mercredi 6 novembre 2013

changement de signe 04 - fiction politique - chapitre 2



Chapitre 2




Journal du Président

Au palais, ce matin du  samedi 19  … 201…

J’ai été crédible hier soir…même si la presse de ce matin, disant sa surprise (ce qui ne me flatte pas rétrospectivement) le répète et le détaille, sans pourtant donner des citations de ce que j’ai dit, qui soient particulièrement convaincantes, davantage que ce que j’ai ressassé ces dix-huit mois… je le ressens autrement. Je me suis senti assuré, pas du tout en logique de discours, pas même en spontanéité – pourtant totale – de ma prise de parole. J’ai reçu tout de suite, en moi-même, l’assurance que je répondais à une attente. Le seul fait d’apparaître, de dire que je comprends, que je me comprends au sens d’avoir fait fausse route, ce que tous savaient mais ne disaient pas, autour de moi, non que je sois craint ou révéré, mais je suis le président de la République et le moment a son poids d’éternité et de définitif acquis pour chacun de mes collaborateurs, ce que – j’en suis sûr et je l’ai donc proclamé – savaient les Français. Porte close pendant dix-huit mois, après cinq ans de ballottement crânement expliqué à des amnésiques par un homme du seul instant.

Oui, je suis crédible parce que je vais correspondre strictement à leur attente. Bien plus qu’en campagne électorale et le soir de mon élection où l’on évaluait mes propositions et leurs chances d’application. J’en étais détaché par les électeurs. Il a été répété que l’élection présidentielle est celle d’une personne, d’une personnalité, non le choix d’un programme. Oui, mais l’ombre portée par le prédécesseur que je devais surclasser m’a servi. J’étais, je serai différent. Cela suffisait. Or, mais avec plus de méthode, d’ensemble et de continuité, je fais exactement ce qu’il disait faire, même si son gouvernement, lui-même aussi étaient discontinus. Sa personnalité écrasait, l’a écrasé. Quelques jours de campagne en plus, me doublait-il ? je ne suis pas d’un naturel pessimiste comme François Mitterrand qui redouta, pendant les dernières semaines de sa campagne en 1981, un second tour entre les deux candidats de la droite tant Jacques Chirac était pétulant. Je ne l’ai pas vu, les sondages sur ma popularité ne m’ont pas inquiété, l’inertie des chiffres pour nos déficits et pour nos demandeurs d’emploi, pas davantage. Je crois être passé en quelques heures, hier, d’une imperméabilité aux résultats de ce que je faisais à une sensibilité à mon dédoublement intime : que fais-je donc à la tête de ce pays que j’aime et qui ne m’aime plus, me méprise, je crois bien…Robotisé par la fonction, par l’ambiance à laquelle semblent obéir tous mes homologues ? J’ai soudain senti que j’étais inutile. Pour beaucoup, un empêchement ! Nous ne vociférons pas comme Hynkel, mais nous tenons de la place, nous empêchons de voir, moi et ceux que je reçois ou que je vais voir, avec cette habitude que je dois secouer de conférences de presse conjointes au cours de laquelle nous nous hélons à distance en nous dandinant dvant des tablettes hautes pour bureaux de poste : elles durent plus que les conversations à évoquer ou résumer. Ne plus rien dire, mieux nous connaître, nous concerter, comploter contre ce que nous savons ou découvrons de mécanismes bien plus performants que tous les efforts demandés à nos contribuables et à nos entreprises.

J’ai été ainsi poussé à intervenir, mais ce que j’ai dit m’est venu à mesure, du seul fait que j’étais hors programme, inattendu, pas préparé, et les fidèles à Arte, non plus. Télévision, télépathie, est-ce étudié en ce sens ?

