lundi 30 décembre 2013

21 . 27 Juin 1993 - après avoir ouvert une ambassade dans l'ancienne Union soviétique, une évaluation du Kazakhstan




                                               A r g u m e n t



Une physionomie très particulière                          page 3

la décision de souveraineté par réaction                       page 3
la soif d'être reconnu                                                   page 4
le maintien de la CEI                                                   page 4

Les handicaps et les avantages                               page 4


I - SITUATION POLITIQUE INTERIEURE                   page 6

une retenue générale                                                    page 6
le cadre institutionnel peu changé                                 page 7
les clivages possibles                                                   page 8
le débat entre nationalités                                       page 9
le risque                                                                      page 10


II - SITUATION ECONOMIQUE                                     page 11

la succession des politiques                                         page 11
une colonie d'exploitation                                            page 12
l'effet de puissance russe                                        page 12
1° inflation et manque de liquidités                               page 13
2° faiblesse des institutions économiques                     page 14
3°la question d'une monnaie nationale                          page 15
l'état d'avancement des réformes                           page 16
1° un net tempérament à l'option libérale                      page 16
2° la reprise du contrôle d'Etat sur le commerce extérieur


III - QUESTIONS INTERNATIONALES                         page 19

le sauvetage des solidarités CEI                                              page 19
le tête-à-tête de fait avec la Russie                        page 20
les délégations à la Russie                                            page 20
les initiatives propres au Kazakhstan                            page 20
les tentatives d'organisation régionales                 page 20
la militance pour l'Union                                              page 21


IV - QUESTIONS STRATEGIQUES ET DE DEFENSE page 23

perception par le Kazakhstan de sa sécurité          page 23
modalités de l'effort de défense                                               page 24
les forces conventionnelles                                           page 24
l'instrument nucléaire                                                   page 25

D'une manière générale les facteurs de stabilité   page 26
la personnalité de M. NAZARBAEV                          page 26
les potentiels miniers                                                    page 27
la valeur du peuple, quelle que soit la diversité de ses origines

NOTES ANNEXES

1. Les potentialités du sous-sol
2. Démographie
3. Le peuplement ethnique équilibré
4. Principaux titres de la presse écrite
5. Rapport du Premier Ministre, le 21 Juin 1993, sur la crise
6. Commerce avec les pays de l'ex-URSS
7. Exportations vers la Russie
8. référence au traité du 25 Mai 1992
9. Partenaires commerciaux hors CEI
10. Structure de échanges par produits avec les tiers
11. Taxes sur le commerce extérieur
12. Entretien de M. NAZARBAEV aux Izvestia
13. Référence au traité du 25 Mai 1992
14. Portrait du Président NAZARBAEV


CARTES ANNEXES

1. Distances intérieures
2. Réseau ferroviaire
3. Gisements proposés à la prospection ou à l'exploitation
4. Tracé des oléoducs et gazoducs
5. Tracé de l'oléoduc de Tengiz à Novorossiisk








                                                           Occupant, sur une partie appréciable de l'immémoriale route de la soie, 2.700.000 kilomètres carrés d'une région frontalière pour deux des principales puissances nucléaires mondiales (Chine et Russie), deux des principales civilisations et familles religieuses de la planète (l'Islam au sud, l'orthodoxie au nord), le Kazakhstan se présente du point de vue international sous trois aspects indissociables, qui lui donnent d'emblée et seulement dix-huit mois après la proclamation de son indépendance, une physionomie très particulière.

                        1° chacune des décisions affirmant sa souveraineté nationale, le Kazakhstan l'a prise sous la contrainte d'un environnement ou par réaction à des décisions tierces dont il n'était pas maître. Il a été le dernier des Etats succédant à l'Union Soviétque, à proclamer son indépendance ; il n'a décidé d'organiser ses forces armées nationales qu'au lendemain de la "nationalisation" par la Fédération de Russie des forces anciennement soviétiques ; il n'érige de cordon douanier qu'en réponse à ce que mettent en place notamment la Russie et le Kirghizstan ; contrairement à toutes les rumeurs et à tous les conseils (du Fonds monétaire international notamment), il ne battra monnaie, quoiqu'il s'en soit donné politiquement la latitude depuis Avril 1992 et constitutionnellement la possibilité depuis le 28 janvier 1993, que contraint par l'absence d'institutions communes efficaces dans la Communauté des Etats indépendants ou si les conditions russes (telles que notifiées le 13 Juin dernier) demeurent inacceptables.

                        2° le Kazakhstan, désormais souverain et indépendant, a soif d'être reconnu et traité pour tel, et avec sa personnalité propre. Les potentiels soviétiques en matière nucléaire et spatial, situés pour une part déterminante sur son territoire ("cosmodrome" de Baïkonour et "polygone" d'essais nucléaires de Semipalatinsk), le Kazakhstan ne délègue pas sa signature dans ces domaines de pointe. La première illustration de la
" proclamation de souveraineté " de la République du Kazakhstan, a été le 29 Août 1991 de faire arrêter les essais à Semipalatinsk. Dès le 2 Octobre 1991, un Kazakh fait partie du premier vol habité lancé de Baïkonour, depuis le "coup". C'est sur un pied d'égalité que le président NAZARBAEV cosigne avec le président ELTSINE de la fédération de Russie la lettre d'engagement au sujet de START I adressée au Secrétaire d'Etat BAKER en Mai 1992 et c'est de la même manière que le vice-Premier Ministre,  participera le 29 Juin prochain aux entretiens à Washington du Premier Ministre russe à propos de Baïkonour.

                        3° pour des raisons tenant autant à sa composition ethnique, à la structure actuelle de son économie et de son commerce, qu'à la personnalité de son chef actuel, le Kazakhstan est, à fond, engagé pour le maintien efficace du maximum de liens entre les Républiques successeurs de l'Union Soviétique.
C'est M. NAZARBAEV qui - au Congrès des députés et après le "coup" d'Août 1991 - lit le 4 Septembre les dernières versions du traité d'Union proné par M. GORBATCHEV et c'est à Almaty que naît la Communauté des Etats indépendans d'un contour et d'une universalité bien différente de ce qui s'était esquissé entre Slaves à Minsk. Les arrangements régionaux, convenus entre les cinq Républiques anciennement soviétiques d'Asie centrale, le 4 Janvier 1993 à Tachkent, sont aussitôt proclamés comme destinés à renforcer la C E I et non à s'y substituer. C'est dans cette dialectique que doit être comprise la permanente négociation avec la Russie sur tous les sujets, notamment financier, commercial, et militaire : une négociation qui n'aurait plus de raison d'être et ne serait plus seulement bilatérale si les institutions (notamment la Banque inter-Etats) réclamées dans le domaine économique, fonctionnaient enfin. Et c'est également dans l'optique d'une Communauté forte et efficce, que le Kazakhstan se renforce, comme seul capable, après le désistement de l'Ukraine, de garantir un certain multilatéralisme à un ensemble qui, sans lui, ne serait que celui de l'hégémonie russe.

                                                     Le Kazakhstan a donc un comportement autonome dans la succession soviétique (sans doute plus rigoureux et moins nationaliste que celui de la Russie, passant à Almaty pour "accapareuse", malgré de substantielles concessions de forme, à propos de la dette notamment) et sur la scène internationale. Un comportement orignal. Un comportement qui jusqu'à présent a été de nature à contribuer à l'ordre plutôt qu'au désordre - aussi bien en Asie centrale, que dans l'ancien ensemble soviétique.

                                               Pour se donner cette figure internationale et s'organiser intérieurement, le pays souffre d'handicaps et dispose d'avantages souvent ambivalents :
au nombre des facteurs limitants,
- son éloignement des principaux centres démograhiques, pôles de développement et grands marchés du monde (le Kazakhstan est la seule des quatre Républiques nucléaires de l'ancienne Union Soviétique, à ne pas avoir de frontières communes avec les cercles promis à une certaine intégration dans l'Union européenne, et n'est pas pour autant proche de centres asiatiques ou moyen-orientaux analogues)
- l'isolement culturel jusqu'à présent, l'absence de politique de cadres administratifs et militaires autochtones sous l'ancien régime et les successives improvisations actuelles, d'où la crise de l'éducation et la fuite des étudiants hors des débouchés classiques au profit du secteur spéculatif ou du commerce étranger ;
- l'absence de débouché sur la mer et la dépendance de toutes les formes de communications ;
- la dépendance des medias et des débats écrits ou audiovisuels ;
- l'absence de champ politique et d'institutions pour d'éventuels affrontements de fond,

mais au nombre des facteurs le mettant en valeur, le Kazakhstan bénéficie de
- la comparaison économique et politique avec les autres Républiques anciennement soviétiques et même la Russie : ambiance et réalité
- les potentiels hérités de l'URSS (base spatiale de Baïkonour au centre exact du pays et centre d'essais nucléaires, dit "polygone" de Semipalatinsk) et surtout les potentiels naturels, surtout ceux du sous-sol ([1]) ;
- la faiblesse relative de la population : environ 17 millions face aux 150 millions peuplant au nord la fédération de Russie et aux 22 millions formant au sud l'Ouzbékistan, mais mettant celle-ci en meilleure situation par rapport aux ressources du pays ;
- autosuffisance agricole
- urbanisation comparativement faible ([2]) ;
- unité linguistique de facto (au profit du russe)
- frontières denses seulement avec des voisins réputés plus faibles (ceux du Sud).

                                                           Le facteur le plus ambivalent pour le Kazakhstan réside dans la diversité extrême de ses populations : plus de 100 nationalités est-il répété ([3]). Pour l'essentiel, près de 40 % de Kazakhs, population d'origine, près de 38 % de Russes, et minorité tierce que l'on présente solidairement 10 % d'Allemands et d'Ukrainiens. Cette diversité est une faiblesse en ce qu'elle nuance la liberté de décision vis-à-vis de l'extérieur : l'amarrage à la Russie est autant humain que commercial et monétaire, mais c'est une force en ce qu'elle commande une tolérance réciproque des populations accompagnant substantiellement la prudence des gouvernants dans le rythme et l'étendue des réformes constitutionnelles et économiques.














                                                          





                     I - SITUATION POLITIQUE INTERIEURE AU KAZAKHSTAN




                                                          

                                                           La vie politique est difficile à analyser, faute que soient déjà nettes les structures - classiques ailleurs - de son animation. Toutes les institutions, sauf une Cour Constitutionnelle qui demeure très contestée, sont d'ancien régime, ainsi que la plupart des dirigeants nationaux et locaux, à commencer par le premier d'entre eux. L'habitude la plus forte reste celle de la peur ou du souvenir de la peur, et donc celle de l'abstention d'opposition, même si avec l'étranger les langues se délient assez volontiers, et même s'il est unanimement admis qu'il n'existe plus de prisonniers politiques ou d'intimidation directe des libres-penseurs ; aucun changement en termes de liberté politique quotidienne n'est encore crédible et les individualités ne se donnent pas beaucoup de chances ; la croyance générale est au truquage des prochaines élections, au maintien d'une classe de privilégiés par l'Etat qui ne trouverait sa concurrence que parmi les "nouveaux riches" lesquels sont souvent ses rejetons. Seule la crise économique ferait sortir, si elle s'aggravait encore, la population et même les responsables de seconde zone, d'un atavisme de consentement par abstention. L'irréversibilité des changements en politique semble d'autant plus douteuse encore que le cours économique, lui, semble refluer. La faconde, souvent méridionale, le sens de l'hospitalité, la curiosité relative pour le nouveau venu peuvent un temps masquer ce paysage qui demeure mentalement gris, et désabusé.

                                                           Dans ce contexte, le jeu des acteurs est caractérisé par une retenue générale qui ne tient pas seulement à l'absence de législation sur les mouvements politques, à leur non-représentation en tant que tels à la Chambre unique du Parlement maintenue par la nouvelle Constitution (adoptée le 28 Janvier 1993) jusqu'au terme d'un mandat donné sous l'ancien régime et selon les modalités et les moeurs électorales les plus orthodoxoes de l'époque... Cette retenue tient à un moratoire convenu spontanémement et tacitement entre les partis d'opposition qui pullulèrent (près de 40) à l'automne de 1991 et un pouvoir qui n'a pour le moment pas vraiment déçu. L'autodiscipline des mouvements politiques a plusieurs raisons :
            - une claire conscience de la plupart des politiques et responsables administratifs de la singularité et de la complexité des équilibres ethniques ; personne n'a la majorité absolue et la majorité relative kazakhe, si elle n'est guère contestée, est faible ; les partis à base mono-ethnique sont interdits ;
            - le souvenir des graves incidents de Décembre 1986 ayant mis aux prises la jeunesse estudiantine exclusivement kazakhe aux prises avec des forces de l'ordre exclusivement russes. Cette première manifestation ouverte d'un nationalisme kazakh en réponse au remplacement d'un relativement estimé Premier secrétaire du Parti communiste localement (M. KOUNAIEV, toujours en vie et de plus en plus respecté, avait été mis en place en 1960 et fut, avant l'indépendance, le seul Kazakh, hormis un bref intermède, à exercer cette responsabilité) fut aussi la première manifestation nationaliste dans toute l'Union Soviétique inaugurant sa perestroïka, mais elle ne mit en évidence ni bourreau ni nouveau chef. Sa valeur est aujourd'hui de dissuasion, autant pour ceux qui seraient, dans une nationalité ou dans une autre, tenté de fonder des partis sur la base ethnique, que pour ceux qu'attireraient la violence ;
            - la faible mobilisation d'une population qui n'est vraiment sensible qu'aux conséquences concrètes de la crise économique et aux questions écologiques et qui reste mentalement tributaire de contraintes ayant formé plusieurs générations au silence, à l'abstention, voire à la crainte. L'observation étant générale qu'il n'y a eu que peu de changements de groupes et d'individualités au pouvoir par rapport à la période précédente, empêche de croire au changement politique, tandis que la dégradation du climat économique - elle - est parfaitement perçue.

                        Trois partis seulement sont enregistrés au ministère de la Justice et légalement reconnus comme tels : le parti du Congrès du Peuple (en russe : Narodny Kongres), fondé par M. Oljas SOULEïMENOV - le Parti Socialiste, fondé en Mai 1992 et présidé depuis par M. Anouar ALIMJANOV - le Parti Républicain issu du mouvement "nationaliste kazakh" AZAT ("liberté" en langue kazakh) fondé en Juillet 1990 par M. Sabetkazy AKATAEV, puis successivement dirigé par M. ESSENALIEV, ancien ministre des Affaires Etrangères avant l'indépendance, et actuellement par le professeur de pédiâtrie, M. ORMANTAEV. Plus ou moins sucité par le Président de la République qui est intervenu à son congrès fondateur en Novembre 1992, l'Unité populaire (en russe : Narodnoïe Yedinstvo) n'a été pas encore été enregistrée et ne se considère actuellement que comme un "mouvement".
                        Un seul seulement a pu former un groupe parlementaire ; le Parti socialiste qui revendique ainsi 47 membres au Soviet suprême et l'adhésion du Premier Ministre en titre, de plusieurs ministres et de certains membres du secrétarat général de la Présidece de la République.
                        Tous ont du mal à se faire connaître, et surtout à s'implanter régionalement, faute de moyens audiovisuels ou de presse. Les grands tirages de celle-ci sont sous tutelle gouvernementale ([4]) et l'accès à la télévision est pratiquement refusé aux partis en tant que tels. Chacun est conscient de sa propre inexpérience politique autant que celle des autres, et les raisons sociales et les programmes nominaux des partis sont calqués les uns sur les autres... ce qui n'empêche pas les étiquettes abusives ou rapides ; le Parti socialiste doit ainsi se défendre d'être directement héritier de l'ancien parti unique (il est vrai qu'il ne compte pas plus de 50.000 adhérents ou sympathisants) et le mouvement AZAT d'être le successeur d'ALACH (mot ancien synonime de Kazakh), donc seulement soucieux de l'ethnie kazakh et de sa restauration, tandis que les structures de financement du mouvement anti-nucléaire de M. Oljas SOULEïMENOV font l'objet de vérifications plus politiques que comptables. Les modèles étrangers, en rédaction de Constitution, ou en protection des libertés publiques, sont invoqués mais peu sollicités et encore moins compris ni assimilés. La date du renouvellement du Parlement actuel est incertaine : et s'il existe une "table-ronde" des mouvements plitiques et syndicaux, dont les projets sont généralement écoutés du pouvoir, aucune tactique électorale ou constitution de bloc d'opposition n'est encore crédible. Et le débat est à peine engagé au bureau du Soviet suprême sur le mode de scrutin - majoritaire ou proportionnel - ou même sur le point de savoir si - calquant l'ancien régime - le Président de la République serait en droit de présenter une liste de quelques 135 membres. De justesse, la Constitution s'est retenue de prévoir un compte-rendu annuel d'activités et de financement que présenterait chaque parti au bureau du Soviet suprême. Mais la tendance à redouter des subventions étrangères risque, par des intrerdctions et des contrôles, de donner au seul parti de l'Etat en place les moyens de la propagande qu'il a déjà monopolisé de fait.

