vendredi 4 janvier 2013

réflexion sur la période Novembre-Décembre 2012


en cours de mise en ligne - éventuellement envoi sur demande à b.fdef@wanadoo.fr





Plusieurs tests ou préalables doivent cependant être mis au net par les « Occidentaux ». En politique économique et sociale intérieure, la « patrie des droits de l’homme » ne peut plus tolérer les licenciements d’opportunité, ne peut plus exercer les contrôles légaux de résidence d’étrangers sur son territoire selon des camps de rétention. Les Etats-Unis avec la pratique maintenue des exécutions capitales ou la criante anomalie de Guantanamo, lui-même enclavé en territoire non américain, ou même des sans-gênes de la C.I.A. se conduisant en souveraine quelle que soit son lieu d’exercice clandestin ou pas,  se logent à pire enseigne. En diplomatie, deux questions – les plus voyantes – ne peuvent plus être traitées par prétérition. La submersion du Tibet est tolérée depuis des décennies, l’occasion de faire perdre la face aux organisateurs des Jeux olympiques en 2008 a été lâchement perdue et la France a été pour beaucoup dans cette capitulation morale. La jeune génération tibétaine n’est pas dans la ligne de l’actuel Dalaï-Lama, elle en découdra avec l’occupant dès la mort du grand chef spirituel dont la succession est un enjeu mondial. Le morcellement en fragments d’Etat du peuple arabe de Palestine, la perpétuation qu’il y ait ou non un Etat proprement palestinien à statut international plein sont jusqu’à présent enveloppés d’un discours lénifiant : processus de paix, dialogue entre deux Etats. La solution pérenne pour l’écriture et la mise en place de laquelle Israël a encore l’initiative, donc avantage à la provoquer et même désirer, est celle d’un Etat unitaire et laïc de manière à ce que les diversités ethniques, sociales et religieuses soient protégées et reconnues en termes de civisme, de droit interne, au lieu du système de suzeraineté actuel et de garanties donnant en permanence au gouvernement sioniste la possibilité d’étrangler administration et population palestiniennes. Résoudre selon les droits de l’homme la question du Proche-Orient peut établir une jurisprudence internationale novatrice. Raisonner autrement, c’est-à-dire réciter un cours obsolète – la suite l’a montré – depuis l’assassinat d’Itsaak Rabin, est de la langue de bois, sans effet ni sur Israël, ni sur les Palestiniens, ni surtout dans la réalité. C’est un auto-portrait détestable pour qui voudrait s’appuyant sur les peuples dominés pour amemer à des normes plus humaines ces puissances innommées mais totalitaires en passe de gouverner le monde et d’effacer le libre-arbitre démocratique.