Sans doute, y a-t-il tout à faire, à poser, à inventer puisque nos dix-quinze ans, vingt ans depuis l’échec d’une gauche conséquente mais pilonnée n’ont pas trouvé la bonne voie. Hier soir, j’ai ressenti que ce n’est pas affaire de programme, ni même de décision éclairée. C’est d’être ensemble qu’il s’agit. La page blanche de V.G.E. interprétant sa prise de fonctions et, selon lui, l’inauguration de tout un avenir différent d’un passé auquel il avait pourtant tellement collaboré ? Non, l’entrée de tous en politique, pas les badauds de la journée du patrimoine que j’ai eu plaisir à accueillir ici. Non, autrement. Je crois que c’est le travail pour ce soir.

Test de retour à mes vœux initiaux, ce qu’on appelle la françafrique. Je déjeune avec le président mauritanien, qui n’en revient pas que ce privilège lui soit accordé. Il ne s’attend pas à ce que je vais lui dire. Faute d’avoir été renseigné par ce qui est organisé et fonctionne à l’identique depuis des années et que je n’ai pas inventorié… il n‘y a pas même eu de mise à jour des instructions reçues de mon prédécesseur par nos ambassadeurs, je décide de me fier à mon épistolier, il a diffusé au maximum et en ligne, au moins en Afrique de l’ouest le pasage pertinent de mon improvisation au balcon de Tulle [1], je sais que l’on ne doit pas parler de balcons dans ma ville d’élection [2]. Nous avons généralisé les chefs d’Etat africains, c’est le cas lorsque le pouvoir vient d’un coup de force militaire, ils sont plus différents les uns des autres que mes homologues européens parce qu’ils sont moins encadrés, ou pas du tout, par des notes et « éléments de langage ». « Il n’est pas de la sagesse du roi de… », c’est ainsi, selon ce que j’ai lu rue Saint-Guillaume d’un début manuscrit de thèse d’histoire : sujet, la politique de Vergennes et son influence sur Louis XVI. Mon camarade avait copié à la main les manuscrits de l’armoire de fer, désormais conservées aux Archivs nationales. De la psychologie de mon commensal de tout à l’heure, je n’ai aucune clé. Il m’est écrit que – citation  . Soit ! mai il regarde souvent le bout de ss souliers et j’ai préféré qu’il n’y ait pas de communiqué à la suite de notre première conversation ici. Il avait cherché à m’obtenir au téléphone la veille de mon entrée en fonctions croyant que j’invitais des homologues pour le moment d’invstiture, j’ai raccroché quand je l’ai entendu. Nous parlerons des élections qu’il organise et je vais lui demander d’y surseoir pour qu’elles ne soient pas bâclées : il l’a déjà fait pour proroger des assemblées qui lui étaient attachées avant même son coup de force. Je vais tout simplement lui faire comprendre que nous savons la corruption du principal collaborateur de mon prédécesseur pour que nous reconnaissions sa prise du pouvoir. Entrée en matière dès les carottes rapées et l’eau d’Evian de notre déjeuner à quatre, son ambassadeur eu sur le métier mais efficace pour empêcher l’inscription sur ls listes électorales des Mauritaniens originaires de vallée du fleuve Sénégal, rive droite, et ma collaboratrice pour l’Afrique, sans illusion sur notre hôte.

Ce soir, parler moyens et institutions. Comment faire ? pour n’être pas ennuyeux. Ici, successivement nous le sommes tous. Trop longs, usés par des déclarations et des explications à tout événement. Ou bien casser quelque chose ? de ce conformisme. Pas du délayage.

Lundi  28 Octobre 2013 –  22 heures 30 à 23 heures 40

19/…/201… à 15 : 25
France – Mauritanie : le coup de théâtre

Recevant à déjeuner son homologue président de la République Islamique de Mauritanie, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, le président Effach a salué la décision de celui-ci d’ajourner les élections parlementaires et municipales qui étaient envisagées, à des dates changeantes, depuis plusieurs mois et devaient se dérouler sans le contrôle international et les conditions du consensus national qui avaient déterminé au printemps de 2007 le retour de ce pays à la démocratie. La France appuiera le nouveau processus consistant à coupler ces élections avec celle du président de la République, qui doivent avoir lieu en Juillet 2014. Elle salue la décision du président Mohamed Ould Abdel Aziz de ne pas se représenter pour mieux se porter garant de la neutralité des forces armées et de l’administration publique pendant toute l’année pré-électorale.

