mardi 11 décembre 2012

courriel à l'Elysée - sur un président de conseil général exemplaire, celui de l'Eure


----- Original Message -----
Sent: Tuesday, December 11, 2012 11:40 AM
Subject: réflexion sur l'actualité à la lumière d'une politique, celle du président du conseil général de l'Eure

Cher Monsieur le Secrétaire général,

France Infos. rapporte un entretien avec le président (socialiste) du conseil général de l'Eure, détaillé et tranquille. Rachat par le conseil général et avec un concours de la région Normandie, pour une quinzaine de millions d'une papeterie, arrêtée en Avril dernier, et dont la machine, intransportable, est l'une des meilleures du monde. Des repreneurs éventuels ayant donné garanties. L'emploi sauvegardé ou recréé à hauteur de 250 pour 320. Négociations longues mais discrètes.

Florange, cas d'école de toutes les fautes à commettre et commises, à commencer par n'avoir en rien impressionné, d'homme à homme, M. Mittal. Ce point, notre lacune, ayant décidé de tous les autres. Nous avons su, aux temps les plus classiques (Louis XIV) être des corsaires et avoir raison ainsi aussi bien des classiques adverses que des flibustiers. N'avoir pas su animer, coordonner, orienter le Premier ministre et le ministre du Redressement productif, chacun jouant solo, les signatures se faisant en cachette, et chaque jour à compter du 22 Novembre ( «  l’éventualité d’un contrôle public, même temporaire, doit faire l’objet d’une étude sérieuse par le gouvernement ») apportant un démenti au clairon de la veille, M. Mittal se jouant de chacun et de nous tous, pour conclure que nous parlons un langage anti-commercial. Ce qui eût impressionné M. Mittal était et reste à notre disposition : tout simplement en face de lui, à table, les syndicalistes de Florange au besoin épaulés par les secrétaires généraux de leur fédération respective, à ces deux niveaux, ils ont été médiatiquement excellents (mais évidemment plus que sévères pour l'ensemble du pouvoir politique issu du scrutin du 6 Mai dernier)et Arnaud Montebourg venant parapher une fois les choses conclues, ou annonçant la nationalisation de l'ensemble. Car évidemment les hauts-fourneaux déficitaires, et commercialement complémentaires des laminoirs ne pouvaient retrouver, isolément de l'ensemble et dépendant donc de la flibuste, n'intéressaient personne de sensé. Nul besoin de LMatignon, ni in fine de la garantie à la rescousse donnée trop personnellement par le Président pour l'exécution d'un mauvais accord.

Motif de la non-nationalisation ? instillé dans les médias par quelques conseillers - plus aucun de Matignon, de chez vous, d'aucun ministère, ne devrait s'exprimer en tant que tel, il n'y a qu'une communication, celle du gouvernement en corps, et qu'une parole définitive, celle du président de la République ex cathedra, seul à l'écran, dix minutes au plus quand le moment est grave et la décision prise)... éviter un risque de contagion, une levée de demandes, à commencer par P.S.A., et à mesure pour toute entreprise poussée à la faillite par l'incurie de ses dirigeants ou par l'absence d'une politique de protection européenne vis-à-vis des concurrents d'autrres continents qui trichent d'autant plus que nous ne les impressionnons pas plus que nous n'avons impressionné M. Mittal... Mais précisément, c'est la voie - le consensus populaire évident - pour un changement de structures économiques, et une réinvention d'un autre modèle, français au possible mais inventé sans précédent sans doute que la table rase opérée autant économiquement que politiquement par l'Occupation, la Résistance, la Libération. La voie, la chance de l'occasion si parlante nationalement. Financement ? milliards ou millions (la mise de M. Mittal = pas deux téléthons) : l'emprunt avec coupons disponibles dans les bureaux de poste, de tabac et aux guichets de banque. La vieille dame surtout aurait sorti, sortira son billet de cent euros pour les métallos de Florange et pour les générations d'ouvriers hautement qualifiés à Aulnay. Affichage comme pour les emprunts de la Défense nationale ou de la Libération, visages éclairés par les chaînes d'autos. ou la lueur du four. dessins façon années 30 ou bataille référendaire de 1962 : oui, c'est vous qui... ! .

Leçon de gestion aux grands groupes, l'Etat en est capable, surtout temporairement, désembourber : l'X, les Mines, Centrale restent excellentes, mais quel débouché exaltant pour notre élite, nos suivants ? sont-ils fiers de notre génération ? s'il faut aller dans le multinational ... tandis que "refaire la France" (brochure R.P.F. des années 50, préface aux trente glorieuses). Grands groupes, qui contrairement aux Allemands, ne portent pas solidairement nos P.M.E. et T.P.E. à l'exportation, qui commettent des erreurs stratégiques ayant mené Peugeot où il a avoué se trouver, et Renault qui soudainement, n'ayant plus rien pour le retenir du précipice, appellera l'Etat, sans préavis, Nissan libérateur devenu la meule au cou parce que Japon et Chine (les deux Chine) se battent pour un îlot. 