                        Le cadre institutionnel n'a changé que par l'apparence de novation constitutionnelle.
                        La révision de la Constitution socialiste soviétique de 1978, a été, pour l'observateur occidental, décevante. Les mutations, un moment attendues et d'avance très commentées localement, qu'auraient été le bicaméralisme pour représenter les dosages ethniques, ou une symétrie d'un droit présidentiel de dissolution et d'une procédure d'empêchement du Présdident par vote parlementaire, n'ont finalement pas été adoptées. La consultation des expériences étrangères, très vantée dans les medias et dans les discours de conclusion de l'exercice au Soviet suprême, s'est limitée à une lecture de la première mouture du projet par des juristes d'ambiance anglo-saxonne, des dispositons relatives aux droits de l'homme et à la propriété, et à l'audition très superficielle d'experts français pendant le voyage présidentiel à Paris, puis sur place à Almaty. Le texte, rédigé pour sa trame, par des assistants parlementaires, débattu par pétitions populaires à l'automne aptrès publication dans les journaux, a été d'autorité retouché en comité restreint que présidait le Chef de l'Etat, et animait la vice-présidente du Soviet (d'origine russe) du Parlement. Les débats en séances plénières et publiques ont été révélateurs du désordre dans la rédaction, mais aussi d'une démocratie très vivante dans une enceinte composée - dit-on - de plus d'un tiers de ministres, administrateurs de région et autres personnages nommés et censés dévoués au pouvoir actuel. C'est pourtant l'habitude ancienne qui a prévalu d'un régime où l'initiative est sans doute présidentielle (institution nouvelle depuis deux ans) encore plus que gouvernementale, mais où tout est à la ratification ou de l'assemblée unique ou de son bureau, voire de son seul Président (en place depuis dix-huit mois seulement à la suite d'une élection improvisée où il n'était pas le candidat de M. NAZARBAEV) qu'il s'agisse des textes ou des nominations. En fait, l'établissement a voulu faire acte de souveraineté juridique depuis l'indépendance, et en apporté le résultat textuel au plus vite ; les partis constitués hors du Parlement étaient d'un avis contraire et préféraient des discussions approfondies tant de la loi fondamentale que des lois électorales, sauf le Parti socialiste qui fu, comme le pouvoir, partisan d'une adoption très rapide de la nouvelle Constitution, et quasi-unanime .
                        En fait, le texte, s'il est nouveau par sa date et ses intitulés, de manière à manifester la souveraineté acquise, consacre, pour la période à courir d'ici les nouvelles élections parlementaires (automne de 1994 ? Février 1995 ?) les équilibres acquis depuis 1989. Le débat ne s'est cristallisé que sur le maintien ou non de la Cour constitutionnelle, créée par ordonnance en Juillet 1992, et d'abord en droit de se saisir proprio motu ou de juger sur requête directe d'un citoyen. La rédaction définitive fait ressembler cette institution décsiive pour l'état de droit au Conseil constitutionnel français. Mais cette novation est la seule ; le régime électoral reste celui de l'ancien régime (présentation des candidats par les associations et les entreprises), les partis politiques n'ont qu'un statut de droit commun, et protestent contre cette portion légale si congrue, ou arguent du moratoire accordé au Gouvernement au début de 1992 après leurs premières et nombreuses manifestations de 1990.1991 pour expliquer leur peu de vie ni dans la capitale ni dans les régions. Le système politique n'aura donc sa mûe que progressivement et seulement sous la prochaine législature, ce qui revient à prévoir une transition d'une dizaine d'années, coincidant d'ailleurs avec la durée constitutionnelle (en l'état nouveau des textes) des mandats quinquennaux du Président NAZARBAEV (rééligible une seule fois).

                                                           Dans de telles conditions, les clivages constatés, ou les fractures possibles ne peuvent être entre mouvements politiques, mais seulement - entre institutions : Soviet Suprême et Président de la République (chacun pouvant se prétendre au sommet d'une hiérarchie de pouvoirs central et locaux, les Gouverneurs étant surtout critiqués par l'absorption de fait qu'ils ont latitude de pratiquer vis-à-vis des Sovciets de régions et de districts) ; Cour suprême et Cour constitutionnelle ; banques commerciales et Banque centrale ;
          - entre classes sociales : l'enrichissement "sans cause", la nouvelle nomenklatura que risque d'incarner le mouvement dit d'Unité populaire ; les syndicats ne répondent pas de la sitation sociale : les grêves sont sauvages et sans autre objectif que d'obtenir le paiement des salaires, parfois suspendus depuis plusieurs mois, faute de liquidités, ou faute de réglements par des pays tiers de la CEI de leurs fournitures au Kazakhstan.
                        L'idée d'un clivage proprement ethnique peut séduire, mais elle manque de précédents au Kazakhstan et les répartitions géographiques et socio-économiques - autant que l'état actuel d'inorganisation des associations, des partis et des syndicats, voire des confessions religieuses - lui donnent peu de bases concrètes.

                                               Cette analyse contredit les lectures néocolonialistes d'un pays nouvellement indépendant et se répétant fort jeune. Les phénomènes de séparatisme ne sont à redouter que par contagion de dissolutions ou de désagrégation à l'extérieur du Kazakhstan ; ainsi la disolution de la fédération de Russie, la multiplication de micro-régions à apparence d'Etat pourrait susciter au Kazakhstan des apparitions de revendications locales jusqu'à présent indécelables. Ce qui constitue d'ailleurs un point d'entente entre les deux pays, mais sans doute un point de friction entre les du Chefs d'Etat, le Kazakhstan ne pouvant apprécier les promesses successives du Président ELTSINE aux Allemands, aux Tatars, aux "Cosaques".
                        Les ethnies ne sont que peu regroupées sur des bases géographiques et il serait impossible de redessiner les frontières suivant des majorités locales ; le Kazakhstan aurait à faire valoir, dans de telle éventualités une parfaite réciprocité de revendications vis-à-vis de la Chine ou pus encore de la Russie en volume de territoires et de populations. Plus que de conflits entre nationalités - dont l'entente, et même la reconnaissance, avec et envers les Kazakhs d'origine a été célébrée de toutes les manières pendant le premier anniversaire de l'indépendance, - la véritable crainte - démentant les assurances officielles sur les statistiques de migrations, leur non-signification, et la capacité du pays de se passer de certains cadres et main-d'oeuvres - est celle du départ massif des Allemands de très lointaine origine : agriculteurs, ouvriers spécialisés, bien plus que des Russes. Le solde migratoire de ceux-ci serait à peu près nul, et la situation en Russie paraissant généralement bien plus mauvaise qu'au Kazakhstan.

                                                           La dynamique entre les "nationalités" est à la résurrection d'une conscience proprement kazakhe, bien plus qu'à un débat sur la place de la commnauté russophone, laquelle n'a pas de parti en tant que telle. Contrairement aux Kazakhs, dont les plus engagés ou nostalgiques d'une renaissance surtout culturelle et linguistique auraient le mouvemnt AZAT en porte-parole, et qui ont tenu, au début d'Octobre 1992, un congrès de leur diaspora, ou à la minorité allemande qui dispose d'une section locale d'un ensemble fédérant toutes les souches de l'ancienne Union Soviétique. Il y a un silence. Il y a d'évidents dosages au Gouvernement, des doublures opportunes dans certains ministères. La seule décoration actuellement créée et rarement conférée a trait à l'action en faveur de l'entente des nationalités. Il y a eu des points de fixation, notamment sur la langue. Les projets constitutionnels ont changé plusieurs fois du 5 Juin 1992 au 28 Janvier 1993, tranchant finalement pour une seule langue officielle, mais laissant au russe la reconnaissance pratique de son rôle inter-ethnique : " Dans la République du Kazakhstan, la langue officielle est la langue kazakhe. La langue russe est la langue de communication inter-ethnique. L'Etat garantit l'usage de la langue de communication inter-ethnique et des autres langues, et veille à leur libre développement. Est prohibée toute limitation de droits ou de libertés pour défaut de la pratique de la lange officielle ou de la langue de communication inter-ethnique. " Les discriminations religieuses ou culturelles ou ethniques sont prohibées, et en principe Russes et Kazakhs ne peuvent, dans aucun des deux pays, se targuer d'une structure d'Etat tiers pour les protéger ou représenter. Ce qu'a prévu très explicitement le traité du 25 Mai 1992.
                        La Constitution dispose que " la République du Kazakhstan est la forme étatique de la nation kazakhe auto-déterminée " - réplique, dans la forme, aux pétitions soviétiques d'un " rattachement volontaire " du Kazakhstan à la Russie depuis 1694... mais " la seule source du pouvoir d'Etat dans la République " est " le peuple du Kazakhstan ". Il y a l'apparence d'une forte remontée kazahe dans la façade d'Etat, mais qui peut aussi être considérée comme un rattrapage d'une politique de soixante-dix ans ayant consisté à refuser la formation de militaires ou de politiques de haut niveau, (l'école du Comité central du Parti communiste local ne s'ouvrit qu'en 1946 ; quant à la possibilité d'étudier en langue kazakhe les oeuvres de LENINE... elle ne s'ouvrit que par la laborieuse traduction de 1946 à 1954 des 35 volumes usuels). Mais il n'y a pas de revanche des purges et massacres des années 1930 frappant presqu'exclusivement les Kazakhs et leur mouvement ALLACH, et l'on s'est bien gardé jusqu'à présent - sauf une saisine de la Cour Constitutionnelle - de dégager la responsablité des événements de 1986. Le fait enfin qu'aucune des deux nationalités principales ne soit vraiment pratiquante d'une religion qui accentuerait les oppositions, aide à une concorde civile qu'aucune mixité, sauf rarissimes exceptions, ne rend cependant vraiment chaleureuse.

                                                           Le risque est une atomisation, une déstructuration de la société - à l'image de l'urbanisme courant - une atonie de l'identité de chacun des groupes - une recherche un peu artificelle des thèmes " idéologiques " pouvant constituer le nouveau pays - des initiatives sans lien (parution d'un manuel d'histoire kazahe peu scientifique, décret lettre morte aussitôt d'une latinisation de l'écriture du kazakh) - un manque d'exutoire des frustations, d'autant que la langue décrétée officielle a peu de chances de vraiment progresser dans la pratique quotidienne. On estime souvent que seuls 30 % au grand maximum des Kazakhs parleraient encore leur langue.

                        Les palliatifs n'apparaissent pas clairement : absence d'une culture politique réelle ; début seulement mercantile ou financier de la culture économique des dirigeants ; refus pour cause d'efficacité, de transition, ou d'urgence de tout débat au fond sur les institutions, sur les orientations stratégiques. Les questions les plus actuelles : monnaie nationale, intangibilité des frontières ne sont traitées qu'incidemment et par la bande. Les débats restent très codifiés par les anciennes habitudes : polémiques de presse, rumeurs, analyses orales en situation de n'être pas entendu. L'avantage immédiat est une collégialité plus grande qu'il n'y paraît - la recherche permanente du consensus - la diminution de l'attrait exercé par les conseillers et les modèles étrangers.
                       



                                                                      

                                                II - SITUATION ECONOMIQUE







                                                           A considérer la rapide dégradation des paramètres macro-économiques : inflation, baisse de la production, le risque de ce pays, qui n'est pas politique ni religieux, semble économique et social.

                        Les origines de la crise économique actuelle sont discutés en termes de décalage chronologique et d'enchainement avec la crise politique et financière russe, en termes régionaux aussi. Cette discussion sans bases autre qu'une expérience de quelques mois ou l'observation superficielle du comportement des voisins, a cependant conduit à une succession relativement rapide de politiques économiques, à Almaty et de la part personnelle du Président NAZARBAEV. Sans compter celui de 1990 pour la " stabilisation de l'économie et la transition vers l'économie de marché ", on peut déjà en énumérer quatre, depuis l'indépendance.
            - un exposé de " la stratégie de développement et de renouveau du Kazakhstan en tant qu'Etat souverain " publié le 16 Mai 1992. Cette stratégie prévoyait des zones de développement à Pavlodar et à Almaty, des "technopoles internationales" à Semipalatinsk, à Baïkonour, des centres d'innovation à Karaganda, Oust-Kamenorgosk, Akmola et Atrao, mais surtout la privatisation des petites et moyennes enteprises de 1992 à 1995 et une diminution à 30 ou 40 % seulement de la propriété d'Etat dans le secteur productif. Dans une seconde étape, de 1995 à 2005, on se consacrerait au réseau des transports et de télécommunications. Et ce n'est qu'à partir d'une troisième : 2005.2012 que la crise enfin résolue, la question d'émettre une monnaie ntionale se poserait...
            - un programme anti-crise défendu par le Présdent NAZARBAEV devant le Soviet suprême le 18 Janvier 1993, assorti d'un remaniement ministériel profond et de l'institution de nombreuses instances de contrôle ou de concertation ;
            - un programme de mesures urgentes pour l'approfondissement des réformes socio-économiques pour la période de stabilisation de l'économie et la transition vers l'économie de marché " publié le 8 Avril 1993, et visant surtout à compenser les baisses de pouvoir d'achat des particuliers et du budget de l'Etat ;
            - une reprise en mains le 21 Juin 1993 des lacunes d'exécution du plan précédent ([5]).  
                        Cette rapide succession de même que la multiplication d'institutions nouvelles de concertation, de décisions et de contrôle ne font guère illusion sur la faiblesse des moyens propres au Gouvernement actuel pour remédier, à court terme, à la crise ; les instruments sont trop peu nombreux, les structures de trois quarts de siècle de colonisation russe et d'absence de toute initiative individuelle autre que de spéculation sont trop enracinées localement pour que les catéchismes libéraux ou les reprises planistes signifient pratiquement grand chose. Seul le régime de l'investissement étranger, et la part que celui-ci doit prendre dans la mutaion et l'ouverture du pays sont significatifs. Le fait est, qu'excepté le secteur pétrolier, le Kazakhstan n'est pas encore parvenu à confirmer toutes les intuitions et tous les paris qui se fondent sur sa stabilité et la supputation des potentiels du sous-sol. Autant le Gouvernement, dans sa relation le monde non soviétique, donne le sentiment d'avoir le temps pour lui, autant en matière monétaire ou agricole, chaque mois semble maintenant accentuer la nervosité. Le risque est donc bien là. Conjoncturel et structurel.

                                               Lors de son indépendance, le pays pouvait se considérer comme une colonie d'exploitation. les matières premières ou les produits de première transformation représentent l'essentiel de ses exportations (le pétrole, les produits pétroliers, les minerais de métaux et les métaux constituent les deux tiers des exportations du Kazakhstan vers les pays tiers) et les produits manufacturés l'essentiel de ses importations. Cette structure traduit en particulier l'intégration étroite de l'économie du Kazakhstan et celle de la Russie qu'à l'automne dernier, le Président NAZARBAEV illustrait ainsi : " Le combinat métallurgique de Magnitogorsk (dans l'Oural), qui fonctionne exclusivement grâce aux matières premières produites par le combinat minier de Sokolo-Sarbaï et au charbon de Karaganda, doit à ce jour 6 milliards de roubles au combinat minier de Sokolo-Sarbaï. Mais si nous interrompions les livraisons, nous nous priverions aussi de métal. Il en va de même pour le bassin minier d'Ekibastouz auquel 110 centrales électriques de Russie doivent au total une somme équivalente. Si Ekibastouz interrompait ses livraisons, la fréquence d'électricité baisserait de 2 hertz à l'échelle de l'ensemble de la CEI et l'ensemble du réseau électrique serait en péril."
                        Or, cette intégration a été aussitôt mise en cause : les échanges prévus par les accords bilatéraux, entre les Républiques ex-soviétiques ne sont plus que partiellement exécutés: ainsi par exemple, en 1992 le Kazakhstan n'a reçu que 37% du sucre, 57% du poisson, 60% de l'huile alimentaire qui devaient lui être livrés par les autres Etats membres de la Communauté des Etats Iindépendants ([6]).

