'initiative. Le capitalisme, ce n'est pas la dilution de la propriété, l'irresponsabilité généralisée. Le capitalisme, c'est la propriété privée, la responsabilité individuelle, l'engagement personnel, le capitalisme, c'est une éthique, c'est une morale, ce sont des institutions. C'est d'ailleurs le capitalisme qui a permis l'essor extraordinaire de la civilisation occidentale depuis sept siècles.

La crise financière que nous connaissons aujourd'hui, mes chers compatriotes, n'est pas la crise du capitalisme. C'est la crise d'un système qui s'est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme, qui, en quelque sorte, a trahi l'esprit du capitalisme. Je veux le dire aux Français : l'anticapitalisme n'offre aucune solution à la crise actuelle. Renouer avec le collectivisme qui a provoqué dans le passé tant de désastres serait une erreur historique. Mais à l'inverse, ne rien faire, ne rien changer, se contenter de mettre toutes les pertes à la charge du contribuable et faire comme s'il ne s'était rien passé serait également une erreur historique. Nous pouvons sortir, mes chers compatriotes, plus forts de cette crise. Nous pouvons nous en sortir et nous pouvons nous en sortir plus forts si nous acceptons de changer nos manières de penser et nos comportements, si nous faisons l'effort nécessaire pour nous adapter aux réalités nouvelles qui s'imposent à nous, si nous décidons d'agir au lieu de subir.

La crise actuelle doit nous inciter à refonder le capitalisme, le refonder sur une éthique, celle de l'effort et celle du travail, elle doit nous inciter à retrouver un équilibre entre la liberté nécessaire et la règle, entre la responsabilité collective et la responsabilité individuelle. Il nous faut trouver un nouvel équilibre entre l'État et le marché, alors que partout dans le monde les pouvoirs publics sont obligés d'intervenir pour sauver le système bancaire de l'effondrement. Un nouveau rapport doit s'instaurer entre l'économie et la politique à travers la mise en chantier de nouvelles réglementations. L'autorégulation pour régler tous les problèmes, c'est fini. Le laisser-faire, c'est fini. Le marché tout-puissant qui a toujours raison, c'est fini. Il faut tirer les leçons de la crise pour que la crise ne se reproduise pas. Nous venons de passer à deux doigts de la catastrophe, le monde est passé à deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer. Si l'on veut reconstruire un système financier viable, la moralisation du capitalisme financier est une priorité.

Je n'hésite d'ailleurs pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être désormais encadrés. Il y a eu trop d'abus, il y a eu trop de scandales. Alors, ou bien les professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables, ou bien le gouvernement de la République réglera le problème par la loi avant la fin de l'année. Les dirigeants ne doivent pas avoir le statut de mandataire social et bénéficier en même temps des garanties liées à un contrat de travail. Ils ne doivent pas recevoir d'actions gratuites. Leur rémunération doit être indexée sur les performances économiques réelles de l'entreprise. Ils ne doivent pas pouvoir prétendre à un parachute doré lorsqu'ils ont commis des fautes ou mis leur entreprise en difficulté. Et si les dirigeants sont intéressés au résultat, ce qui est une bonne chose, les autres salariés de l'entreprise, notamment les plus modestes, doivent l'être aussi car eux aussi contribuent à la richesse de l'entreprise. Si les dirigeants ont des stock options, les autres salariés doivent en avoir aussi ou à défaut bénéficier d'un système d'intéressement. Ce sont des principes simples qui relèvent du bon sens et de la morale élémentaire sur lesquels je ne céderai pas. Les dirigeants perçoivent des rémunérations élevées parce qu'ils ont de lourdes responsabilités. Mais on ne peut pas vouloir être très bien payé et ne pas vouloir assumer ses responsabilités. L'un va avec l'autre. C'est encore plus vrai dans la finance que partout ailleurs.

