vendredi 23 août 2013

Inquiétude & Certitudes - vendredi 23 août 2013




Vendredi 23Août 2013 

Hier soir
Presqu’une heure du matin + Perdu mes lunettes (pour ne pas changer) en tentant de sauver un hérisson blessé que j’aperçois dans mes phares au tournant d’Ambon ; il respire encore, me voit manifestement ; revenu pour lui, je ne me serais pas pardonné de n'avoir pas tenté de le recueillir, d'abord le faire échapper à un autre accident, j'avais donc fait demi-tour : le prendre dans ma veste en la délestant complètement. Naguère, un autre que nous avions recueilli avec notre fille, du lait, un abri, le lendemain il avait disparu. J’ai bien mon carnet mais pas…  Fanny (adapté par Daniel AUTEUIL) donc… comme au début de Marius, l’artifice et l’affecté sautent d’abord aux yeux, on ne peut réadhérer à ce que l’on a quitté la veille, or le même récit et avec les mêms protagonistes continue : charme rompu ? Puis il opère, mais différemment. Ce n’est plus la photographie qui convainc, mais la force du dialogue, une tragédie classique, quoique parfois l’image, ainsi la lecture de la lettre par César, assis sur les marches de son escalier minable mais d’époque, ainsi les protagonistes, tous quatre debout dans la salle-à-manger de Pannis. La dominante du bistre, les robes légères, 1930, à pois ou à fleurs de Victoire BELEZY (orthographe) dont la prestation est centrale, servie par le regard, l’épaisseur de visage, la présence et la solidité de Daniel AUTEUIL. Raphaël PERSONNAZ (orthographe) a perdu toute beauté et incarne à merveille le salaud, les yeux trop clairs de DUTRONC et fixes. Musique juste, ad hoc, d’un Alexandre DESPLATS. Visage, regard surtout, pupille, la bonté éclatante rien qu’exprimée par l’iris de l’œil d’un homme, d’un acteur laid, mais artiste accompli, acceptant et donnant à fond un rôle qui n’est pas titre. – Apologie de l’honneur et substrat qui reste fondamental : l’amour. On est au XVIIème siècle, l’honneur avant l’amour, comme le troisième film doit être en gestation ou en tournage, le suspense est total. Ainsi qu’hier soir, retour à ma propre vie. Perception de l’état de notre couple, la tension amoureuse doit-elle toujours être explicite ? Accessoirement, Marseille qui n’est pas que voile et bar, admirable image hier et réévoquée aujourd’hui : les étages en contre-plongée et les draps et linge qui sèchent, beaux et décoratifs comme des drapeaux. Notre-Dame de la Garde a ses linteaux à la cordouane, le soleil, la souleur sable de tout évoquent l’Agérie, l’Islam même dans ses architectures. Question qui se pose : comment dans une ville si belle, si symbolique d’une France unissant les deux rives de la Méditerranée ne peut-elle être administrée, sécurisée normalement, rester dans une norme sociale souhaitée certainement par une écrasante majorité de ses habitants ? Comment des politiques, du ministre de l’Intérieur au sénateur-maire, peuvent-ils se pavaner, prétendre au succès de leur action et à la réélection ou au destin national, quand on échoue à Marseille, image d’une France à qui est donnée une autre version de l’universalité que celle de Paris, trop historique et intellectuelle, artstique. Il y a indirectement dans la pièce de PAGNOL une vive démonstration que la France n’est pas d’abord une œuvre d’art mais bien une vie. Et selon ces deux films, un amour et un honneur, une conception qui faisait spectacle pour le Roi-Soleil.  – J’avais laissé mes deux chiens dans la voiture dont l’une des vitres ne remonte plus, pensant que Boule-de-neige, lourd et pataux ne pourrait sauter. Il manque à l’appel quand je reviens. Je vais au groupe de jeunes, assis sur le muret un peu plus loin. Il accourt, une douzaine de garçons, deux filles, un moto. La plus jolie, en souriant, prétend que mon gros chien l’a mordillé mais sans plus. J’explique l’embonpoint de Boule-de-neige, tiré au plomb, sans doute à bout portant et après une journée de séquestration par un anonyme haineux que nous interdisions la chasse chez nous : donc un saturnisme que je ne peux soigner autrement qu’avec des remèdes qui ont peut-être cet effet. Collège et lycée. Question, suis-je de Questembert. Je ne réponds pas qu’ils m’y auraient déjç vu. Il me vient que les deux salles de cinéma, de l’autre côté de la place, à peu près vides mais subventionnées, auraient pu ce soir les accueillir et qu’un débat genre cié-club eput été passionnant : photographie, honneur, amour, famille. Ils ont l’air bien, pas très beaux, sauf l’un qui, jeune, veut être ingénieur, un gaillard, au lycée, ne sait pas. Je recommande de choisir ce qui fait plaisir et qui plait, pas une perspective d’emploi puisque ce qui recrute est imprévisible à horizon de plus de quatre-cinq ans… On me souhaite une bonne retraite. Je me  fais expliquer… ils n’en ont pas l’espérance. La rencontre informative en politique, ce ne sont ni le préau d’école, décoré d’affiches électorales ni le marché en plein air avec les étals et les bâches des années 20 ou 30 de l’autre siècle. C’est le hasard, la curiosité, la sympathie…
Voulu la lune sur la mer. Je rentre par la plage de Bétahon. La lune me tourne le dos, ainsi qu’à la mer. La balise, verte, peut de lumières à l’horizon, pas grand-chose sur la côte, un feu très loin, près des campings, sur le sable. Mais le chant-appel ou dialogue d’un oiseau que je ne reconnais pas. Le ciel est quelconque. Hier, il était étonnant, jamais auparavant comme je le voyais, dans l’émotion encore du spectacle… un pommellement très dense, très régulier, un chef d’œuvre de décoration pour une lune, pleine mais semblant petite, quoique encore loin de son zénit. Pour qu’elle soit sur la mer et fasse luire un chemin du ciel à moi, il faudrait probablement que je sois sur le sable juste avant son coucher. Se lever pour le coucher de lune.