                                                           L'évolution des relations économiques entre le Kazakhstan et la Russie est dominée par un effet de puissance qu'exercerait la Russie dans son seul intérêt et dont la perversité, selon Almaty, expliquerait l'essentiel des trois principales lacunes du pays. Le Kazakhstan n'est débiteur net que de la Russie (150 milliards de roubles, l'endettement brut étant le double) et ses créances sur celle-ci sont irrecouvrables (celles de l'Alembank sur la Banque du commerce extérieur soviétique) ou au titre des actifs de l'ancienne Union, depuis que toutes les Républiques successeurs se sont provisoirement accordées pour laisser à la Russie seule le soin de répondre de la dette. Le Kazakhtan reconnaît que sa participation à celle-ci est de 3,8 % ; sa masse monétaire ne représenterait pas 5 % de la circulation totale du rouble, dans l'espace qui continue de s'en réclamer.
                        La dépendance est pourtant réciproque ([7]): 40 % des consommations intermédiaires de l'industrie russe seraient des matières premières du Kazakhstan ; le marché russe est vital pour le Kazakhstan, puisqu'il absorbe - en temps normal... - toutes les ventes de produits ferreux, de chrome, d'alumine, 95 % de celles en plomb, 75 % en cuivre raffiné, 65 % en zinc et fer-blanc, 80 % du pétrole. Mais la dépendance kazakhstanaise est davantage à l'importation : plus de 60 % (la Russie est le principal fournisseur du Kazakhstan en pétrole, soude caustique et calcique, produits laminés, tubes d'acier, essence, pneumatiques, bois, véhicules de transports et de tourisme, outils et machines agricoles) qu'à l'exportation ; le marché russe (36,3 %) représente sensiblement moins et celui de l'Ouzbékistan n'est pas négligeable (23,8 %). La situation actuelle est surtout grave en ce que les paiements entre entreprises (mais non les fournitures) sont suspendus : le combinat métallurgique de Magnitogorsk en Oural devait au combinat minier de Sokolo-Sarbaï et au complexe charbonnier de Karaganda plus de 6 milliards de roubles en Novembre 1992 ; en Juin 1993, les mines d'Ekibastouz attendent toujours 22 milliards de roubles. La Russie est en train de retenir plus de 2 millions de tonnes de céréales sur la récolte en cours au Kazakshtan, mais lui doit toujours 9 milliards de roubles au titre de elle de 1992.
                        A cette quotidienne et vive tension depuis l'indépendance et l'affaiblissement des liens internes des anciens pays du CAEM, s'ajoute du côté kazaknstanais le grief essentiel que le régime soviétique maintint le pays sans capacités ni industrie appréciable de transformation : ainsi 94,6 % des ventes du Kazakhstan demeuraient-elles au premier trimestre de 1993, composées de matières premières.

                        1° l'inflation et le manque de liquidités

                        L'inflation au Kazakhstan est l'une des plus importantes de l'ancienne Union Soviétique. La Banque centrale prévoyait pour le premier semestre de 1993 une multiplication par 4 des prix à la consommation ; ils avaient déjà augmenté de 8 fois à la fin d'Avril. L'évolution s'est particulièrement dessinée à partir du printemps de 1992 : les prix de gros, pour l'ensemble de l'année, ont augmenté de 2.470 % (contre 300 en 1991) ; les tarifs de fret de 2.000 % en moyenne (2.600 pour le transport ferroviaire et 2.800 pour le transport aérien), pour les voyageurs de 580 % par chemin de fer et de 2.000 % par avion. Les denrées alimentaires plus encore : le sucre 5.700, l'huile 4.000 %, les fromages 3.800 %, la farine 3.000 %, la viande 2.100 %, le pain 1.400 %.
                        Selon les autorités locales à l'automne de 1992, les princpaux facteurs inflationnistes étaient pour l'année alors en cours l'augmentation des prix énergétiques (électricité + 4.820 %, le charbon + 3.960 %, le pétrole + 4.080 %, le gaz + 5.100 %) mais surtout l'indexation des salaires et l'augmenttion de la masse salariale (respectivement de 1.000 et 1.400 %). A ce discours, en succèda un autre, en Janvier 1993, celui du Président NAZARBAERV commentant son plan anti-crise devant le Soviet suprême : " Comme on le sait, depuis le début de l'année 1992, le gouvernement du Kazakhstan a dû adopter les règles du jeu dictées par la Russie. Ses deux gouvernements successifs ont parié simultanément sur la lbéralisation économique et sur la stabilisation des prix. L'expérience nous montre qu'il est impossible d'atteindre ces deux objectifs à court terme (...). Il n'y aura pas de souveraineté nationale,si le Kazakhstan n'est pas économiquement autonome vis-à-vis de ses voisins ".

                        Le premier trimestre de 1993 ne corrige pas la tendance, qui a vu se poursuivre la chute globale de la production : 14,5 % par rapport à la même période de 1992 ; le revenu national a diminué de 16,3 %. Le rythme de la construction a baissé de 26 %. Les entreprises doivent donc aux banques plus de 600 milliards de roubles, et se doivent entre elles 203 milliards.
                        Le ralentissement de la production industrielle se poursuit et se traduit surtout par l'accroissement du déficit comptable - on ne ferme pas les grandes entreprises - En matière énergétique, l'extraction de charbon s'est réduite de 6,6 %, la production de pétrole de 11,5 %, la production agricole de son côté a diminué de 13 %, tenant compte de la réduction du nombre de tête de bétail. Les ventes de viande et de lait ont baissé de 20 %, celles d'oeufs de 4 %.
                        L'émission de monnaie a atteint 123 milliards de roubles, soit 19 fois le montant du premier trimestre 1992. Les prix de gros industriels ont augmenté de 250 % depuis la fin de 1992 et 6.300 % depuis le début de 1992.
                        Les conséquences sociales sont évidentes : le niveau de vie de la population baisse ; le revenu national était peut-être à la fin de 1992 en augmentation nominale de 670 % par rapport à 1991, mais il avait diminué de 40 % en termes réels. A prix constant, le chiffre d'affaires du commerce de détail avait diminué de 39 %. Rapportés aux prix, les salaires n'augmentent que deux fois moins vite : le salaire mensuel minimum vient de passer à 4 500 roubles, soit l'équivalent de 2 kgs de viande au marché...
                        Quoique tenue pour responsable de l'accélération de l'inflation, la création monétaire a été nettement insuffisante. Les trois quarts de la masse salariale étant encore réglée en espèces, le président de la Banque centrale a pu rapporter au Soviet suprême, en Février 1993 que le Kazakhstan " doit choisir entre deux maux, la création monétaire ou la paralysie totale de l'économie ". Pour remédier à cette pénurie, le Gouvernement avait pris des dispositions contradictoires en 1992 ; il plafonna d'abord les retraits de numéraire aurès des banques (par décret de Février 1992, il fut notamment interdit à tout particulier dont le salaire mensuel excédait 2.000 roubles alors d'en retirer plus du tiers en espèces, ce qui fut rapporté en Octobre) puis, sous la pression populaire et conformément à un arrêt de la Cour Constitutionnelle, il tenta d'obliger les banques, moyenant pénalités, à exécuter au plus vite les ordres des particuliers comme des entreprises. Les dispositions pertinentes de la loi sur la défense et le développement de l'entreprise privée ont vu cependant leur application, prévu pour le 1° Janvier 1993, reporté au 1° Janvier 1994.
                        Dans le domaine monétaire, le Kazakhstan reste en effet dépendnt du monopole russe d'émission des signes et liquidités et l'endettement net du pays vis-à-vis de la Russie était de quelques 150 milliards de roubles à la fin de 1992 (300 milliards en endettement brut). Les règlements par chèque des particuliers se sont élevés à 57 milliards de roubles en 1992 contre un milliard seulement en 1991, ce qui contribuerait pour un tiers à la formation de la masse monétaire du Kazakhstan.


                        2° la faiblesse des institutions
           
                        A l'évidence, l'informatisation du système bancaire (réseau de la Banque centrale et réseau des banques commerciales, cartes de crédit) remédierait techniquement à une partie de ces maux, mais la gestation de l'ensemble du système, quoique zélée par le Fonds monétaire international avec le concours d'experts autrichien et français, est lente.
                        En 1992, le contrôle de la Banque centrale sur les banques commerciales (continuant d'y entretenir les comptes-mêmes de leurs clients, suivant l'ancien régime soviétique) avait été formellement confirmé (respect notamment d'un ratio encours de crédits ondérés sur fonds propres de 20 au maximum - allocation de crédits dont le taux au banques commerciales passa de 12 à 65 % dans l'année), mais ne s'était pas, faute de moyens matériels, concrétisé. Surtout sa responsabilité dans la gestion des réserves de change de l'Etat est restée contestée par les banques commerciales, ntoamment l'Alembank qui a eu les moyens de fonder une filiale à Francfort en Novembre 1992. Cet établissement a continuer de bénéficier de la loi du 13 Juin 1991, encore en vigueur, sur la politique de change et, comme ancienne succursale locale de Vnechekonombank (Banque du Commerce extérieur de l'Union Soviétique), d'être chargée de la gestion de la dtte extérieur et des règlements en devises, de l'ouverture des lignes de crédit avec les Gouvernements étrangers et de la garantie pour le compte de l'Etat des opérations de commerce extérieur. La mise en cause de ces prérogatives ne s'est pas faite entièrement au profit de la Banque centrale mais de la Banque Turan (assumant désormais 25 % des réglements en devises du Kazakhstan au regard des 67 % de l'Alembank), admise à gérer certaines de lignes de crédit étranger, tandis que 13 autres banques cmmerciales ont été autorisées à régler directement à l'étranger en devises.
                        Les banques commerciales font, elles aussi, l'objet de vives critiques. Au nombre de 156, selon leur enregistrement, deux d'entre seulement ont un capital supérieur à 5 milliards de roubles et elles se consacrent davantage aux opérations courantes qu'aux investissements productifs : les crédits à long terme, n'auraient constitué que 7 % en 1992 des crédits à l'économie ! Surtout, elles sont le principal foyer des délits économiques et de la corruption.
                        Selon le parquet de la République, il a été exporté en 1992 et en contravention de la loi (c'est-à-dire le plus souvent sans déclaration de douane)notamment :
            -  23 000 tonnes de zinc (soit un tiers des exportations légales)
            -  70 000 tonnes de cuivre (soit deux tiers des exportations légales)
            - 212 000 tonnes de ferro-alliage (soit 130 % des exportations légales)
            -  74 000 tonnes de laminés non ferreux
            - 525 000 tonnes de carburant diesel
            -  56 000 tonnes d'engrais minéraux
            - 500 000 unités de peaux brutes
D'importantes livraisons de matériaux de construction ont été faites à destination de la Russie sans autorisation, et de nombreuses instructions juridiciaires sont en cours pour utilisation de licences d'exportation non légales.
                        La frontière entre la Russie et le Kazakhstan n'existant pas encore concrètement, au moins du côté kazakhstanais ([8]) et malgré l'établissement de principe de frontières douanières à compter du 1° Mars 1993, il est évidemment facile de faire sortir illégalement de nombreux produits, évitant ainsi de payer les impôts et taxes sur les exportations.



                        3° la question d'une monnaie nationale

                        La question se pose essentiellement du fait de la pratique russe, bloquant les paiements entre entreprises, n'assurant pas les liquidités et surtout se refusant à une gestion réellement concertée de la zone rouble ; la Banque inter-Etats dont la création a été convenue au sommet de Minsk le ne fonctionne toujours pas.
                                  
                                                           Le Kazakhstan a cependant une situation en devises très vulnérable à court et à moyen terme.
                        Doté de très importantes réserves d'or (les troisièmes de l'ex-Union Soviétique), le Kazakshtan peut escompter produire de 60 à 80 tonnes par an d'ici dix ans. De même, une projection des recettes en devises qu'apporterait une production annuelle de pétrole de l'ordre de 65 millions de tonnes d'ici quinze ans, rapportée à la consommation locale, avoisinerait 4 miliards de dollars par an. A terme, le pays aura donc une balance des paiements satisfaisante. Mais dans l'immédiat, on est très éloigné d'un tel compte.
                        Les réserves actuelles de change sont très faibles. De l'ordre de 300 millions de dollars à la fin de 1992. Les réserves métalliques n'ont commencé de se constituer en or qu'à l'automne de 1992 avec la mise en foncteionnement de la première unité de raffinage au Kazakhstan, puis la création, le 21 Janvier 1993 d'une société Altynalmas, chargée de la formation des réserves en or et en argent du pays. Dans les dix ns, une production a nnuelle de 60 à 80 tonnes serait escomptée. Une loi du 3 Avril a organisé le stock d'or et de diamants. Les réserves en argent (près de 20 tonnes, est-il parfois dit) ont été vendues pour 27 % d'entre elles en 1992. Mais surtout une part importante des recettes potentielles de l'Etat en devises lui échappe. L'impôt sur les exportations, dont le taux myen était en 1992 de 40 puis de 60 %, n'a fourni que 151 millions de dollars sur un chiffre d'affaires total présumé de 1,5 milliards. Ce prélèvement fiscal a été remplacé par un prélèvement douanier et les exportateurs sont maintenant tenus de domicilier 20 % de leurs recettes à la Banque centrale. A la même époque en effet, les recettes en devises déposées en banque ne dépassaient pas 800 millions.
                        En regard les lignes de crédit de pays tiers sont peu nombreuses et de montant faible : 600 millions DM.- de la part de l'Allemagne, 200 millions US $ de la Turquie, 70 millions US $ d'Oman, 20 millions US $ du Canada, chacune finançant des équipements locaux ou favorisant l'obtention de contrats de nationux d'origine. L'Union Européenne a accordé 25 millions d'ECU pour des importations de médcaments et l'ssistance technique en 1993 engage 18 millions d'ECU. Ni la BERD, ni la Banque mondiale, ni le Fonds monétaire ne se sont encore localement engagés. Ces dernières institutions estiment le besoin de financement extérieur de l'économie locale à près de 500 millions de dollars d'ici la fin du premier semestre de 1993. .
                        Au début de l'année 1992, les autorités escomptaient 3 milliards de dollars de recettes à l'exportation. Mais à la fin de l'année dernière, les échanges avec les pays tiers n'avaient dégagé en faveur du Kazakhstan qu'un solde net d'un milliard de dollars très insuffisant, compte tenu de l'ampleur des investissements étrangers productifs et d'infrastructures indispensables au développement de son économie.
                        Le commerce du Kazakhstan, en dehors de la Communauté des Etats Indépendants, est dirigé vers l'Europe, à 62 %, pour les exportations et les importations sont en provenance d'Asie, à 50 % de Chine. Pour mémoire, la France n'est que le 20ème partenaire du Kazakhstan à l'exportation et le 14ème à l'importation. ([9]) ([10])

                                                           L'état d'avancement des réformes ne peut être apprécié qu'en fonction de ces difficultés conjoncturelles, lesquelles ont amené le Président NAZARBAEV à décider un net changement de cours et à parer au plus pressé, depuis le début de cette année.

                        1° un net tempérament de l'option libérale affirmée dès l'indépendance. Certes, on ne revient pas sur la liberté des prix et des salaires consacrée en principe au début de Janvier 1993, mais les programmes de privatisations suivant une première législation pendant toute l'année 1992 ont été tempérés par des dispositions constitutionnelles et des orientations mûries par une expérience dont le bilan est constamment fait. Un nouveau programme dit programme national de désétatisation et de privatisation, publié le 5 Mars 1993, prévoit trois étapes distinguant l'habitat particulier, le domaine industriel et le domaine agricole ; le système des coupons et celui des actions est soigneusement défini ; des comités régionaux gèrent les privatisations dont l'objet industriel ou agricole n'est distingué que suivant le nombre de travailleurs (moins de 500, de 500 à 5.000 et plus de 5.000). Des organismes ad hoc pour la planification ou pour l'évaluation des réformes ont été créés au début de Janvier 1993. L'ensemble des ces politiques a fait l'objet d'appréciations favorables du Fonds monétaire international au début de Décembre 1992, mais celles-ci n'ont pas été ratifiées par la réunion du groupe consultatif à Paris. La redéfinition du rôle de la Banque centrale (allégée de ses compétences en matière de budget et de trésorerie de l'Etat, et des pratiques soviétiques de suivi des comptes commerciaux) a été aussi laborieuse, qui conditionne l'appui international du Fonds. Ainsi l'économie du Kazakhstan est-elle contrainte à un certain repliement, qui est réaliste.