Et qui pourrait admettre que tant d'opérateurs financiers s'en tirent à bon compte alors que pendant des années ils se sont enrichis en menant tout le système financier dans la situation dont il se trouve aujourd'hui ? Les responsabilités doivent être recherchées et les responsables de ce naufrage doivent être sanctionnés au moins financièrement. L'impunité serait immorale. On ne peut pas se contenter de faire payer les actionnaires, les clients, les salariés, les contribuables en exonérant les principaux responsables. Personne ne pourrait accepter ce qui serait ni plus ni moins une injustice de grande ampleur.
Il faut ensuite réglementer les banques pour réguler le système. Car les banques sont au cœur du système. Il faut cesser d'imposer aux banques des règles de prudence qui sont d'abord une incitation à la créativité comptable plutôt qu'à une gestion rigoureuse des risques. Ce qu'il faudra dans l'avenir, c'est contrôler beaucoup mieux la façon dont elles font leur métier, la manière dont elles évaluent et dont elles gèrent leurs risques, l'efficacité de leurs contrôles internes. Il faudra imposer aux banques de financer le développement économique plutôt que la spéculation. La crise que nous connaissons devrait amener à une restructuration de grande ampleur de tout le secteur bancaire mondial.

Compte tenu de ce qui vient de se passer et de l'importance de l'enjeu pour l'avenir de notre économie, il va de soi qu'en France l'État sera attentif et jouera un rôle actif. Il va falloir s'attaquer au problème de la complexité des produits d'épargne, de l'opacité des transactions de façon à ce que chacun soit en mesure d'évaluer réellement les risques qu'il prend. Mais il faudra bien aussi se poser des questions qui fâchent, celle des paradis fiscaux, celle des conditions dans lesquelles s'effectuent les ventes à découvert qui permettent de spéculer en vendant des titres que l'on ne possède pas, ou celle de la cotation en continu qui permet d'acheter et de vendre à tout moment des actifs et dont on sait le rôle qu'elle joue dans les emballements du marché et dans la création des bulles spéculatives. Il va falloir nous interroger sur l'obligation de comptabiliser les actifs aux prix du marché qui se révèle si déstabilisante en cas de crise. Il va falloir contrôler les agences de notation dont j'insiste sur le fait qu'elles ont été défaillantes. Et désormais, aucune institution financière, aucun fonds ne doit être en mesure d'échapper au contrôle d'une autorité de régulation.

Mais la remise en ordre du système financier ne serait pas complète si en même temps on ne cherchait pas à mettre un terme au désordre des monnaies. La monnaie est au cœur de la crise financière comme elle est au cœur des distorsions qui affectent les échanges mondiaux. Et si l'on n'y prend pas garde, le dumping monétaire finira par engendrer des guerres commerciales extrêmement violentes et ouvrira ainsi la voie au pire des protectionnismes. Le producteur français peut faire tous les gains de productivité qu'il veut ou qu'il peut. Il peut à la rigueur concurrencer les bas salaires des ouvriers chinois, mais il ne peut pas compenser la sous-évaluation de la monnaie chinoise. Notre industrie aéronautique peut être aussi performante que possible, elle ne peut pas lutter contre l'avantage de compétitivité que la sous-évaluation chronique du dollar donne aux constructeurs américains.

Je redis donc à quel point il me paraît nécessaire que les chefs d'État et de gouvernement des principaux pays concernés se réunissent avant la fin de l'année pour tirer les leçons de la crise financière et coordonner leurs efforts pour rétablir la confiance. J'ai fait cette proposition en plein accord avec la chancelière allemande, Angela MERKEL, avec qui je m'en suis entretenu et qui partage les mêmes préoccupations à propos de la crise financière et sur les leçons qu'il va falloir en tirer. Je suis convaincu que le mal est profond et qu'il faut remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial, comme on le fit à Bretton Woods après la Seconde Guerre mondiale. Cela nous permettra de créer les outils d'une régulation mondiale que la globalisation et la mondialisation des échanges rendent indispensables. On ne peut pas continuer de gérer l'économie du XXIe siècle avec les instruments de l'économie du XXe siècle. On ne peut pas davantage penser le monde de demain avec les idées d'hier.