19/…/201… à 15 : 31
fin de la françafrique

Les observateurs attribuent ce complet revirement de l’homme fort de Mauritanie, arbitre puis acteur principal dune succession de coups militaires depuis Juin 2003, à l’imminence du témoignage de son cousin et principal financier, Mohamed Ould Bouamatou. Celui-ci devrait quitter demain ou après-demain son refuge marocain pour contribuer aux charges pesant sur l’ancien secrétaire général de l’Elysée. La France aurait, lors du coup d’Etat d’Août 2008, changé brusquement sa condamnation totale d’une telle prise de pouvoir par le chef de l’état-maajor particulier du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, seul président démocratiquement élu au deuxième tour d’un scrutin pluraliste, en une caution du putschiste, de plus en plus notoire au sein de l’Union européenne et auprès de l’Union africaine et de l’Organisation internationale de la francophonie… ce changement aurait été acheté, ce qui n’a pas de précédent dans les annales de la République française..

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz avait donc souhaité rencontrer au plus vite le président Effach, ce que celui-ci avait accepté mais pour lui signifier, pendant ce déjeuner, que l’instruction de l’affaire ne serait pas empêchée mais au contraire s’étendrait à l’ensemble des relations de la junte avec son prédécesseur. A moins que les Mauritaniens fassent la paix entre eux. Ce qui semble arriver.

Un tel lâchage d’un dictateur africain par Paris ouvre une jurisprudence, fait-on remarquer à l’Elysée.

Mardi 5 Novembre 2013 –  16 heures 26



Journal du Président

Ibidem, après-midi du  samedi 19  … 201…

Au point où nous en sommes et sur la brèche que j’ai ouverte, improviste, sans délibération préalable, hier soir, tout est à faire et décider, tout est à dire. Y a-t-il la nécessitéd d’un ordre dans ces mesures ? ces décisions de mesures ? Je ne veux pas le mot de réformes. Il a été tellement usé par mes prédécesseurs, par les reproches des opposants à nous ou de nous quand nous n’étions pas au pouvoir, que même le patronat (Laurence Parisot) criait à l’indigestion, et surtout à l’abus inpportun du terme. Ce qu’il nous manque c’est l’élan, et l’élan cela se donne, puis se canalise pour être une énergie, notre énergie. Evidence qu’il faut tout faire à la fois et en quelques semaines, quelques mois au plus, le Premier Consul, entre Brumaire et Marengo, de Gaulle entre le coup d’Alger et le referendum sur la nouvelle Constitution. Là est le rythme, là est le précédent. Intervenir tous les soirs serait nécessaire, cela passera-t-il ? une dizaine de soirs, puis le moment des discussions.

Mon épistolier qui s’est rabattu sur le secrétaire général faute de savoir si je suis ou non adepte du petit écran et de la correspondance courriel, vient de réagir à ma « prestation » d’hier soir. Il ne m’en félicite pas même, il rappelle – le style télégraphique de nos maîtresses d’école ou la page pour le roi, selon André Siegfried – ce qu’il m’a « conseillé » depuis mon investiture, l’autre automne. La liste en désordre de petites et grandes choses. Il me dit toutefois : pas de notes ni sous vos yeux, ni commandées à d’autres. Provoquez la redite de ce que ni vous ni vos ministres ni vos collaborateurs n’avez pas su écouté ou lire. Ne soyez qu’évidence en réponse à l’évidence. Ce que vous avez fait hier soir est surtout provocant pour l’étranger, pour nos partenaires européens, vous doublez vos pairs, vous vous adressez à leur opinion. Allez vite et simple. Laissez aux Français le plan et la succession de vos interventions. Dans huit jours, vous devez avoir bouclé. Les « causeries du samedi », Pierre Mendès France accrochèrent d’abord parce qu’il était patent que le Président parlait sans sécurité de conseil, de pérapartion et de retouche. Pas tant la supériorité intellectuelle qui était certes la sienne, pas non plus la sincérité évidente, mais la conscience communicative de parler pour tous et au nom de tous. Le gouvernement démocratique, c’est celui du peuple, pas d’un pédagogue. Le président est le porte-parole du peuple, pas son éducateur. Croyez au bon sens des Français puisqu’ils vous ont élu.