Ce matin
  Retourné vérifier que mes lunettes n’étaient pas tombées autour du hérisson ou de la voiture, cette nuit : elles y sont, entre les pattes de la petite bête qui a dû mourir pendant son transport mais au chaud de ma veste. - Prier … [1]  déjà Bethléem, déjà des généalogies, mort du père, des deux fils, émigration vers un pays en meilleure santé économique, fidélité de Ruth, aller-retour d’une génération à l’autre, Bethléem est donc central. La fidélité… Ne me force pas à t’abandonner et à m’élogner de toi, car j’irai oùtu iras, et je demeurerai où tu demeureras ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. Paroles et vœux, consécration d’une étrangère. Parabole des voies de Dieu car c’est ainsi que va continuer ka généalogie du Messie, par des voies apparemment complexes, des événements à rebondissements. Le facteur de continuité est une liberté humaine, liberté de se consacrer. Que Dieu va bénir et au-delà de toute prévision, de toute espérance. Il soutient la veuve et l’orphelin. Mouvement ? Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Ecriture – dans la loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements. Réponse du Christ à ses ennemis, la question était-il si périlleuse et subtile ? La réponse l’est, contrairement aux apparences, car elle ne met pas en avant Jésus, qui, à d’autres, aux simples disciples, a souvent l’affirmation : on vous a dit, moi je vous dis… Jésus répond humblement, selon le catéchisme. Elles arrivèrent à Bethléem au début de la moisson d’orge… Noémi, en effet, avait appris que le Seigneur avait visité son peuple et lui donnait du pain.

 matinée

Sarkozy et Hollande, chacun en déficit d’autorité dans son camp qu’il s’agisse de gouverner ou de candidater. La vérité est que la politique a atteint un tel niveau d’artifice que plus personne n’attire. D’ailleurs, on attend du président sorti un compte-rendu véritable de son mandat, de ses projets initiaux et de ses échecs ou réussites faisant un ou plusieurs livres, bien menés. De même qu’un vétéran, si vite privé de tout pouvoir, Valéry Giscard d’Estaing fait attendre d’une part sa relation avec de Gaulle, puisqu’il avait promis ses notes d’entretien pour quelques cent trente rendez-vous à l’Elysée, et d’autre part sa vue des choses et de nos situations économiques et financières pour aujourd’hui et demain.

milieu de journée

L’économie mondiale, la dépendance vis-à-vis de la FED et de ses taux, la reconstitution-lecture tardive des politiques monétaires depuis trente ans, le mirage des pays émergents qui souffrent tous d’un manque d’infrastructures et que les conjonctures en marchés de matières premières soit qu’ils en manquent, soit que leur économie fonctionne exclusivement par leur exportation, dépouillent complètement. Il y a sans doute les spéculations, sans doute le fonctionnement des banques en philsophie du profit et en fonction économique dans chacun des pays, quel qu’en soit le « niveau », mais il y a l’écrasante responsabilité des politiques, incapables de synthèses, incapables d’institutions, incapables de percevoir les lacunes. Effondrement des économies « occidentales » stagnantes depuis une décennie sauf celle des Etats-Unis, effondrement des « émergents » du fait de la vulnérabilité de leurs fondamentaux.

Les relations internationales et les droits de l’homme, la relation entre services de renseignements (et de destruction des ennemis putatifs) à l’intérieur d’un périmètre national ou entre les principaux Etats l’emporte de beaucoup sur les guignolades de dirigeants se rencontrant « au sommet ».

Chaque génération, en nos temps, commet un ou plusieurs crimes collectifs. Le nôtre est certainement celui de la Syrie, et plus insidieusement celui de Fukushima. On prétend vérifier la nocivité belligène des progrès iraniens vers le nucléaire militaire, mais on laisse Tepco, et un gouvernement japonais dans une version ultranationaliste, gérer seul une catastrophe durable. Le peuple d’Hiroshima et de Nagasaki est donc, malgré lui, celui du dommage nucléaire « civil » et celui d’une renaissance nationaliste qui va faire pendant à celle de la Russie de Poutine.

L’Eglise, ridicule dans ses versions françaises quand il s’agit de la pilule, du mariage et du sexe en général, cela remonte à Molière… et son Tartuffe, est remarquable de discernement et d’information sous d’autres cieux, le dossier E.D.A. que par un lien de l’une des correspondances de presse du Vatican (Zenit) je découvre ce soir : un véritable cours, comme je n’en avais pas lu depuis les livres de Robert Guillain, il y a quarante ans…

La veille de je ne sais quel organisme pour le cinéma aux Etats-Unis remarquant une faible proportion d’homosexuels présentés comme tels ( masculin ou féminin) dans les productions. Après les quotas, puis les discriminations positives, des files d’attente séparées et des proportions à trouver…

La mondialisation que l’humanité attend et dont elle a besoin, c’est la connaissance mutuelle entre peuples – psychologie, histoire, repères nationaux respectifs, ambitions et défaites – et c’est l’analyse des relations jusqu’à présent davantage de fait que de réelle construction. A partir de cela, élaborer un monde politique et non pas économique et financier.

soir

Le dossier Japon, donc l’Eglise catholique et ses réseaux, non ! sa manière de discerner : liberté mentale et information directe. Ses fidèles et des repères hors champ.


[1] - Ruth I 1 à 22 passim ; psaume CXVI ; évangile selon saint Matthieu XXII 34 à 40

Aucun commentaire: