jeudi 14 novembre 2013

changement de signe - chapitres de fiction politique - 4 - état tout provisoire

Changement de signe


« premier jet » d’une fiction politique



Chapitre 4



20/…/201… à 15:10
Le président au silence de la réflexion

La présidence de la République vient de communiquer que contrairement à l’attente d’une majorité des Français – majorité selon quatre sondages concordants – M. François Hollande n’interviendra pas ce soir. Sa prochaine intervention, sur les chaînes publique comme convenu hier, n’aura lieu que demain, à la même heure que les précédentes.

20/…/201… à 15:23
Le président au silence de la réflexion : suite – Port-Royal en vallée de Chevreuse

C’est en conversant avec le président fédéral de l’Autriche après avoir déjeuné avec lui, en compagnie de M. Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, que le président a décidé de reporter une prestation devenue habituelle et surtout à suite et à suspense.

Pas d’explication ni au palais de l’Elysée ni à l’hôtel de Matignon. Il y est cependant dit que le Président recevra volontiers lettres et messages sur toute affaire d’intérêt général.

Journal du Président

Au palais, en fin d’après-midi du lundi 21… 201...

Francophone parfait, mon homologue autrichien a manifestement été flatté, puis très heureux que je l’entraîne au lieu de mes ballades d’adolescent, d’étudiant et d’amoureux, cette vallée de Chevreuse. Nous avions officiellement peu à nous dire, mais le président Kaunitz (descendant en ligne collatérale du chancelier de Marie-Thérèse) m’a aussitôt entrepris sur les moments télévisés que je me suis permis d’imposer aux Français et à toute l’Europe : son expression. Evidemment, mon point de départ, l’Anschluss, ne pouvait que concerner son pays. Nous sommes entrés dans l’exploration de telles perspectives européennes, puis j’ai bénéficié d’une telle leçon de politique comparée et même de gestation nationale version habsbourg, version reflets de France chez les autres, que j’ai senti le besoin – soudain, aussi soudain que d’intervenir à la suite de Chaplin l’autre soir – que nous nous arrêtions, les Français et moi, au moins pour quelques heures, pour ce soir. Je vais résumer et structurer – pour ensuite le communiquer – ce que j’ai déjà dit et proposé, et vais esquisser, pour un appel aux contributions, aux questions, aux débats, ce que je dois exprimer ces prochains jours. Je veux aussi limiter ce temps de communication quotidienne, en réfléchir ce qu’il doit produire dans notre vie nationale, immédiate et à terme court. Le président Kaunitz, docteur en droit de nos facultés, avec une thèse sur le referendum selon Carré de Malberg et selon René Capitant, m’a tranquillement assuré de ce vers quoi j’allais même si je ne l’avais pas au préalable délibéré. Nous avons laissé le Premier ministre regagner seul Paris. Notre ambassadeur ne m’avait pas informé de cette proximité remarquable de notre partenaire avec nous. Aucun interprète, fût-ce mon cher Ayraul, n’était donc nécessaire, mais il n’était pas mauvais que la brève indication de droit constitutionnel autrichien sur l’étrangeté d’un élu au suffrage universel direct : le président fédéral, qui ne gouverne pas, qui ne préside même pas mais dont la signature en tout est requse, soit entendue et méditée par nous deux ensemble.