Pour l’heure, le président de la République n’a été que consentant aux rencontres de personnalités et de pays qui se sont offertes à lui. Aucune initiative n’a encore été de son fait. Il est vrai que ses principaux artenaires ou homologues en sont aussi avares. Chacun hésite, les diagnostics sont suspendus sur tous les sujets. L’incertitude du temps est surtout l’incertitude des dirigeants et leur faible capacité à qualifier les faits et à repérer l’essentiel. Laurent Fabius, son ministre des Affaires Etrangères – quoiqu’ancien Premier ministre comme Alain Juppé qui lui a passé le service – est encore moins que François Hollande parvenu à trancher sur les exercices précédents. Si le choix se fait de n’agir qu’en sous-main et même si l’on se prive du levier européen – la réforme des institutions et des politiques de l’Union européenne – une stratégie possible a été suggérée par Hubert Védrine [1]. Elle suppose de la vigilance, de la minutie et beaucoup de travail en multilatéral. Or, l’outil diplomatique français vaut plus par son réseau géographique que par ses veilles thématiques. Ses ajustements ont certes été thématiques, mais le personnel reste mieux préparé aux représentations d’une autorité devant une autre, aux inititaives d’Etat mais beaucoup mieux aux hors pistes, aux investigations, aux mobilisations du disparate et surtout à l’étude des structures de l’opinion locale. La France ne pratique plus le libre examen que le désastre de 1940 lui avait imposé plus efficacement que la victoire de 1918. Or, la fondation européenne en 1950,  la proposition atlantique de 1958, la critique de l’intervention américaine dans notre ancienne Indochine en 1963 et 1966, la dénonciation de la guerre dite des Six Jours en 1967, l’attestation pour le Québec libre en 1967, l’affirmation de l’anachronisme du second coup de Prague – tous d’expression française - sont chacune allées à l’encontre des idées reçues et plus encore de l’attente générale. Depuis 1969, la France n’a plus surpris que deux fois en plus de quarante ans… d’abord en la personne d’un exceptionnel ministre d’un président qui ne retrouva la dimension gaullienne ou presque que sur son lit de mort et grâce à ce collaborateur de dix : Michel Jobert relevant le défi lancé par Henry Kissinger à l’Europe en voie d’élargissement et caractérisant, seul contre tous ses homologues, l’offensive égyptienne d’Octobre 1973 (celle seule qui, rétablissant un rapport de forces moins défavorable psychologiquement aux Arabes, remit à terme les accords d’Oslo et la reconnaissance d’Israël par Le Caire) … ensuite mais dans des circonstances complexes où des tiers intervenants ont été beaucoup plus généreux que nous – le rapport des inspecteurs au Conseil de sécurité sur l’existence ou non en Irak d’armes de destruction massive – permirent à Dominique de Villepin de fermer le Conseil de sécurité au vœu des Etats-Unis.

François Hollande et Laurent Fabius, pourquoi pas en binôme ? et dans la mémoire de François Mitterrand – le discours de La Baule pour la démocratie en Afrique – n’appelleraient-ils pas nettement à réfléchir à un nouveau de type de relations internationales, non plus subies selon des imprévisibilités confortant très vite les penchants au manichéisme de la plupart des puissances établies ? mais voulues et organisées par un exécutif et un délibératif mondial, à compétence universelle, territorialement et matériellement ! Dans ce cadre s’intègreraient des organismes actuellement hors champ et de plus en plus contraires au bien commun, tel que l’Organisation mondiale du commerce ou se donneraient des garanties faute desquelles les Etats acceptant la juridiction pénale internationale, vident cependant celle-ci de tout ce qui les obligerait à une révision de vie…


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En un seul semestre, François Hollande, devenu président de la République, a fait passer le pays d’une exceptionnelle confiance pour son nouveau dirigeant à une évaluation très négative. Confiance pour la personne, déni factuel d’emprise sur la réalité. La contradiction dans un délai aussi court réside probablement dans une lacune ou une prudence : l’élu l’a été, pas de beaucoup, par rejet du sortant et beaucoup moins selon des mesures ou des promesses, pourtant énoncées avec précision et en nombre.

Le refus de continuer avec Nicolas Sarkozy aurait dû être interprêté par son successeur comme le souhait  vif d’un autre exercice du pouvoir, davantage même comme l’appel à ce qui manque de plus en plus aux Français et pas seulement à leur vie politique. Au contraire de l’éphémère du pouvoir, de l’illusion médiatique, de l’apparence élective, la solidité durable du sacré et de l’arbitral. Ce pouvait être le sens de la boutade vite devenue caractéristique : un président normal, car tout pouvoir est sacré, même s’il transgresse et habitue au sacrilège et un mandat incontrôlé sauf non-réélection ne peut être exécutif : il doit être arbitral, n’énoncer rien qui soit du ressort d’autres pouvoirs à compétence limitée et fonctionnelle. Une telle interprétation – et plus encore un exercice du pouvoir conforme à cette interprétation – suppose de l’analyse, de la synthèse, un don d’animation sans se substituer à d’autres, un discernement par maturité et autant dans l’instantané, des arguments d’intelligence, d’observation, de disponibilité sans a priori et non d’autorité. Ainsi se tranchent des conflits ou se résolvent des impuissances parce que saisis soit à leur racine soit dans leurs conséquences. La demande populaire de résultats à très court terme est faussement impérative, elle signifie seulement une docilité à ce qui passe pour l’expertise ou pour le voeu-même de l’impétrant, mais est-ce au peuple d’en rabattre ? Mais alors l’exigence de conformité entre promesses et actes devient celle de la sincérité. Passe encore qu’il y ait des retards et même des atermoiements, en revanche tout ce qui indique un changement de pensée et de façon de voir de la campagne à l’intronisation ne peut être ni compris ni accepté. Des mesures, ou promises et donc tenues, ou d’excellent impact, ne rachèteront pas la sensation ou le fait que n’ait pas été livrée la bataille attendue. Or, la conjoncture de 2012 par elle-même et compte tenu de ce dont les Français voulaient sortir a appelé à beaucoup de batailles pour des causes très convergentes.

