jeudi 18 octobre 2012

Inquiétude & Certitudes - jeudi 18 octobre 2012


Jeudi 18 Octobre 2012 

Le flot des jours nous ensevelit de plus qu’une fatigue. Justesse du livre des Proverbes… le néant de ces accumulations subjectives, la mémoire de nous en quelques-uns et qui s’éteignent à leur tour. Nous ne vivons, de notre vivant, que par Dieu, nous ne subsistons que dans la mémoire de Dieu et ne ressusciterons que par Lui. Appris hier la mort de Claude CHEYSSON [1], grand serviteur de la France s’il en fut et de la gauche, puisque de commissaire européen nommé par VGE et ancien ambassadeur mendésiste, il devint le premier ministre des Affaires Etrangères de François MITTERRAND (dites alors Relations Extérieures, appellation des temps révolutionnaires et napoléoniens que j’avais suggérée au futur Président ainsi que celle de commissaire de la République pour les préfets, puisque la gauche voulait rompre avec des institutions…). Pour mon enquête sur COUVE de MURVILLE, il me reçut, bel appartement rue de Vaugirard devant le pavillon aux expositions du Sénat, dans le jardin du Luxembourg, ma mère avait bien connu sa tante… conversation passionnante et confiante, il m’apprit entre autres « choses » que Foster DULLES avait dissuadé ADENAUER de se confier à MENDES FRANCE parce que ce dernier était Juif… je ne sais si l’ancien ministre a écrit ses souvenirs. Sobre et très travailleur, il avait à dire, ainsi sur sa famille de sang au moment de la défaite et de l’armistice de 1940 quand lui-même adolescent fit son choix… LE choix. Je l’apparente à Jean-Marie SOUTOU, à Bernard TRICOT déjà éteints, à Etienne BURIN des ROZIERS déjà sous le boisseau. Ils vivent en moi mais en de moins en moins d’autres. L’association des amis de Michel DEBRE qui va s’éteindre…
Hier, Marguerite se consacre à deux choses qui – sans doute et assez naturellement – sont un même mouvement : à la Procure, tandis que je prends livraison de commandes de livres, elle s’adjuge des « objets de piété » avec goût et quelques petits livres et des fiches de prière puis à notre retour décide d’installer un « coin prière », plus dédié et voyant que sa table de chevet. En classe, il y a ce coin explicite depuis qu’elle y va, d’année en année. Une Vierge en bois baroque, venant de Pondichéry et que ma chère femme m’a offerte il y a une bonne dizaine d’année, est dans une niche de pierre, bien éclairée, encadrée de deux planches en bois de palmiers, la « lohr » faisant office d’ardoise au Sahel, pour inscrire la récitation coranique du jour. Installation, inauguration par notre prière ensemble, tapis, petits coussins et pour que nos chiens, facilement prédateurs, n’abîment pas les objets (l’un arrive de Notre-Dame du Liban, une main accueille un enfant dormant, position quasi-fœtale à la ressemblance de notre fille, longtemps), un petit coffre de Mauritanie fera tabernacle. Mais le texte de l’après-midi et du dîner est son interrogation active (et fréquente) : le récit de sa naissance. Je m‘y suis employé dans la voiture et ma femme s’y remet aussi tandis que nous dînons… Nous apprenons tous trois chaque fois quelque chose de « plus » et Marguerite me souffle qu’en faisant parler sa mère devant moi, j’apprendrai davantage : de fait… Communion.
Echange à nouveau, mais entre camarades de Saint-Louis de Gonzague, le collège des Pères Jésuites à Paris, les années 1950, sur le mariage homosexuel. Deux choses me frappent. D’une part, nolens volens, les Français commencent à savoir débattre : on débat vraiment de nos évolutions sociales, on débat aussi du keynésianisme et des solutions économiques à la crise mondiale ou européenne. C’est une avancée adulte. Ce ne sont plus les experts seuls et les phraseurs qui remplissent une époque de son sujet. D’autre part, au moins un de nos camarades de cette époque est homosexuel avéré : nous ne l’entendons pas sur le sujet, et il est probable qu’il ne réagira pas. Elégant et fin, mais sans ostentation à notre adolescence… avait-il déjà cette « orientation » ? je n’en sais rien, il n’était pas plus disert que d’autres, ni moins. L’interroger ? maintenant. J’ai échappé de justesse à une lettre recommandée pour avoir à cesser cet envoi du matin auquel j’ai associé quelques mois ma promotion du cycle secondaire.
Quelque chose qui doit être le jour pâlit très lentement, la nuit… Prier, servir son thé à ma chère femme. Grands serviteurs de notre pays, grand serviteur de l’évangile, de notre foi, Luc, le médecin historien, sans lui : rien de l’enfance du Christ, rien de la geste des Apôtres au commencement de tout, rien sur Paul que les écrits de celui-ci, ce qui est considérable en contenu et mouvement de ce que à quoi nous croyons et qui nous fait vivre, mais l’homme lui-même, les péripéties, les circonstances ? Le Coran est un contenu mais pas un récit. Les évangiles ont une autre pédagogie, les personnages qui nous ont transmis la Révélation sont en actes et en développement de leurs propres itinéraires, devant nous, depuis vingt siècles. Est-ce plus facile qu’en Islam ? d’aller ainsi à Dieu. Nous sommes choyés. Luc est seul avec moi, Paul « renvoit l’ascenseur », il nous situe l’évangéliste à sa place décisive et avec un tel compagnon, l’apôtre des Gentils emportait avec lui une véritable bibliothèque : le Nouveau Testament, à ka composition duquel il ajouta tant lui-même. Rayonnement de tant alors… comme dans certaines générations françaises, le rayonnement de tant d’hommes et de femmes… L’humanité est faite pour rayonner… La prière, l’âme… des gens, des rencontres qu’il m’est donné de faire. Ils annonceront aux hommes tes exploits., la gloire et l’éclat de ton règne. Comment ? Il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller… Dans toute ville où vous etrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira. Là, guérissez les malades et dites aux habitants : « Le règne de Dieu est tout proche de vous ». Dieu à domicile… mais aussi : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. [2] Ainsi soit-il.  