                        2° renforcement du contrôle de l'Etat sur les circuits du commerce extérieur, notamment par l'exigence de licence pour l'exportation et les compensations, et une partie des importations ([11]), mais en même temps suppression des écrans entre le Gouvernement et les unités de production : les centrales d'achats, jusques là démembrement des administrations, ont été dotées en Décembre 1992 de l'autonomie.
                  La dérégulation du commerce extérieur avait d'abord été telle qu'en 1992, les grands groupes industriels exportateurs de matières premières réalisaient un volume d'affaires supérieur à celui de l'Etat dans certains secteurs qui relèven en principe de sa compétence. Par exemple l'importation de médicaments ou d'équipements médicaux : en 1992 le Gouvernement importait pour 20 millions de dollars de médicaments alors qu'il avait initialement prévu d'en importer pour 160 millions tandis que les exportateurs de matières premières en importaient pour 30 à 40 millions. En fait,l'essentiel des exportations vers les pays tiers est assuré par les producteurs de matières premières lesquels sont enclins à déposer leurs recettes en devises sur des comptes bancaires "off shore" (ce qui leur est formellement interdit sauf autorisation expresse de la Banque centrale) ou à financer par leurs exportations, des importations de biens de consommation au bénéfice exclusif des régions dont ils assurent le développement économique et non pas au bénéfice du pays tout entier. L'Etat avait ainsi perdu non seulement des recettes, mais tout moyen d'une politique de commerce  extérieur et de constitution de réserves de devises.
                        Sont donc visés :
- les marchés de compensation qui représentaient en 1992 près des deux cinquièmes des exportations vers les pays tiers et constituaient aux yeux des autorités la principale source d'évasion fiscale par bradage des matières premières et leur échange contre des biens de consommation de préférence aux investissements productifs ou d'infrastructure. Un arrêté du Premier Ministre en date du 29 Juillet 1992, centralise à l'autorisation de ce dernier la délivrance des licences nécessaires à la réalisation de ce type d'opérations, et à la seeule demande des autorités locales. Les marchés de compensation sont, depuis le 1er Septembre 1992, soumis à l'impôt sur les exportations et 50% de la valeur des matières premières exportées dans le cadre de marché de tels marchés doit financer l'importation d'équipements, de technologies, de petites unités de production, et des pièces détachées qui sont nécessaires à leur fonctionnement ;
- les contrevenants à la réglementation sur les transferts de capitaux : le directeur du combinat de cuivre de Balkhash a récemment été limogé, en Janvier 1993, au motif que sa société détenait 7 millions de dollars sur des comptes bancaires off shore sans autorisation de la Banque centrale.
                        tandis que se mettent en place
- la réforme du système de licences et de quotas d'importation et d'exportation en vertu d'un décret du 15 Février 1993 qui retire aux centrales d'achat les licences et quotas d'exportation qui leur étaient précédemment attribués et les attribue désormais exclusivement aux producteurs de matières premières afin de donner à l'Etat une connaissance plus précise et un contrôle plus étroit sur les exportations de matières premières qui constituent la principale source de recettes en devises.
- l'établissement progressif d'un système douanier : des tarifs provisoires à l'importation par décret présidentiel en date du 28 novembre 1992, puis en remplacement de l'impôt sur les exportations en vigueur en 1992 et dont le taux moyen avait été ramené en cours d'exercice de 40% à 20%, les tarifs à l'exportation Enfin, à compter du 1er Mars 1993, s'érigent des frontières douanières avec les Etat voisins de la Communauté des Etats Indépendants à commencer par la Russie.

                                               Ainsi, la politique économique du Kazakhstan se trouve-t-elle, actuellement et quoi qu'elle en ait, en contradiction avec la plupart de ses objectifs de l'an dernier :
- le message gouvernemental sur la place locale de l'entreprise privée et de l'investissement étranger est maintenant brouillé ;
- la reprise en mains du commerce extérieur et la pétition de planification s'accorde peu avcec la transition vers l'économie de marché et la libéralisation des relations avec le reste du monde ;
- la mise en place des frontières douanières et l'éventuelle émission d'une monnaie nationale consacrent une nouvelle étape du démantèlement de l'ancienne Unon Soviétique et des intégrations socio-économiques qu'elle avait si longtemps fait prévaloir.           
                        Ni les agents économiques, retenus dans leur tropisme libéral, sinon spéculatif, ni la population dépaysée aussi bien par rapport à l'ancien cours communiste que par rapport aux proclamations de l'an dernier, ne peuvent s'orienter.


                                                                      



                                                                      

                                                                            































                                        III  -  QUESTIONS INTERNATIONALES




                                                           La première tâche de la diplomatie du Kazakhstan continue d'être la tentative - économiquement indispensable - de rétablir autant de liens que possible à l'intérieur de la Communauté des Etats Indépendants.

                                                           L'étude des situations diplomatiques et internationales du Kazakhstan peut montrer, si elle est menée pour elle-même, la vigueur d'un dessein, conduit avec très peu de moyens humains et dans des directions où très vite manquent l'espace, les partenaires et la rencontre d'une certaine réciprocité : elle fera l'objet d'une analyse particulière, dont la dialectique est la suivante.

                        - le sauvetage des solidarités au sein de la  Communauté des Etats indépendants a jusqu'à présent passé bien avant le souci d'insertion internationale ([12]) (la référence française dans la construction européenne depuis l'origine et notamment depuis les négociations de l'Acte unique, uis du traité de Maastricht, est fréquemment et explicitement articulée par le Président NAZARBAEV) mais cette priorité est très positive pour la communauté internationale et pour la région. De ces instruments de solidarités ou de relations, le Kazakhstan est le partisan constant et la plupart des rencontres gouvernementales ou au sommet, depuis celui d'Almaty à la fin de l'Union Soviétique et de 1991, ont en général travaillé suivant les ordres du jour que proposait son Président. La position intermédiaire ce de dernier - en poids spécifique et en visée nationale - entre la Russie et l'Ukraine, n'a cependant pas conduit à l'instauration de véritables relations particulières entre Kiev et Almaty. Il est vrai que l'Ukraine ne représente que 7 % du commerce extérieur kazakhstanais.
                        La tentative de diversifier les relations avec les pays tiers s'est concrétisée par l'étblissement des relations diplomatiques avec une trentaine d'Etat, des voyages du Présient NAZARBAEV en Europe occidentale et au Proche-Orient à plusieurs reprises (France-Allemagne en Septembre 1992 - Communauté Europeénne, Alliance atlantique, Autriche en Janvier 1993 - Turquie, Iran, Egypte au printemps - Espagne en Septembre 1993). Mais l'analyse des conditions pratiques des échanges économiques, à plus court terme que la propension des étrangers à investir au Kazakhstn, a conduit pendant le premier semestre de 1993 à tenter de rétablir bilatéralement une partie des liens multilatéraux qui réglaient naguère le CAEM.
                        Ainsi ont été signés, par le Premier Ministre TERETCHENKO en Février 1993, des accords de coopération économique avec la Hongrie (fourniture au Kazakhstan d'équipements pour l'industrie agro-alimentaire (conditionnement) et la production agricole (de maïs en particulier, dont il eera en sus fourni 200.000 tonnes dans l'année), projets d'assemblage local d'autobus Ikarus) et la Bulgarie (fourniture au Kazakhstan de matériel électrique, d'élévation, des équipements pour l'industrie agro-alimentaire contre du pétrole, du coton, de la laine, du fer) ; avec ces deux pays seraient consttiuées des sociétés d'économie mixte, prcédure jusqu'ici décevantes pour les partenaires d'économie libérale comme la Turquie et l'Italie. Avec la plupart des Républiques du Caucase, de l'Asie centrale, ainsi qu'avec la Biélorusie, l'Ukraine, et la Moldavie, ont été organisés les échanges pour 1993 et signés à Almaty, des accords de compensation et de paiements - dans le seul printemps dernier.

                        - le tête-à-tête de fait avec la Russie est marqué du côté d'Almaty par une grande sérénité et un souci des réalités pratiques autant que de l'inéluctabilité d'une construction de "type Union Européenne" qui réunira (à nouveau ?) les Républiques de l'ancienne Union Soviétique ; les thèses annexionnistes d'Alexandre SOLJENITSINE, d'Anatoly SOBTCHAK, de Gavriil POPOV sur le nord du pays n'ont provoqué aucun commentaire au Kazakhstan ; on y est cependant sensible au traitement de la minorité kazakh en Russie, et on relève qu'elle n'est favorisée ni économiquement ni culturellement, et est dépourvue d'écoles propres, mais on ne fait aucun parallèle avec la composante russe de la population du Kazakhstan. Les rencontres sont surtout entre les Premiers Ministres et les Chefs d'Etat, ou au niveau des Gouverneurs des régions frontalières, ou encore des ministres de l'Intérieur ; ensemble, elles aboutissent un rythme au moins mensuel d'échanges de vues, qui cependant n'ont permis d'aboutir à aucun des résultats souhaités explicitement par le Kazakhstan :
- obtention de la garantie nucléaire de la Russie,
- reconnaissance d'Etat par la Russie des dettes de ses entreprises,
- fourniture d'espèces monétaires en quantité suffisante,
- et surtout l'adoption de mesures efficaces pour le fonctionnement de la Communauté des Etats indépendants.
                        La politique intérieure de la Russie est suivie d'autant plus attentivement que dès l'élection du Président ELTSINE au suffrage universel le 12 Juin 1991 (celle du Président NAZARBAEV n'eut lieu que six mois plus tard et après le "coup" d'Août), l'opinion kazakhstanaise s'était montrée réservée sur sa personnalité. Le Président NAZARBAEV pratique cependant une politique qui n'est que d'Etat à Etat, soutenant internationalement (auprès des Etats-Unis, de la France et de l'Allemagne notamment) les demandes russes de rééchelonnement de la dette ou de concours à l'économie domestique ;

                        - les délégations à la Russie et leurs limites (dette, stratégie, spatial)feront également l'objet d'un examen particulier, car elles sont actuellement, chacune, en crise, faute que les aplications du traité du 25 Mai 1992, le fonctionnement concret du "cosmodrome" de Baïkonour, et la définition d'une doctrine de garantie nucléaire aient été délibérés sans atermoiements et dans des cadres qui pouvaient n'être pas toujours bilatéraux ;

                        - les initiatives propres au Kazakhstan et généralement relatives aux " mesures de confiance en Asie " n'ont jusqu'à présent eu que peu d'effets : les médiations dans les conflits du Nagorno-Karabach et du Tadjikistan n'ont pas abouti ;

                        - les initiatives d'organisation régionale sont de succès et d'intentions plus mitigées. Un moment conjecturées comme pouvant épouser en partie une relance des influences turques vers l'Est, elle participent de la reprise de relations bilatérales entre Etats de taille moyenne ou exigüe, se concrétisent par l'accueil "fraternel" en Mai 1993 des réformes kirghizes et la très grande orthodoxie des analyses de la crise tadjike. Elles tendent en fait à chercher une seconde voie de renforcement de la Communauté des Etats Indépendants, dont on persiste à croire qu'elle n'a pas encore eu le temps de se donner les instruments de coordination adéquat, et à laquelle on espère ainsi contribuer. La réunion " au sommet " des cinq républiques d'Asie centrale à Ashkhabad, le 13 Décembre 1991, avait déjà marqué la volonté, d'initiative asiatique, d'élargir une Communauté constituée par les trois Républiques slaves sans consultation. Celle de Tachkent, le 4 Janvier 1993, est de même ambition : on sait à Almaty l'inclination pro-russe de la politique gouvernementale en Kirghizie et donc la fragilité du régime, l'importance du mouvement pan-turc et des visées expansionnistes en Ouzbékistan, et, au Turkménistan, les tentations isolationnistes. On sait très bien aussi que les économies des pays d'Asie centrale sont très peu intégrées, qu les politiques économiques ne sont pas coordonnées, que manquent les projets d'investissements collectifs ou de transferts de capitaux entre pays de la région, certains d'entre eux, tel le Tadjikistan, ne sont pas des partenaires économiques viables. Il est d'autant moins question de la formation d'un marché régional unique que la tendance est au renforcement des frontières douanières et des monnaies nationales ; les groupes de travail institués portent donc sur des objets très identifiables comme l'écologie autour de l mer d'Aral, les fournitures de coton d'Ouzbékistan, de gaz du Turkménistan. Aussi consent-on à Almaty à des fédérateurs régionaux extérieurs à l'ancienne Union Soviétique : l'Iran, la Turquie ou même le Pakistan. D'ailleurs, les vrais interlocuteurs en Asie sont Hong-Kong et le Japon pour les biens d'investissement et le premier fournisseur de biens de consommation, parmi les pays tiers, est la Chine ; l'ouverture de la voie ferrée Pékin-Istanbul devrait accélérer les échanges avec l'Asie du Sud-est.
                        De fait, l'Organisation de coopération économique, à laquelle le Kazakhstan n'a adhéré que la dernière des Républiques ex-Soviétiques d'Asie centrale, semble porteuse de projets de coopération économique opérationnels : à l'issue de la réunion de Quetta au Pakistan en Février 1993, a été publié un programme de développement de l'Organisation en 8 points (construire une voie routière qui donnerait aux pays d'Asie centrale accès aux ports pakistanais, relier l'ensemble des Etats membres par voie ferroviaire, développer les communications aériennes entre les capitales et les villes principales des Etats membres ; améliorer et harmoniser les systèmes douaniers des Etats membres, étudier les capacités d'exportations et des besoins à l'importation des Etats membres ; rationaliser au sein de l'Organisation l'industrie, l'énergie, l'agriculture, le tourisme et l'utilisation de la main d'oeuvre ; simplifier la délivrance des visas). Un Fonds, initialement doté de 300 000 dollars, a même été institué.

                                                           La militance pour l'Union d'abord, puis maintenant pour une Communauté des Etats indépendants efficace est donc la constante politique du Chef de l'Etat kazakh et de ses collaborateurs. Atavisme d'une personnalité qui a passé un moment comme un successeur potentiel du président GORBATCHEV, au moins pour la politique intérieure et l'incarnation d'une Union pluraliste ? ou calcul très avisé du fondateur d'un nouvel Etat et d'une jeune indépendance internationale ? gagnant donc dans les deux cas de figure, qu'il faille aller à une indépendance totale ou venir à un ensemble intégré ayant pour axe Moscou-Almaty - le Kazakhstan actuel estime que le maintien d'une Communauté et d'un espace monétaire, commercial et stratégique commun est la meilleure manière de régler la plupart des questions que se posent les anciennes Républiques socialistes soviétiques. C'est d'Almaty que sont donc venus depuis le sommet du 21 Décembre 1991 jusqu'à ceux de Minsck et de Moscou, ce printemps, la plupart des propositions d'espace rouble commun, de renforcement des cohésions bancaires et commerciales, de définition des orientations stratégiques, de constitution de forces conventionnelles mixtes. C'est ici que l'on déplore la montée des protectionnismes et des barrières douanières et qu'on en appelle à l'expérience de la Communauté européenne (sinon même à l'esprit français de celle-ci). Ces propositions n'ont été que partiellement entérinées et les quelques 250 accords, complaisamment recensés à Almaty, ne sont pour la plupart que lettre morte ou déclarations d'intentions : la déception s'exprime maintenant, mais les recherches de responsabilité ne visent encore que des tiers, comme la Biélorussie ou l'Ukraine, jamais la Russie-même, au moins pour ce qui est du fonctionnement de la Communauté des Etats Indépendants en tant que telle ; l'appréciation des relations bilatérales étant d'une tout autre aigreur.

                                                           Au total, le comportement international du Kazakhstan s'apparente assez bien à celui de la Côte d'Ivoire au début des années 1960 : partisan résolu d'une Communauté efficace et intégrée, on ne se résout que le dernier à l'indépendance, mais on s'en donne progressivement, et parfois sous la contrainte des événements, les moyens.

















































                             IV - QUESTIONS STRATEGIQUES ET DE DEFENSE




                                                           Les orientations du Kazakhstan en matière de stratégie et de défense ont fait l'objet de débats à huis-clos lors de la IXème session du Soviet suprême en Janvier dernier, pour à nouveau être discutées à la Xème en Avril et Mai - mais elles n'ont fait l'objet d'aucune délaration d'ensemble sauf un article de presse du Général NURMAGAMBETOV en Novembre 1992 ne concernant que les forces conventionnelles  et l'exposé public du Président NAZARBAEV devant les Ambassadeurs pres l'OTAN, en Janvier 1993, et ne portant que sur les engagements internationaux du pays et sa participation aux divers traités nucléaires.


           1° perception par le Kazakhstan de sa sécurité

           Pour le Président NAZARBAEV, et son Ministre de la Défense le Général d'Armée NURMAGAMBETOV (promu à ce dernier grade, le 9 Mai 1993) la menace principale pouvant peser sur le Kazakhstan se trouve aux frontières méridionales du pays. " Les frontières avec la Chine ou au Sud du pays pourraient être sujettes à des rectifications et évolutions ultérieures " a répliqué le Chef de l'Etat, en séance publique du Soviet suprême le 27 Janvier 1993, en réponse à des questions sur la subordination à consultation référendaire d'éventuelles rectifications de frontières . Quoique cette réponse ait pu paraître sur le moment improvisée, voire singulière, elle correspond à un état d'esprit d'autant plus général qu'elle a l'avantage de ne froisser aucune des nationalités composant le Kazakhstan contemporain. Elle peut aussi correspondre à ne analyse chinoise, puisque le traité de frontières entre la Russie des Tzars et la Chine, celui de Tchoungoutchak, signé en 1864, est "inégal". Pourtant, la permanente campagne locale anti-nucléaire n'a pas encore pris pour cible les essais chinois, observés avec attention depuis les environs d'Almaty.