Recevoir ce grand élu départemental serait exemplaire. Et peut-être sa discrétion et sa résolution vont-elles réinspirer le Président.

Je ne veux trop dire du reste de l'actualité.

Pour le ministre du Budget, il en est comme de la femme de César, même le soupçon non fondé est insupportable. Quantité de talents peuvent le remplacer.

Affaire du nord-Mali ou érosion de nos volontés dans le dispositif atlantique ou sur la frontière syro-turque. Hubert Védrine est tout désigné pour le Quai d'Orsay. Si estimable et chaleureux qu'il soit, Laurent Fabius ne peut avoir le charme en Afrique ni dans les tiers continents, cf. son voyage en Chine avant l'élection, et sa mission en Libye pour Petroplus. Les Affaires Etrangères ne sont pas une place, mais l'un des avant-postes où il faut "le don" cf. de Gaulle écrivant le portrait de Maurice Couve de Murville. Peloter le personnel en conférence des ambassadeurs est accessoire.

J'ai couru le risque de l'indiscrétion et de déplaire dès mes premières lettres au candidat investi par le Parti socialiste en écrivant une phrase sur Madame Trierveiler : elle porte la poisse, même si elle peut être sympathique (elle me l'a été le jour de l'investiture, je le lui ai écrit et elle m'a répondu...) et a conduit aux lettres d'hier. J'aurais tant aimé avec Ségolène Royal, que François Hollande fasse un pacte à la Clinton, chacun y gagnant personnellement, et l'équipe pouvant d'ailleurs se ressouder conjugalement par le travail ensemble aurait couvert tout le spectre de l'opinion progressiste. Il serait maintenant spectaculaire que le Président fasse voter une loi abrogeant les textes ayant établi - ad hoc, les emplois fictifs de la mairie de Paris - l'immunité pénale du chef de l'Etat. Le droit commun le grandirait, et sans qu'il soit crié à l'irrespect de la séparation des pouvoirs, cf Montesquieu une courte vue, peu sociologiquement mais spirituellement fondée si elle avait été approfondie... François Hollande calomnié personnellement, aurait dépêché un avocat.

Reprendre la main ? il le faut, puisqu'il n'y a pas de rechange au succès du mandat décerné le 6 Mai : la dispute pour disposer de la machine U.M.P. en 2017 avec comme clivage qui gagnerait à être avoué, la question de savoir si les épigones du gaullisme doivent être assez amnésiques pour adhérer au Front national, le montre autant que ce à quoi nous ont mené ensemble l'immobilisme de Jacques Chirac et le théâtre de Guignol qui lui succéda (Guignol : j'ai assisté, sous la Coupole, au discours pour le cinquantenaire de la Constitution, c'était physiquement cela et le muet se serait suffi... puisque le texte était tutoyé pour les principaux au premier rang du cercle). Reprendre la main ? proposer, constituer, forcer enfin - ce qui est nécessaire depuis au moins 2008 - la formation d'un gouvernement d'union nationale avec accord entre les partis d'opposition et de majorité, gouvernement en nombre minimum de membres mais en représentativité oecuménique. Réinstitution du commissariat au Plan et de ses commissions de partage des projections, et de négociations sociales. Adoption du Plan par referendum. Mise en relative parenthèse de nos échéances électorales de maintenant à 2017 puisque le gouvernement serait celui de tout le monde... C'est possible, et nous concentrer sur l'imagination économique chez nous et la proposition de démocratie directe pour l'Union européenne, au lieu de nous disperser - sans hiérarchie d'urgence ni de fond - dans X conférences, colloques et autres concertations sectorielles soit disant nationales, pas inintéressantes mais au rythme maintenant pluri-hebdomadaire.

Les syndicalistes, les ingénieurs issus de nos grandes écoles, les deux grands corps qui demeurent solides, attentifs et psychologiquement adultes : la pérfectorale, l'armée... nos ressources naturelles en prenant le souci de l'environnement avec intelligence et non en dogmatique négative... oui, nous sommes un grand pays comme aime à le répéter le Président. Mais nous nous ingénions à refuser de l'être tous ces temps-ci. La grandeur est tout près, celle du Président, celle de notre pays.  

Je vous donne d'ici la fin de la semaine deux pages sur le discours pour l'Algérie, et avant la fin de ce mois une lettre pour le président de la République, en toute confiance.

Je ne vous coûte rien que le temps de parcourir ces lignes, mais le Président peut faire le bonheur de beaucoup de Français - bien moins matériellement, qu'intellectuellement, spirituellement, patriotiquement - s'il nous réoriente décidément vers l'audace des grands moyens et de l'appel direct à nous. Tous. C'est comme cela que la France a toujours marché quand elle marche. Vous le savez bien, même si je vous semble prolixe et lyrique. Excusez-m'en alors.


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