Je ne tiens pas à le recevoir pour le moment, même s’il le mérite. Je le lis mieux maintenant que j’ai commencé sans lui ni personne, et qu’il ne brode pas. Il avait suggéré une manière de présenter et de décider, selon lui, sans précédent. Je retiens l’idée pour ce soir. J’ai confiance en Héro, simplement parce qu’il est germanisant et que pour lui l’organisation vaut mieux que le charisme. Les Français lui reprochent de manquer des deux. C’est ma faute, je ne lui ai laissé le manche que quelques semaines.


Mercredi 6 Novembre 2013 –  15 heures 30 . 16 heures 50


19/…/201… à 16 : 10
Le président Effach sur la chaîne franco-allemande : Arte, comme hier soir

Mardi 29 Octobre 2013 –  18 heurs 46 à 20 heuress 05

La présidence de la République confirme que le Président sera de nouveau au programme d’Arte, mais beaucoup plus tôt qu’hier et avant les journaux télévisés pour ne priver personne de son émission ou de son film favoris.


19/…/201… à 19 : 40
Sans précédent, le Président et le Premier ministre s’entretiennent en direct

Le président de la République reçoit de nouveau en ce moment la chaîne franco-allemande Arte dans son bureau de l’Elysée. Le Premier ministre, M. Héro, vient de l’y rejoindre.

En direct., ils ont discuté ensemble et décidé d’immédiates réorganisations, notamment celle du ministère de l’Economie et des Finances. Le Commissariat général au Plan, institué par le général de Gaulle à la Libération, selon les travaux du gouvernement de Léon Blum avant la guerre et le programme du Conseil national de la Résistance, va être rétabli, ainsi que toutes les procédures faisant du plan quadriennal ou quinquennal – cela n‘a pas été précisé – l’œuvre élaborée par tous les acteurs de la vie économique et sociale du pays. MM. Effach et Héro ont ensemble insisté sur l’ardente obligation – expression naguère fameuse du général de Gaulle – de mettre en commun tous les projets, toutes les forces de ce qu’il reste de notre économie après vingt ans de démantèlement de notre patrimoine industriel et technologique.

19/…/201… à 19 : 55
Le Président de la République, interrogé au téléphone par des téléspectateurs, laisse la parole au Premier ministre

Arte traite en direct les appels téléphoniques qui affluent. Le président de la République donne au Premier ministre la charge de répondre. La première question vient de porter sur les délocalisations industrielles et la concurrence des produits étrangers à l’Union européenne.


19/…/201… à 20 : 10
Le président Effach éclipse les journaux télévisés tout en en respectant les horaires

Le président de la République a reçu de nouveau la chaîne franco-allemande dans son bureau de l’Elysée et s’est entretenu en direct avec le Premier ministre. En vingt minutes, ils ont décidé ensemble de proposer à nos partenaires européens une solidarité intégrale entre Etats membres. Cette solidarité sera bien davantage que le refinancement de la dette publique de certains pays du sud et l’ouverture aux ressortissants et aux productions des anciens pays de l’est communiste du marché de l’emploi et de la consommation courante des pays fondateurs des Communautés européennes, version Robert Schuman et traité de Rome en 1950-1957. Ce sera aussi une compensation pour ces pays fondateurs de leur effort. Il ne peut plus y avoir un exploitation des uns par les autres, une commisération de certains pour quelques-uns.