                        De l'évaluation de cette menace est né un concept de défense ayant un caractère strictement défensif, qui s'appuie à la fois sur des Forces Armées Nationales (décrites plus bas) et sur une coopération militaire avec la Russie. Cette dernière devrait déboucher à terme sur une Alliance élargie à d'autres pays de la Communauté des Etats Indépendants (Ukraine, Belarus, Ouzbékistan notamment...). C'est l'une des raisons pour lesquelles depuis le début de 1993n le Kazakhstan se prononce pour la création d' " un espace de défense commun " et pour une intégration militaire progressive de la plupart des pays de l'ancienne Union soviétique à cette nouvelle alliance. L'intégration devrait se faire dès que les différentes Armées Nationales auront mené à terme leurs organisations et restructurations partout en cours.
                        Dans l'entretemps, la sécurité de l'" espace commun " doit continuer d'être assurée par les Forces Armées Unifiées de la Communauté des Etats indépendants (forces stratégiques nucléaires, défense antiaérienne) dans le cadre du Traité de sécurité collective déjà signé.

                        C'est dans cet esprit que le Kazakhstan se présente sur la scène internationale, et proteste constamment de sa bonne volonté pour tenir ses engagements internationaux malgré les difficultés rencontrées ; c'est ainsi que, dans le cadre de START 1, il lui est matériellement impossible de mener des inspections d'où un renoncement pratique à celles-ci. Malgré les pressions exercée depuis Février 1993 par les Etats-Unis et l'Union Européenne (démarche prescrite à l'Ambassadeur au nom des Douze), le Kazakhstan retarde son adhésion au Traité de non-prolifération tant que ne lui sont pas assurés le "parapluie nucléaire" russe, l'aide américaine, les dividendes escomptés par la commercialisation des vecteurs et la transformation des têtes nucléaires. Les les Forces Armées Nationales auront ainsi pour mission la garantie de l'intégrité territoriale en cas de tentative de violation des frontières par des moyens conventionnels, et la manifestation d'une première riposte montrant la volonté du peuple kazakhstanais de préserver ses frontières. Les Forces de l'Alliance serviront, quant à elles, non seulement à préserver l'intégrité territoriale de l'Union et les frontières "extérieures" de celle-ci, mais aussi à porter secours à tout membre de cette Alliance. Sur le territoire du Kazakhstan seront stationnées des Forces de l'Alliance. Celles-ci seront mixtes (pour les forces conventionnelles) ou Russes (pour les forces nucléaires). Il est même admis par le Général KASYMOV, Chef d'Etat-Major, que dans certaines unités (sans préciser lesquelles) il pourra y avoir des appelés kazakhstanais aux ordres d'un commandement uniquement russe.
                        Une telle symbiose avec la Russie, dépassant beaucoup, malgré tant de contentieux économique, financier et politique, les dispositions du traité bilatéral du 25 Mai 1992 ([13]), est la conséquence logique de la situation dans laquelle se trouve l'armée kazakhstanaise, au lendemain de l'éclatement de l'ex-Armée rouge ; elle illustre aussi la volonté de la Russsie de continuer à garantir en profondeur son flanc méridional.

                        2° modalités de l'effort de défense nationale

                        Les forces conventionnelles sont en phase d'organisation autour de trois principes - une force d'action rapide - la constitution d'un espace commun en Asie centrale - la relation demeurant intime avec la Russie.

                        Les forces conventionnelles terrestres du Kazakhstan sont constituées par héritage de la 40ème armée soviétique, très bien équipée pour son intervention en Afghanistan et comptant 160.000 hommes passés sous juridiction kazakhstanaise le 7 Mai 1992 ; dans l'état, elles excédaient les moyens financiers du pays et une partie en a été dissoute sur place et son matériel stocké. Elles seraient aujourd'hui d'environ 100.000 hommes et organisées en trois divisions opérationnelles, une division d'instruction et la valeur d'une division aéroportée ; s'y ajoutent des forces aériennes et antiaériennes, ainsi que quelques unités marines en mer Caspienne. Le budget de la Défense, tel qu'accessible, était en Mars 1993 de 69 milliards de roubles, mais faute de données antérieures, ne se prête a aucun examen comparatif.
                        L'armement terrestre est très moderne et performant : les derniers modèles de chars soviétiques et de véhicules divers de combat, et les véhicules de transmissions par satellite jusqu'au niveau du régiment (une partie de la division aeroportée était en première ligne en Allemagne orientale.
                        L'objectif budgétaire est de diminuer ces effectifs en quatre ou cinq ans à niveau de 50.000 hommes, dont 30 % sont des cadres, officiers russes pour 80 % d'entre eux. Les militaires du rang sont des conscrits pour une durée ramenée de 24 a 18 mois dont plus des trois quarts sont kazakhs. Le Kazakhstan n'est pas capable de former les quelques 650 officiers nécessaires par an et en envoit près de 450 dans les écoles de Russie.
                        Les relations avec les autres Républiques ex-soviétiques en Asie centrale ont donné lieu à de nombreux accords, dont celui de sécurité collective signé le 15 Mai 1992 à Tachkent et auquel participe la fédération de Russie. Des accords de coopération pour la formation des cadres viennent d'être conclus avec le Kirghizstan .

                                                           La relation avec la Russie peut s'analyser en termes stratégiques et en termes politiques.
                        Politiquement, le Président NAZARBAEV, depuis le "coup" d'Août 1991,  a toujours été partisan du maintien le plus intime d'une union ou d'une Communauté des Etats indépendants, à condition que celle-ci soit efficace et ne soit pas qu'une extension non contrôlable par l'ensemble des intéressés, des politiques et des stratégies de la seule fédération de Russie ; il ne s'est décidé à doter son pays de forces armées nationales qu'en réplique à la décision de la fédération de Russie d'en constituer pour elle-même a partir de l'ancienne "Armée rouge". Dans le domaine militaire, il n'est donc pas en confiance avec le Président ELTSINE et a d'abord répugné à des accords bilatéraux ; la raison l'emportant, le Kazakhstan a accepté trois accords - en Mai 1992 sur la coopération militaire - complété en Août 1992 sur la disposition des forces - en Février 1993 sur la constitution d'unités conventionnelles mixtes auquel l'exemple franco-allemand ne serait pas étranger.
                        Stratégiquement, le commandement des forces unifiées ne s'appliquant pas aux forces conventionnelles et se limitant a un état-major à Moscou, la relation est encore à établir entre les deux pays. La suppression récente de la fonction de Commandant en chef des forces armées unifiées de la Communauté à laquelle il est substituée celle de Chef d'état-major pour la coordination militaire irait dans ce sens, mais n'apporte toujours pas de réponse au préalable kazakhstanais d'une garantie nucléaire russe, à son adhésion au Traité de non-prolifération en tant qu'Etat non-nucléaire au traité de non-prolifération.

                        L'instrument nucléaire fait, en principe l'objet d'une renonciation formelle du Kazakhstan. C'est ce qu'a manifesté son adhésion, le 26 Mai 1992 au protocole de Lisbonne et au traité START I. Ce dernier texte a été ratifié dès le mois de Juillet suivant, c'est-à-dire avant que les trois autres Républiques dites nucléaires de l'ancienne Union Soviétique aient fait de même. Le pays reste traumatisé par les nuisances humaines et écologiques - popularisées par le film de l'un des chantres de l'opposition démocratique, M. Oljas SOULEïMENOV - des essais auxquels il fut procédé à partir de 1948 dans le "polygone" de Semipalatinsk. La fin de ces essais - décrétée par le Président NAZARBAEV, le 27 Août 1991 -fut sans doute, avant la lettre, la première manifestation de la souveraineté kazakhe.
                        L'adhésion au Traité de non-prolifération du 1° Juillet 1968, en tant qu'Etat non-nucléaire se fait attendre, mais entre certainement dans la volonté des gouvernants actuels - le traité franco-kazakhstanais, signé à Paris le 23 Septembre 1992 et ratifié à Almaty le 29 Janvier dernier, le prévoit explicitement dans son article 9, à l'instar d'un échange de lettres avec l'administration BUSH et du traité avec la Russie dans son article 8. L'acte formel fera partie d'un ensemble d'orientations stratégiques du pays qui ne sont pas encore toutes arrêtées, faute notamment que la CEI se soit en tant que telle donnée une orientation militaire et stratégique, ou finalement reconnaisse encore davantage les particularismes des Etats successeurs. Dans la pratique, les SS 18 stationnés au Kazakhstan sont d'une portée telle qu'ils ne constituent pas une menace pour les adversaires ptentiels que seraient la Chine ou la Russie.  
                        Le Kazakhstan ne disposerait pas d'armes nucléaires tactiques depuis que ses forces conventionnelles sont sous sa juridiction.
                        Les armes stratégiques de l'ex-Union Soviétique sont localement constituées par 104 missiles SS 18 à 10 têtes chacune et environ 1500 charges stockées, à quoi s'ajoutent deux régiments d'avions bombardiers strategiques. Leur emploi est du ressort du commandement des Forces armées unifiées de la CEI, qu'exerçait jusques très récemment le Ministre russe de la Défense, le Maréchal SHAPOSHNIKOV ; la doctrine de ce commandement ne semble pas encore avoir été débattue. Le Kazakhstan, pour l'exercice budgétaire 1993, participe désormais budgétairement (pour environ 25 milliards de roubles) à la maintenance des matériels et équipements, de même qu'il considère avoir la possibilité d'empêcher le déclenchement du feu nucléaire à partir de son sol ; mais les autorités militaires reconnaissent n'avoir pas la capacité de la maintenance technique ni a fortiori de commander l'emploi : pareille limite se rencontrerait aussi pour le démantèlement des engins balistiques ou la destruction des têtes nucléaires, exercices pour lesquels il est parfois insinué que seuls des concours financiers occidentaux permettraient au Kazakhstan de tenir les engagements pris ou à prendre (l'Attaché de Défense près cette Ambassade s'est entendu dire que le Kazakhstan serait prêt au démantèlement complet pour la fin de 1994, facon d'appeler les financements américains dont la rumeur fait souvent état depuis Novembre 1992).

                        Au total, l'outil militaire du Kazakhstan est en pleine organisation et l'ambition se veut très pratique ; les arbitrages budgétaires du Président NAZARBAEV ont toujours été favorables à la Défense, mais les orientations en doctrine ne sont claires qu'à propos des forces conventionnelles : emploi d'une force armée à effectifs réduits, puissamment dotée, capable d'intervention extrêmement rapide en tout point du territoire dont l'intégrité serait menacée. Les interventions à l'extérieur seraient plus douteuses : questionné par l'Ambassadeur, accompagné de l'Attaché de Défense près cette Ambassadeur, le Général NURMAGAMBETOV, ne voit pas comment justifier dans la population locale une défense commune de l'Extrême-Orient russe ou de la Belarus, par exemple, et le soutien au Tadjikistan (qui a fait l'objet de manifestations hostiles des mères de famille à Almaty) ne dépasse pas quelques centaines d'hommes.


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                                                D'UNE MANIERE GENERALE

la réputation de stabilité du Kazakhstan tient à deux facteurs :
- la personnalité du Président Nursultan NAZARBAEV
- le potentiel économique, et notamment celui du sous-sol.

                        Ces deux faits sont fondés mais doivent être nuancés à l'analyse, et d'autres raisons sont à ajouter pour une évaluation à plus long terme du pays.

                        La personnalité du président NAZARBAEV n'est pas encore connue ([14]) - sauf de ses compatriotes - sur longue durée. Quoique Président du Conseil des Ministres du Kazakhstan à partir de 1984, puis premier secrétaire du Parti communiste local à partir de 1989, et président du Soviet suprême local en 1990, l'homme n'émerge vraiment qu'au début de cette année-là : il accompagne notamment le Président GORBATCHEV à Rambouillet, mais il n'apparaît au premier plan qu'en rapporteur des ultimes projets de consolidation de ce qu'il y a de fédéral et d'éventuellement "sauvable" dans l'Union Soviétique moribonde dès le "coup" d'Août 1991. Il a alors aussitôt démissionné du Comité central du Parti communiste de l'Unon Soviétique. Sans paraître l'homme de M. GORBATCHEV - quoique même a posteriori, il ne se défende guère d'avoir eu la possiblité de lui succéder, surtout en politique intérieure (l'autre ne restant que pour la montre internationale) - il inaugre en réalité le rôle qu'il conserve et accentue aujourd'hui : celui de zélateur inlassable, optimiste et parfois imaginatif de tout ce qui entre les Républiques qui succèdent à l'Union Soviétique devrait être conservé, pas seulement sur le plan éconmique, mais sur le plan stratégique et peut-être du droit et de la citoyenneté.
                        C'est ainsi qu'il faut considérer au fond les rapports russo-kazakahstanais. Une indépendance et une souveraineté nationales certes et pour elles-mêmes, mais qui seront soit le garant d'une Communauté des Etats Indépendants ne fonctionnant pas suivant les seuls intérêts et normes rusess, soit assez fortes pour une existence totalement autonome dans la communauté mondiale.
                        L'homme ne manque donc pas de vision, même si l'expression offcielle, écrite ou lue, est rarement brillante. L'improvisation, en cercle restreint, est d'autorité ; en cercle plus élargi, de charme et de volonté de séduire. Mais le caractère est plus contrasté. Coléreux mais sans vindicte, courtois mais sans plus, M. NAZARBAEV est surtout un homme de rythme saisonnier dans le traitement des affaires, dans le réexamen des axes principaux, dans les changements éventuels de cap et dans la critique, souvent publique, de ses collaborateurs. Ceux-ci ne sont remerciés que dans des conditions ambigues : corruption et abus de la prérogative gouvernementale, ou trop grande liberté de ton ? On ne le sait toujours pas poour le précédent ministre du Pétrole. Conscient du consensus qu'il recueille dans son pays et de son équation internationale, il est autant l'homme formé par le communisme, dont il sait mieux les points forts que les points faibles, que le réaliste de la machine économique telle qu'elle fonctionne encore et n'a pas de sbstitut dans l'immédiat, ni chez lui, ni dans l'ancien empire soviétique. Cette dernière analyse fait d'ailleurs de lui un homme rare dans une époque de modes et d'illusions.
                        Le jugement général est donc fondé : un tel homme capable de jugement, de prestige, de ténacité est un partenaire sérieux - Il exste cependant une donnée qui n'est pas souvent insérée dans cette apréciation :  son état de santé. Sans disposer d'aucun élément de fait, comment ne pas avoir été alerté par un bilan de santé trop secrètement mené à Vienne, en prolongation d'un séjour officiel, quoique dans une fondation autrichienne plus généraliste que cancérologiste ? Comment n'avoir pas été frappé par la fatigue parfois en séance au Parlement ou de la lourdeur à certains moments de la démarche ? d'un homme qui n'a que 53 ans. A rapprocher peut-être de l'éventualité avancée par un de nos semi-compatriotes mais très nomenklaturiste à Moscou, ici et également fort introduit à Paris depuis sa participation aux fondations du R P F et au Conseil municipal de la capitale jusqu'en 1965, éventualité d'un prochain voyage privé du Chef de l'Etat kazakshtanais en France, alors que des invitations officielles au titre d'Arianespace sont plus difficiles à placer dans l'agenda ?

                                                           Les potentiels miniers sont incontestables. Une projection au prix actel du baril de pétrole et des capacités exportatrices du pays dans les dix ans fait non seulement ressortir une entrée de devises - rien que pour l'or noir - de près de 4 milliards de dolars par an, mais permet de gager bien des opérations " en mer ". Pourtant les inconnues des circuits d'évacuation, les dégâts possibles entretemps que causerait une détérioration trop rapide des relations économiques et monétaires avec l'extérieur hypothèquent cet avenir. Sans doute Elf-Aquitaine, Chevron, puis le consortium pour l'exploration de la mer Caspienne ont pris le pari contraire.

                                                           Si les facteurs positifs doivent donc être relativisés, un autre devrait être davantage perçu et pris en compte. C'est la valeur même des populations, quelles que soient leur date d'installation ou leur origine ethnique, et la puissance du pays, de ses paysages, de ses climats pour déterminer un esprit commun, des références mentales analogues, qui transcendent aussi  bien le passé communiste que les différences raciales et ethniques. Le Kazakhstan, à y vivre et à y voyager, se révèle et se donne bien plus homogène que ses partages de nationalités ou sa géographie le feraient croire. Le vrai gage de stabilité, au regard de tant de facteurs ambivalents, est là. Donc, le gage d'avenir

                                                           Le pays est engagé dans une lutte dont beaucoup de moyens d'expression manquent. Il s'agit d'une invention a nihilo des structures politiques et administratives, de dosages subtils, sinon géniaux, pour préciser une identité nationale acceptable et même enviable pour toutes les populations ; en cela, le Kazakhstan est souverain, déjà en bonne voie d'émancipation d'un passé qui ne lui lègue aucun conflit civil, aucun séparatisme à court terme et ne rencontrera d'ennnemis que lui-même ou des résistances mentales qu'héritées des soixante-quinze dernières années. Mais il s'agit aussi d'une décolonisation économique vis-à-vis de la Russie, d'autant plus difficile qu'elle se fait dans un contexte économique international donnant peu de voies de rechange et dans une dialectique où Almaty tient à conserver des liens militaires et culturels avec Moscou. La stabilité du pays, ainsi analysée dans ses composantes, ne sera pas donc pas de trop. Elle est assez rare parmi les ex-Républiques soviétiques, pour être très considérée par les tiers./.