Quand les banques centrales font tous les jours toute la trésorerie des banques et quand le contribuable américain s'apprête à dépenser 1 000 milliards de dollars pour éviter la faillite généralisée, il me semble que la question de la légitimité des pouvoirs publics à intervenir dans le fonctionnement du système financier ne se pose plus ! Il arrive que l'autorégulation soit insuffisante. Il arrive que le marché se trompe. Il arrive que la concurrence soit inefficace ou déloyale. Alors il faut bien que l'État intervienne, qu'il impose des règles, qu'il investisse, qu'il prenne des participations, pourvu qu'il sache se retirer quand son intervention n'est plus nécessaire. Rien ne serait pire qu'un État prisonnier de dogmes, enfermé dans une doctrine qui aurait la rigidité d'une religion. Imaginons où en serait le monde si le gouvernement américain était resté sans rien faire face à la crise financière sous prétexte de respecter je ne sais quelle orthodoxie en matière de concurrence, de budget ou de monnaie ?

En ces circonstances exceptionnelles où la nécessité d'agir s'impose à tous, j'appelle l'Europe à réfléchir sur sa capacité à faire face à l'urgence, à repenser ses règles, ses principes, en tirant les leçons de ce qui se passe dans le monde. L'Europe doit se donner les moyens d'agir quand la situation l'exige et non se condamner à subir. Si l'Europe veut préserver ses intérêts, si l'Europe veut avoir son mot à dire dans la réorganisation de l'économie mondiale, elle doit engager une réflexion collective sur sa doctrine de la concurrence (la concurrence n'est, à mes yeux, qu'un moyen et non une fin en soi), sur sa capacité à mobiliser des ressources pour préparer l'avenir, sur les instruments de sa politique économique, sur les objectifs assignés à la politique monétaire. Je sais que c'est difficile parce que l'Europe, c'est vingt-sept pays, mais quand le monde change, l'Europe doit changer aussi. L'Europe doit être capable de bousculer ses propres dogmes. L'Europe ne peut pas se trouver condamnée à être la variable d'ajustement de toutes les autres politiques dans le monde parce qu'elle ne se serait pas donnée les moyens d'agir. Et je veux poser une question grave : si ce qui s'est passé aux États-Unis s'était passé en Europe, avec quelle rapidité, avec quelle force, avec quelle détermination l'Europe, avec les institutions actuelles, les principes actuels, aurait-elle fait face à la crise ? Pour tous les Européens il est entendu que la meilleure réponse à la crise doit être européenne. En tant que président de l'Union, je proposerai des initiatives en ce sens dès le prochain Conseil européen du 15 octobre.

S'agissant de la France, je le dis aux Français qui craignent pour leurs économies déposées dans les banques et les établissements financiers, les banques françaises paraissent en mesure de surmonter les difficultés actuelles, mais je le dis avec solennité : si elles devaient êtres mises en difficulté par la spéculation, je n'accepterais pas qu'un seul déposant perde un seul euro parce qu'un établissement financier se révélerait dans l'incapacité de faire face à ses engagements. Les épargnants qui ont eu confiance dans les banques, dans les compagnies d'assurance, dans les institutions financières de notre pays ne verront pas leur confiance trahie. Ils ne paieront pas pour les erreurs éventuelles des dirigeants et l'imprudence éventuelle des actionnaires. L'État est là et l'État fera son devoir. C'est un engagement solennel que je prends ce soir : quoi qu'il arrive, l'État garantira la sécurité et la continuité du système bancaire et financier français.