La solidarité avec le reste du monde suppose que plus persosnne ne triche. MM. Effach et Héro ont fait alors allusion, juste avant que sonnent les vingt heures et qu’ils laissent la place aux présentateurs du journal télévisé, au respect des droits de l’homme, et aux « dumpings » fiscaux et sociaux de pays restés totalitaires en partie.


19/…/201… à 20 : 45
Berlin – les socialistes allemands préfèrent la nouvelle thèse française au programme de grande coalition avec la chancelière sortante

Les négociations pour la formation d’une grande coalition gouvernementale outre-Rhin changent complètement de tournure depuis que la France évoque un retour de l’Union européenne à l’un de ses principes fondateurs : un grand marché unique, commun aux seuls Etats-membres et qui ne sera ouvert aux tiers que selon un tarif extérieur négocié, rétablissant des conditions normales de compétivité et faisant de la préférence européenne la norme.

Le S.P.D. voit dans la nouvelle vision française une alternative à des politiques de l’emploi seulement fondées sur la limitation consentie des salaires aux fins de compétivité des entreprises et sur la flexibilité du droit du travail.


Mardi 5 Novembre 2013 –  16 heures 26


19/…/201… à 21 : 30
La France va très vite préciser ses nouvelles vues sur des négociations commerciales par grandes zones de cohésion sociale et fiscale

Les services du Premier ministre indiquent que le dispositif d’une communication à nos partenaires de l’Union européenne sera publié d’ici lundi soir.

Journal du Président

Au palais, comme hier soir…

J’ai demandé à … et à … de travailler dès ce soir au libellé de mon initiative européenne, le plus économe de mots pour équilibrer en institutions le schéma de solidarité qu’a exposé Héro, tout à l’heure. Je veux changer de registre demain et parler mise en branle à l’intérieur du pays. Les sondages qui me sont donnés maintenant, indiquent que même un dimanche soir, je vais être attendu pour la suite. L’approbation est presqu’unanime pour ce dont nous avons convenu avec Héro. Le raccompagnant jusqu’à sortir du palais et en saluant ensemble ceux qui dehors n’ont suivi que par transistor – la guerre d’Algérie – ce que nous avons dit ensemble, j’ai souri : la Lanterne lui est rendue, du recul. Je lui ai confirmé qu’il demeure à son poste et surtout avec moi, tant que je suis au mien. Il m’a trouvé sibyllin. Je ne comprends pas en quoi mais il me semble ne pas suivre la trajectoire initiée hier, mais la devancer et la prolonger. Il me fait remarquer que l’opposition de droite qui n’a jamais articulé sa critique européenne en forme de contremesures, ne nous a pas encore répondu. Comme elle n’a plus de chefs, elle dit réfléchir selon la présidence du parti anciennement majoritaire. Les nôtres sont silencieux, ce qui nous  sort d’un jeu de rôles de cinquante ans. Les applaudissements immédiats à tout ce que dit le président du moment, des railleries ou des supputations sur le vide de ses propos quand répliquait l’opposition. Nous appelions cela le débat politique.

Héro suggère d’organiser un débat au Parlement quand nous aurons terminé notre exercice. Je ne lui ai pas répondu, l’orientation générale continue de m’appartenir, mais tel que je ressens mon vieux compagnon, il semble avoir l’idée d’un autre dénouement.

A Nouakchott, l’opposition démocratique pavoise et a même accueilli le dictateur avec des banderoles : merci, après tu pourras partir tranquille ! Pékin et Moscou – nous n’avons pourtant cité ni le Tibet ni les Tchétchènes, ni les pussy riots ou les audacieux de Greenpeace – ont seulement fait savoir qu’on y délibérait et que la France n’est pas l’Union européenne. Ce n’est pas ce qui s’y disait à l’époque du général de Gaulle.

L’affaire va être d’avancer le prochain Conseil européen et d‘en inspirer l’ordre du jour pour que soient examinées les propositions françaises. Pas celle du président de la République française. Celles du peuple français et sans doute des peuples européens. Je compte plus sur eux que sur leurs gouvernants.