                                               Bertrand Fessard de Foucault


                                                                      













                                                           NOTES ANNEXES





[1].                                      Les potentialités réputées considérables du sous-sol nécessitent des inventaires, des investissements et en fait une arrivée massive des capitaux étrangers.
                                               Les principales sont le pétrole (gisements de Manguyschlak, Tenguiz, Karachaganbk, Schubarkuduk, pour l'essentiel dans la région de l'Oiural-Imba), le charbon (réserves supérieures à 50 milliards de tonnes de charbon cokéfiant à Karaganda, gisements d'Ekibastouze, et plus de 10 milliards de réserves en lignite dans la région de Koustanaï), les chromites (90 % des réserves assurées de l'ancienne Union Soviétique), tungtsène et plomb (50 % de l'ex-URSS), zinc et cuivre (40 % de l'ex-URSS), 25 % de la bauxite).
A la dissolution de l'Union Soviétique, le Kazakhstan produisait 4 % de son pétrole, 18 % de son charbon, fondait 70 % de son plomb, près de 5O % de son zinc et 33 % de son cuivre. Ces performances désignait le pays comme principal fournisseur en matières premières industrielles de la fédération de Russie.

                                               Les ressources pétrolières ne donnèrent d'abord lieu qu'à un seul contrat, et de contenu aussi particulier qu'exceptionnel pour l'ancienne Union Soviétique et pour le nouvel Etat ; il s'agit d'un contrat d'exploration, conclu avec Elf-Aquitaine en Février 1992, ratifié par le présidium du Soviet suprême dans des conditions complexes en Juillet 1992 et plaçant cette société française en situation d'exonération fiscale complète et de choix de ses contractants et de ses employés. Ce qui ne sera pas le cas de ses concurrents, Chevron, British Gas et Agip, en négociations depuis plus d'un an, et qui ne parviennent jusqu'à présent ni à être eéxonré de la TVA, ni à avoir le statut d'opérateur, ni enfin à être dispensés de la reprise, sur des gisements déjà en exploitation, des personnels locaux déjà en activité. La loi pétrolière reste en gestation, les conventions fiscales bilatérales qui ne seraient pas sans incidence sur les régimes pétroliers n'ont pas non plus commencés d'être renégociés. A ces incertitudes juridiques s'ajoutent les questions d'acheminement vers les marchés libres, et la discussion sur la part consacrée au marché intérieur, et donc rémunérée en monnaie locale.
                                               Le 9 Juin 1993 a pourtant été signé le protcole créant un consortium de six compagnies internationales (dont Total) qui sera chargé de la prospection sismique de la part kazakhstanaise de la mer Caspienne.
                                               Les aspects politiques, voire personnels de ces négociations n'ont pas été non plus indifférents ; le premier Vice-Premier Ministre AVBDULAEV supervisant ces négociations, a été limogé en Juillet 1992 ; le ministre de l'Energie M. BAIKENOV a perdu son rang de Vice-Premier Ministre en Janvier 1993, tout en gardant jusqu'à présent son portefeuille. Une personnalité intermédiaire M. John DEUSS, proche du Sultan d'Oman, milite depuis l'origine pour un projet CPC d'acheminement vers la Mer Noire, tandis que d'autres groupes (britannique déjà sur le marché du cuivre, américain dans les techniques de stockage gazier, et allemand fabricant d'acier et de tubes) en tiennent pour leur projet KPC et un circuit iranien qui aurait fait l'objet d'un protocole d'intentions signé à Londres le 30 Octobre 1991. 
                                               Dans ce contexte, la production a commencé par fléchir en 1992 et est présumée rester au niveau de 22.23 millions de tonnes/an jusqu'en 1997, époque à laquelle elle atteindrait 30 millions de tonnes, puis 40 en l'an 2.000 et plus de 65 en l'an 2010, le Kazakhstan en consommant alors un tiers et près de 43 millions de tonnes étant exportées, ce qui aux prix d'aujourd'hui représenteraient près de 4,5 milliards d'US$ de recettes en devises.
[2].  Démographie

   Héritée du régime soviétique, l'organisation territoriale comprend 217 districts urbains, 24 arrondissements urbains, 84 villes et 214 cités dites ouvrières. Les principales agglomérations sont celles d'Almaty 1.128.000 habitants, Karaganda 614.000 habitants, Tchimkent 393.000 habitants, Semipalatinsk 334.000 habitants, Oust-Kamenogorsk 324.000 habitants et Aktau 200.000 habitants. Mais la circonscription essentielle est celle de la rgion ; 19 actuellement, en comprenant deux agglomérations-régions, celle de la capitale et celle du complexe spatial Leninsk-Baïkonour.
    Pour un territoire de 2.700.000 kilomètres carrés, le Kazakhstan ne compte qu'à peine plus de 17 millions d'habitants, vivant de plus en plus nettement en ville, mais sans qu'il s'agisse encore d'un déséquilibre : 4.200.000 ruraux en 1950 contre 3.670.000 citadins ; une balance égale en 1970 et plus de 9.000.000 urbains en 1990 contre encore 7.100.000 ruraux.

[3].                                        Le peuplement ethnique équilibré du pays n'est pas toujours ressenti par l'observateur rapide comme positif. Un partage à peu près égal de l'ethnie kazakhe et de l'origine russe rend a priori compliqué le gouvernement et l'avenir du Kazakhtsna. Les chiffres varient, mais il est probable que les Kazakhs, population originaire et nomade, autour d'un axe qui serait celui de la route de la soie entre Aral et Altaï, avec des pointes d'espaces parcourus jusqu'à la Volga et au-delà d'Omsk actuellement en Russie, représenteraient à peine plus de 40 % de la population actuelle, contre 35 à 38 % de Russes. Les Allemands dits de la Volga seraient un million, les Ukrainiens et ceux-ci, souvent amalgamés, environ 10 % ; le reste de la population, évaluée dans son ensemble à plus de 17 millions d'âmes, se distribuerait entre quelques cent "nationalités", parmi lesquelles se remarquent les Coréens, déportés vers l'Ouest au temps de STALINE comme les Allemands le furent vers le Sud-Est, les Ouïgours plus nombreux en Chine voisine que sur place, et les Tatars.

                                               Le dernier recensement soviétique (1989) distribuait ainsi la population du Kazakhstan :
                                               39,7 %  Kazakhs
                                               37,8 %  Russes
                                                5,82 % Allemands
                                                5,44 % Ukrainiens
                                       2,02 % Ouzbeks
                                                1,99 % Tatars       
                                                1,12 % Ouïgours
                                                1,11 % Biélorusses
                                                0,62 % Coréens
                                                4,35 % autres
                                                              
                                               De nouveaux chiffres font état en Juin 1993 de
7.297.000 kazakhs, soit 43,2 % (augmentation de 224.000 en un an)
6.169.000 russes,       36,4 %
  696.000 allemands      4,1 %
  364.000 ouzbeks        2,2 %
  335.000 tatars         2,0 %   

                                                Les Kazakhs, plus de sept millions au pays, et dix millions en comprenant la diaspora hors frontières notamment en Uzbékistan, en Chine et en Mongolie, s'estiment chez eux et par conséquent les hôtes de tous ceux survenus ensuite. Pourtant, la démographie, autant qu'un exode non chiffré des Russes vers leur patrie d'origine, joueraient en faveur des  Kazakhs : les enfants de 1 à 10 ans seraient à 70 % de leur ethnie, et les moins de 40 ans sont à 61 % kazakhs.
                                                Quant aux Allemands, dispersés à travers tout le territoire actuel, et s'adonnant surtout à l'agriculture où ils sont fort appréciés, près de 300.000 d'entre eux seraient déjà repartis vers la Volga, confiants dans les promesses, jusqu'à présent non réalisées, de résurrection d'une République qui soit la leur ; l'Ambassade allemande à Almaty est instructionnée pour ne traiter que 10.000 demandes de retour en Allemagne par mois ; les représentants de cette diaspora, qui a tenu congrès fédéral à Moscou au début de Mars 1993, estiment qu'au total, seulement 100.000 Allemands resteraient à terme au Kazakhstan.
                                                

[4].       Rappel des principaux titres de la presse écrite

- SOVIETY KAZAKHSTANA (les soviets du Kazakhstan) SK
censé être l'organe du Soviet suprême et du Gouvernement de la République du Kazakhstan et qui parait en quatre pages sauf le samedi en huit
(publie les textes législatifs et réglementaires - et très brièvement les principales nouvelles - et des entretiens de caractère administratif, ou portant sur des problèmes publics) - Il a été fondé le 24 Avril 1990 - Publié en langue russe

- KAZAKHTANSKAYA PRAVDA (la vérité du Kazakhstan) KP
officieux après avoir été officiel de sa fondation en 1920 jusqu'au printemps de 1990, paraît en quatre pages sauf le samedi en huit - il publie intégralement les interventions du Président de la République, traite assez exhautisvement par des reportages ad hoc les questions économiques - publie les sociologues et politologues - se voudrait le journal de " l'entente spirituelle " en 1993 - Certains le situent russophile notamment dans la question linguistique - Publié en langue russe

- KHALYK KENESSY (les soviets du peuple) XK
Fondé aussi le 24 Avril 1990, il double le SK et a une première identique de contenu - Les pages suivantes sont d'analyse de politique et de société kazakhes - Modéré et présentant l'identité kazakhee - Paraît toujours en quatre pages - Publié en langue kazakhe

- EGUEMENDE KAZAKHSTAN (le Kazakhstan indépendant) EK
Précédemment le " Kazakhstan socialiste ", il parait depuis le 17 Décembre 1919 et se présente comme " le journal national socio-politique " - Il pourrait être considéré comme le pendant de la Prava (ses bureaux sont dans le même bâtiment... mais les rédactions sont différentes), et serait le défenseur le plus avoué de l'identité kazakhe, de son patrimoine politique et littéraire, faisant connaitre les auteurs et personnalités précédemment interdits - Publié en langue kazakhe

- EXPRESS K  EXP (Auparavant Leninskaya Smena, " le relais léniniste " et organe du comité central des jeunesses communistes) paraît depuis le 16 Janvier 1922 et sa chalandise supposée ne se reconnait plus que dans le courrier des lecteurs - Plus détaché, apparemment, du pouvoir, il semble avoir des sources propres, quitte à démentir, et publie des entretiens moins conformistes ainsi que des reprises de la presse étrangère en sociologie - Seize pages chaque jour - Publié en russe et de format tabloïd

- JAS ALACH JA  - Auparavant " le jeune socialiste ", il a été rebaptisé au printemps de 1990 et garde une chalandise très jeunesse et identité locales - Paraît en langue kazakhe.

- PANORAMA PA - Hebdomadaire de fin de semaine, paraissant depuis Mars 1992, c'est un analyste politique ; en cavalier, le cours du dollar. Conçu au début comme l'organe des hommes d'affaires (fondé par l'Union locale des PME) au Kazakhstan et une revue de la presse étrangère, il est surtout prisé des intellectuels. Pour ses adversaires, c'est le journal des cols blancs. - Publié en langue russe.

- OGNI ALATAU (l'Alatau illuminé) OA - Quotidien de la région d'Alma-Ata, d'où son nom de la chaîne dominant la capitale, il paraît depuis le 8 Mars 1918 et se présente " social et politique " - Très local de publication et de thèmes - Publié en langue kazakhe.

- VETCHERNIYA ALMA ATA (Alma-Ata Soir) VA - Quotidien de la capitale, fondé en Janvier 1968, il est l'organe de son administration - Publié en langue russe

- ALMA ATA AKCHAMY (La lampe d'Alma-Ata) AAA - Réplique du précédent (VA) - Publié en langue kazakhe.

- DEUSTCHE ALLGEMEINE ("Journal des Allemands de Russie paraissant chaque samedi à Alma-Ata") DA - Fondé en 1965, affichant un prix de DM.-2 pour une vente en kiosque à 10 roubles, c'est l'hebdomadaire de langue allemande en 12 pages, couvrant toute l'ancienne Union Soviétique et les associations germanophones que celles-ci correspondent à l'actuelle Allemagne ou aux anciennes couronnes des Habsbourg - Publié en allemand

- ASIA - hebdomadaire fondé en 1992 et publié en deux versions russe et kazakh, se disant international ASIA
[5].    Rapport présenté par M. Sergueï TERETCHENKO, Premier Ministre lors de la réunion gouvernementale élargie sur la crise et le redressement économique, tenue le 21 Juin sous la présidence du Chef de l'Etat, M. NAZARBAEV        

                1° la situation économique reste préoccupante et instable ; déclin de la production dans toutes les branches, sauf les semailles de printemps (22 millons ha emblavés au Kazakhstan) ; rupture des liens économiques à l'intérieur de la CEI ; diminution du sens des responssbilités et affaiblissement de la discipline des dirigeants d'entreprises ; l'activité financière des entreprises ne s'oriente que vers les hausses des prix : de Janvier à Avril 1993, les recettes nominales auraient été multipliées par 8, mais en réalité une entreprise sur quatre travaille à perte ou est au bord de la faillite ; le pouvoir d'achat a baissé ; l'endettement des entreprises auprès des banques s'évalue à 600 miliards de roubles et entre entreprises à 203 milliards ; les méventes dans la zone rouble sont le fait des défauts de paiement et le non-respect des accords inter-CEI
                  2° priorité aux relations directes entre Etats, banques et entreprises de la CEI ; parmi les partenaires les plus sérieux, Belarus qui continue de fournir tracteurs, camions, fours à gaz réfrigérateurs, postes de TV ; l'Ukraine équipements miniers, cables, accumulateurs et groupes électrogènes ; Asie centrale et Uzbékistan très prometteurs - mais le facteur décisif reste la relation avec la Russie dont nous recevons plus des 2/3 du bois, 90 % des machines et 60 % des produits de consommation courante - en 1992, à Ouralsk, première hisorique : rencontre au sommet ELTSINE et NAZARBAEV ;  résultat : création de la commission mixte, accord sur l'amitié, la copération et le soutien réciproque -en 1993 plusieurs rencontres au sommet : à Omsk, des Gouverneurs des régions frontalières, conférences professionnelles par branches à Sourgout (pétrole), Akmola (agriculture), Karaganada (industries) ; pourtant, on ne constate aucun élan - les problèmes les plus importants sont le fontionnement de la zone rouble, certains pays l'ont déjà quittée, d'autres vont le faire bientôt ; aggravation des contradictoires intérieures de la CEI ; au moment de l'effondrement de l'URSS, on n'a pas pensé à définir les normes d'utilisation du rouble, pas de coordination des politiques de crédits d'où l'inflation - depuis Juillet 1992, la Banque centrale de Russie a proposé de procéder aux paiements entre Etats de la CEI par un seul compte de correspondance entre chacune des Banques centrales ; ce qui a provoqué un retard des réglements et a mis par terre la zone rouble - la semaine passée à Mosocu, rencontre gouvernementale sur les questions de coopération économique entre les deux pays : malheureusement les questions de paiements et les questions financières n'y ont pas été résolues ; pourtant, on a pu chiffrer l'endettement envers la Russie : 240 millairds de roubles en 1992 et la dette de la Russie envers le Kazakhstan : 79 milliards de roubles - la Russie refuse catégoriquement de considérer la dette de ses entreprises envers le Kazakhstan comme une dette d'Etat de la Russie, elle dit n'en être pas responsable et que ces questions sont à décider par les tribunaux d'arbitrage, (AMB. la Cour proposée à Minsk par le Kazakhstan n'existe toujours pas) - la Russie pose des conditions nouvelles pour les crédits en 1993 qui les assimilent aux conditions entre pays étrangers, donc désaccord - on pousse le Kazakhstan à sortir de la zone rouble.
                 3°  dans un tel contexte, chaque entreprise doit réévaluer ses relations économiques avec les entreprises russes ; l'essentiel est de sauvegarder la souveraineté économique de notre pays et d'apprendre à vivre avec nos moyens - la situation actuelle rend très importante la restructuration de la Banque nationale en tant qu'instrument principal pour la défense des intérêts économiques du Kazakhstan ; accentuer son rôle de coordination des banques commerciales ; beaucoup d'entreprises ont ouvert sans autorisation ni contrôle des comptes dans des banques russes ; la Banque centrale va les étudier  - le taux de change vis-à-vis du dollar et le pouvoir d'achat du rouble diffèrent sensiblement d'un Etat de la CEI à un autre : travail à mener pour la cotation du rouble kazakstanais puis vis-à-vis du rouble dans les autres pays de la CEI afin d'accélérer les paiements entre entreprises - établir des comptes de correspondance directe avec toutes les banques des pays de la CEI ;
                4°  durant le premier semestre de 1993, les prix de détail ont augmenté de 3,5 fois : pain 1,7 fois ; viandes 4,2 fois ; oruists laitiers : 3,6 fois ; légumes 6,2 fois ; pommes de terre 2,6 fois - mais le budget national ne s'en trouve pas augmenté : le revenu national n'est que de 82,5 % du volume prévu - aide sociale de l'Etat devient de plus enplus problématique dans ce contexte,pa cosnéun et le Gouvenement va identifier les groupes sociaux les plus défavorisés.
                5° le Premier Ministre (selon KP) a avoué franchement que la politique financière et de crédits qui va être menée dorénavant sera peut-être un des élements préalables à l'émission d'une monnaie kazakhstanaise - aussi, les régions vont-elles être contrôlées beaucoup plus rigoureusement : le commerce privé regorge d'alcools, de tabac et de produits de luxe ; pourtant, ses revenus ne sont pas déclarés et fraudent le fisc.
                6° que le ministère de l'Economie travaille mieux et définisse une stratégie et les perspectives avec les pays de la CEI, les pays baltes et du Caucase ; il a mission de coordonner l'action de tous les ministères et établissements économiques  ; qu'il fasse rapport sur une économie rigoureuse et l'utilisation rationnelle des ressources - cesser de penser que tout peut venir de l'étranger, de gaspiller les ressources -  vive critique de toute une série de ministères, d'établissements et de consortiums dont la société Kazkontract (centrale d'achat des équipements lourds) - le ministère des Relations Economiques Extérieures trop peu attentif au commerce avec les Etats de la CEI - les ministères de l'Industrie, de l'Energie, de l'Agriculture doivent accroître leur coopération avec les pays de la CEI - très important d'améliorer le contrôle des mouvements en devises et le contrôle des exportions - prochain décret présidentiel visant l'accumulation ilégale et la circulation des devises ; moratoire éventuel de la fourniture des devises par le Fonds national des devises ; fin des allègements fiscaux et douaniers en faveur de certaines entreprises ; réduction drastique du nombre des entreprises commerçant directement avec l'étranger et création de quelques sociétés ad hoc.
                 7° prochaine signature avec le FMI d'un programme d'aide financière et d'un progamme de crédits de réserve ; signature imminente avec la Russie de la variante zéro pour la dette extérieure et pour les actifs de l'ex-URSS ce qui libérera le Kazakhstan d'un lourd fardeau (3,2 milliards de dollars en dette extérieure) et lui permettra de choisir lui-même ses créanciers et les investisseurs étrangers, donc d'utiliser efficacement tous les moyens en devises  (KP)