Selon Kaunitz, l’Europe n’a rien de neuf à trouver ou à apporter à ses ressortissants, Etats-membres, peuples, individus personne par personne et associations, partis ou groupements divers, que la façon d’agencer et faire se communiquer les acquis de chacun, les gloires, les talents, l’explication des revers de nos histoires et de nos géographis respectives. La solidarité, bien avant son application financière qui n’a d’ailleurs de logique et de moyen que des fiscalités au moins analogues, sinon uniques, doit être mentale. Nous enorgueillir les uns des autres, admirer Frédéric même s’il trahit puis défait la France, pour correspondre encore davantage avec nos philosophes, lui qui avait choisi de ne parler que le français avec son père et son entourage pour venger l’exécution de son plus cher ami. Comprendre l’Allemagne et en aimer ses tentatives, le nazisme, l’Anschluss, la guerre, le personnage même de Hitler étant, surtout pour un Autrichien, de responsabilité collective. Il pense et dit avec force que notre indépendance – dont, par exemple, la neutralité autrichienne, est une des versions et anticipations – notre indépendance européenne n’a de chance que si elle aussi, elle surtout est d’abord mentale. Davantage d’autres valeurs, d’autres critères de la réussite personnelle et nationale que ceux cultivé actuellement, notamment en France, selon lui. Il a noté, étant arrivé chez nous, en voyage d’abord privé depuis vendredi soir – il a ainsi regardé la fin de mon intervention et suivi les autres jusqu’à hier – que nos étudiants devenus adeptes des moments universitaires ou de stages à l’étranger, vont davantage aux Etats-Unis, en Australie qu’en Europe surtout germanique et slave. Il s’était fait donner des statistiques, à Vienne, sur le « pantouflage » des anciens élèves de l’E.N.A. et en a été surpris. Il nous croyait encore tous imprégnés d’une militance pour le service public, et un total dévouement à l’Etat. Faut-il expliquer cette exploitation d’un passage en cabinet ministériel en présidence de sociétés qu’ona contribué à privatiser, par le souci de ré-insuffler dans la direction des grandes entreprises civisme et intéréêt national ? impossible à admettre puisque ce sont ces anciens grands fonctionnaires qui inspirent à tout notre pays la croissance externe, l’investissement couteux, risqué, peu négocié en achat d’entreprises étrangères. Il a à l’esprit tel directeur du cabinet d’un de nos Premiers ministres, à l’époque ministre des Finances, du Budget et des Privatisations qu’on peut dire de droite. Inspecteur des finances, fils du représentant de de Gaulle à Londres, il est chez Goldman Sachs et a conférencé dès 2008 rue Saint-Guillaume pour légitimer son parcours et sa banque étrangère d’adoption  qui a privatisé une banque française. Il s’est arrêté dans cette réflexion sans me demander de réplique, je n’en avais pas. Il a conclu cette partie de notre conversation par le mouvement de nos grandes autorités morales, à la suite de notre défaite de 1870, évoqué l’erreur dramatique de Napoléon III quand Sadowa eût été évité pas seulement à l’Autriche mais à toute l’Europe, et même à une bonne partie de l’Allemagne, si la France était intervenue. Eugénie de Montijo dont il vient de lire une biographie a supplié l’Empereur toute la nuit, tandis que le Moniteur retardait d’heure en heure une édition qui eût publié le décret de mobilisation.

Nous marchions en sous-bois vers les « écoles ». Il a évoqué François Joseph, son couple malheureux malgré la beauté mais sans doute à cause de l’originalité de Sissi, sinon de son excentricité dont le Habsbourg était incapable, fonctionnaire et travailleur dans l’âme. Cependant leur complémentarité, lui prince allemand au possible mais distinguant âme, culture d’une forme étatique, et elle bavaroise certes mais surtout en phase avec les nationalités minoritaires, asservies, d’où le compromis austro-hongrois qu’elle fit vivre à l’Empereur avant qu’il en accepte la négociation. Il a évoqué aussi la correspondance quotidienne entretenue ensuite avec Catherine Schratt, de l’aveu de la Kaiserin quand le vagabondage de celle-ci a commencé tandis que l’époux dès quatre heures du matin graticulait mi-romantique, mi-fonctionnaire, préférant désormais Schönbrunn, à la ville et à la Hofburg. Je ne voyais pas où il voulait en venir… puis j’ai compris. J’en parlerai à … qui n’a toujours pas admis la place récurrente de S… dans ma pensée et mes fantasmes, je l’avoue. Nous soumettre, elle et moi, moi… à cette fonction présidentielle dont je n’avais pas admis que S… fut la possible titulaire. Aurai-je été plus à ma place, plus efficace en étant simplement aux côtés de la première femme à présider notre République. Kaunitz répond que cette question est oiseuse et que – précisément – depuis vendredi soir, les Français découvrent celui qu’ils ont mis une vingtaine d’années à comprendre qu’il l’attendait, le président du possible, le président puisant dans leur énergie collective, dans leur imagination des moyens, des recettes, des perspectives plutôt que dans les dossiers et les habitudes de penser et de rédiger des entourages, des administrations refilant de règne en règne, de ministre en ministre ce que le prédécesseur a ignoré ou émasculé.  Vos compatriotes saluent tout simplement votre émancipation, monsieur le président.