Je le dis avec la même détermination : si les difficultés actuelles devaient entraîner une restriction du crédit qui priverait les Français et les entreprises, en particulier les PME, des moyens de financer leurs investissements ou d'assurer leur trésorerie, l'État interviendrait pour que ces financements puissent être assurés. Il le ferait par des cautions, par des garanties, par des apports en capital ou par une modification de la réglementation bancaire, mais il le ferait pour éviter que par un engrenage fatal l'économie privée de financements s'enfonce durablement dans une récession que nous n'accepterons pas. Bien que les ménages français soient en moyenne beaucoup moins endettés que dans la plupart des autres pays développés, l'accès au logement et à la propriété risque d'être rendu plus difficile du fait de la contraction du crédit, de la hausse des taux d'intérêt et de la diminution d'une offre déjà insuffisante pour répondre aux besoins. La loi de mobilisation pour le logement sera adoptée en urgence. J'y ajouterai des mesures fortes pour que les programmes immobiliers en cours puissent être menés à bien et pour que des terrains appartenant au secteur public soient libérés pour y construire de nouveaux logements, ce qui contribuera à la baisse des prix qui avaient atteint des niveaux parfaitement excessifs.

Face au ralentissement de l'activité se pose naturellement la question de la relance de notre économie. Cette relance, nous l'avons engagée, bien avant tous les autres, avec les mesures prises il y a un an sur les heures supplémentaires, la possibilité de déduire les intérêts de ses emprunts immobiliers, la suppression des droits de succession, le crédit d'impôt recherche, auxquels se sont ajoutées d'autres mesures comme le déblocage de la participation. Ce soutien apporté à l'activité nous a permis de mieux résister à la crise. Mais si l'activité venait à reculer fortement et durablement, je n'hésiterais pas à prendre les mesures nécessaires pour la soutenir. Aujourd'hui il faut du sang-froid, se garder de réactions précipitées mais en même temps être prêt à la réactivité.

La crise actuelle est une crise structurelle. Les changements qu'elle annonce sont profonds. À cette crise structurelle doit répondre une politique structurelle. Le monde change, nous devons changer avec lui. Nous devons même, autant que faire se peut, anticiper le changement. La crise appelle à accélérer le rythme des réformes, en aucun cas à l'arrêter ou à le ralentir. Je veux dire aux Français qu'il n'existe aucune solution miracle qui permettrait à notre pays de se dispenser des efforts nécessaires pour surmonter la crise.
Il faut, bien sûr, d'abord penser aux plus vulnérables dont la vie n'est déjà pas facile quand il n'y a pas la crise mais dont la vie est insupportable quand la crise arrive. C'est dans ces moments-là que la solidarité avec ceux qui sont en difficulté doit être la plus forte. C'est la raison pour laquelle j'ai pris la décision de créer le RSA, d'augmenter le minimum vieillesse, les pensions de réversion les plus modestes et pour les titulaires de minima sociaux, dont le pouvoir d'achat n'est pas garanti contrairement aux allocations familiales et aux retraites, d'accorder une prime exceptionnelle pour compenser le retard sur l'évolution réelle des prix.

Quand on veut dire la vérité aux Français, il faut la leur dire jusqu'au bout et la vérité, c'est que l'État ne peut pas indéfiniment financer ses dépenses courantes et ses dépenses de solidarité par l'emprunt parce qu'un jour il faut bien payer ses dettes. L'argent de l'État, c'est l'argent des Français. Ils ont travaillé trop dur pour le gagner pour que l'on ait le droit de le gaspiller. On a gaspillé l'argent des Français lorsqu'on l'a dépensé pour financer les 35 heures avec les résultats catastrophiques au plan économique et social que l'on connaît. Alors pour retrouver des marges de manœuvre et pour préparer l'avenir, les dépenses de fonctionnement de l'État doivent diminuer. L'année prochaine, c'est donc un total sans précédent de 30 600 emplois publics qui seront supprimés dans la Fonction publique. La révision des politiques publiques sera menée avec beaucoup de célérité. La réforme de l'hôpital permettra d'améliorer l'accès aux soins tout en supprimant des dépenses inutiles. Les agents hospitaliers seront intéressés à l'équilibre de leur budget et partout les fonctionnaires seront associés aux gains de productivité dans la Fonction publique. C'est une véritable révolution culturelle que nous mettons en place et qui va modifier en profondeur les comportements.