[6].  Commerce avec les pays de l'ex-Union Soviétique

           % des exportations
% des importations
Russie
36,3
60,1
Ukraine
7,4
7,3
Biélorussie
3,6
9,3
Ouzbekistan
23,8
4,8
Georgie
0,8
2,0
Azerbaïdjan
2,7
2,0
Lituanie
0,1
1,7
Moldavie
0,1
2,1
Lettonie
0,5
0,7
Kirghizie
3,6
3,6
Tadjikistan
4,7
4,4
Arménie
0,4
0,5
Turkmenistan
16
0,4
Estonie
0,3
0,9
total
6 milliards de roubles
40 milliards R


[7].  Principales exportations vers la Russie:

électricité
8,7 milliards de KWh
gaz
4 milliards de m3
charbon
39 millions de tonnes
minerai de fer
1,8 millions de tonnes
chrome
1,2 millions de tonnes
plaques de fer
1,8 millions de tonnes
feuillards de fer
700000 tonnes
pellets de fer
7 millions de tonnes
alumine
1 million de tonnes
cuivre
41000 tonnes
plomb
85000 tonnes
zinc
61000 tonnes
engrais phosphatés
147000 tonnes
laine
13000 tonnes
céréales
2,1 millions de tonnes

[8].   Le traité du 25 Mai 1992 confirme en effet le commun " attachement au principe de la transparence des frontières " entre les deux pays (article 13)
[9].  Commerce avec les pays hors ex-Union Soviétique
Exportations
(millions $)
Importations
(millions $)
Australie
0,5

Autriche
50,2
29,8
Afghanistan
3,0
0,1
Belgique
9,0
0,1
Bulgarie
16,8
1,7
Grande Bretagne
91,5
18,6
Hongrie
19,4
27,1
Allemagne
119,3
18,4
Grèce
0,3
0,8
Danemark
3,0

Israël

10,0
Inde
0,7
9,2
Iran
0,1
0,1
Irlande
0,2

Espagne
1,3

Italie
37,7
2,3
Canada
0,2
1,0
Chypre
32,6

Chine
228,7
204,6
Corée du Nord
16,6

Cuba
18,9
29,3
Lichtenstein
23,3

Luxembourg
28,5

Mongolie
3,1
0,3
Pays-Bas
51,8
0,5
Norvège
2,8

Oman
70,6

Panama
2,2

Pologne
48,0
7,9
Portugal
1,4

Roumanie
4,9
4,9
Singapour
0,1

Etats-Unis
93,6
5,9
Hongkong
5,7
0,6
Thaïlande
3,7
0,7
Turquie
16,2
3,5
Philippines
 7,2

Finlande
42,7
25,0
France
18,5
6,6
Tchécoslovaquie
62,9
2,6
Chili
0,3

Suisse
100,9
13,7
Suède
175,1
9,9
Yougoslavie
13,9
26,9
Corée du Sud
12,6
0,2
Japon
48,4
4,1


[10].            Structure des échanges par produit avec les pays tiers


Exportations
(en milliers $)
Importations
(en milliers $)
production animale
4162
29788
production végétale
5600
124539
graisses et huiles

10435
produits alimentaires, dont boissons alcoolisées et tabacs
7039
145073
minéraux (pétrole, minerais, soufre)
602481

produits chimiques
243204
33676
matières plastiques
6064
7061
cuirs, peaux
4219
3792
lignite et produits dérivés
530

pâte à papier et produits dérivés
1310
1507
textiles
19662
22040
métaux et produits métalliques
565523
11019
machines et appareils électriques
12836
49289
véhicules de transport
15878
9610
produits manufacturés
140
8342
total
1489329
468840


                        Principales exportations vers les pays tiers:

Produits chimiques

phosphore
34 000 tonnes
acide phosphorique
159 tonnes
acide borique
600 tonnes
phosphate de calcium
5000 tonnes
tripolyphosphate de sodium
3430 tonnes
dichromate de sodium
14770 tonnes
toluène
260 tonnes
styrol
19640 tonnes
lysine
846 tonnes
engrais azotés
292 000 tonnes
engrais phosphatés
29 000 tonnes
engrais composés
450 000 tonnes
polypropylène
388 tonnes
polystyrène
7000 tonnes

Laine
1814 tonnes
lainages
4238 tonnes

Métaux

alliages de fer
152000 tonnes
pellets de fer
269000 tonnes
plaques de fer
107000 tonnes
fer banc
19000 tonnes
cuivre
105000 tonnes
aluminium
102000 tonnes
plomb
56000 tonnes
zinc
73500 tonnes
magnésium
1190 tonnes
titane
1330 tonnes
béryllium
32700 tonnes



minerai et concentrate de cuivre
6000 tonnes
minerai et concentrate de zinc
13500 tonnes
minerai et concentrate de chrome
699000 tonnes
charbon
581000 tonnes
coke
5210 tonnes
pétrole brut
4391700 tonnes
produits pétroliers
398000 tonnes

[11].                                   Les taxes pesant sur le commerce extérieur

1° SUR LES EXPORTATIONS DU KAZAKHSTAN


                                               Produits
taux en vigueur
Animaux vivants
                25
y compris les animaux pur sang
                10
viande et produits dérivés
                20
Poissons
                20
Lait et les produits laitiers
                20
Beurre, fromages et fromages frais
                25
Oeufs
                20
Miel naturel
                 2
Productions d'élevage, produits d'origine animale (rognons, tripes)
                10
Bois de cerfs, cornes de saïga
                20
Arbres en terre et autres plantes
                10
Légumes, rhizocarpées et tubéreux
                20
Légumes en conserves et secs
                15
Fruits et noix
                15
Produits à base de fruits
                10
Café, thé
                20
Epices
                10
Céréales
                20
Farine,gruau,féculents)
                15
Malt
                20
Plantes oléagineuses
                15
Plantes et fruits utilisés pour la pharmacie et la parfumerie, etc.
                20
Vernis, goudrons et les autres essences naturelles
                20
Production végétale utilisée pour la fabrication des brosses et balais
                20
Graisses animales
                20
Huiles végétales et margarine
                30
Acides et alcools industriels, glycérine, cire animale et végétale
                20
Saucissons, conserves de viande
                15
Conserves de poisson, caviar
                15
Sucre de canne et de betterave
                30
Lactose, maltose, glucose, fructose etc.
                20
Confiseries
                15
Cacao et les produits dérivés
                20
Pâtes alimentaires
                10
Aliments à base de fruits, légumes, noix
                10
Produits alimentaires composés
                15
Levain
                20
Boissons non alcoolisées, vinaigre
                15
Boissons alcoolisées, bière
                30
Déchets alimentaires servant d'aliments pour bétail
                15
Tabac et ses substituts
                25
Sel
                15
Pyrite
                20
Soufre
                20
Graphite naturel
                30
Sable, quartz, argiles, craie, phosphates de calcium, kaolin
                15
Barytes, pierre ponce, émerie et autres pierres abrasives, schistes
                15
Marbre, granit et pierres à bâtir
                20
Dolomite, magnésie, gypse, albâtre, chaux, ciment
                20
Amiante, mica, cryolite, borates, vermiculite
                15
Minerais et concentrates de fer, de manganèse, de chrome
                30
Minerais et concentrates de métaux non-ferreux, tungstène, molybdène, titane, tantale, vanadium, zirconium, etc.
                30
Minerais et concentrates d'uranium, de thorium, de métaux précieux
                30
Mâchefer, cendre
                10
Houille
                20
Coke, semi-coke, goudron
                25
Pétrole brut
                30
Produits pétroliers
                25
Bitumes et asphaltes naturels, mélanges bitumeux
                20
Energie électrique
                20
Métaux alcalins et rares, scandium , mercure, yttrium
                30
Acides nonorganiques, oxydes, hydroxydes et peroxydes de métaux, chlorures et perochlorures d'acides nonorganiques et de métaux
                20
Production de l'industrie de phosphore
                10
Métaux précieux, colloïdaux, éléments chimiques, radioactifs et isotopes, alliages de métaux rares, de yttrium et de scandium
                25
Combinaisons chimiques organiques
                15
Hydrocarbures acycliques et cycliques, alcools
                20
Vitamines, hormones, antibiotiques,alcaloïdes
                 5
Produits pharmaceutiques
                 5
Coton, bandes, gaze
                20
Engrais
                10
Extraits colorants, couleurs, vernis
                10
Savon, lubrifiants
                15
Plastiques
                20
Objets en plastiques
                15
Caoutchouc et produits en caoutchouc
                15
Bande de convoyage, courroie de transmission pneus
                20
Peau de bovins
                30
Peau d'ovins
                25
Produits en peau
                15
Fourrures et duvets bruts
                25
Fourrures et duvets
                15
Vêtements de fourrures, fourrures artificielles
                15
Objets et matériaux en bois
                30
Contreplaqués, agglomérés
                25
Cellulose végétale, pâte à papier, déchets de carton et de papier
                30
Carton et papier et produits en carton et papier, papier à journaux
                10
Laine, déchets de laine
                30
Fils de laine
                20
Tissus de laine, toiles de lin
                15
Fibres de coton
                30
Fils de coton
                25
Tissus de coton
                15
Fibres artificielles
                30
Tissus en fibres synthétiques, fibranc
                10
Tissus en fibranc
                20
Ouate, feutre
                15
Tapis
                15
Tissus spéciales, rubans, textiles doublés, linoléum
                10
Tissus tricotés
                15
Vêtements tricoté, textiles, etc.
                10
Chaussures
                10
Chapeaux
                10
Objets en pierre, ciment, amiante, mica, béton
                15
Briques réfractaires
                20
Produits en céramique
                15
Verre et objets en verre
                20
Perles, diamants, pierres précieuses et semi-précieuses, métaux précieux (bijoux, pièces), de monnaies
                20
Fonte d'affinage
                15
Alliages, pellets de fer et débris, de métaux ferreux et d'acier non allié
                20
Plaques d'acier, alliages d'acier, acier inoxydable
                20
Produits en métaux ferreux (tubes, profilés, pièces de raccordement)
                20
Construction en métaux ferreux
                15
Radiateurs, batterie de cuisine, équipements techniques sanitaires, fours, quincaillerie
                10
Métaux non ferreux
                25
Lamines de métaux non ferreux
                20
Câbles, construction en métaux non ferreux
                15
Produits en métaux non ferreux, profilés, ustensiles de cuisine
                10
Outils métalliques
                10
Equipements, machines-outils, appareils mécaniques et électriques, appareils électroménagers
                15
Tracteurs, voitures, motocycles et bicyclettes, remorques
                15
Appareils optiques, photographiques, cinématographiques, instruments de mesure, de contrôle, de précision, de médecine et de chirurgie, appareils optiques, appareils de musique
                15
Meubles, appareils d'éclairage, élements de construction
                15
Jouets, jeux et les matériels de sport
                10
Oeuvres d'art, objets de collection et antiquités
                30
Animaux , oiseaux sauvages rares et plantes sauvages
                80
Services dans le domaine des projets et de la construction à l'étranger, des communications, de l'informatique, y compris la vente des licences et de savoir-faire
                20
Produits de grande consommation
                 2
Denrées alimentaires sauf produits de base
                 2
Préparations médicamenteuses
                 2
Production de l'industrie mécanique et électronique, appareils et équipements électriques
                 2
Produits de recyclage des déchets industriels
                 1
Matériaux de construction
                 2
Matières plastiques (styrène, polystyrène, polypropylène)
                 5


2° SUR LES IMPORTATIONS AU KAZAKHSTAN

                                              Produits
        taux en vigueur
Appareils de prise de vues
                  3
Projecteurs
                  3
Ordinateurs personnels, leurs pièces et accessoires
                  3
Accessoires automobiles
                  6
Produits d'entretien automobiles
                  6
Pneumatiques automobiles
                  6
Roulettes
                  2
Instruments électroniques
                  2
Moniteurs
                  2
Calculateurs
                  5
Camions
                  1
Automobiles
                  2
Motocycles et scooters
                  1
Carreau
                  2
Installations sanitaires
                  1
Vins et spiritieux
                  4
Cognac
                 13
Whisky
                 13
Gin
                 13
Cigarettes
                  5
Tapis
                  1
Tapis en taffetas
                  9
Manteaux pour hommes et enfants (sauf fourrures et cuir)
                  3
Manteaux pour femmes
                  3
Costumes (complets)
                  1
Pantalons (y compris culottes, combinaisons)
                  2
Vestons
                  3
Vêtements de cuir
                  5
Vêtements de fourrures
                  5
Manteaux en peaux de vison, d'opossum, raton
                 21
Autres types des vêtements
                  1
Vêtements tricotés
                  3
Bonnetterie
                  3
Couvertures en laine
                  2
Mercerie
                  6
Tulle textile
                  1
Mercerie métallique, y compris fermetures éclairs
                  6
Equipements de production de rasoir et pièces détachées
                  4
Briquets
                  5
Mercerie de cuir
                  1
Sacs et valises en cuir
                  2
Sacs et valises en simili cuir
                  1
Mercerie de plastique
                  1
Sacs et valises en plastique
                  1
Autre mercerie
                  1
Parapluies
                  6
Chaussures
                  1
Vaisselle de porcelaine et de faïence
                 12
Vaisselle métallique
                  2
Produits de melchior
                  3
Montres mécaniques et de quartz
                  2
Montres électroniques
                  4
Meubles
                  3
Produits de brosse
                  1
Bandes magnétiques
                 10
Machines à coudre
                  1
Frigidaires
                  2
Bicyclettes
                  1
Appareils photographiques
                  4
Accessoires des appareils photographiques
                  2
Accessoires des objectifs
                  2
Fers électriques
                  1
Percolateurs
                  2
Electroménager
                  1
Cheminées
                  1
Mélangeurs, presse-fruits
                  1
Frotteurs et aspirateurs
                  1
Sèche-cheveux
                  1
Rasoirs électriques
                  1
Couteaux électriques
                  1
Lessiveuses
                  1
Congélateurs
                  3
Accessoires des caméras
                  2
Accessoires des projecteurs
                  2
Armatures d'éclairage électrique
                  2
Lanternes électriques transportables
                  2
Thermos
                  1
Quincaillerie
                  1
Accessoires pour salles de bain
                  1
Marchandises de chasse et de sport
                  1
Balles de tennis
                  2
Raquettes de tennis
                  2
Filet de tennis
                  3
Récepteurs radio
                  3
Bobines
                  2
Devons
                  2
Fils, hameçons,  assortiments de pêche
                  4
Cannes à pêche
                  3
Produits de l'industrie artisanale
                  1
Jeux électroniques
                  5
Cassettes vidéo et audio
                 10
Fournitures à dessin et de bureau
                 0,5
Stylos
                  2
Marqueurs
                  2
Instruments musicaux
                  1
Films
                  1
Diapositives
                 0,5
Disques
                 0,5
Appareils radio-électroniques, non indiqués sur cette liste
                  7
Téléviseurs
                  7
Accessoires pour des téléviseurs
                  2
Magnétophones
                  5
Tournes-disques de petites dimensions
                  5
Radio-téléphone
                  5
Combiné radio-magnétophone
                  7
Tournes-disques
                  5
Equaliseurs
                  5
Amplificateurs
                  5
Magnétoscopes
                 10
Vidéocaméra
                 10
Platine à cassettes et cartouche
                  5
Papiers peints
                  2

[12].     
                       Reprise dans Kazakhstanskaya Pravda du 9 Juin 1993

                 ENTRETIEN ACCORDE PAR LE PRESIDENT NAZARBAEV
                                                         aux IZVESTIA

                    NOUVELLE CONCEPTION ET NOUVELLE INITIATIVE


                                               Dans quelques jours, aura lieu à Almaty, la réunion d'experts célèbres : S. CHADALINE, N. PETRAKOV, L. ABALKINE, G. JIVINSKY, organisée par M. NAZARBAEV, Président de la République du Kazakhstan. Dans l'entretien qu'il accorde aux Izvestia, M. NAZARBAEV a déclaré qu'il s'agira de concevoir une nouvelle étape des rapports inter-étatiques dans l'espace post-soviétique, et d'élaborer une proposition d'intégration à l'échelle universelle.