Les éléments faisant revenir la paix sociale, la très bonne tenue des personnels de police et de l’éducation, la qualité et les résultats de négociations entre syndicats de salariés et patronat au niveau national tant pour les gestions tripartites des régimes de sécurité que pour la réduction de l’antagonisme sécurisation/flexibilité du travail sont peu considérés et encore moins rapportés à un ensemble, celui du nouveau cours. L’opinion et le pouvoir lui-même sont davantage sensibles soit au jour le jour pour lequel le gouvernement a peu de prérogatives, soit aux échecs dans ce qu’on croyait la spécialité et l’obsession de l’élu. Mon angoisse, c’est la disparition de notre patrimoine immatériel, l’obsolescence de nos écoles de cadres politiques et administratifs, le déclassement de nos écoles scientifiques et de nos organismes de recherche. L’embauche de quarante mille nouveaux enseignants, dûment budgétés, est impossible aujourd’hui faute de candidats… les vocations à la magistrature se sont taries aux trois quarts en moins de vingt ans… notre numerus clausus aboutit à la pénurie de médecins. Le roi se meurt ! il n’est pas le seul. C’est bien plus qu’une affaire de gouvernement, c’est un pays qu’on a vidé et qui s’effondre, que quitte ses jeunes lorsqu’ils le peuvent. Quant à l’Europe, elle n’est plus une perspective. Là est notre changement climatique.

Tous les enfants savent d’où viennent les bébés, mais d’où viennent les adultes ?
Jean de la lune – Tomi UNGERER . film d’animation dans les salles en Décembre 2012


Bertrand Fessard de Foucault
Dimanche 16 . Lundi 31 Décembre 2012 – Jeudi 3 Janvier 2013


sur demande b.fdef@wanadoo.fr, les deux jeux de notes sur l’élection présidentielle :
seize pour celle de 2007 et autant pour celle de 2012
à la manière des observation & réflexions (17 notes rédigées en 2007.2008 et 2009)
– avant la tenue d’un blog. Voir & Entendre http://bff-voirentendre.blogspot.com

nouvelle série maintenant en cours : constatations & attente

001 - 9 . 14 Mai 2012 - L’avent

002 - 16 Mai . 9 Juin 2012 - L’entre-deux

003 - 9 au 21 Juin 2012 - Choisir n’est pas décider
004 – 22 Juin au 6 Novembre 2012 - Impasse pour le pouvoir ? ou pour le pays ?


[1] - M. Hubert VEDRINE, ancien ministre, a remis le 14 novembre 2012 au Président de la République le rapport intitulé « Les conséquences du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), l'avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l'Europe de la défense ». Conformément à sa lettre de mission du 18 juillet 2012, M. Hubert VEDRINE a présenté une évaluation des conséquences du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN et proposé des pistes pour renforcer l'influence de la France au sein de l'Alliance atlantique. Il a également examiné les moyens de relancer une dynamique positive pour l'Europe de la défense. – communiqué de l’Elysée

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