Après la remise à plat de la carte judiciaire, des restructurations militaires, nous irons plus loin dans la réorganisation de nos administrations et de nos services publics. Nous allons donc engager la deuxième étape de la réforme de l'État dès l'année prochaine. Et je l'annonce, le grand chantier de la réforme de nos administrations locales sera ouvert dès le mois de janvier prochain. Le moment est venu de poser la question du nombre des échelons de collectivités locales dont le nombre et l'enchevêtrement des compétences est une source d'inefficacité et de dépenses supplémentaires. Mesdames et Messieurs, la compétitivité de notre économie est capitale. Si nous voulons une économie compétitive nous ne pouvons plus lui faire supporter un poids excessif de dépenses publiques. J'assumerai mes responsabilités sur la diminution des effectifs et sur la réforme des échelons territoriaux français. Cela fait trop longtemps qu'on en parle, maintenant on va agir, on va décider.

Mais là aussi, je vous dois la vérité : dans la situation où se trouve l'économie, je ne conduirai pas une politique d'austérité parce que l'austérité aggraverait la récession. Je n'accepterai donc pas de hausses des impôts et des taxes qui réduiraient le pouvoir d'achat des Français. Car notre objectif, c'est de leur rendre du pouvoir d'achat et non de leur en prendre. Je n'accepterai pas d'augmenter les charges qui pèsent sur les entreprises parce que ce serait affaiblir leur compétitivité quand, au contraire, il faudrait la renforcer. Faire payer les entreprises sous prétexte que ce serait indolore, ce serait commettre la même erreur économique que celle qui fut faite en France au milieu des années soixante-dix lors du premier choc pétrolier, avec les résultats désastreux que l'on connaît.

La France ne s'en sortira pas en investissant moins mais en investissant plus. C'est la raison pour laquelle désormais de nouveaux investissements seront exonérés de la taxe professionnelle qui les pénalise. Nous allons avec les collectivités locales engager une grande concertation pour trouver une ressource de remplacement qui ait moins d'effets nocifs sur l'économie. Mais, vous le comprenez aussi, si nous arrivons à diminuer le nombre d'échelons territoriaux, alors nous pourrons poser plus facilement la question de la disparition à terme de la taxe professionnelle. Moins d'échelons, c'est moins d'impôts. Plus d'échelons, c'est plus d'impôts.

La France, Mesdames et Messieurs, ne s'en sortira pas en travaillant moins mais en travaillant davantage. Tout doit donc être fait pour encourager le travail alors que depuis des décennies, on s'est efforcé par tous les moyens de le décourager. Le gouvernement a mis un terme aux effets si nocifs des 35 heures. Nous avons détaxé les heures supplémentaires. Nous avons maintenu les exonérations de charges sur les bas salaires. Nous avons instauré le RSA, relancé la participation et l'intéressement. Il y a un fil conducteur à toutes ces mesures : faire en sorte que le travail coûte moins cher à l'entreprise, que le travail paie, que le travail soit libéré, que le travail soit récompensé. La crise va nous inciter à aller plus loin et plus vite dans les réformes qui contribuent à réhabiliter le travail au moment même où le modèle d'une finance spéculative s'effondre. La loi à venir sur la participation et l'intéressement s'inscrit exactement dans cette perspective de rééquilibrage entre le capital et le travail. Ne pas donner tous les bénéfices aux dirigeants et aux actionnaires, en destiner une part plus grande à ceux qui par leur travail ont créé la richesse, redonner du pouvoir d'achat aux travailleurs sans alourdir les charges fixes de l'entreprise et ainsi remettre le capitalisme à l'endroit, voilà l'autre révolution qu'il nous faut entreprendre. Est-il besoin d'ajouter que dans la situation actuelle, tout ce qui pourrait contribuer à alourdir le coût du travail serait ni plus ni moins suicidaire ?

Réduire les exonérations de charges sur les salaires, ce ne serait pas reprendre un cadeau fait aux entreprises, ce serait contribuer à détruire de l'emploi au moment même où le ralentissement de la croissance fait repartir le chômage à la hausse et où la concurrence des pays à bas salaires ne cesse de s'intensifier. Financer le RSA en taxant le travail aurait eu le même effet. Je veux prendre mes responsabilités devant vous, j'assume donc la décision de financer le RSA en taxant légèrement les revenus financiers qui depuis des années augmentent plus vite que les revenus du travail. C'est une décision juste, c'est une décision raisonnable. Elle ne remet pas en cause l'objectif de baisse globale des prélèvements puisque les diminutions d'impôts et de charges décidées depuis quinze mois l'emportent de plus de 10 milliards sur les hausses. Je constate que j'ai entendu des cris quand on a créé cette taxe pour financer le RSA, mais que je n'ai pas entendu grand chose quand on a baissé les impôts. La responsabilité du gouvernement, c'est de mener une politique équilibrée. Nous sommes le gouvernement de tous les Français, pas de quelques uns, et nous ne devons être, me semble-t-il, prisonniers d'aucun lobby, d'aucun groupe de pression, d'aucun intérêt quel qu'il fût et quelle que soit, par ailleurs, leur légitimité. J'ajoute qu'au fur et à mesure qu'un nombre croissant de ceux qui jusqu'à présent sont piégés par l'assistance sera incité à reprendre un travail, la taxe sur les revenus de l'épargne sera diminuée.

L'autre figure du capitalisme qu'il faut réhabiliter, c'est celle de l'entrepreneur. Au capitalisme financier, il faut opposer le capitalisme des entrepreneurs. À côté de la valeur travail, il faut remettre l'esprit d'entreprise au cœur du système de valeur de l'économie. C'est toute la philosophie de la loi de modernisation de l'économie et c'est la priorité de la politique économique. Si nous manquons d'entrepreneurs capables d'inventer l'économie de demain, ce n'est pas parce que les Français seraient plus dépourvus que les autres d'esprit d'entreprise mais c'est parce que tout a été fait pour empêcher les Français d'entreprendre comme tout a été fait pour les empêcher de travailler. On ne parlait plus de travailleur parce que l'on détestait le travail. On ne parlait plus d'entrepreneurs parce que l'on détestait la vraie prise de risque, celle qui pousse par son travail, par son effort et par son intelligence à créer de la richesse. Il faut opposer l'effort du travailleur à l'argent facile de la spéculation, il faut opposer l'engagement de l'entrepreneur qui risque tout dans son entreprise à l'anonymat des marchés financiers, il faut opposer un capitalisme de production à un capitalisme de court terme, il faut accorder une priorité à l'industrie au moment où l'étau de la finance se desserre, voilà tout le sens de la politique économique que nous voulons conduire.

Enfin, dire la vérité aux Français, c'est leur dire, même si cela ne plaît pas à tout le monde, que nous passons d'un monde d'abondance à un monde de rareté, c'est-à-dire d'un monde où l'on utilisait les ressources naturelles comme si elles étaient inépuisables à un monde où l'épuisement à venir des ressources naturelles sera une préoccupation de tous les jours.