Alors, cher ami, il m’avait pris le bras, où pensez-vous que nous allons ? C’est moi qui l’interrogeait. Pour l’Europe, c’est sûr. Vous gardez encore le privilège d’en avoir l’apparence de l’inventer par votre simple énoncé. Je le dirais depuis Vienne ce serait inaudible, et les voisins de mon pays croiraient à ma brigue de l’emploi – en tant que représentant d’un petit pays, d’expérience vertes, mais petit dans sa configuration territoriale actuelle : l’élection au suffrage direct du président de l’Union. Le S.P.D. allemand l’a souvent votée en congrès, mais de Berlin le propos assourdirait. Donc, vous… la France. Notre compatriote, membre de la Commission, m’a fait connaître une lettre d’un de vos compatriotes au président Barroso, à Viviane Reding. Il m’a été dit que la Chancelière avait reçu la même lettre, notre collègue luxembourgeois aussi : ce nouveau mode d’élection doit être à l’ordre du jour du prochain Parlement de l’Union et rien que son adoption motive que les élus du printemps prochain reçoivent des votants de chacun des Etats-membres quels que soient les partis qu’ils choisissent de soutenir, un mandat de constituant. Il ne se souvient pas de son nom, mais je reconnais mon épistolier. Je lui avais fait répondre en copier-coller, donc sans engagement. J’ai donc maintenant commencé à le satisfaire.

J’ai demandé à Kaunitz le secret de ce climat social en Autriche. Il répond que c’est un legs des catastrophes vécues par son pays de 1918 à 1938, et plus encore de la perspective d’un partition définitive entre les blocs, à l’instar de l’Allemagne – dont il sait que la France fut la puissance, parmi les Quatre alliés occupants, la plus déterminée à ce qu’elle ne se réalisât pas. Les Autrichiens ont alors appris l’union nationale, le consensus sur presque tout, le co-gouvernement dans les syndicats, dans les Länder, et même la « Proporz » pour les grands emplois. Suffrage direct pas tant pour gouverner et commander, ni même décider que pour représenter et répondre suprêmement du pays, des régions. Cette tolérance à l’autre camp, l’autre couleur, les Rouges et les Noirs, vient principalement de l’effort – immense – que nous avons dû vivre et que nous continuons de faire, à la quatrième génération. Nous avions trouvé la solution du vivre ensemble pour toute l’Europe centrale de l’Est, nous étions un Etat multiple, bien davantage qu’une « double monarchie » pour finir et dont nous n’avions pas su exploiter toutes les virtualités, sauf peut-être François Ferdinand (il prononce le d final même en français). Nous étions donc très différents de votre solution, vous n’en avez qu’une depuis mille ans. La suite est franco-autrichienne pour les institutions de notre chère Europe. Il était souriant, je comprenais : la solution française pour le sommet, Carré de Malberg et Capitant transposés dans le fonctionnement d’une démocratie directe dans les matières prévues par le nouveau traité, et les expériences autrichiennes, bien antérieures aux allemandes et aux belges, voire aux espagnoles – tous pays et peuples, me faisait remarquer Kaunitz, qui ont été Habsbourg – pour l’ensemble de ce qui n’est pas la compétence de Bruxelles. Et aussi de Strasbourg, ai-je souligné.

Mercredi 13 Novembre 2013 –  15 heures 05 à 16 heures 35

A Villacoublay, nous avons été laissés seuls. PRL était venu aux nouvelles et pour un éventuel communiqué commun, à défaut de la conférence de presse à deux, pupitres dressés et profils des personnages passant plus de temps à la péroraison publique qu’à vraiment travailler ensemble pour se comprendre et pour, si possible, édifier. Il a compris que nous ne ferions rien. Je lui ai confirmé. Kaunitz, qui est de beaucoup mon aîné. D’âge mais aussi de référence, une culture hstorique doublement atavique, sa famille prestigieuse, son pays qui continue de respirer l’Histoire et qui la fait bien plus souvent que nos instituts de stratégie et de polémologie le remarquent. Le chemin du traité d’Etat, la candidature à l’Europe occidentale en test de Gorbatchev, surtout la porosité austro-hongroise du rideau de fer, une connaissance de l’Europe ex-soviétique que nous n’avons pas et où l’allemand reste langue de communication. Et puis, les musulmans chassés d’Espagne, réintègrent la substance européenne par son centre de gravité, sans doute à son corps défendant d’abord mais à la conclusion des guerres balkaniques pendant lesquelles la Turquie achève de tout prdre ou presque au nord Bosphore, c’est la monarchie la plus catholique, avec droit de veto sur l’élection du successeur de Pie X, qui annexe une importante province d’Islam, c’est plus récemment un juif émigré dès l’annexion du petit pays par le Reich qui, devenu chancelier, introduit et cautionne Arafat dans le jeu européen, donnant en fait mission de paix au Vieux Monde.

Cet homme m’a fait doublement rêver. Il m’a quitté avec des recommandations d’aîné. Cette façon de parler pour votre Etat, selon votre gouvernement, n’est pas digne ni sincère : explorer des pistes… au lieu de décider ou de concerter pour décider. Les pistes se codent, vous en êtes dans vos médias à vous faire décrypter, les images de vos fonctionnements publics faussent ce que vos concitoyens doivent voir et comprendre : épinglés par la Cour des comptes, dans la collimateur de la justice, un ballet diplomatique, c’est autant biaisé que pour le foot-ball où marquer un but selon les vôtres, c’est réaliser l’exploit, c’est décrocher son billet pour… ou vos commentaires de bourse personnalisant les indices et accréditant donc leur autonomie, légitimant des comportements d’entrainement : telle valeur s’adjuge ou s’octroie… Mais ce n’est pas à un étranger de vous apprendre la bonne application de votre langue, naguère si adéquate pour la vie publique, aux époques où l’on s’exprimait sans marteler… Priez-vous, cher François ? Il m’a pris de court, il a évoqué de nouveau le secret de son pays, apparemment amputé de partout depuis un siècle et demi. K und K… mais juste à la génération qui nous précède cette entente exceptionnelle, humaine et fidéiste : le chancelier Kreisky qui posa par referendum le dilemme nucélaire, le milliardaire Kahane et les métaux rare, le petit juge Kirschlagger, le cardinal König qui faillit être pape. La recommandation de celui-ci, vingt minutes par jour, dix minutes de moins que la recommandation d’un moine bénédictin un peu plus tard. J’ai écouté, effectivement je ne m’arrête guère, ni au bureau, ni dans ma vie. Ma platitude, vient-elle de là. Il me quitte : je vois où vous allez, c’est maintenant qu’il va falloir que vous vous arrêtiez régulièrement rien que pour contempler les cercles concentriques formés dans l’eau par vos jets de pierre. Une par jour, un arrêt par jour. Vous avez commencé vendredi soir. Et puis faites s’arrêter et méditer la France. Elle n’est pas qu’à vous, ni qu’à elle et aux Français. Entendez, par exemple, vos Africains, vos Arabes, entendez-moi. Elle n’a plus d’âge la France aujourd’hui. Ni celui de son histoire, ni celui de la jeunesse retrouvée quand 1940 produisit 1958.  Amnésique, autiste, muette, pas bien belle. J’ai encaissé, j’ai admis. Soyez conséquent. Vous devez ne pas rater.

Nous étions courbés sous les pales du rotor. PRL m’a accueilli quand je suis sorti de l’haleine de l’hélicopère. Kaunitz vient de m’appeler, au décollage de son avion à Charles-de-Gaulle. Je vous attends. Il ne m’a pas dit : à l’œuvre ou à Vienne . J’ai envie des deux.

Quand je lui ai demandé qui il verrait pour présider la nouvelle Union, qui nous présenterions et soutiendrions au suffrage universel, il m’a mis la main à l’épaule, me redonnant le titre de ma fonction : Monsieur le Président, vous n’avez donc pas compris… le peuple ! le peuple ! plus nous. Ou si peu.

Je me mets à mon appel aux Européens.  Esquisse pour mon dispositif.

Le Président de la République
à Madame… Monsieur …

Je vais arroser chacun de mes homologues, les parlementaires de Strasbourg, les membres de la Commission. Nous ne publierons cela que plus tard. En fait, ce sont nos partenaires qui publieront et donc commenteront.

Paris, le 21 … 201…

M…

nous ne pouvons plus continuer d’être les cocus … il faut que je trouve autre chose, mais c’est bien ce que je veux dire, et ce que les Français, nos peuples en Europe ressentent ! les cocus de l’Histoire. Beaucoup d’entre nos peuples et nos Etats, , aux siècles récents, pouvaient, chacun à soi seul, tenir tête au reste du monde. Nous l’avions entièrement, sauf la Chine et encore.. et le Japon qui nous imita, colonisé, peuplé, occupé : ce « reste du monde », sans doute indûment mais le mouvement et la puissance y étaient. Le commerce international, l’industrialisation, les grandes inventions après les grandes découvertes, c’étaient nous. Nos guerres intestines, pichrocolines à les analyser rétrospectivement, nous ont perdus. Nous n’existons plus ni par nous-mêmes ni par notre ensemble, du moins à proportion de ce que nous fûmes et de ce que nous pourrions être. Sans que nous ayons pris conscience, nous sommes autant divisés qu’aux veilles de nos guerre. La monnaie, le budget, la fiscalité, le rapport au monde extérieur quels que soient les enjeux pour la paix et pour l’équité du commerce international nous mettent face à face ou au silence. Nos peuples ne croient plus en leurs Etats. Si rien ne change, si tout continue, nous en serons, vous, moi, nos collègues au Conseil européen, responsables devant nos peuples et devant l’Histoire. Le chemin des années 1950 et même celui de Maastricht sont perdus.

Je vous propose que soit donnée au prochain Parlement de notre Union la compétence constituante, que nous le chargions de rédiger – traité fondamental, loi de même ou Constitution pour l’Europe, peu importent les mots, n’est-ce pas ? – un texte instaurant la démocratie directe, c’est-à-dire déterminant un retour d’intérêt et de passion de nos concitoyens pour l’entreprise qui est en plan depuis une grande décennie au moins. Nos prédécesseurs ont fait de l’intergouvernemental. Nous voyons le résultat, notre tolérance est mortifère. Que soit désormais élu le président de l’Union par l’ensemble des citoyens européens, qu’il ait le droit d’en appeler de soumettre au referendum tout projet de texte, toute initiative du domaine prévu par notre nouvelle charte, et même la révision de celle-ci.

Je suis convaincu que cette novation permettra la solidarité entre nos peuples, mentale, financière, sociale. Elle permettra aussi à notre Europe d’imposer le bon sens et la justice dans les relations internationales, pour un nouvel agencement du commerce, de l’investissement. Elle fera le lien entre les politiques de l’Union, de nos Etats et la Banque centrale européenne.

Nous pouvons encore tout rattraper.

Je souhaite que le prochain Conseil européen en décide pour une proposition ferme au Parlement européen, et que s’instaure au plus vite un débat proprement européen dans l’ensemble de nos peuples. A défaut, ce ne seront plus même le scepticisme ou les envies de sécession qui auront un cours de plus en plus dévastateur. Ce sera la fin de notre histoire, de l’entreprise inspirée par les deux grandes guerres qui nous ont ravagés mais aussi rapprochés, la fin – nos peuples le sentent – de chacune de nos nations dont  nos jeunesses auront décidé l’évacuation, l’abandon.

Nous ne le voulons certainement pas.

Je vais laisser reposer cette nuit et demanderai des affinements de plume à … et à …

20/…/201… à 23:25
Une visite impromptue à l’Elysée

Un jeune mauritanien a été admis à visiter en début de soirée le président de la République, qui a complètement renoué avec l’habitude du général de Gaulle de ne résider en semaine qu’au palais de l’Elysée.

Le jeune homme est porteur d’un message de ses compatriotes en remerciement à M. François Hollande pour être intervenu en faveur de la démocratie auprès de celui qu’il appelle un dictateur pseudo-militaire et un traître avéré.