matin

Les aboiements de l’U.M.P. : la reconnaissance de la responsabilité française dans la répression-massacre de la manifestation F.L.N. du 17 Octobre 1961… saluée favorablement par le Premier ministre algérien, avec lequel précisément le Président français s’était entretenu longuement et donc avec efficacité à La Valette lors du 5+5 méditerranéen… et condamnée par Jacob, le président du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. La police, comme le Duce naguère, a toujours raison. C’est le raisonnement qui fit la condamnation de Dreyfus et l’affaire qui porte son nom. En fait, il y a d’une part le personnage de Maurice Papon, que l’Histoire (et le Canard enchaîné) a révélé : préfet de police alors, et d’autre part une action purement franco-française et en métropole. L’histoire n’en est certainement pas toute dite. S’il n’y avait évidemment pas motif à massacre, il y avait certainement crainte pour le maintien de l’ordre. On était encore en guerre, il y avait eu le fiasco des accords de Melun. Autant je suis réservé sur « la reconnaissance de la responsabilité de la République » dans la participation française aux déportations et donc à la shoah – car cette reconnaissance qu’à la suite de « l’homme du 18-Juin », son « adversaire le plus fidèle » (François Mitterrand) refusa toujours d’admettre – autant reconnaître des massacres qui nous font honte me paraît salubre : Sétif et au Sénégal en 1945, le sort des harkis au moment de notre retrait d’Algérie, les réfugiés Juifs ou pas, politiques ou pas d’Europe centrale, d’Autriche, d’Allemagne en 1938-1940 que Vichy livra (dans des conditions que je ne sais pas et qu’il faut connaître et étudier, si ce furent bien des actes du gouvernement d’alors), etc… Dans ce que je dois écrire Si la France mentait… livre sur notre pays, dédié à notre fille née le 22 Novembre 2004 (anniversaire de naissance du Général à dix minutes près) de notre mariage célébré le 18 Juin précédent… je compte dire ces hontes de la France qui font mieux ressortir ses gloires, car nos tolérances – ainsi la démocratie devenue émolliente pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy – mettent en valeur nos sursauts. Un pays n’est pas mené par les circonstances et il se défait par amnésie. 

Le couplage de ce communiqué – avec celui trautant de la misère et saluant le Père Joseh – est excellent. Le fait est assez rare pour que nous devions, Français, le saluer. Le second texte présidentiel s’accompagane d’ailleurs d’une circulaire ad hoc aux préfets.

Communiqué - 17 octobre 1961
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Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression.
La République reconnaît avec lucidité ces faits.
Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.

Message du Président de la République pour la Journée mondiale du refus de la misère


Le 17 octobre 1987, Joseph WRESINSKI, le fondateur d'ATD-quart monde lançait un appel qui réunissait, sur cette place du Trocadéro, 100 000 personnes.
100 000 personnes qui se soulevaient contre la fatalité de la misère.
100 000 personnes qui rappelaient avec force l'unité fondamentale du genre humain, et le caractère essentiel et imprescriptible du devoir de solidarité.
Vingt-cinq ans après, cet appel nous oblige. Il continue de s'exprimer à travers l'inscription gravée sur ce parvis : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré ».
La France fait sien ce devoir.
Dans toute la mesure de ses moyens, elle est déterminée à contribuer à un effort de solidarité qui doit être mondial, et qui doit reposer sur l'invention d'un nouveau modèle de développement et sur une répartition plus juste des richesses produites.
Je prends cet engagement devant vous, au nom de la Nation. Et je vous encourage à continuer votre combat : en proclamant votre refus de la misère, vous luttez pour la dignité de l'humanité.





[1] - 13 Avril 1920 + 15 Octobre 2012

[2] - Paul à Timothée IV 9 à 17 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Muc X 1 à 9

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