Dans le monde de la rareté, je veux le dire aux Français, il va falloir payer plus cher le pétrole, plus cher le gaz, plus cher les matières premières. Les Français devront produire autrement, consommer différemment. Ils devront apprendre à faire constamment des efforts pour économiser les ressources devenues rares qui ne peuvent plus être gaspillées. La pollution et le réchauffement climatique menacent l'avenir de la planète. Si l'on ne veut pas que des catastrophes écologiques débouchent sur des déplacements massifs de populations et des catastrophes humaines et politiques, alors il faut que chacun assume la conséquence de ses choix, il faut que chacun supporte le coût de ses décisions et paie le juste prix de ce qu'il consomme. Dans le monde de demain le principe pollueur-payeur s'appliquera partout. Si nous ne l'appliquons pas, nous léguerons aux générations futures un monde invivable. S'il faut moins taxer l'investissement, moins taxer le travail, moins pénaliser l'effort et la réussite, moins taxer les produits propres, il faut en revanche davantage taxer la pollution. Utiliser la fiscalité pour relever le défi écologique, c'est indispensable si l'on veut inciter à des changements profonds de comportements. Si dans la situation actuelle où tant de Français se trouvent confrontés à une baisse de leur pouvoir d'achat, il est exclu de renchérir le prix des produits de grande consommation, je veux dire à quel point je crois que le système du bonus-malus est un bon système. L'expérience sur l'automobile a été particulièrement concluante avec 500 000 bonus distribués en huit mois, qui ont déplacé massivement la demande vers les véhicules les plus écologiques. Ce système extrêmement incitatif du bonus-malus permet de gagner des années dans le changement des modes de consommation, nous devrons l'étendre à d'autres produits. Cette extension se fera dans la concertation. Elle se fera progressivement. Mais elle se fera.

J'en prends l'engagement, comme je prends l'engagement solennel que toutes les conclusions du Grenelle de l'Environnement seront mises en œuvre parce qu'elles permettront à notre pays de prendre de l'avance dans la mutation inéluctable qu'imposera dans les années qui viennent à tous les pays du monde la prise de conscience du risque écologique et de l'épuisement du pétrole et des ressources non renouvelables. Il y a tous ceux qui me conseillent de ne pas prendre des mesures difficiles et de laisser à ceux qui nous suivront, les mesures que l'on n'aura pas eu le courage de prendre. Si le général de GAULLE avait agi ainsi, nous n'aurions pas l'atout que représente aujourd'hui l'énergie nucléaire. Mon devoir, c'est de prendre les décisions, de les assumer tout de suite et de les prendre immédiatement. Je crois à la croissance durable. Ce que nous avons décidé de faire est très ambitieux. Et la mise en œuvre du Grenelle de l'Environnement, c'est la multiplication par quatre de nos capacités de transports en commun en sites propres. C'est la construction de 2 000 kilomètres de lignes à grande vitesse supplémentaires. Nous sommes très fiers de Strasbourg, capitale européenne.

Mais quand nous mettons tant d'années à faire venir le TGV à Strasbourg, permettez-moi de vous dire, cela ne grandit pas l'image de notre pays. Si on voulait que Strasbourg soit la capitale de l'Europe, alors il fallait faire le TGV Est plus rapidement que nous ne l'avons fait ; c'est la décision qu'avec François FILLON et Jean-Louis BORLOO, nous avons prise. La mise en œuvre du Grenelle de l'Environnement, c'est aussi la rénovation de tout le parc des logements sociaux et des bâtiments publics pour les adapter aux exigences d'économie d'énergie. Toutes ces dépenses nouvelles seront gagées sur les futures économies d'énergie et elles exerceront sur notre activité un formidable effet d'entraînement. Il ne s'agira pas cette fois-ci de sacrifier l'avenir au présent, mais au contraire de mettre notre pays dans la meilleure situation possible pour affronter l'avenir. Face à la crise, il y a toujours deux attitudes : il y a celle qui consiste à bien rester caché, attendre que cela passe en attendant que la croissance revienne, car elle reviendra. Et il y a celle qui consiste, et c'est la politique que nous allons mener, à profiter de la crise pour en faire une opportunité au service des réformes qui ont trop attendu dans notre pays, dont notre pays a besoin et qui lui permettront de tirer le meilleur parti de la reprise. Alors, je le sais, il y aura des mécontentements, il y aura des rentes de situation qui vont être changées, il y aura des immobilismes qui seront bousculés, mais personne ne pourra dire que le gouvernement de la France n'a pas été à la hauteur de ses responsabilités en refusant de sauter les obstacles inéluctables que le monde nouveau impose à notre pays.