20/…/201… à 23:28
Une visite impromptue (suite)

La présidence de la République confirme que M. Mounir Ould Cheikh Abdallahi, cadet des fils du président de la République mauritanienne, renversé par le chef de sa garde prétorienne en 2008, a été reçu par M. Hollande. Le Président a mis à sa disposition une des chambres de l’appartement privé, pour cette nuit.

Il est précisé qu’aucun communiqué ni aucun contact de presse à la sortie du palais, demain matin, de M.Ould Cheikh Abdallahi, ne sont à attendre.


20/…/201… à 15:10
Le président au silence de la réflexion

Ni conférence de presse ni communiqué communs pour clore la courte visite officielle du président de la République fédérale d’Autriche. Pas davantage de précision sur l’accueil d’un émissaire mauritanien à l’Elysée. Et surtout, interruption du cycle d’annonces présidentelles en direct, avant les journaux télévisés de la journée.

Que prépare, qu’envisage M. François Hollande ? Aucun commentateur, pour une fois, ne prophétise ni ne déduit. Il est rare que les Français soient en manque d’intervention présidentielle. Celle des autres acteurs politiques ests périmée depuis vendredi soir. Comme au temps du général de Gaulle – qui paraissaient si lointains, il y a quatre jours – le président de la République est redevenue la référence et le maître de la vie publique. Instinctivement, les Français en quelqus heures y ont, manifestement, repris goût, de quelque génération qu’ils soient.

Journal du Président

Au palais, lundi 21… 201..., bientôt minuit.

J’ai donc fait monter à mon bureau le jeune Mounir. Il avait dit vrai. Il se reconnaît dans le palais et est bien le fils de son père reçu par mon prédécesseur en Octobre 2007. Pour ne pas perturber notre ambassadeur à Nouakchott, je n’avais pas fait vérifier. Beaucoup d’allure. Je demanderai à rencontrer son père. Sobrement, il m’a raconté la trahison du seul président mauritanien élu à l’issue du deuxième tour d’un scrutin pluraliste et validé par les coopérants européens et de la francophonie… de bout en bout depuis la confection des listes électorales à la transmission des dépouillements. Trahison plus encore par nous que par son chef d’état-major particulier avec lequel nos « services » entretenaient à l’avance si l’on peut tristement dire une relation le préférant au président lui-même. Se référant à ma phrase de Tulle, il me demande ce que je fais pour que cela change en Afrique, autant que cela puisse nous incomber. Rejoignant mon épistolier avec lequel il est en relation par courriel et que connaît son père depuis leur jeunesse à chacun, il me conseille une journée à huis clos et sans annonce avec l’ensemble de nos ambassadeurs en Afrique, de les changer si je les sens routiniers ou attachés au vieil ordre des choses, en tout cas de donner des instructions à jour. J’ai reconnu qu’on était loin de ce cas. Sans doute héritier du rôle spirituel qu’a sa famille en Mauritanie et dans l’Afrique de l’Ouest – il m’a rapidement expliqué le système des confréries musulmanes dont j’ignorais tout et m’a renvoyé à l’ouvrage de Xavuer Coppolani, celui qui nous a « donné » la Mauritanie grâce ce savoir et à l’interlocuteur et ami décisif qu’il avait su alors se faire, Cheikh Sidya – il m’a remercié de mon hospitalité, celle de la République ici… ce qui n’a pas de précédent à ma connaissance – en faisant écho, sans le savoir, à Kaunitz. Lisez la prière du roi Salomon, vous serez exaucé. Notre saint Coran nous l’apporte autant que votre Bible. Il est temps que la France discerne et soit sage avec ceux qui demeurent les siens. J’ai bredouillé. Il n’y a pas une Bible au palais et je n’ai pas envie d’une recherche sur Google, puisqu’il paraît que nous sommes écoutés, contrôlés et suivis.
Demain va être chargé. Ayrault doit recevoir un à un les ministres, en conserver quelques-uns pour la suite et en recruter quelques autres. Il fera à sa guise pourvu que, moi compris, nous ne soyons que quinze au conseil après-demain.


Jeudi 14 Novembre 2013 –  10 heures 29 à 13 heures 40





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