                       L'ombre d'un monstre épouvantable se profilait tout près

                                               Ces derniers temps, j'ai dû me livrer à une nouvelle appréciation de la période écoulée depuis le démembrement de l'Union Sovétique, et regarder l'avenir des relations entre nos Etats.

                                               Cette phrase de M. NAZARBAEV fait presque sensationnelle, tant on sait que c'était lui qui luttant obstinément et conséquemment toutes ces années contre la rupture des liens écnomiques et politiques de l'ancienne Union Soviétique, et que c'était lui qui tâchait de créer de nouvelles structures et des organes de coordination. Mais aujourd'hui, quand on est tout proche de la perspective réelle de l'entente, quand on est parvenu à la possibilité de l'union économique dans la Communauté des Etats Indépendants, le combattant pour la stabilité et l'union, parle de réviser ses points de vue.
                                               Selon M. NAZARBAEV, la période de l'isolement avec la prédominance des forces centrifuges était inutile, mais logique et inévitable. Il est clair aujourd'hui, que ces dernières années, l'essentiel a consisté dans l'aspiration à se garantir d'un retour à l'Empire. N'importe quel organe de coordination était associé à l'ex-organe central qui dictait et répartissait. L'ombre du monstre épouvantable se profilait tout près et il semblait qu'il allait réapparaître.
                                               Je suis sûr, souligne M. NAZARBAEV, que nous avons eu une alternative réelle de choix ; qu'on s'y est résolu non seulement à cause des ciconstances objectives mais essentiellement parce que le but que j'ai poursuivi dès le début, était justifié et nous allons l'atteindre. Mais par une autre voie, plus longue et plus coûteuse.
                                               Je n'ai jamais caché que, même pendant les pourparlers à Novo-Ogarevo et surtout après le putsch, au lieu de l'Union Soviétique, je voulais voir une nouvelle Union des Etats démocratiques et égaux en droits. Le monde entier aspire à l'intégration et s'y dirige. Il était donc déraisonnable de rompre les liens économiques, politique, culturels, militaires et de se diriger vers des souverainetés isolées. En tant qu'économiste, je voyais très bien les conséquences négatives d'une telle évolution. Et je pensais que la CEI pourrait être une union politique, une Communauté de type nouveau, dans l'hypothèse d'une mutation acclérée et totale de l'infrastructure soviétique, de même que le traité de Maastricht unit la Communauté Européenne. Mais assez vite, j'ai compris que je demeure minoritaire. Néammoins, je me suis persadé qu'il fallait explorer toutes les possibilités qui restaient.
                                               Aujourd'hui, la situation a qualitativement changé et requiert une nouvelle approche. Et de nouvelles possibilités sont apparues. On aurait tort de penser que les ex-Républiques soviétiques, "lassées" de la souveraineté, sont prêtes à réintégrer une Union Soviétique. Quoique c'ait été une certaine euphorie et l'ambition de certains responsables politiques. Le progrès qualitatif décisif a été, au contraire, que ces Républiques se sont senties réellement indépendantes. Des innovations telles que la conscience de soi, les frontières, les douanes, les armées nationales, ont libéré beaucoup de responsables et de peuples de la peur et de leurs complexes, même si la vie quotidienne des populations n'en pas été améliorée.

                               Il n'y a pas que la souverainté, il y a surtout la vie.

                                               Je distingue les relations entre les Etats, les peuples, et les Chefs des Etats, car ce n'est pas toujours la même chose. Les Chefs des Etats se connaissent très bien car ils se rencontrent régulièrement. Il est pour moi évident que les positions de l'Ukraine, et surtout de ses chefs, ont été et demeurent l'obstacle principal pour une intégration raisonnable que fonderaient aisément de nouveaux principes. Cette position empêche de progresser. On pensait généralement qe la sortie de l'Ukraine de la Communauté serait catastrophique ; c'est sans doute quelque chose de sérieux. Je veux ici redire mon respect pour l'Ukraine et pour son peuple ; j'essaye d'être en bons termes avec leurs chefs, mais d'autre part, j'estime qu'on n'aurait pas dû montrer une compréhension excessive pour la position originale de l'Ukraine. La perte d'un partenaire relativement puissant aurait pu être compensée par la mise en place d'une structure efficace, et représentant un progrès réel pour les populations de nos Etats. Encore aujourd'hui malheureusement, les choses n'ont toujours pas évolué. A la dernière réunion des Chefs d'Etat, Leonid KRAVCHOUK s'est opposé aux termes-mêmes d'" Union économique ", affirmant que le mot " Union " est suspect. Mais faut-il aujourd'hui discuter d'un mot ? Est-ce là le prétexte pour démontrer l'originalité ou le caractère exceptionnel de sa situation, et mettre en cause toute la négociation ?
                                       M. NAZARBAEV reste perplexe aussi à propos de la position prise par le Président de Belarus M. Stanislas CHOUCHKEVITCH sur l'idée de sécurité collective.  Le Parlement de Biélorussie s'est prononcé contre un tel système, mais le Président propose autre chose avec insistance. Selon M. NAZARBAEV, la contradiction essentielle consiste en ce que chaque Chef d'Etat prétend se soucier beaucoup du bien-être de son peuple, mais en réalité en est fort loin. Il est difficile de discuter de tels sujets face à l'isolement spirituel et intellectuel des peuples, à la diminution de la production, à la rupture des liens économiques et culturels, aux endettements mutuels. A la fin de ce printemps, chacun des Présidents des ex-Républiques soviétiques a annoncé que l'économie des Etats indépenants est dans une situation désastreuse, catastrophique, mais cela ne les incite pas à résoudre au plus vite la question d'une coordination au sein de la Communauté.
                                               Selon M. NAZARBAEV, certains politiques opposent l'idée de souveraineté aux procssus d'intégration. Il estime indispensble de déléguer une partie de pouvoir aux organes de coordination, dans l'intérêt de tous et de chacun.

                Nous n'avons pas connu une autre intégration sur la terre.

                                               Comment M. NAZARBAEV peut-il voir de nouvelles possibilités d'intégration, alors que là-dessus les positions divergent ? Il semble bien que M. NAZARBAEV se contredit en affirmant d'une part que les ex-Républiques soviétiques se sont débarassées du danger d'un retour à l'Empire, et d'autre part en accusant ses collègues d'être partisans du " sauve-qui-peut " (AMB. littéralement : la natation autonome).
                                               Lui-même ne voit pas la contradiction. Le changement qualitatif actuel consiste, selon lui, en ce que les processus d'intégration peuvent être indépendants des subordinations politiques rigoureuses et se développer dans les domaines de l'économie, de l'information et de la culture.
                                               Ce sont les évolutions que l'on observe, mais elles peuvent être freinées, soit par ambition politique, soit par incompréhension de la situation actuelle. Dans les deux cas, celui qui en prendait la responsabilité, se couperait de la vie et du développement naturel de son peuple. On le voit bien dans l'exemple suivant : tandis que les Chefs d'Etat et de Gouvernement ergotent sur des mots, les agriculteurs, les industriels, les pétroliers, les ministres de l'Intérieur ou de la Sécurité sociale se rencontrent, échangent informations et expérience, se consultent. Nous sommes en présence de bonne volonté et d'une aspiration à l'intégration. Mais de quelle intégration s'agit-il ?  Nous n'avons que l'expérience de l'Union Soviétique, du CEAM. Il est certain que nous ne pouvons plus édifier sur cet ancien modèle nos relations de partenaires. Il nous faut de nouvaux mécanismes.
                                               M. NAZARBAEV utilise souvent, dans son discours, le terme d'"espace post-soviétique". Qu'est-ce à dire ? Les liens économiques et les relations bilatérales, relevant du Kazakhstan, ont dépassé le cadre de la CEI. L'organisation de ces liens est fonction de l'intérêt propre à chacun des membres de la Communauté et non de son appartenance à celle-ci. C'est sur cette base que peut commencer l'intégration, bien différemment de ce qu'elle était en Union Soviétique et dans le CEAM.

                                Aujourd'hui, tout dépend de l'économie, de l'absence de compétivité, de la nature des liaisons entre les branches de l'économie. Concevoir différemment l'intégration de l'" espace postsoviétique", c'est régler la coopération en partant de la base, à partir de l'économie, de la vie concrète, et sans la lier à la politique. Tout est réuni maintenant pour cette intégration, et pas seulement entre membres de la Communauté des Etats indépendants, mais aussi avec les autres ex-Républiques Soviétiques et même certains pays d'Europe ocidentale.
                                               Quel doit être alors le mécanisme respectueux des souverainetés et approfondissant le partenariat de chacun avec ses voisins ? Nous avons chaque fois signé des traités en définissant nos intentions, mais jamais en prévoyant les voies d'excution autrement qu'en suivant les vieux principes : un centre ayant tous les moyens pour les buts communs mais aussi pour une direction autoritaire. Pour nous, c'était une intégration, puisque nous n'en connaissions pas d'autre ; nous ne savions qu'administrer, gérer et répartir.
                                               Mais dans le monde actuel, il existe un autre type d'intégration - celui de la Communauté Européenne. Cela veut dire l'harmonisation des politiques d'Etats souverains. Dans le monde civilisé, il y a des modèles tels que la Communauté charbon-acier, ou l'Organisation des producteurs de pétrole, et d'autres encore. Pour tâcher de créer de telles institutions, il faut bien voir ce qui fait leur vitalité et en quoi on peut les transposer chez nous.
                                               Pour commencer ce travail précis, j'ai donc invité d'abord des experts à Almaty : CHATALINE, ETRAKOV, ABALTNE, JVLINSKY. Je suggère la création d'un groupe de travail étudiant le fonctionnement de la Communauté européenne - et d'autres chargé de recommander les modalités d'application de ces expériences dans notre propre processus d'intégration. Le résultat de ces travaux, je veux le discuter avec les Chefs d'Etats de la Communauté des Etats Indépendants. On doit élaborer un vaste programme donnant peut-être naissance, dans le futur, à un nouveau type de Communauté.  Je suis convaincu que dans l'avenir, nous aurons besoin d'une Communauté bien plus intégré qu'aujourd'hui.
                                               Si l'initiative de M. NAZARBAEV est suivie et approuvée, selon lui, l'intégration sera plus dynamique. On aura alors besoin de mettre en place certains organes de branches économiques, comme les Comités de ministres dans la Commuauté européenne. Ce sera le début d'un procès d'unification, qui prendra plusieurs années. Après avoir appris à vivre indépendamment mais en coordonnant les politiques, chacun, sans peur, sur la base de ses propres intérêts, saura déléguer une partie de ses prérogatives au bénéfice d'une union du type de la Communauté européenne. On pourrait y parvenir, estime M. NAZARBAEV, en cinq-six ans.
[13]. L'article 3 du traité dispose que les deux pays " collaborent de toutes les façons pour assurer une défense commune fiable dans le cadre de l'espace militaro-stratégique unique sur la base des dispositions concertées de leurs doctrines militaires et du principe de la suffisance défensive ". Les articles 4 et 7 prévoient " l'utilisation commune des bases militaires, des polygones et des autres sites à destination défensive " et " une politique coordonnée dans le domaine du matériel militaire ". L'Alliance est inscrite à l'article 5 : " Au cas où un acte d'agression est commis contre une ou les deux Parties, les Partis s'apportent l'une à l'utre l'aide nécessaire, y compris militaire. "
[14].                                     La personnalité du présidsent NAZARBAEV est pour beaucoup dans la stabilité actuelle. L'homme, né à Karaganda et qui s'y est mariée avec une compatriote, a longtemps été un économiste d'entreprise et s'est fait remarquer localement fort jeune. Agé de 53 ans aujourd'hui, père de deux filles, apparemment en bonne santé, quoiqu'avec des accès de fatigue compréhensibles actuellement, c'est un homme qui marie assez bien les formes autant modernes que traditionnelles du Gouvernement. Recevant beaucoup, se déplaçant en province beaucoup, il crée de nouvelles institutions (les Gouverneurs de région, des corps de contrôle et d'inspection, la Cour constitutionnelle) s'ajoutant à celles héritées du régime communiste et ne les supplantant pas. Il semble intellectuellement à l'aise dans un discours politique et économique puisant références et expériences dans les deux mondes ; économie de marché et planification, resserrement des liens commerciaux dans l'ancien COMECON et accès aux mers et au devises libres, monisme politique et puissance intacte du Sovet suprême élu en Mars 1990 et dont le mandat demeure, malgré l'adoption le 28 Janvier 1993 d'une nouvelle Constitution, mais références aux démocraties américaine ou française.
                                               C'est une personnalité dont la séduction est certaine, mais complexe à analyser. D'un physique lourd et athlétique, d'une démarvche un peu trainante et tout d'une pièce, le visage assez poupon, de très beaux yeux bruns qui fixent avec une grande attention, et tournent dans le visage d'une pensée et d'un interlocuteur à l'autre, sans que la tête ne bouge, on ne saurait dire s'il est beau, mais il a une grande présence, dissimule peu ses sentiments de sympathie ou d'agacement, qui dénotent un caractère susceptible d'emportements. Pourtant il sait changer d'humeur au cours d'un entretien, et il est dit que, les colères passées, il en répare les dégâts psychologiques avec affabilité. Il n'a pas déployé chez lui un culte de la personnalité : sa photographie est prise à une table de travail, sans ostentation, et elle est encore peu répandue, y compris dans les bureaux gouvernementaux ; elle ne figure officiellement nulle part ; pas d'avenues, pas de recueils d'oeuvres complètes, pas de décoration ou de récompenses auto-attribuées, mais pas non plus de modestie ou d'absence excessives dans les medias. Le Kazakhstan nouveau n'a d'ailleurs pour le moment qu'une seule distinction honorifique, inaugurée au premier anniversaire de l'indépendance, le 16 Décembre dernier : le prix présidentiel pour la paix et la concorde (bien entendu attribué avec prudence à un Kazakh, un Russe et un Allemand, chacun plus scientifique ou humaniste que politique). A l'étranger, le président NAZARBAEV est sans aucun doute l'un des dirigeants des ex-pays de l'Est qui "passe" le mieux devant un parterre d'industriels. En tête-à-tête avec le président MITTERRAND, il a la révérence pour les anciens et pour l'homme d'expérience, mais il est sans timidité, arrive à l'audience avec une trentaine de minutes en retard, répond aux gestes physiques d'amitié et pose les questions. Il parle sans complaisance, lentement, mais sans chercher ses mots. En public, il lit plutôt qu'il n'improvise et ses déplacements dans les régions ne donnent pas lieu à harangues populaires. Il est précis, sans effet, rarement littéraire, jamais répétitif d'une intervention télévisée à une autre. Il est soigneux de sa personne et de ses attitudes publiques.

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