Me voici, sans… pour une nouvelle nuit ici. Un plateau pour dîner m’a été posé sur ma table de travail. Celle du général de Gaulle. Cela lui arriva-t-il ? ce n’était pas un homme ni d’improvisation ni même de réaction, mais de guette des circonstances lui permettant la mise en œuvre de ce qu’il entrevoyait de faire depuis du temps. Dixit mon épistolier, décidément fan… il avait quinze ans en 1958, mes propres quinze ans furent en 1969. Différence… qui a déterminé mon dédain à ses premières propositions. L’entrevoyant à un colloque à l’Assemblée nationale, je lui avais dit, faute de temps et de mieux que je lui téléphonais un prochain soir. C’était juste après mon investiture par les militants et sympathisants : nos primaires dont le procédé fit tant pour ma victoire. Le colloque était à la mémoire de Jean-Marcel Jeanneney qu’il connaissait bien, l’ayant visité pendant quarante ans, et moi ayant quelque estime pour l’ainé de ses fils. Je crois bien qu’il y a dix ans quand je réorganisais le Parti, je lui avais répondu à peu près de la même manière mais sur une carte : il voulait déjà me rencontrer… fan de moi ou de cet homme du 18-Juin, comme on dit. Au moins, quelqu’un d’insistant. Jean Monnet voulait comme interlocuteur depuis la Première Guerre Mondiale, ceux qui décident. J’en suis donc un… je ne l’ai pas cru le soir de mon élection, j’étais entre deux eaux, la campagne, des rencontres, j’avais fait une liste de promesses dont certaines m’importaient mais les Français me voyaient surtout différent de celui qu’ils m’avaient fait battre. Normal ? le programme fut plébiscité. Cela voulait dire : autre. Que lui, qu’eux… ai-je été différent ? maintenant, je le suis. Ils ne s’y attendaient plus ou pas. Ni mes adversaires ni nos amis.

Demain, aux aurores… dimanche et son calme, en tout cas le quartier de l’Elysée et cette seconde classe de péripatéticiennes sans le charme ni l’art de vivre ni la pédagogie de la première, que constituent celles qui dépensent, achètent, pinaillent et se montrent pour nos boutiques et magasins dits de luxe, rue du Faubourg… faux bourg, la province en sait davantage en cœur de ville. Appellation bien trouvée par Héro, chez lui, en bords de Loire.

Faire le lien entre ce que j’ai signifié à Mohamed Ould Abdel Aziz à déjeuner et la prochaine réunion – ici -  sur l’Afrique et aussi sur la francophone. Et ce lien-là le partager et le nouer enfin et vraiment avec nos partenaires européens. Nous avons réussi l’impensable en 1957-1958, grâce aux Belges et un peu aux Italiens, à mutualiser nos dépenses d’investissement outre-mer, en Afrique pour l’essentiel. Maintenant, le politique. C’est possible. Le menu du prochain dîner de Conseil européen aura ce hors d’œuvre, il plaît aux exportateurs allemands mais pas à la Bundeswehr. Nous envisagions la dissolution de ce postiche qu’a été la brigade franco-allemande, significative d’amitié mais sans doctrine d’emploi. L’engager et en Afrique. L’Afrika Korps ne doit pas faire peur, Bir Hakeim, ce fut nous. Ne recommençons pas entre Allemands et Français nos non-dits et nos arrière-pensées qui déterminèrent les guerres en Yougoslavie, par timidité de notre Union européenne. Celle de Maastricht, de Mitterrand et de Kohl, juste née.

Un vin autrichien… caisse qu’en précurseur m’envoie le chancelier avec qui je déjeune ici lundi. Une tarte flambée alsacienne. La germanité de nos départements rhénans n’est ni berlinoise ni prussienne, elle est celle des Habsbourg, vient de m’expliquer Héro.


Mercredi 6 Novembre 2013 –  17 heures 40  … 19 heures

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[1] - texte du 6 Mai 2012

[2] - note sur les pendaisons de 1944

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