De cette crise, on va faire une opportunité pour augmenter la vitesse et la rapidité de l'adaptation de la modernisation de notre pays.
Je souhaite que nous développions massivement les programmes de recherche dans les nouvelles sources d'énergie, ce n'est pas parce que nous avons le nucléaire que nous devons être absents des nouvelles sources d'énergie. Il faut une nouvelle source d'énergie et le nucléaire. Nous allons investir massivement dans les technologies propres, dans les nouveaux systèmes de transport comme la voiture électrique. Nous allons remplacer nos centrales nucléaires par les centrales de nouvelle génération de façon accélérée. Nous allons mettre en œuvre le programme des infrastructures des transports collectifs le plus rapidement possible. Et cela donnera du travail à nos entreprises. Je veux que soit mis à l'étude un grand plan de rénovation des infrastructures des transports collectifs dans les grandes villes où la situation est devenue souvent critique. L'État jouera son rôle, y compris financièrement ; de toute façon, l'État a trop dépensé dans le passé pour la gestion, et l'État n'a pas assez investi parce que l'investissement est au cœur d'une stratégie économique tournée vers l'avenir.

Nous ne pouvons plus attendre pour investir dans la formation, dans la recherche, dans l'innovation pour accomplir la révolution numérique. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu que notre système de formation professionnelle soit entièrement repensé. Cette réforme de la formation professionnelle qui fait l'objet d'une négociation entre les partenaires sociaux, je souhaite qu'elle soit ambitieuse et surtout qu'elle soit rapidement mise en œuvre. Le diagnostic est connu de tous. Je souhaite que des décisions en la matière soient prises avant la fin de l'année. J'ai voulu que nos universités soient autonomes et qu'une partie du capital d'EDF soit vendue pour financer la rénovation de nos campus. J'ai voulu également donner la propriété intellectuelle de leurs découvertes et leur donner les moyens de les valoriser à nos universités. Nous allons développer encore ce système. En matière de recherche, avec le crédit d'impôt recherche à 30 %, nous avons maintenant le meilleur et le plus ambitieux système pour favoriser la recherche de nos entreprises. La réforme de notre système de recherche public sera menée jusqu'au bout. Une stratégie nationale de recherche sera définie. La priorité budgétaire à la formation et à la recherche, quelles que soient les difficultés d'aujourd'hui, nous allons la maintenir.

Mesdames et Messieurs, tous ces défis sont immenses. Mais la France, la France que nous aimons, peut relever ces défis. J'ai confiance dans les Français. J'ai confiance dans les atouts de la France. J'ai la certitude que nos réformes vont porter leurs fruits. J'ai la certitude que, par notre travail, la France saura faire sa place dans le monde du XXIe siècle. J'ai la certitude que nous pouvons réussir à refonder le capitalisme. Jamais, j'en ai conscience, depuis 1958 autant de changements n'ont été accomplis en si peu de temps. Quand la situation économique mondiale redeviendra meilleure -- car elle redeviendra meilleure, parce que l'histoire de l'Humanité, c'est l'histoire de crises puis de reprises -- quand elle redeviendra meilleure, nous tirerons les fruits de nos efforts sur l'équilibre de nos finances publiques, sur l'emploi, sur le pouvoir d'achat et sur le bien-être de chacun. Je suis lucide sur la gravité de la crise, mais optimiste sur les atouts de la France. Je suis déterminé à poursuivre la modernisation de notre économie et de notre société quelles que soient les difficultés parce qu'au plus profond de moi-même, j'ai la conviction qu'il n'y a pas d'autre voie efficace pour la France. Alors que les vieilles idées et les vieilles structures sont balayées, notre stratégie c'est d'être imaginatifs, c'est d'être audacieux. Nous avons le choix : subir le changement ou en prendre la tête. Mon choix est fait. Mes chers compatriotes, au milieu des difficultés, nous devons précéder la marche du monde et non la suivre et ainsi la France sera fidèle à elle-même. Elle sera fidèle à son histoire, à ses valeurs. Mesdames et Messieurs, vive la République ! Vive la France !



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