samedi 29 septembre 2012

Inquiétude & Certitudes - samedi 29 septembre 2012


Samedi 29 Septembre 2012 

La mort de mon éminent ami – comme celle naguère de Maurice COUVE de MURVILLE – me rappelle mon inorganisation et mes retards constants au point que ce devient de l’inertie quand il s’agit de travaux valant dettes d’honeur envers ceux qui se confient à moi. Deux séjours de travail à Aïn Selama, inoubliables plus initiatiques à l’essentiel qu’une retraite monastique ou ignatienne, à apprendre d’un patriote, d’un érudit, d’un homme totalement libre ce qu’est un pays, ce que sont des populations au point de devenir une possible nation, ce qu’est l’homme selon une biographie riche, accidentée, curieuse et copieuse d’absolument tout, mais dite sobrement, en complicité et aboutissant à la sagesse du partage, de l’amitié, du travail, d’une responsabilité familiale. Tout cela dans un dénuement matériel à laquelle les lieux et l’homme rendent insensible. Le proche parent du président-fondateur de ma chère Mauritanie, l’un de ses compagnons de totale confiance me paraît ce matin de la même trempe d’intelligence, d’âme, de tranquille patriotisme, de vérité nue que le grand ministre des Affaires Etrangères du général de GAULLE. Paix à eux et que leur rayonnement nous enlève à notre crainte de n’être que nous-mêmes, simplement. Prier… [1]. Ces morts, nos morts, les nôtres morts ou vivants qui sont nos « anges gardiens »… je l’ai souvent ressenti. Les anges eux-mêmes – point commun du dogme avec l’Islam, et si Gabriel pour le chrétien est spécialement celui qui annonce l’Incarnation, il est celui de la Révélation à Mahomet. Nous n’y croyons plus guère aujourd’hui. Charmante bande dessinée des années 50… livre de prière de ma petite enfance, sur la table de chevet maintenant de notre fille, le petit ange et le petit diable. Notre débat intérieur seulement, ou une veille tutélaire et intime, des êtres surnaturels… la doctrine paulinienne sur le corps spirituel… beaucoup à étudier, comprendre puis prier. Nous sommes alors bien au-delà de la mort et de son chemin. Piété qui est une ouverture au surnaturel car Jésus évoque « l’échelle de Jacob » [2]à propos d’un véritable fils d’Israël, un homme qui ne sait pas mentir, Nathanaël. .Celui-ci est tellement limpide qu’il s’étonne d’être ainsi vu par le Seigneur. Des choses plus grandes encore… des exploits, le renversement de l’Histoire ? non, cette vision du Patriarche que Jésus promet à son nouveau disciple. Mais dans la chronologie des professions de foi, Nathanaël est le tout premier, bien avant Pierre : Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! c’est toi le roi d’Israël. Le Seigneur réplique calmement, à la manière de Jean de la Croix bien plus tard, ce n’est qu’un commencement… Dépassant l’amour d’eux-mêmes, ils sont allés jusqu’à la mort. Ciel, sois donc dans la joie, ainsi que vous tous qui demeurez aux cieux. Les combats de l’ange ont leur version humaine : les martyres. L’ange déchu, le mal, est présenté par l’Apôtre Jean comme l’accusateur de nos frères, l’être de la division. Dans la vision de Daniel, les anges – donnés simplement comme des millions d’êtres, des centaines de millions – ne se définissent que par leur nombre, leur fonction de servir, leur présence devant Dieu. – Ce n’est pas si mystérieux. L’ensemble des textes proposés aujourd’hui répètent une destinée d’appelés qui aboutissent à la communion divine. Les visions concordent en ce que rien n’est statique et que le Christ : Fils d’homme ou Fils de l’homme est central, décisif.

matin

Même si la chronologie et les thèmes des premiers mois des quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande se ressemblent – sauf la déferlante des licenciements sociaux ou boursiers – il y a deux différences importantes. La première est que Nicolas Sarkozy fut en perpétuelle campagne électorale pour sa réélection, pour son emprise sur l’opinion pendant tout son quinquennat. François Hollande maintient un cap rébarbatif sans aucune vignette colorée d’annonces et de promesses du beau temps : action principale, la remise en ordre des comptes publics moyennant un souci de justice fiscale et le ménagement de quelques priorités d’avenir (éducation et recherche). La seconde est l’articulation à trouver entre le salut français et l’outil européen. La marge d’invention pour le gouvernement actuel n’est pas dans les remèdes économiques et sociaux pour lesquels l’Etat est aujourd’hui presque sans moyens depuis qu’il s’est progressivement dévêtu depuis 1986-1988 (la cohabitation de François Mitterrand avec Jacques Chirac et son principal inspirateur et ministre d’alors, puis rival ensuite : Edouard Balladur), elle est dans le registre européen qu’a bâclé Nicolas Sarkozy à Lisbonne, d’entrée de jeu pour très tardivement (comme pour la TVA sociale) tenter de reprendre la main (une main peu libre d’ailleurs, du fait allemand). La démocratie directe pour faire fonctionner l’Union, le protectionnisme européen avec ses corollaires de grandes zones analogues dans le reste du monde selon des critères de cohésion sociale, fiscale et technologique, les échanges et délocalisations se limitant à ce qui est réellement du commerce et non pas du dumping ou de la spéculation.

soir

J’entends Valls… au congrès des sapeurs-pompiers. Pour la première fois, une diction de préau, les coupes à contre-temps et trop fréquentes.  Le début de portrait – très flatté – dans Le Monde pour le comparer, au choix à Sarkozy ou à Clemenceau semble avoir été inspiré par son service de presse : il y revient, premier flic de France la semaine dernière, premier sapue-rpompier de France cet après-midi, l’auditoire est sensible à l’assimilation, à l’honneur qui lui est fait. Moi j’entends : premier. On a prêté à Montebourg l’ambition d’être Premier ministre avant la fin du quinquennat et le succeseur désigné d’Hollande tant il marierait toutes les gauches, cela a duré jusqu’à l’aplatissement devant Varin et à la phrase terrible, quoique banale : je limite la casse. Il ne s’agissait que d’Aulnay… Voici Valls, comme Chevènement, comme Pasqua… la place Beauvau formate l’homme et non le contraire.
Je préfère cette présidente de l’AFIP : association française d’insertion professionnelle qui analyse tranquillement en quoi, dans tous les pays du monde, la différence d’origine est un handicap sur le marché du travail, et qui cherche comment y remédier. Elle est elle-même – d’accent – allogène ou d’outre-mer. Dans l’état de notre pays déserté d’âme par les élites d’antan et dirigée par des gens très limités dès qu’on sort de l’exercice électoral, ce sont ces nouveaux-venus ou la deuxième génération de ces intégrés qui va sauver la France, la réexprimer. Ce sera dépaysant pour les gens dits de souche, mais ce peut être rafraichissant et convivial. La demande est réciproque. Besoin de remplacer les partants et les défaillants, les faillis, les traîtres-mêmes, c’est le mien… besoin d‘être estimé, accueilli, revêtu de cette citoyenneté que tant d’image a véhiculé depuis un siècle et demi de par le monde et dans nos ex-colonies, c’est celui des nouveaux venus : nous sommes en transfusion sanguine, mais notre âme est intacte, elle s’enrichit et se vérifie.
 

[1] - Apocalypse de Jean XII 7 à 12 ; Daniel VII 9 à 14 ; psaume CXXXVIII ; évangile selon saint Jean I 47 à 51

[2] - Genèse XXVIII 12

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